19 : Shershalla (1/3)

« - Pour la dernière fois : Rendez-vous, et il ne vous sera fait aucun mal. Cria le haut parleur.

- Allez vous faire foutre ! » Répondit du tac-au-tac le garde sur la muraille de métal.

La petite ville de survivant du Caucase s'était repliée sur elle-même. Elle avait fermé ses portes et tout les habitants s'étaient barricadés chez eux. Seuls Magla et Stein, le chef de village, s'étaient installés au centre de la place. Les gardes de la ville étaient anxieux : dehors, un peu plus loin, trois AMC, deux camions et une jeep avaient fait leur apparition. Mais le plus inquiétant, c'était les quatre chimères qui les accompagnaient.

« - Je ne comprends pas, qu'est-ce que des chimères font avec des maraudeurs ? Cria le vieil homme à Magla.

- Je n'en sais rien, aucun ne veut me répondre, et quand j'interroge la mémoire personne ne me donne de raison valable. Et pourquoi les vôtres veulent-ils se battre ? N'étions nous pas en paix ?

- Ce sont des maraudeurs ! Des bandits ! Des voleurs !

- Ils sont trop bien équipés pour de simples voleurs. Qu'est-ce que les humains ont derrière la tête ?

- Comme vous voudrez. » Déclara la voix monocorde du haut-parleur.

L'instant d'après la porte de métal explosa sous l'action d'un tir bien placé. Le souffle coucha le vieil homme au sol, la chimère eut immédiatement la présence d'esprit de le ramasser dans sa gueule pour trouver un endroit à l'abri. Des murailles, quelques échanges de tirs à l'arme légère précédèrent les premiers missiles anti-chars contre les AMC. La jeep commença à arroser les murailles à l'arme lourde, trouant les protections comme du gruyère. Les infortunés défenseurs étaient littéralement découpés sous les tirs de l'arme.

Jusqu'à l'arrivée du loup gris.

Ce dernier écrasa la carcasse du véhicule sous son poids. Le métal cria fortement mais brièvement, quand aux occupants, ils n'eurent pas le temps de souffrir. L'avant s'était légèrement relevé, quand à l'arrière, c'était un mélange indéterminé de métal, de chairs et de sang.

Comme une seule entité, les quatre chimères et les trois AMC tournèrent vers la machine de Nemaya des regards étonnés. Mais ils n'eurent pas le temps de s'interroger longtemps sur les internions du pilote de cet étrange engin : Nemaya arracha le moteur de la jeep et le jeta avec force sur l'une des chimères.

*

C'est trop dangereux de se battre près des civils. Faut s'écarter, dit Striggle à la guerrière russe tandis qu'elle fonçait vers l'AMC ennemie la plus éloignée. Un modèle d'assaut classique avec un simple fusil et une lame courte.

D'une frappe sèche de la main droite, elle dévia le canon que son propriétaire venait de pointer sur elle. Désormais, il visait une chimère aux yeux blancs. La main gauche força à appuyer sur la détente tandis que la droite revenait frapper la caméra.

Je suis d'accord, amène-moi dans un endroit que j'ai pas encore déminé, ça nous donnera un avantage. Si j'utilise le laser ici, je ferais trop de dégâts.

Avec une AMC classique, la tête de son adversaire aurait été mise hors service ; mais le Berserker l'arracha. Les vibrisses alertèrent Nemaya sur les dangers derrière elle. D'une vrille, elle passa par-dessus son adversaire. Deux tir frappèrent son ennemi et sa machine se serait écroulée si Nemaya n'avait pas glissé ses bras sous les aisselles. Sa main droite attrapa le fusil et elle mit en joue ses adversaires. La main gauche cracha la mort avec son l'arme intégrée à son bras et la seconde fit de même avec l'arme empruntée.

La première chimère avait survécut à la première rafale, mais la seconde lui fut mortelle. Quand à la carcasse de son adversaire, elle fut littéralement détruite.

- Armures ennemies en phase d'approche. Informa Striggle. Liaison satellite acquise.

- C'est bizarre, les maraudeurs n'ont pas ce niveau d'équipement. Il se passe quelque chose de bizarre.

Le sentiment qu'un événement horrible de tramait fit lentement son chemin dans l'esprit de la combattante. Elle n'eut pas à poser la question : elle savait que le loup gris était d'accord avec elle. Nemaya se dégagea et, sous les tirs ennemis, dont certains frappèrent son bouclier, courut en direction d'une zone où elle aurait l'avantage.

*

* *

*

« - Ce serait une connerie monumentale, fit simplement le Commandant Sarlen en face de Manuel et Salida.

- Et moi, je pense que ça vaut le coup d'essayer. »

Des soldats de la police militaire entouraient le navire qui avait vu l'altercation avec Calianne. La dryade était à genoux, les mains sur la tête. Derrière elle, un soldat la tenait en joue, prêt à réagir à tout mouvement suspect. Sur le pont arrière, le reste de l'équipage assistait à la scène sur le navire sans oser bouger. Dés que le coup de feu fut tiré, des soldats arrivèrent sur place. Rapidement, ils prirent le contrôle du navire et, avec quelques explications de Manuel, ils sortirent Calianne du bâtiment pour l'emprisonner en attendant un jugement. Le jeune capitaine avait demandé l'intervention du commandant avant toute décision trop hâtive. Mais, après avoir expliqué son plan au vétéran, il doutait de pouvoir le convaincre.

« - Je regrette, c'est trop dangereux.

- Pour un soldat, je veux bien... mais pour un mercenaire ?

- Vous n'êtes pas n'importe quel groupe de mercenaire je te rappelle... »

Dans son coin, Calianne tourna légèrement la tête à ces propos.

« ... Sans compter vos spécificités, vous êtes tous ou presque recherchés. Et ceux qui ne le sont pas risquent de l'être rapidement.

- Je ne peux donc pas tenter ma chance ?

- Ce serait bien d'avoir des alliés pour une fois, intervint Salida.

- Vous me faites chier... Vous penser vraiment qu'elle vous a raconté la vérité ?

- Il n'y a qu'une seule manière de le savoir. »

Le commandant Sarlen fit quelques pas sur le quai avant de revenir vers les deux combattants de la Fantasy-circus.

« - Faites extrêmement attention avec eux : on ne sait jamais quand est-ce qu'ils vont vous planter un couteau dans le dos.

- A vos ordres, répondit Manuel

- On a donc le feu vert ? Interrogea la tigresse.

- Oui, je vous accompagne à la prison. Je tiens à m'assurer que vous ne serez pas emmerdés par la paperasse.

- Je vais chercher le drapeau. »

*

* *

*

Arsear regardait le soleil se lever sur les terres de Youris en proie à de sombres pensées. Il jouait un jeu dangereux, il le savait. Si la Déesse-Impératrice venait à découvrir ce qu'il faisait, pourrait-elle comprendre ? Il en doutait. Sur ce balcon de la véranda, les livres, les parchemins et autres documents éparpillés un peu partout lui avait donné une vision d'ensemble assez peu engageante de la réalité. Mais au moins, se consolait-il, il n'y a plus de filtres devant mes yeux.

Quelqu'un frappa à la porte, et le Silridriss mit un peu de temps avant de répondre à son invité.

« - Entrez.

- Monseigneur, fit Rig-rid après avoir fermé derrière elle, nous pensons avoir trouvé une solution pour transmettre le message.

- Et comment ?

- Par l'intermédiaire de sa sœur, compléta le professeur Ferreira. »

Surpris de sa présence, Arsear se retourna pour constater la gnome et l'humain dans la véranda.

« - Sa sœur ? Comment cela ?

- C'est une informaticienne. Le tout serait de faire passer le message discrètement, continua le scientifique.

- Comment ? Nous ignorons totalement où elle se trouve.

- L'endroit n'est pas important. En revanche, je vais avoir besoin d'un ordinateur relié au réseau.

- Réseau de quoi ? Demanda le saurien, surpris

- Réseau informatique. C'est une manière de transmettre des informations. Un peu comme un messager.

- Mais... ne risque-t-il pas de se faire intercepter, votre réseau ?

- Si, bien sûr. A nous de rendre le message compréhensible pour une seule personne : le destinataire. »

Arsear regarda José comme s'il venait de lui annoncer qu'il allait jouer sa vie à pile ou face.

« - Et pour le livre ? Interrogea le saurien.

- Dématérialisés, rendu à l'état d'information brute.

- Si, comme vous nous l'avez dit, écrire ce document dans un livre est rapidement repéré, le dématérialiser devrait le rendre difficilement visible, rajouta Rig-rid.

- Tu es sûre ? Interrogea le saurien.

- Certaine. Si, comme vous le dites, le livre est marqué, et qu'il suffit de le copier sur un nouveau pour en marquer la copie, alors dématérialiser l'information est le meilleur moyen.

- Il y a des milliards d'ordinateurs dans mon monde, Ajouta le scientifique, même si la copie informatique est marquée, il y aura d'un coup des milliards de copies. »

Arsear regarda les deux scientifiques avec beaucoup d'inquiétudes. Pourtant, ils semblaient tout les deux convaincus de la sûreté de ce qu'il proposaient.

« - Rappelez-moi : De quoi avez-vous besoin au juste ? »

*

* *

*

Nemaya se déplaçait avec aisance dans ce qui fut autrefois sa ville, et qui était redevenu un champ de bataille. Quelque soit le nombre d'adversaires qu'elle affrontait, seuls ou à plusieurs, à aucun moment elle ne fut en danger. Les chimères s'était véritablement alliées aux maraudeurs. Elle en affrontées quelques unes, mais le bouclier qu'elle possédait se révélait également efficace contre leurs pouvoirs. Dans le chaos des combats, les pièges qu'elle avait autrefois cachés réagissaient comme si la ville elle-même se battait à ses cotés. Ici une explosion, là un trou, de l'autre côté, un câble fouetta l'air, tranchant tout sur son passage. Ses adversaires se trouvaient dans la même situation que les chimères lors du précédent conflit : une ennemie insaisissable et un environnement extrêmement hostile.

- Ils sont nombreux pour des maraudeurs... pensa la combattante.

- Parce que tu crois encore que ce sont des maraudeurs ? Interrogea le loup gris.

- Non, mais je ne sais pas comment les appeler autrement.

- C'est étrange, en récapitulant, je vois la majorité des troupes dans le sud là où...

- Merde ! Le gymnase !

D'un coup de poing, le berserker au loup gris enfonça le cockpit de son adversaire jusqu'au bloc moteur. Du coin de l'œil, elle vit une bouteille de gaz cracher une langue de feu sur une chimère qui ne put s'écarter à temps. Elle la laissa brûler tout en se tordant de douleur sur le sol. Les ailes déployées, la machine décolla sans un bruit et se dirigea vers l'ancien bâtiment de sport.

La vision thermique satellite lui signala immédiatement la présence de quatre créatures dans le bâtiment. Un plus grand nombre, plus petites s'étaient regroupées dans un renfoncement. Leurs positions ne laissaient aucun doute sur les camps auxquelles elles appartenaient. Neuf AMC surveillaient la zone à un pâté de maison de là.

- Trois contre une ... Bande de putes !

Sans vraiment se soucier des dégâts qu'elle faisait, elle se laissa choir sur celle du milieu à travers le toit en tôle. Elle frappa l'encolure de la bête et la tua sur le coup. La seule chose qu'elle se rappela de sa victime, fut ce poil bordeaux et ces rayures noires. Celle de gauche, d'un jaune pâle avec une forme hippopotame caparaçonné, lança son pouvoir sur la gardienne qui lui avait sauté dessus. Nemaya le visa et fit feu avec son arme de poing intégré. La guerrière vit la peau de sa cible éclater sous les tirs avant d'être plaqué au sol par la dernière chimère. Elle sentit les griffes de l'assaillante déchirer le blindage, puis la gueule acérée attraper une aile. L'AMC tentait de se retourner, ou de frapper son ennemie, mais cette dernière esquivait constamment, et se débrouillait pour appuyer au bon endroit pour l'empêcher de se relever.

- Debout !

- J'essaie ! Répliqua Nemaya.

Le choc la surprit, mais elle se reprit rapidement. Quelqu'un venait de mettre un violent coup à son agresseur, et l'avait envoyé roulé à l'autre bout de la pièce. Pour limiter ses blessures, la russe vit la chimère qui l'avait attaquée, semblable à une énorme souris, se changer en pierre. Mais le laser, désormais dégagé, découpa la protection et la chimère comme si de rien n'était. Le mur du fond vola lui aussi en éclats, tout comme les bâtiments derrière.

La dernière menace éliminée, la combattante se releva face au cadavre de la tutrice, la gueule fumante et les poumons éclatés.

- Merde !

- Attends, t'as pas tout vu ! Ajouta le loup

La machine fit alors face à celui qui était intervenu

- Re-merde.

Face à elle, essoufflé, les pattes écarté comme prêts au combat : Hertalam.

« - Je le savais... » Mumura-t-il.

Les armures se rapprochent. Signala le loup gris.

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