16 : Mise au point (2/3)
Arsear entra dans son bureau perdu dans ses pensées. Il ne remarqua Rig-rid au sol que quelques instant plus tard. Elle s'était assise en tailleur, et cherchait des erreurs dans le plan qu'elle tenait dans la main gauche. Avec sa main droite, elle appuyait un chiffon sur une plaie au visage. Ce dernier, de couleur grise, était parsemé d'hématomes, et les plus impressionnants saignaient. Autour de l'ingénieur-esclave, une multitude de plans étaient éparpillés par terre.
Le seigneur Silridriss s'accroupit, et releva le visage de l'esclave vers le sien en lui prenant le menton. Il vit l'œil au beurre noir, les hématomes sur les joues et la boursouflure de la lèvre inférieure.
« - Ils ne t'ont pas loupé.
- Non, ils ont aussi prévenu que la prochaine fois, ils tueront mon équipe.
- Prévisible. »
Arsear se leva et ouvrit un tiroir de son bureau. Il en sorti une petite boite carré en bois noir avant de revenir vers le gnome.
« - Montre-moi tout ça. » dit-il en l'ouvrant.
Rig-rid resta interdite, regardant le Silridriss, incrédule face à ce qui se passait devant elle.
« - Tu préfères avoir mal ?
- Non, mais, je ... j'ai encore du mal à m'habituer.
- T'habituer à quoi ?
- Au fait ... non rien, fini-t-elle en se levant.
- Allez. Déshabilles-toi. »
La gnome retira sa robe de bure et laissa apparaître sa nudité au Silridriss. Ce dernier ne réagit pas en voyant l'étendue des blessures. Les hématomes couvraient son corps. Il n'y avait pas d'endroit épargné. Arsear posa un genou à terre, et étala l'onguent qui se trouvait dans la boite. L'ingénieure gnome s'était déjà retrouvée nue en présence du Silridriss, qui plus est, dans des situations bien plus stressantes.
Sans ménagements, Arsear étala une fine couche d'une pâte blanche. Il appuyait fort, peut-être même trop fort au goût de la gnome qui se retint d'exprimer la plus petite douleur. Pourtant, elle constata, que dès le premier passage, la souffrance s'estompait. Elle ne s'opposa pas lorsque le seigneur s'occupa de ses parties intimes. Elle ne le quitta pas du regard durant tout le soin. Elle espérait ne pas voir le regard que Berik avait eu lorsqu'il avait voulu la violer et la tuer. Esclave, elle savait à quel point les Silridriss pouvaient être lunatique. Mais à aucun moment Arsear n'eut le moindre intérêt pour elle, il se contenta de rester concentré sur ce qu'il faisait, cherchant toute blessure qu'il aurait pu rater.
Quelqu'un frappa à la porte et entra dans le même mouvement : Osrak.
« - Monseigneur, une dépêche de l'espion chez les esclaves... »
Avec une incroyable vitesse, Arsear enlaça Rig-rid, qu'eut pas le temps de réagir.
Heureusement, l'enseigne entrait en tenant un parchemin, et ne vit pas l'action. Pourtant en relevant le nez, elle comprit qu'elle avait interrompu quelque chose d'important : Arsear lâcha la gnome, se releva, et se dirigea à grands pas vers elle. Elle prit immédiatement une posture de soumission.
« - Monseigneur, je suis désolé si... » Osrak n'eut pas le temps de finir sa phrase. Le seigneur l'avait attrapée par le cou et plaquée contre le mur, à dix centimètres de hauteur. Les écailles du supérieur brillaient comme des miroirs, et sa colère était on ne peut plus visible.
« - Je ne me souviens pas de t'avoir dit d'entrer !
- Je m'en excuse monseigneur. Mais j'ai pensé que l'information était importante...
- Je l'espère pour toi, ou tu vas le regretter ! » Hurla-t-il en arrachant le parchemin des mains de l'enseigne. Il laissa ensuite sa subordonnée tomber sur le flanc, contre le mur.
« - Je t'ai pas dit de te rhabiller ! » déclara-t-il sur le même ton à Rig-rid qui, dans sa peur, s'était doucement baissée pour récupérer ses effets.
Osrak toussa un peu, avant de chercher à se relever. Arsear, qui avait lu la note l'attrapa de nouveau par le cou, la traîna sur le sol avant de la jeter dehors sans ménagements. La Silridriss tapa le mur de la cloison du couloir avec violence.
« - La prochaine fois, même si c'est urgent, ça pourra attendre au moins une réponse de ma part ! »
Il revint vers la gnome, le parchemin entre les mains. Il le relut avant de le rouler, se baisser et ramasser la boite en bois, tombée dans les replis du vêtement.
« - Laisse tes affaires, et va dans la chambre, dit-il d'un ton monocorde.
- Monseigneur, je...
- J'ai vraiment pas envie de me répéter. Installe-toi dans mon lit. »
Avec des gestes mal assurés, l'esprit empli d'idées contradictoires, Rig-rid rejoignit la chambre, elle passa près de son lit, installé dans un coin, avant de rejoindre celui du seigneur Silridriss. C'était un lit en bois sombre, recouvert d'une couverture de laine grise toute simple. Elle sursauta en entendant la porte de la chambre se fermer, et entra dans le lit le cœur serré d'inquiétude en voyant Arsear retirer la toge et la cote de mailles.
Mais, le Silridriss, se contenta de s'asseoir dans le lit, hors des couvertures, le dos contre le mur.
« - Je n'ai pas trouvé d'autre justification pour expliquer la situation à Osrak. Myanate a déjà dit à tout l'équipage que j'avais fait le vœux de soigner une esclave et Berik a certainement dû lui parler que je l'avais attrapé et empêché de te violer. La plupart s'imaginent que tu es mon jouet, autant ne pas chercher à les détromper : ça pourrait se retourner contre nous.
- Je comprends. Et maintenant...il faut faire comme si.
- Exact. Tiens, lit ceci. »
La gnome prit le parchemin que lui tendait Arsear et le lu.
« - Comment vont-ils faire ? Demanda-t-elle atterrée.
- Je n'en ai pas la moindre idée. »
*
* *
*
Manuel entra dans le château blanc par la grande porte.
« - Ego ?
- Oui ? Répondit une voix lointaine.
- Où es-tu ?
- En haut. Prends l'escalier de gauche. »
Le jeune homme prit l'escalier qui l'emmena dans un jardin qu'il ne connaissait pas, juste derrière les tours de l'entrée, au-dessus de la première salle. C'était luxuriant de verdure, avec des oiseaux, des papillons, et des fleurs de toutes les couleurs. Un chemin, tracé au sol par des pierre luttant pour rester à fleur de terre, lui indiquait la voie. Après deux méandres, il atteignit une dalle circulaire en pierre sur lequel des pupitres portant des livres étaient posés.
Le loup blanc vint à la rencontre du jeune homme en boitant, la patte arrière relevée, mais un sourire sur sa gueule.
« - Merde, t'es blessé ?
- Oui, à ton amour propre. Mais ça se soigne.
- Comment ça ?
- En premier lieu, tu n'acceptes pas que l'on t'ai mentit pour Casper, ni qu'elle t'ai sauvé la vie alors que tu avais dit non. Ensuite, il faut bien l'avouer : tu t'es fait pourrir par ces engins bizarres.
- En parlant d'engins... Est-ce que ma machine est réparable ?
- Oui, mais ça ne servira à rien si tu les affrontes de nouveau : nous ne sommes pas près. Nous ne devons la vie qu'aux vibrisses et au système de détection multiple. Il est clair que dans le cas d'une connexion limitée avec un supercalculateur, la capacité d'adaptation du Berserker est dépassée.
- J'ai pas tout compris...
- C'est la bande passante qui limite les échanges. »
Manuel haussa les sourcils. L'évidence ne lui disait rien. Durant un court instant, Ego regarda celui qui était sa conscience avec beaucoup d'inquiétude.
« - Tu n'as pas compris. » Constata doucement le loup, dépité.
Manuel secoua la tête, le visage désolé.
« - Alors je reprends, considère que la quantité d'informations qui passe de l'armure au supercalculateur est un volume d'eau. Si la vitesse de l'eau dans le tuyau qui sépare les deux est constante, le temps nécessaire pour faire passer le liquide d'un coté à l'autre dépends de la section. C'est la bande passante.
- Haaaa... Fit le jeune homme qui comprenait ce langage, Et comment cette section est déterminée ?
- Ça dépends de beaucoup de paramètres : le nombre de relais, leurs capacités à retransmettre les informations... la liste n'est pas exhaustive.
- Et si on faisait les modifications avant de rencontrer de nouveau ces machines ?
- Ce pourrait être une solution. Tu as des idées on dirait.
- Oui, répondit Manuel avec un sourire tandis qu'au centre de la dalle de pierre, une version miniature de son Berserker apparut, neuf. Mais commence par me montrer toutes les améliorations déjà effectuées. Ensuite, on regardera si on peut en garder avec ce que je vais te demander. »
*
* *
*
La porte de la cellule de Nemaya s'ouvrit. La jeune femme se leva, droite et fière.
« - Sors de là : Le commandant veut te voir. »
Avant de rencontrer le commandant Higas, elle fut autorisée à se laver et se changer. Sous la douche, pas une seule fois elle ne quitta la porte des yeux, sachant pertinemment qu'un garde était posté derrière. Attentive aux moindre mouvement de la pièce de bois qui fermait l'accès. Ce ne fut qu'une fois habillée qu'elle se regarda dans la glace : une russe en tenue de combat, rousse, avec des lunettes de soleil collée sur le visage. Pourtant, elle n'arrivait pas à masquer les questions qui arpentaient son esprit.
Piotr, qu'as-tu voulu me dire... qu'ai-je donc oublié pour que tu reviennes me hanter si longtemps après...
Les grands coups donnés sur la porte par le garde impatient tirèrent la combattante de sa rêverie.
« - Allez ! C'est bon ! Dehors maintenant ! Il n'est pas de bonne humeur de manière générale, évitons de lui donner une raison supplémentaire de se fâcher un peu plus. »
Après un dédale de couloirs, il traversèrent une rue dans l'un des dôme souterrain de la zone dévastée pour rejoindre le bâtiment que les autorités avaient fourni aux soldats qui avaient fui la cité nouvelle. Au sixième étage, elle accéda au bureau du commandant Higas. Dès son entrée, elle effectua un salut militaire impeccable. La pièce était simple et sans aucune décoration ni fenêtres. Juste un bureau et deux chaises. Devant elle, dans l'ordre : une chaise vide, le bureau puis le commandant assis sur la dernière chaise.
« - Asseyez-vous, dit-il simplement sans lever les yeux vers elle. Son supérieur ne continua qu'une fois qu'elle se fut exécutée : on vous a assigné une mission. Vous serez épaulés d'unités spéciales pour sa réalisation. Est-ce que vous connaissez Manuel ''Doux-dingue'' Ferreira et Fernand ''Twister'' Lebon ?... »
De manière imperceptible, la guerrière serra les poings sur ses genoux. Son supérieur n'y fit pas attention
« ... Ces deux individus sont coupables de désertion. Ils ont monté une petite équipe avec des rebuts de l'humanité et des expériences échappée de laboratoire. Apparemment, ils gênent les opérations qui ont lieues dans le monde des Silridriss... C'est à se demander dans quel camps ils sont... Enfin bon, vous devrez rejoindre Bordeaux, récupérer une unité spéciale, et éliminer tous ces gêneurs... »
Le cœur de la combattante s'accéléra : elle allait affronter le seul combattant ayant réussi à lui opposer de la résistance. Elle ignorait ce qui s'était passé, mais, en y repensant, il était vrai qu'il avait toujours accepté les chimères.
« - Les simulations indiquent qu'il y a de grandes chances pour que vous vous entre-tuiez, poursuivit le commandant Higas. C'est la raison pour laquelle une unité spéciale a été constituée pour vous épauler dans cette mission. Il est nécessaire de préciser que cette mission est ultra secrète. Au point qu'elle ne suis pas les voies usuelles. Vous n'avez rien d'autre à savoir, faites votre paquetage, déposez un plan de vol puis rejoignez Bordeaux. Vous pouvez partir. »
Nemaya se leva et ne commença à réfléchir qu'une fois dans la chambre d'hôtel qui lui avait été allouée. Rapidement, elle fut convaincue de ce qu'avait dit Higas. Son sac prêt, elle s'appuya dessus avec les mains avant de décider de faire un détour par un endroit qu'elle aurait préféré oublier.
Je dois voir Piotr et je dois faire un... euh... comment fait-on un plan de vol ? Je pilote une armure, pas un avion de chasse...
*
* *
*
« - Manuel, je suis contente que... »
La phrase de Salida se perdit dans le vide tandis que son interlocuteur la dépassait sans lui porter d'attentions. Il entra dans le baraquement sans un mot. Fernand, qui en sortait, le croisa également.
« - Eh bé princesse ! On dirait que vous n'avez pas l'air dans votre assiette, dit Fernand en constatant la mine de la tigresse blanche et bleue.
- Il ne parle plus... c'est à cause de sa blessure ?
- Oulla ! Non, c'est plus compliqué que ça. Venez, on va en discuter plus loin. On passe chercher des bières et on va se trouver un endroit sympa.
- C'est grave ? Insista Salida en emboîtant le pas de Fernand.
- Non. Sauf pour son amour propre, Manuel... Comment dire ? Comme tout le monde, il a une facette où il est complètement idiot. Et toi, tu as mis le bordel dans cette facette... Débuta le jeune homme à peau rouge en ouvrant une glacière fermée par un code digital. Manuel n'aime pas du tout les mensonges, surtout ceux qui le touchent lui où ceux qu'il apprécie.
- Je lui ai menti ?
- Non, tu ne lui as pas dit la vérité, nuance. Alors non, il ne te fait pas la gueule : il ne sait tout simplement pas comment réagir. En revanche, ce qu'il a du mal à admettre, c'est que tu lui aies ainsi sauvé la vie. Oneshot et Happy Summer, c'est une autre paire de manche. D'ailleurs, moi, ce soir, je reste pas dans le container : ça va gueuler ... »
Le combattant sortit une canette en acier de la glacière, et l'ouvrit dans le même mouvement. Juste avant de porter le contenant à ses lèvres, il rajouta : « ... et oublie pas qu'il a juré de te protéger à ton père. Or, non seulement tu te mets en danger depuis des semaines, mais en plus, c'est l'inverse qui s'est produit. Le garde du corps protégé par le VIP, avoue que ça fout mal.
- Mais j'ai le droit de faire ma vie moi aussi.
- Ça, j'en doute pas. Laisse-lui du temps pour accepter que tu pilotes comme une professionnelle.
- Quoi ?
- Attends... t'es pas au courant ? La plupart des troupes qui sont ici ne parlent que du sniper fantôme. Ils s'interrogent sur son origine et son escadron d'appartenance. » Répondit Fernand, un sourire sur le visage tout en s'installant sur des caisses posée là.
Sous le choc, Salida s'assit elle aussi. Le pilote à le peau rouge et aux lunettes noires lui demanda : « Rassurée ?
- Oui en partie. J'ai d'autres questions, qui n'ont pas grand-chose à voir avec ce sujet.
- Vas-y.
- Comment as-tu rencontré Véronique ? »
A la question, Fernand se figea. La chimère comprit instantanément que la perte de celle qu'il aimait était encore vive. Il but une gorgée de bière avant de lui raconter ce qui s'était passé dans la salle de repos de l'école quelque jours après l'arrivée de Kouiros. Le pilote n'omit rien, aucun détail. Avec une nostalgie qui lui menait les larmes aux yeux, il raconta les interminables journées de shopping ou les heures à discuter, les envies de la jeune femme de raconter leur histoire malgré les interdictions de l'armée. Il ne s'arrêta que lorsque la peine fut trop forte pour articuler des mots.
« Et Manuel ? Comment as-t-il rencontré Marilyn ? »
Les chimères n'avaient jamais vu passé un être humain des larmes au rire. Salida dû faire face à la situation la plus étrange qu'il lui ai été donné de rencontrer.
« - Haaa.... la vache, décidément, y'a qu'une chimère pour poser les questions qui font mal, et les plus cocasses dans les dix secondes suivantes. Rien que d'y repenser... j'en ai mal à la mâchoire. Pour le dire simplement : Manuel lui a pété la gueule.
- Quoi ? Mais je croyais que les mâles de votre espèce évitaient de se battre contre des femelles.
- Quand on le sait... Oui. Mais quand on le sait pas... Et Manuel allait réellement lui casser la gueule, dans une simulation. Heureusement, il a été stoppé in-extremis. Ensuite, notre ex-major lui a monté un énorme mensonge pour voir ce qu'il savait faire avec une armure. Elle n'a pas été déçue.
- Et ? Si Manuel déteste les mensonges, comment s'est-elle fait accepter ?
- Ah ! Ça... Elle nous a épargnée des explications avec le proviseur de notre école, puis, des excuses et un repas dans un restaurant avec le reste de l'escadron Rock. Le proviseur est comme un tuteur général pour ceux qui étudient. Précisa Fernand en constatant que Salida avait du mal à comprendre. Pour finir, continua le soldat, il a fallu que je fasse remarquer à mon meilleur ami que sa supérieure voulait lui mettre le grappin dessus pour qu'il le remarque.
- Il ne l'avait pas remarqué ?
- Manuel est perspicace sur plein de truc. Mais les sentiments et les interactions entre les personnes, c'est un vrai boulet. Deux ou trois nanas ont bien essayé de sortir avec lui quand on était à l'école. Elles sont allées le voir et lui ont posé la question directement, mais il les a remerciées proprement.
- Pourquoi ? Demanda la chimère.
- Ça, j'en sais rien. Pas envie, pas le moment, pas intéressé... trop connes. J'en sais vraiment rien. »
*
* *
*
Myanate entra dans l'atelier comme une tornade. Elle se dirigea directement vers la Rig-rid. Cette dernière, occupée à donner des directives à un technicien à l'aide d'un plan ne vit pas la menace arriver. Sans ménagements, la favorite attrapa la gnome et la jeta avec violence contre un mur. Le petit corps frappa la cloison avec un son grave, il n'avait pas touché le sol que la Silridriss était déjà sur elle. Myanate l'attrapa par le cuir chevelu et lui tint le visage face au sien tout en maintenant la tête en appui contre la cloison.
« - Qu'as-tu à dire pour ta défense esclave ? » Marmonna-t-elle, la colère sur le visage et l'Erapha s'échappant par toutes les pores de la peau.
Rig-rid voulu répondre, mais le premier choc lui avait déboîte la mâchoire et une épaule. Seul un gargouillement sortit de sa gorge. Un petit filet de sang coulait hors de sa bouche tandis qu'un regard d'incompréhension s'était posé dans les yeux brillants de sa geôlière.
« - Rig-rid, est-ce que tu es sûre que le sélecteur de... » Commença Osrak en entrant elle aussi dans l'atelier. L'enseigne se stoppa immédiatement en constant la terreur des techniciens et la fâcheuse posture de l'ingénieure.
Lentement, la favorite leva sa main de libre. Celle-ci, déjà menaçante, s'enflamma, devenant mortelle.
« - Ô Favorite, je regrette de devoir vous interrompre quelques instants, mais si vous l'éliminez, qui modifiera les Kalieks pour le prochain affrontement ?.. »
La Silridriss se retourna pour toiser du regard celle qui osait l'interrompre dans sa colère. Osrak avait déjà pris la position de soumission précisa sa pensée :
« ... Je n'ai pas l'intention de me mettre en travers du châtiment que vous désirez lui infliger. Je ne désire qu'attirer votre attention sur les conséquences de vos choix. »
Myanate se stoppa un instant, avant de reporter son attention sur l'esclave qui ne pouvait articuler un seul mot. En un instant, la flamme devint verte, et elle la plaqua contre la poitrine de l'esclave. Rig-rid hurla d'un cri strident tandis que le sortilège vert se déployait. Lorsque se fut fini, la favorite la laissa choir sur le sol, inconsciente, avant de se diriger vers la sortie. Une technicienne, trop près de son passage fut décapitée.
Une fois Myanate sortie, Osrak s'approcha de la masse sombre en vrac sur le sol. Avec quelques petits coups de pieds, elle retourna l'ingénieure qui respirait difficilement.
« - Soignez-la, du mieux que vous le pouvez dit-elle à aux autres esclaves. Sa vie est désormais liée aux vôtres. Je repasserais plus tard, elle devra répondre à quelques questions. »
*
* *
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« - J'en ai rien à foutre Oneshot ! T'aurais dû me mettre au courant !
- Pour quoi ? Que tu t'y opposes ? Elle est grande et elle a droit de faire des choix ! »
Cela faisait maintenant des heures entières que les deux hommes se disputaient, chacun campant sur ses positions. Ils n'étaient que deux dans le local de l'escadron, mais ils faisaient plus de bruits qu'un régiment entier.
« - Bordel ! Oneshot ! Ce n'est pas une chimère comme les autre !
- Justement ! Elle peut piloter ! Elle a la forme nécessaire pour ça !
- T'es con ou quoi ? C'est la princesse des chimère ! Cria Manuel.
- Elle a été déchue ! Ouvre tes yeux bordel ! Elle n'a plus rien à quoi se raccrocher ! Il lui faut quelque chose !
- Et si elle venait à reprendre le trône !? Tu y as pensé ? Si elle a pris part aux combats ça pourrait la desservir !
- Rien ne dit que ça ne serait pas le contraire : un atout !
- Ok, et comment tu la protèges sur le terrain ? Même avec un Berserker je me suis fait torcher !
- Elle est parfaitement capable de se défendre toute seule. Je lui ai appris tout ce qu'il y a à savoir sur la position du sniper.
- Nom de Dieu ! Oneshot ! Tu joues avec sa vie !
- Et toi tu l'empêches d'en avoir une ! »
La remarque fit tilter Manuel.
« - Quoi ?
- Mais putain, je suis le seul à avoir vu ça ou quoi ?! Vous lui demandez de rester en arrière sans rien faire, imaginant qu'elle discute avec le peuple chimère sans comprendre que c'est une princesse sans pouvoir ! Sans peuple ! Elle est toute seule ! Elle se fait chier du matin au soir ! Alors c'est peut-être quelque chose de dangereux, mais elle a trouvé la voie qu'elle voulait emprunter ! Qui es-tu bordel pour t'y opposer !?
- Je suis celui qui tiens à elle, à sa vie au point de ne pas céder à ses caprices ! Répliqua Manuel
- Des caprices ? Mais regarde Doux-dingue ! Elle est allée sur le champs de bataille plus d'une fois ! Elle a frôlé la mort par deux fois parce qu'elle ne fait partie d'aucun escadron et personne ne la voit ! Ça, je suis d'accord : c'est dangereux !
- Mais c'est tout le champ de bataille qui est dangereux ! Regarde-nous ! On fait Robocop et Frankenstein ! Tu veux qu'elle finisse comme ça ?!
- Et toi ? Tu veux qu'elle finisse comme un légume surprotégé ? Incapable de faire quoi que ce soit ? Laisse-la vivre !
- Quand Fernand disait que ça allait gueuler, j'ignorais que c'était à ce point. » Coupa la voix douce de Salida, qu'aucun des deux homme ne l'avait vu ni entendu entrer. Un silence avait empli la salle, tous les deux étaient gênés d'avoir été surpris par la tigresse.
« - Tu es là depuis longtemps ? Demanda Manuel d'une voix normale.
- Suffisamment pour avoir entendu les arguments de l'un et de l'autre. J'ai parfaitement compris la raison pour laquelle j'ai été mise à l'écart. Seulement, j'ai fait des choix. Je suis grande, adulte désormais, et c'est à moi de décider de ce que je veux faire de ma vie. Manuel, Oneshot ne m'a pas appris les règles qui régissent la position du sniper sans me parler des risques. Et comme tu l'as fait remarquer, il est une preuve vivante de ce qui peut m'arriver, il n'a cessé d'insister sur ce point pour que je sois toujours d'une extrême prudence. Si c'est parce que tu as peur des horreurs que je vais voir, sache qu'il y a dans la mémoire des images des charniers que les Silridriss ont perpétrés, mais j'ai aussi l'odeur qu'a sentie celui qui a mis l'information. J'ai la trace de ceux qui sont allé dans l'arène eux aussi, et qui n'en sont pas ressorti. J'ai les dernières visions de mon père avant de mourir. Crois-moi, questions images d'horreurs, je suis vaccinée. Si c'est à cause du baptême du feu, cela fait des semaines que je l'ai réalisé, sans personne, et je suis toujours en vie !
- Est-ce que tu te rends compte des risques que tu prends ? Personnellement, et en tant que princesse ? Interrogea Manuel.
- Oui, c'est pour cela que je veux intégrer l'escadron de manière officielle, seule, c'est vraiment dangereux, et je ne suis pas assez efficace. Pour le reste, je ne suis plus princesse, d'une certaine manière, ça m'arrange : je ne voulais pas du titre.
- Pardon ? Demanda le jeune homme qui avait cru mal entendre.
- Oui : ça m'arrange. Est-ce que tu sais ce que c'est que de te lever tous les matin en sachant que ta vie ne t'appartient pas ? Chaque action, chaque parole doit être savamment dosée pour la politique. Chaque mot devant sonner juste et, d'un côté ceux qui flattent dans l'espoir d'obtenir des avantages, de l'autre, ceux qui critiquent sans rien proposer. Et au milieu, personne, aucun ami vers qui se tourner. Très entourée, mais désespérément seule ! Telle était ma position. Tant que mon père était vivant, j'ai tout fait pour garder l'illusion. Aujourd'hui, je n'en ressent plus la nécessité. Tu ne m'empêcheras pas de faire ce que j'ai envie. Ni toi, ni personne. Et si, pour cela, je dois chercher un autre escadron, je le ferai. »
La dernière phrase, prononcée calmement et de manière distincte, tomba comme un coup de massue sur le jeune homme. Il resta impassible un instant, avant de sortir à grands pas du local en claquant la porte derrière lui.
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