15 : Royale vengeance (1/3)

Myanate entra dans le bureau d'Arsear sans frapper.

« - Seigneur Arsear, vous devez partir pour... Mais qu'est-ce que vous faîtes ? »

En face du seigneur des terres de Youris et de Kalam étaient assis le professeur Ferreira, sa femme et le professeur Belamour. Toutes les personnes présentes dans la pièce la regardèrent avec la même surprise.

« - J'essaie de comprendre nos adversaires. Pourquoi ?

- Cessez ces enfantillages. Vous devez partir pour Ezeltarn, les Humains sont passés de l'autre coté et la cité risque de tomber. Les Kalieks doivent s'occuper des démons d'Alikaross.

- Un troisième démon est apparu, déclara calmement Arsear. Et il se cache ici.

- Comment cela ? »

Arsear, effleura son bureau de laiton en un endroit précis. Et une reproduction de la machine de Nemaya trôna au milieu de la pièce.

« - Je vous présente le troisième démon. Pour le moment je n'ai que son surnom : Nemaya.

- Peu importe : l'impératrice vous veux à Ezeltarn, ignora Myanate.

- Comme elle le désirera : mais je me permet de dire que c'est là une erreur : cette pilote est bien plus dangereuse que les deux autres. A dix Kalieks, nous n'avons pas réussi à la capturer...

- Arsear : c'est un ordre. La Déesse-Impératrice ce moque de ce que vous pensez. Faites ce qu'il faut !

- Bien. Il sera fait selon ses désirs. »

La porte du bureau se referma, laissant les trois humains et le Silridriss seuls.

« - Elle n'est pas commode. Constata le professeur Ferreira.

- Non, ce n'est pas facile. Ma position fait des envieux, mais si je pouvais la troquer contre une autre, je le ferai sans hésiter. Berik, on lève le camp, cap sur Ezeltarn. Fais nous arriver dans la zone, pas trop proche de la ville... Oui, toute la flotte. Non, évite le portail, les Humains y sont. Rig-rid, où en sont les Kalieks ?... Parfait. Osrak, assures-toi que tout le monde est prêt au combat. Je vais contacter le général Themta pour connaître la situation... Braniss, viens dans mon bureau. Puis, après avoir donné ses ordres, Arsear reporta son attention sur le père de Manuel. J'ai besoin que vous me fassiez confiance professeur, car je vais prendre de très gros risques. Avez-vous la possibilité de contacter votre fils discrètement ?

- Non.

- Vraiment ?

- Manuel n'a jamais été très doué avec les ordinateurs, quand aux radios, toutes les fréquences sont surveillées par l'armée.

- Et votre fille ?

- Que voulez-vous faire exactement ?

- Vous ne me croiriez-pas, fit Arsear en sortant un livre et une paire de lunettes d'un tiroir. Alors je vous propose de constater par vous-même. Une mise en garde cependant : si vous parlez, nous seront tués tous les quatre, et ce sera un échec complet. »

José Ferreira hésita un moment, sa femme le suppliait du regard de refuser tout ce qui aurait pu provenir de l'horrible individu, Patricia Belamour, elle, mourrait d'envie d'accepter.

« - Que voulez-vous en échange ?

- Rien, je veux que vous constatiez la situation. Si vous êtes réellement un scientifique, vous l'analyserez, et agirez en conséquence. »

Après quelques secondes dans un silence complet, il prit le livre devant le Seigneur Silridriss sans jamais quitter le saurien du regard. Braniss frappa à ce moment précis.

« - Entre, tu vas conduire ces trois personnes dans une des réserves du navire. Puis, tu amèneras suffisamment de mobilier et de commodités pour que ce soit confortable. Fait monter la garde devant la pièce. Professeur Ferreira, revenez me voir une fois que vous aurez lu le livre. Nous en discuterons.

- Avant, j'aimerais que vous libériez mes femmes.

- Je regrette, mais ce ne sera pas possible : il serait dangereux de les relâcher. Ici, elles sont en sécurité. »

*

* *

*

« - Mais quels ordres à la con !

- Arrête de pester Twister et pousse ! Répliqua Manuel

- Ici au moins, on ne se fait pas tirer dessus. » Constata Tégos.

Les quatre armures restantes de la Fantasy Circus tentaient d'aider le personnel du génie à se frayer un passage dans l'axe du portail à travers les lourdes murailles métalliques. Mais cela s'avérait plus complexe que prévu : les murailles étaient faites de métal plein. A l'aide de torches plasma, les machines du génie découpaient de large plaques que les berserkers emmenaient un peu plus loin. Tégos et Aquil s'occupaient de l'approvisionnement en gaz et en électricité.

« - Twister, avec une machine classique, on mettrait quatre fois plus de temps car les plaques devraient être divisées en de plus petit bouts, expliqua calmement Aquil.

- Tu m'excuseras, mais ma bécane a été conçue pour dégommer du lézard, pas pour jouer aux jeux de construction.

- Twister, ici Friedrich, je te rappelle la raison pour laquelle il faut créer ce passage : on n'a aucun appui aérien dans la zone. Même les lanceurs de satellites sont bloqués. Ces travaux sont nécessaires si tu veux avancer dans le coin.

- Je le sais, ça n'empêche pas que cela m'emmerde au plus haut point. »

La découpe d'un passage prit deux jours, et fut harassant pour l'ensemble des pilotes. Au grand plaisir de Fernand, les travaux de terrassement furent pris en charge par le génie. Mais aucun des membres de la Fantasy Circus ne pouvait quitter la zone : ils étaient chargés de la sécuriser. Rapidement, ils comprirent que les troupes amenées avec eux repéraient les terrains alentours, certains avaient posés des mines, d'autres, crées des postes d'observations. Puis, le génie commença la construction des infrastructures nécessaires à des pistes d'atterrissage pour ADAV. Entre temps, avec une précision d'horlogers, les lanceurs de missiles du renseignement envoyaient leurs projectiles fendre les airs.

Sarlen et Kouiros ne rigolaient pas en disant que c'était une opération d'importance... pensa Manuel en regardant le défilé des véhicules à coté de sa machine, réparée.

En suivant un camion de matériel transportant une station radar, son regard se porta sur leur énorme camion jaune, et, notamment l'armure qu'il transportait. Oneshot, devenu cyborg ne pouvait plus la piloter, cependant, il la bichonnait comme une mamie prenait soin de ses bibelots.

Un sniper invisible... nan... il n'oserait pas...

Manuel attendit un espace suffisant dans la colonne des engins avant de traverser pour rejoindre les deux énormes véhicules. Le sniper avait ouvert le carter de la machine et vérifiait les niveaux ainsi que l'usure des pièces. Seuls les pilotes chevronnées réalisaient ces contrôles.

« - Salut, Dis-moi Oneshot, tu n'aurais pas repris du service par hasard ?

- Hein ? Demanda le cyborg et tournant son visage à moitié métallique vers Manuel. Il portait un débardeur avec un pantalon treillis et la paire de chaussures réglementaire.

« - Tu ne te serais pas remis à piloter des fois ? Répéta Manuel

- Non, je te l'ai dit, mon oreille interne est foutue. J'ai déjà du mal à me tenir droit. Pourquoi ?

- Un sniper invisible... Vu que cette machine est unique, je me suis dit que ce devait être toi, ou que tu la prêtes à quelqu'un...

- Tu rigoles ? C'est ma bécane. Il est hors de question que je la prête au premier imbécile qui a une loupe sur un fusil.

- Alors pourquoi fais-tu l'entretien ?

- Parce qu'elle reste ma machine. Et que ça me ferait mal au cœur de la voir non entretenue. En plus, ça m'occupe l'esprit. Tu croirais quand même pas que cet engin est ''Casper'' quand même.

- C'est une possibilité. »

L'ancien sniper s'installa au poste de pilotage et alluma brièvement la machine. Il positionna l'écran de pilotage sur ses yeux avant de secouer la tête. La machine aussi fit non de la tête.

« - Non, tout est normal. Je me demande si quelqu'un d'autre n'a pas recréer une machine comme la mienne.

- J'en doute : ça été la merde à mettre au point, objecta Manuel

- Tu l'as modifiée tout seul ?

- Non, une technicienne de la maintenance était avec moi. Andréa.

- Faudrait lui demander si elle n'a pas fait des copie, supposa Oneshot.

- Ça va être dur : Clermont-Ferrand est tombée.

- Ha, en effet, là, ça va être compliqué. En tout cas, cet engin n'a pas bougé. » Finit-il en éteignant l'AMC.

*

* *

*

La guerrière russe s'était installée seule à l'une table du réfectoire. Des locaux avaient fini par être attitrés aux soldats qui avaient réussi à fuir Clermont-Ferrand. Mais les autorités de la zone dévastée les surveillaient en permanence, un peu comme un colocataire encombrant qui vient dormir dans votre chambre parce que sa copine l'a jeté du lit. Beaucoup de méfiance animait les deux factions, chacune attendant que l'autre fasse une erreur pour la lui reprocher. Un certain nombre d'hôtels et un réfectoire leurs avaient donc été alloués. Ce dernier comportait des tables disparates un local vieillissant. Les murs, d'un jaune délavé semblaient fatigué de renvoyer les lumière des néons. Le sol, inégal et multicolore détonnait franchement avec l'austérité des murs. Dans tout le brouhaha, et l'effervescence lié à la prise de repas, un soldat s'approcha et s'invita a sa table.

« - Bonjour, je peux m'installer ? »

La guerrière releva les yeux derrière ses lunettes sombres mais n'adressa aucune réponse à cet individu. Il était jeune, d'origine asiatique, les cheveux courts sur un visage rond et souriant. Il était évident qu'il cherchait autre chose qu'un endroit où déjeuner.

« - Je ne sais pas trop comment dire ça... mais, voilà, qu'est-ce que tu dirais d'aller boire un verre après notre quart ? »

Nemaya ne réagit pas, elle continua son repas en ignorant complètement son voisin de table. Pour obtenir son attention, il effleura de sa main celle de la combattante avec un « hé » doux. Il ne comprit que trop tard son erreur. Cette action douce et anodine déclencha une réaction violente de la jeune femme : Elle lui attrapa la main, et la cloua sur la table avec la fourchette. Le jeune homme hurla. Nemaya se releva et lui envoya un uppercut qui décrocha le couvert de la table et fit tomber le soldat à la renverse.

Inconscient, il ne se releva pas.

Ce qui venait de se passer déclencha un silence de surprise. Une centaine de personnes se stoppèrent dans leur restauration pour tenter de comprendre ce qui venait de se passer. Comprenant qu'elle se trouvait au centre de toutes les attentions, elle préféra quitter la salle sous les regards appuyés de ses frères d'armes.

Une fois dans le couloir, elle s'appuya contre un mur tandis que deux larmes tracèrent des chemins sur ses joues.

Qu'est-ce que tu veux ? Résonnèrent en russe les paroles du pirate informatique.

« - Nemaya, le commandant veut te voir. » Fit un soldat devant elle, insensible à l'état dans lequel la combattante était plongé.

D'un revers de manche, elle sécha ses larmes, hocha la tête et prit la direction de la pièce que le commandant avait aménagé en bureau. Elle n'y avait jamais vraiment fait attention, mais étrangement, elle comprenait toutes les langues qu'elle entendait.

*

* *

*

Dans la pièce dépourvue de fenêtre, installés depuis deux jours parmi les caisses et les coffres, les époux Ferreira et le professeur Belamour passaient le temps comme ils le pouvaient. L'agencement de la pièce avait vite été modifié pour que les caisses fassent des murs et recrée un appartement. Cependant, la lumière du jour manquait cruellement aux trois humains. Dans son coin, et contre la volonté de sa femme, le professeur lisait le livre que lui avait fournit Arsear. Au premier abord, il était illisible. Mais, une fois la paire de lunette sur le nez, les caractères changeaient, se modifiaient et devenaient lisibles. Ce qui rendit un moment le scientifique perplexe sur le fonctionnement des lunettes. Mais il n'était pas en mesure de s'interroger plus que cela sur cet objet : il se devait de lire ce livre rapidement.

« - Alors ? Demanda Belamour en entrant dans le coin qu'il s'était aménagé pour lire au calme.

- J' ai un peu survolé les passage soporifiques, mais c 'est un ouvrage religieux. L'équivalent d'une Bible ou d'un Coran chez nous. Ça raconte l'arrivée de la Déesse-Impératrice au pouvoir ainsi que l'unification des nations Silridriss. Il compile aussi un certain nombre de règles à suivre. En revanche, il n'y a aucune sanction de définies si ce n'est la mort. J'ai commencé l'age d'or des conquêtes.

- Intéressant ?

- Non, je ne suis pas historien. Les villes disparues par un pouvoir divin ne m'intéressent pas. Je reste tout de même très dubitatif car certains points me semblent peu crédibles

- Quel genre ?

- Genre... l'immortalité de la Déesse-Impératrice, ou encore le fait qu'elle ait crée les univers à sa guise avant de se personnifier pour en prendre le contrôle.

- C'est vrai que c'est complexe : autant les créer directement autour de soi.

- Ce n'est pas vraiment ça que je pensais. Mais il est que c'eut été plus simple.

- Comment le livre se finit ? Interrogea la scientifique en s'adossant à une paroi.

- C'est là le problème : ça n'a pas l'air de se finir. En dehors d'un peu d'histoire et de règles, je n'y vois aucune réflexion philosophique. C'est même très agressif comme expression.

- Ce n'est pas normal.

- En effet.

- Pourquoi ? Demanda madame Ferreira en s'invitant dans la conversation.

- Et bien chérie, chez nous, tout les documents sacrés ont un sens profond. Au delà du message religieux, il y a un message qui génère une réflexion chez le lecteur, il s'interroge sur la manière dont il mène sa vie est sur ses actes. Dans ce livre, que les Silridriss appellent « l'axe », il n'y a rien de tout cela. Seuls la vie et les désirs de l'Impératrice y sont décrits, ainsi que les peines encourues. Rien d'autre. Ce document ne crée aucune introspection. Mais il n'y a pas que cela : il n'y a pas de ''fin du monde''.

- En quoi cette ''fin de monde'' est-elle un problème ? Redemanda madame Ferreira

- Tout ce qui commence doit finir : c'est une règle dans tout les textes saints, des plus primitifs aux plus évolués, répondit Belamour. Par conséquent, le document en lui-même est bancal.

- Est-ce que c'était ce qu'il voulait que tu constates chéri ?

- Je n'en sais rien... mais il y a tellement d'erreurs que le document se décrédibilise lui-même. Par exemple, selon le texte, l'Impératrice a conquis son monde d'origine quasiment sans combattre. Pourtant, les peines pour ceux qui ne respectent pas ses désirs sont terribles : éventration sur la place publique en cas d'oubli de prière, autorisation assassinat immédiat pour quiconque remettrait en cause la nature divine de la Déesse... Idem pour qui prendrait cela à la dérision, ça n'en fini pas. Le rire est interdit et puni de flagellation, toute autre espèce différente des Silridriss sera heureuse d'être réduite en esclavage pour la gloire de l'Impératrice... Enfin bon, ça n'en fini pas...

- Attends une minute... cela signifierais que le lézard m'a baffé pour me sauver la vie ? Demanda Belamour.

- C'est ce que je pense. Les gardes t'auraient découpé vivante je crois.

- Pourquoi aurait-il fait cela ? Demanda la femme du professeur.

- Peut-être espère-t-il un syndrome de Stockholm, supposa Belamour.

- C'est envisageable. Mais j'ai l'impression que ce n'est pas le genre de l'espèce : Tout les déviants sont traités très sévèrement. Généralement, ils sont identifiés sous le terme ''Silawësis''. Littéralement : ''Hérétique''. »

Avec violence la porte s'ouvrit. Instinctivement, les trois Humains se levèrent à l'entrée de Braniss.

« - Venez, le Seigneur Arsear vous attend. Mais avant, vous allez porter ça. » Dit-il en montrant de lourdes chaînes.

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