14 : Protocole Attila (3/3)
« - Alors comme cela il n'existait qu'un seul super calculateur ?
- Oui, répondit le professeur Belamour, de ce type, avec un refroidissement azote oui.
- Il en existe d'autre modèles ? Demanda Arsear en avançant parmi les décombres du Sleipnir.
- Oui, ils sont cachés ; et me demandez pas : j'ignore complètement leurs emplacements, déclara la scientifique à l'entrée, bras croisés.
- Combien y'en a-t-il ?
- Aucune idée. Comme je vous l'ai dit, c'est très secret. »
La pièce était éclairée par des pierres que les Silridriss avaient collés aux murs. Dans la pièce, Arsear cherchait à comprendre les imbrications des morceaux calcinés comme un puzzle. Derrière lui, près de l'entrée, quatre gardes surveillaient les professeur Belamour et Ferreira. La pièce était tout de même sombre et saturée d'une odeur de brûlé. Seul le seigneur des terres de Kalam et de Youris s'était aventuré dans les décombres.
« - Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-il en ramenant un morceau vert avec une multitude d'aspérités rectangulaires.
- Un morceau de circuit imprimé, répondit le professeur Ferreira.
- C'est réparable ?
- Non. Ça ne sert à rien de vouloir récupérer quelque chose là-dessus : L'ensemble du Sleipnir n'est pas réparable. Et même si on arrivait à le réparer, nous n'aurions pas l'azote nécessaire pour le faire fonctionner.
- Je veux qu'il fonctionne de nouveau.
- Votre impératrice est une déesse n'est-ce pas ? Alors demandez-lui de réparer tout ça... »
D'un revers de la main, Arsear mit une violente baffe au professeur Belamour qui l'envoya ce cogner contre le mur.
« - Patricia ! Se précipita le professeur. Vous êtes complètement malade ! Vous risquez de la tuer !
- Ne parlez jamais de l'Impératrice en ces termes si vous tenez à la vie ! Grogna le Silridriss, les yeux rouges de colère.
- Elle n'en parlait pas en mal ! Cria presque José Ferreira, se retenant de terminer par ''Abruti !''. Elle vous disait que seul un être divin pouvait réparer le Sleipnir dans un tel état !
- Elle n'a pas a parler de l'Impératrice ainsi, peu importe la raison. Point.
- On a compris ! Mais ça ne change rien au fait que nous sommes incapables de réparer cet engin. »
Arsear se détourna des deux humains tandis que les quatre gardes les surveillaient avec colère. Le professeur Belamour reprenait lentement connaissance. Il avança de quelques pas dans la pièce pour arriver à la guérite de l'opérateur. La vitre avait volé en éclats, et l'ordinateur de contrôle était détruit.
« - Et cela ? Qu'est-ce ?
- Un ordinateur : un modèle réduit d'un supercalculateur. Mais il faudrait des milliers de ces machines pour arriver au même résultat, et avec un temps plus long qui plus est. » Répondit le professeur sans se retourner. Ses yeux croisèrent ceux de Belamour. A ce moment précis, il vit qu'elle avait comprit quelque chose, cela la réveilla complètement. Une information importante cheminait dans sa tête, ouvrant la multitude de choix de possibles.
« - Il est utilisable ? Redemanda le Saurien.
- Tout dépends pour quelle utilisation, répondit la femme en se relevant, une lueur de revanche dans les yeux.
- Connaître le futur.
- Dans les grandes lignes, ce devrait être possible. Continua-t-elle en mettant une main sur son front. Mais n'en demandez pas trop non plus : cela dépendra de la quantité d'informations que nous aurons à notre disposition.
- Faites ce qui est nécessaire, je vous fournirais toutes les informations que vous désirerez. »
*
* *
*
Nemaya entra dans le cybercafé en faisant sonner la petite cloche au plafond. Le tenancier rangea le journal qu'il lisait avant de lui demander : « Qu'est-ce qui vous faut ma petite dame ? »
Les murs étaient recouverts de posters de jeux vidéos ou d'affiches publicitaires qui vantaient les mérites de matériels informatiques aux noms barbares. Les murs, lorsqu'ils étaient visibles, criaient qu'ils avaient besoin d'un nouveau coup de peinture. Le commerce était tout en longueur, à l'entrée, à droite, derrière un petit bureau le propriétaire continuait à regarder Nemaya en attendant sa réponse, même s'il connaissait déjà la réponse. C'était un homme d'une cinquantaine d'années, le visage tiré par la cigarette et l'alcool. Il portait des cheveux sel et poivre attachés en catogan qui semblaient vouloir lui faire un lifting forcé. Un tee-shirt de hard-rock d'un groupe sataniste finissait le personnage. Du moins c'était tout ce que voyait la guerrière.
Pour répondre à cet homme, elle tendit le carton qui lui avait été remis à l'hôtel.
« - Heu... Si vous le dites. Je vous laisse vous installer. C'est dix crédits de l'heure. »
Nemaya entra dans le couloir qui se dirigeait jusqu'au fond du bâtiment. De part et d'autres du couloir, il y avait des box numérotés, dans lesquels se trouvait un ordinateur à chaque fois. Elle entra dans le numéro six.
L'intérieur de la petite pièce était recouverts d'affiches comme dans toute la boutique. Elle s'installa devant l'ordinateur et attendit en croisant les bras. Quelques instant plus tard, le tenancier débloqua le matériel depuis l'entrée. Finalement, après quelques minutes d'attente, la guerrière rechercha des nouvelles des différents fronts.
En Afrique, les Silridriss avaient été repoussés, en chine et en Amérique, les lignes de front étaient bloquées. Personne ne parlait de ce qui s'était déroulé à Clermont-Ferrand. Mais cela ne la choqua pas plus que cela.
Écran noir.
La russe fronça les sourcils et appuya sur quelques touches avant qu'une phrase ne s'écrivit en russe sur l'écran : « Veuillez pardonner les erreurs du traducteur automatique. »
Nemaya recula de quelques centimètres sous la surprise et une autre phrase s'inscrivit sur l'écran.
« - Je vous remercie d'avoir accepté mon invitation mademoiselle Nemaya. Je suis enchanté de vous rencontrer : je m'appelle Happy Summer. Votre clavier est activé.
- Et ?
- J'aimerais savoir quels quels sont vos objectifs actuels.
- J'obéis aux ordres.
- Même s'il s'avère que celui les donne n'a aucune considération pour vous ?
- Que voulez-vous ? Demanda la russe.
- Vous proposer d'intégrer une unité de combat dans laquelle vous ne seriez pas entourée de bras cassés. Votre dernière affectation s'est soldée par la mort de tous vos frères d'armes.
- Quelle unité ?
- La Fantasy-Circus. Un groupe de mercenaire mené par le lieutenant ''Doux-dingue'' Ferreira. J'ai cru comprendre que vous aviez déjà fait équipe avec lui et qu'il a survécu.
- Qu'ai-je à y gagner ? Demanda la russe.
- Que voulez-vous ? »
La question laissa la guerrière interdite. Elle s'était attendue à ce que son interlocuteur ait des choses à proposer, mais il n'y avait rien. On lui demandait ce qu'elle désirait, et, curieusement, elle se rendit compte qu'elle n'avait jamais vraiment fait le point sur ses désirs. Vivre, se venger, dégommer des chimères, abattre des Silridriss, jusqu'à présent, elle n'avait jamais cessé de se battre.
« - Que veut ''Doux-dingue ?
- A long terme, trouver un endroit où vivre en paix. Pourquoi ?
- C'est tout ?
- Vu l'état actuel de notre monde, je trouve que c'est déjà beaucoup. »
Se battre pour arrêter les combats... Mais que faire après ? La question lui brûlait le cœur.
- Que fera-t-il après ?
- Je n'en ai pas la moindre idée. Pour être franc, cela ne me regarde pas, répondit l'écran.
- Et vous ? Que voulez-vous ?
- Beaucoup trop de choses pour tout écrire. Mais il n'y a pas de conflit entre les désirs du lieutenant et le miens.
- Ce n'est pas une réponse. Commenta la guerrière.
- Non, en effet, mais c'est la seule que je peux vous donner : je suis recherché sur une bonne partie de la planète. Et le piratage informatique est sévèrement puni de nos jours. Vous comprendrez donc aisément ma prudence en ce qui concerne les informations me concernant. »
Nemaya tentait de gagner du temps, mais le pirate la perça à jour :
« - Vous ne savez pas, n'est-ce pas ?
- Oui. admit la russe après quelques hésitations.
- Je vais être franc, j'ignore totalement comment l'unité hybride du lieutenant finira. Mais le résultat envisageable est actuellement le meilleur espoir de l'humanité concernant ce conflit.
- Comment cela hybride ? Interrompit la guerrière.
- L'unité se compose d'Humains et de Chimères.
- Je devrais me battre aux cotés de chimères ? C'est hors de questions. Écrivit la russe avec rage.
- Pourquoi ? Vous l'avez déjà fait pourtant.
- C'était les ordres ! Je ne veux aucun lien avec les chimères. Clair ? »
Pendant un instant, il n'y eut aucune réponse du pirate. Finalement, ce dernier reprit :
« - C'est dommage. Car notre monde doit désormais prendre en compte nos nouveaux voisins au risque de préparer aujourd'hui les guerres futures.
- Ça ne change rien pour moi ;
- Alors, tant que vous vivrez, il n'y aura pas de paix. »
Cette dernière affirmation surprit la guerrière au plus haut point. Le pirate venait de lui démontrer que sa méthode de réflexion ne menait à rien.
« - Sauf si ce sont les ordres. » Protesta-t-elle.
A ces mots, une série de document recouvrirent la partie droite de l'écran. La partie gauche fournit les explications :
« - Je regrette, ce n'est pas prévu. Une fois la menace Silridriss écartée, ce qui, en soit, est utopique, le conflit avec les chimères reprendra. L'objectif est leur extermination. Ensuite, l'ensemble des cités autonomes seront attaquées. Cela se finira avec un gouvernement totalitaire basée sur la puissance militaire. Selon mes prévisions, dans le cas plus qu'improbable de la réalisation de ce scénario, il n'y aura plus assez d'humains pour perpétuer l'espèce.
- Comment cela ? Dix milles individus seraient suffisants !
- Oui, si l'on ignore les facteurs maladies, famines, accidents, attaques par animaux sauvages, et autres horreurs qui font passer de vie à trépas sans la guerre pour les y aider. Les meilleures prévisions prévoient l'extinction de notre espèce dans une centaine d'années. »
Face à une telle révélation, Nemaya resta stoïque.
« - Quelles sont les solutions envisageables ?
- Je l'ignore. Je n'ai pas assez d'informations pour le moment. Mais je parie sur l'unité hybride.
- Quel est leur efficacité ?
- Quatorze engagement. Une perte. Aucun repli réalisé... Bien qu'ils aient dû en envisager un dans le désert.
- J'ai besoin de réfléchir, fini la berserker.
- Prenez votre temps, nos communications seront peut-être plus compliquées à l'avenir. Sinon, j'ai un accès à votre AMC. Faites une demande, et, si je suis en ligne, je vous répondrai.
- Cela me va. Au revoir.
- Au plaisir Mademoiselle Nemaya. »
Sans un mot, la russe se leva et se détourna de l'ordinateur. La porte du box n'était pas fermée que l'écran avait repris son fonctionnement normal.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top