12 : Casper (2/3)

Le commandant Higas avait devant lui le dossier de la pilote russe. De nombreux rapports faisaient état d'une attitude de moins en moins contrôlable.

Seigneur... Que vais-je bien pouvoir faire de cette erreur de la nature ?... La faire disparaître serait totalement contre-productif. Faire un rapport général ? Non, les sections Russes seraient trop heureux de mettre la main sur elle. Je vais l'envoyer sur le front, elle finira bien par prendre une balle perdue... Si elle pouvait tuer les quatre autres ce serait parfait.

Au moment de signer le document, la porte s'ouvrit avec fracas. De surprise, la signature railla la feuille en travers, condamnant le document à être refait. D'un pas décidé, le professeur Belamour marcha jusqu'au bureau du commandant avant de se planter face à lui, un CD entre les mains.

« - J'ai fini, c'est quand vous voulez.

- Mais ça fait à peine...

- Oui, mais vu que j'ai été particulièrement tranquille, ce programme est fini. Vous pouvez lancer une production en série.

- Sûre ?

- Certaine. » répondit-elle du tac au tac.

Avec un plaisir non dissimulé, l'homme sorti son arme de poing du holster.

« - Mais que faites-vous ? Demanda la femme, incompréhensive.

- Vous étiez indispensable jusqu'à la finalisation de se projet. Le projet est terminé. Je vous fout dehors... Avec un grand plaisir, continua le soldat en lui prenant l'élément de stockage informatique des mains. Le reste est une opération militaire et ne vous regarde plus.

- Quand ils vont apprendre cela en haut lieu...

- Justement, l'ordre viens d'eux. Faites monter la garde dans mon bureau, continua-t-il après avoir appuyé sur un bouton sur son bureau.

- Vous avez encore besoin de moi, continua la scientifique.

- Comme cible alors... »

Deux gardes armés entrèrent dans la pièce fusil au poing.

« ... Récupérez son badge et foutez moi ça dehors. Directement. Elle ne repasse pas par son bureau. Si elle résiste butez-là.

- Nous n'en avons pas fini...

- Si. Terminés de vos sauts de colères, de vos menaces et du danger que vous représentez. »

La femme sortit avec les deux soldats non sans s'être débattue avec violence. Une fois seul, avec une satisfaction non feinte, le soldat sorti un dossier marqué top secret d'un tiroir.

Quels sont les premiers escadrons qui vont passer par le berserker déjà ? Vampire, Rhino, Blacksteam, Papillon, Meïsterklass,... bien, que des doués de la gâchette. Et leur premier ordre sera...

En ouvrant enveloppe de papier kraft, le commandant, tout soldat qu'il était eu un mouvement de recul :

Ha ouais... quand même...

*

* *

*

Le second taranta s'écroula dans le sable du désert saharien en un énorme fracas. Un tir d'artillerie s'abattit dans une autre partie du champs de bataille, envoyant des tonnes de sables dans le ciel. Des maisons du village étaient en feu, augmentant d'autant la température sous le soleil de plomb. Entre les habitations et les énormes machines de guerre, le sable était un champs de bataille où morts et vivants se côtoyaient. Les adversaires ne se faisaient pas de cadeaux. L'ensemble des belligérants se jetaient à corps perdus dans la bataille. Si les Sarbacks étaient en nombre, ils n'avaient pas la maniabilité ni même la puissance que les deux Berserkers. Dés qu'ils étaient trop nombreux autour d'eux, les deux engins se déplaçaient dans un autre endroit où la marge de manœuvre était plus grande. Les deux amis se battaient ensemble, dos à dos, comme ils l'avaient toujours fait. Les sessions chapardées dans les simulateurs de la base de Clermont-Ferrand les rendaient totalement complémentaires. Manuel éliminait tout adversaire se rapprochant trop de l'armure rouge. Fernand, lui, abattait quiconque était à sa portée, encore plus s'il menaçait Manuel. Mais quelque chose les inquiétait, l'un comme l'autre.

« - Twister, je fatigue plus vite que prévu, si cela continue, on finira pas la journée, exposa Manuel.

- Moi aussi, ces enfoirés sont trop nombreux ! Alpha m'a dit que nos bécanes n'ont pas été conçues pour autant d'engins, plus on en bousille, plus y'en a.

- Fantasy Circus, ici Doux-dingue. On est bientôt Bingo, préparez-vous au repli, déclara Manuel sur les ondes en utilisant le code standard signalant le manque de munitions.

- Doux-dingue, ici Arlequin, fit la voix d'Aquil dans son casque, Bien reçu on se dirige vers un itinéraire de...

- Négatif Doux-dingue, coupa Tégos avec maladresse, c'est Etna, je sais pas si tu le sais, mais si on quitte la zone, les soldats dans le village sont foutus.

- Si on reste ici, nous allons crever nous aussi, nous n'avons bientôt plus d'Erapha et...

- Alors sers-toi : y'en a plein les carcasses de sarback. Les pilotes sont peut-être morts, mais les pierres sont toujours là. »

Manuel se stoppa quelques secondes dans ses mouvements, choqué de ne pas y avoir pensé plus tôt. Un troisième taranta s'écroula. Manuel le sentit plus qu'il ne le vit réellement. Les vibrisses lui fournissaient toutes les informations dont il avait besoin, indépendamment du sable et de la poussière.

« - Ça me gêne de le reconnaître, mais ce sniper connaît son boulot : ses tirs font mouche depuis le début. Commenta Ego tandis que Manuel s'était lancé à l'assaut d'un nouvel adversaire. Mais avec l'envie de prendre les pierres d'énergie qui l'alimentait cette fois.

Précise.

« - Il sait pertinemment qu'il ne pourra jamais détruire une telle machine. Alors il frappe toutes les pattes aux jointures. En gros... »

En gros, il coupe toutes les pattes d'un même coté. Ce qui immobilise l'engin. Adapte notre machine pour intégrer des pierres Silridriss. Pensa Manuel tout en éventrant la carcasse de son adversaire.

« - Déjà fait. Et oui, c'est ça.

- Doux-dingue, ici Arlequin, est-ce que vous confirmez l'ordre de retrait ?

- Négatif Arlequin, Etna a raison, restez engagé. Comment ça se passe pour vous ?

- Ça va, on s'en sort. On appui Bulldog autant qu'on peux ; même si vous faîtes la majorité du boulot. »

Manuel repensa aux soldats cachés dans les ruines du village. Régulièrement, un missile antichar partait dans le ciel, se dirigeait vers sa cible et la vaporisait. Normalement, le bouclier protégeait l'adversaire de l'impact. Ego avait analysé les missiles : il comprenait une charge creuse de forte puissance pour percer le bouclier, et une munition au phosphore pour tuer. Avec ce qu'il avait appris dans le laboratoire de recherche, le pilote savait pertinemment que la coque des sarbacks était incapable de tenir la température de plus de deux mille cinq-cent degrés générée par la seconde charge.

Malgré le nombre, le jeune homme se mit à espérer de pouvoir voir un nouveau jour se lever.

Dans le ciel, un navire Silridriss lui fit comprendre que ce n'était pas gagné.

« - Reste concentré ! » cria Ego.

Le tir bien placé d'un sarback le frappa à l'épaule droite, là où le bouclier était absent. Sous l'impact, la machine tournoya sur elle-même avant de s'écrouler dans le sable, face contre terre.

Merde !

« - Systèmes de contrôle du bras hors service, défaillance de l'alimentation du membre ! Je répare ! Essaye de rester en vie. »

Cela aurait pu être simple, mais les vibrisses prévinrent immédiatement le pilote de l'approche rapide de ses adversaires. La douleur était là, comme dans un vrai corps. Manuel réussit néanmoins à se relever, le bras droit ballant. La lame, tachée de sang jaune, ébréchée en plusieurs endroit tomba dans le sable sans un bruit. Ego n'avait pas besoin de lui dire, il le sentait : l'articulation de l'épaule avait été déboîtée, et avec l'onde de choc, le coude avait suivit. La brûlure avait fait fondre le bismuth chargé d'apporter l'énergie au bras. Il vit le mur de flammes généré par l'énorme quantité de tirs fondre sur lui comme des rapaces.

Merde !

Une grande quantité de boucliers hexagonaux bloquèrent les tirs à quelques centimètres de la machine blanche. Fernand le dépassa, en ouvrant le feu à tout va et se protégeant des machine aux formes arachnoïdes avec ses boucliers. Un de ses adversaires s'approcha de trop. La lame frappa et la machine orange esquiva en tournant sur elle-même, avant d'enfoncer le poste de pilotage du poing. Lorsque le berserker ressorti son membre, une bouillie jaune maculait le poing. Manuel savait pertinemment que son ami venait d'arracher les pierres du poste de pilotage de la machine adverse, avec elles venaient des morceaux de l'équipage.

« - Système opérationnel. » signala Ego.

Manuel se jeta sur un nouvel adversaire qui se dirigeait vers son ami, tandis que Fernand souleva la carcasse de la machine inerte pour la lancer.

« - Friedrich, ici Casper, demande de tir de missiles de croisière, je marque la cible. »

Hein ?!

*

Devant sa console de commande, Friedrich gérait les soutiens des troupes situées sous sa compétence. Il suggérait, mais si cela pouvait être mis en pratique c'était au bon vouloir des soldats. Face au carnage qui se déroulait sous ses yeux, il sortit sa cigarette de sa bouche avant de regarder le cône se consumer lentement. Son regard alterna entre la carte, et la cigarette. Ne croyant pas vraiment ce qu'il avait sous les yeux : le petit groupe avait complètement changé le rapport de forces. Les ordres avaient eux aussi changé : désormais, il fallait tenir coûte que coûte. Il écrasa finalement le bâton de tabac assaisonné dans le cendrier. Tout en pensant Je l'ai peut-être un peu trop dosé celui-là.

« - Fantasy Circus, ici Friedrich, point faible adverse identifié, sur sa pointe nord : il y a possibilité de les prendre en tirs croisés.

- Arlequin, ici Doux-dingue, c'est ton choix, répondit Manuel dans les écouteurs de l'opérateur.

- Friedrich, ici Arlequin, on va y aller, pose les marqueurs. »

*

La bataille avançait, et le général Silridriss comprit qu'il ne faisait que gâcher ses forces. Les positions humaines étaient trop bien défendues. En dépit de la destruction quasi-complète du village, de l'infanterie s'y cachait toujours, tirant des projectiles qui cherchaient leurs cibles avant de fondre dessus sans coup férir. Les tanks et les trois machines étaient sorties et s'étaient déplacés vers le nord avant de bifurquer vers l'est prenant ainsi les sarbacks en tirs croisés. Mais le plus problématique, c'était les démons d'Alikaross. Les deux engins s'étaient jeté en plein milieux de ses forces, et y avait perpétré un carnage qu'il avait rarement vu. Ses forces étaient désormais totalement désorganisées. Surtout la machine rouge-orangée. A première vue, ses tirs partaient dans tout les sens, mais en réalité, il manquait rarement ses cible. Les tirs réagissaient comme les projectiles de l'infanterie : ils partaient à la recherche de leur ennemis.

Leurs réputation de ''Démons'' n'est pas usurpée. Ça suffit, Arsear a raison, cette bataille ne sert à rien.

« - Dites à nos troupes de se replier. Repliez toutes nos forces vers le portail.

- Toutes ? demanda un soldat.

- Oui, toutes. Le seigneur Arsear ne fait peut-être pas les choses dans l'ordre, mais au moins, il a le mérite d'avoir un plan pour arrêter ces deux horreurs. »

*

* *

*

Le professeur Ferreira s'installa à table. Il avait disposé des assiettes dés son arrivée. Quatre assiettes, bien qu'ils ne soient réellement que deux à déjeuner. C'était devenu une habitude maintenant que les enfants étaient partis. Tout comme sa femme, il pensait sans cesse à eux, et aux dangers qu'ils devaient affronter. Comme tout parents, ils redoutaient de voir arriver une personne qui viendrait leur signifier qu'ils étaient décédés. Tandis qu'elle cuisinait, l'homme se glissa derrière sa femme, et l'embrassa tendrement dans le cou avant de poser ses mains sur ses hanches.

Elle esquissa un sourire un peu triste pour toute réponse.

« - Reste calme, Mylène est parti pour l'Angleterre... »

La femme se stoppa. Le professeur lui prit alors les mains et lui mima les gestes de cuisine. Elle comprit : il ne voulait pas que quelqu'un d'autre entende la conversation. Son mari avait trouvé un moyen discret pour lui parler sans que personne ne s'en rende compte. Elle continua à cuisiner tandis que le professeur glissait sa tête de l'autre côté. Les mains de l'homme lâchèrent ceux de la femme puis caressèrent son ventre. Entre deux baiser dans le cou, il continua : « elle est partie travailler sur un autre calculateur... Manuel a affronté des chimères au sud de Lyon... Pas de blessés. Il va vers l'Algérie. J'en sais pas plus. »

La mère de Manuel lâcha ses ustensiles de cuisine et leva les bras pour enlacer son mari autour du cou.

La sonnette de la porte d'entrée annonça que quelqu'un venait d'appuyer sur le bouton.

« - Mince... murmura-t-elle tendrement à son oreille. Merci de penser à me le dire.

- Je t'aime. » répondit-il en se dégageant doucement pour aller à la porte d'entrée. Il s'interrogeait encore sur cet invité surprise lorsqu'il ouvrit la porte.

Le maigre visage de bonne humeur qui, quelques instant plus tôt ornait sont visage disparut dans la seconde qui suivi la vue de son interlocutrice.

« - Que fais-tu ici Patricia ? Demanda-t-il au professeur Belamour.

- Bonsoir José. Je ne sais pas où aller. Et, tu es la seule personne que je pourrais considérer comme un ami...

- Qui est-ce chéri ? Demanda sa femme du haut des escaliers.

- Une collègue du boulot, répondit-il

- Tu es toujours marié ?

- Depuis vingt ans.

- Je l'ignorai. Généralement les couples durent pas longtemps avec des gens comme nous.

- Ma vie personnelle ne regarde en rien les gens de la base. Et j'aime ma femme... Si tu me disais plutôt ce que tu veux.

- Est-ce que je peux entrer ? »

Il y eut un moment de flottement dans l'esprit, avant de s'écarter sans un bruit pour laisser la scientifique pénétrer dans le bâtiment.

« - Higas t'as foutu dehors ?

- Oui, quel enfoiré... si on m'en laisse l'occasion, je lui arrache les couilles.

- Tu lui as fourni la version deux ? Dit-il en fermant la porte.

- Oui. La plus stable et...

- On en parlera demain, laisse-moi simplement un peu de temps pour prévenir ma femme et faire de la place... Parce que je suppose que tu habitais à la base, tu y as tout laissé ? Demanda le professeur Ferreira en montant les escaliers de la maison familiale.

- Oui, tout mes papiers et mes moyens de paiement sont là-bas. Je suis totalement à la rue. J'ai essayé de contacter Bordeaux, mais tout le monde s'en fout là-bas. Depuis qu'ils ont la V-deux, je leur suis totalement inutile.

- J'aurais cru qu'avec ton intellect, tu l'aurais identifié plus tôt...

- Qui est-ce ? Demanda madame Ferreira en voyant la scientifique en tailleur.

- Une ex-collègue de boulot. Je t'expliquerais plus tard, expliqua-t-il en embrassant sa femme sur le front. Est-ce que l'on a assez à manger pour une invitée ce soir ? »

*

* *

*

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