11 : Opération Rêve d'ébène (2/3)

Le professeur Ferreira rentra chez lui alors que le soleil était déjà bien bas sur l'horizon. La porte se referma simplement, mais il sentait la maison vide. Pourtant, sa femme et lui l'habitaient depuis maintenant de nombreuses années, mais, avec les derniers événements, les enfants avaient dû partir. Ils avaient décidés de se battre, tout les deux à leurs manière. Il monta les marches en silence en espérant que rien de fâcheux ne leur arriverait. Manuel était parti pour le front, seuls quelques amis l'épaulait. Ils étaient passé très prêt de la catastrophe lors de leur incursion en territoire Chimère. Son fils y avait frôlé la mort. En haut des marches il se tourna vers la droite, en direction du salon. Sa femme, les bras croisés, et la mine inquiète vint le rejoindre.

« - Est-ce que tu as des nouvelles ? Demanda-t-elle

- Oui, ils vont bien. Tout les deux.

- Où sont-ils ?

- Manuel fait route vers l'Afrique. Mylène vers l'Angleterre.

- Mais pourquoi ?

- Je n'en sais rien. Manuel doit avoir un plan, il est pas idiot au point de se lancer dans un combat sans un minimum de réflexion, répondit le professeur en enlaçant sa femme. Mylène... Je ne sais pas. » Mentit-il.

Il savait être sous une très haute surveillance, la maison était certainement remplie de micro et de caméras. Aurait-il pu expliquer à sa femme que la jeune fille avait laissé une lettre qu'il avait lue puis brûlée.

« Je vais en Angleterre, je vais essayer de bosser avec Hermès. Il doit y avoir une solution pour rendre à Manuel son visage d'avant. Si j'y arrive, cela deviendra plus simple pour le faire reconnaître ''Humain'' et ''vivant'' aux yeux du commandement. Je suis désolée si j'ai causé des soucis. Prends soin de maman. Au revoir »

En son fort intérieur, le professeur doutait qu'elle parvienne à réaliser une telle prouesse. Il le savait d'autant plus qu'il avait été l'un des principaux artisans du développement du Berserker. Ce système avait été crée pour détruire puis reconstruire avec des paramètres évolutifs. Mais à aucun moment il n'avait été prévu de rendre ce qui avait été modifié sa forme originale. La tâche serait d'autant plus dure que les données du berserker, qui auraient dû être enregistrées lors de l'incident de l'arène, avaient été détruites ou corrompues.

« - Que peut-on faire José ? Demanda la femme aux cheveux roux. Ils me manquent.

- A moi aussi. Mais on ne peux rien faire. »

Il y a certainement quelque chose à faire... Continua intérieurement le professeur.

*

* *

*

Rig-rid ouvrit doucement la porte du bureau d'Arsear. Le nouveau Seigneur était au fond de la pièce. Il lisait en silence le même livre en boucle depuis des semaines entières. Elle en connaissait le sujet, de même que la dangerosité d'un tel document.

La gnome entra avec beaucoup de précautions.

« - Que veux-tu Rig-rid ?

- Décidément, je n'arriverais jamais à vous surprendre, fit la gnome en se décontractant.

- Possible. Mais il est bien tôt pour revenir dormir, j'en déduis donc que tu veux quelque chose.

- C'est au sujet de l'Enseigne Osrak, elle a...

- Je sais, elle a trouvé un point faible que les démons blanc aura du mal à de corriger. Avec un peu d'entraînement et l'utilisation de Kalieks, il devrait être exploitable durant un court instant. A nous de lui montrer où il se trouve. Autre chose : regarde cela, dit le Silridriss en lançant un cube d'airain.

- Qu'est-ce que c'est ? Demanda Rig-rid en réceptionnant la pièce de métal.

- Le rapport d'une chimère qui a affronté un démon d'Alikaross et qui a failli vaincre. Fais-en une analyse poussée.

- Bien monseigneur, n'y a-t-il pas un risque ? Ne vous êtes vous pas trompé ?

- Non, je suis persuadé que non. Occupe-toi de ce que je t'ai demandé et ne t'inquiète pas du reste. »

*

Sous les yeux de Manuel, les sables du Sahara s'étendaient à perte de vue. A l'aide de son AMC, il se déplaçait aux cotés du grands bouquetin. Cela lui fit plaisir de retrouver son ami, même s'il avait dû fournir beaucoup d'explications aux trois militaires une fois ceux-ci sortis du trou. Derrière eux, le camion avançait avec son chargement d'engins de guerre et les pilotes respectifs. Fernand fermait la marche, il discutait avec le professeur wolkenazurblau. Sellgan avançait à la même hauteur que l'énorme véhicule.

Manuel regardait le touareg assis à califourchon sur l'énorme chimère avec une certaine envie. Ce dernier avait ramassé un paquetage de roquettes, le lanceur associé, et avait mit le tout sur son dos. Il fumait maintenant une cigarette qu'il avait précédemment roulé entre ses doigts. Il avait pu discuter avec cet homme habillé en bleu et en blanc, et appris que, comme lui, il se battait par dépit plus que par réelle conviction. S'il avait pu choisir, il serait rester à garder ses chèvres. A l'annonce du danger, son père avait pris la décision de l'envoyer. D'après ses propres propos, c'était parce qu'il était le plus débrouillard de toute la famille. En voyant l'étrange équipage devant lui, Manuel comprit comment les chimères et les habitants du désert avaient pu mener des opérations de guérilla communes. La chimère fournissait la mobilité, et les hommes y ajoutaient une puissance de feu supplémentaire.

Lorsqu'il se retourna pour surveiller l'avancée du camion dans les sables, son regard s'attarda sur Salida. Le visage de Kouiros s'était recouvert d'une indicible tristesse lorsqu'il avait constaté la forme de la princesse. Mais, devant toutes les personnes présentes, et de manière orale, il lui déclara son allégeance.

Ne t'inquiète pas Salida, on va trouver une solution pour te rendre ta forme originelle.

« - Sincèrement, Manuel, ça fait du bien de te revoir, déclara Kouiros, d'autant que l'un de vos colonels a prévu une opération de grande envergure.

- De quel genre ?

- Je ne sais pas. Mais ça a l'air ambitieux. Tout ce que je sais c'est que le commandant Sarlen est ici, lui aussi. Lorsque je lui ai dit que vous alliez nous rejoindre, il a demandé un report de l'opération. Il a discuté en tête à tête avec le colonel, et les actions offensives ont été reportées.

- Vous nous attendiez ?

- Oui, elle semble importante. Votre présence, Twister et toi, serait un avantage non négligeable. Même moi je m'en suis rendu compte. Nous sommes arrivés. »

Devant le petit groupe, seul le sable jaune du désert et le ciel bleu servait de décors. Rien, aucune base jusqu'à ce qu'un trou dans le sable ne se forme, découvrant une entrée souterraine. De l'extérieur, il n'y avait aucun signe extérieur de la présence de la base à cet endroit. Le jeune homme aurait pu passer des milliers de fois à coté sans ne jamais remarquer quoi que ce soit. A l'intérieur, des dizaines d'armures et de véhicules de combat comme des transports de troupes ou des char d'assauts occupaient le garage souterrain. A l'entrée, les soldats et les techniciens se stoppèrent dans leurs actions respectives. La vue des machines customisées, du camion, et des guides surprit. Deux chimères, un touareg, un camion avec deux machines d'élite ainsi que les deux engins customisés firent tourner pas mal de têtes.

Une fois entrés, la porte se referma. Un bruit du sable glissant sur la porte se fit entendre de l'autre coté de celle-ci. L'accès était de nouveau masqué aux regards extérieurs. Un sergent vint se placer devant Manuel avant de désigner un coin du hangar.

« - Rangez-moi tout votre bordel, le camion, les armures et les bestioles restent ici. Allez ensuite vous présenter au commandant au PC sécurité. »

Le jeune homme allait reprendre le soldat sur sa manière de s'exprimer. Mais un mouvement de Kouiros lui fit comprendre que ce n'était pas nécessaire. Ils suivirent les indications du sous-officier en rangeant leurs machines dans les emplacements qui leur avait été alloués. Après avoir demandé à Oneshot de s'arranger pour qu'il n'y ait pas de disputes entre Humains et Chimères, Manuel et Fernand entrèrent dans le dédale de coursives du complexe sous-terrain. En tant que mécanicien chevronné, le pilote de l'armure blanche constata que la base était très ancienne, et très mal entretenue. Ils mirent un quart d'heure pour trouver le vieux combattant dans une salle à l'écart. Devant lui, des cartes et une vision holographique du théâtre d'opération. La pièce était sombre, et de nombreuses personnes, de tout âges, et de toutes origines travaillaient sur des consoles reliés à la table.

En voyant les deux jeunes un peu perdus, le vétéran leur fit signe de le rejoindre. Il ne portait plus la tenue d'apparat dans laquelle les deux amis l'avaient si souvent vus. Il arborait maintenant le treillis de combat en désert, avec un béret rouge sang. Il ne souriait pas, et la petite barbe avait été rasée. Le message était clair : fini de rigoler.

« - Suivez-moi. » Leurs dit-il en guide de préambule avant de se diriger vers son bureau, à quelques mètres de là. Il était simple et fonctionnel, comme les aimait le vieil homme. Aucune décoration en dehors de la bouteille d'alcool fort sur le bureau.

A peine la porte fut-elle refermée que le vieil homme entra immédiatement dans le vif du sujet :

« - Kouiros m'a dit que vous arriviez avec la ferme intention de casser du serpent. Je veux l'entendre de votre bouche.

- C'est le cas, mon commandant, répondit Fernand, mais on viens avec notre propre escadron ce coup-ci.

- Qui est le chef ?

- Moi, répondit Manuel.

- Alors pour quelle raison c'est lui qui répond ? Sergent Lebont, vous serez gentil de laisser parler votre chef à l'avenir. Bon, j'ai fait quelques recherches, vous êtes morts, et plus gênant encore, vous ne faites plus partie de l'armée... »

Les deux pilotes se regardèrent pour savoir s'ils devaient reprendre le commandant sur cette phrase.

« ... Tiens, ça te donnera au moins un peu de crédit auprès du reste de le base et de ceux que tu vas accompagner pour l'opération ''Rêve d'ébène''... »

Manuel prit les bouts de tissus que lui donnait le commandant : des galons de capitaine. Normalement ceux-ci étaient dorés, mais pour les mercenaires, ils étaient bleu océan.

« ... Et voilà tes ordres. Pas de conneries je te prie : ici, c'est un champ de bataille, pas une escarmouche avec les chimères. Les types que tu vas avoir en face veulent vérifier si les intestins de l'homme font bien neuf mètres. Et ils contrôleront tout individu qui se présentera. C'est clair ?

- Très clair mon commandant, répondit le jeune homme en prenant l'enveloppe.

- Tu es son second hein ? demanda le vétéran à Fernand.

- Oui, mon commandant.

- Tiens, toi aussi tu vas en avoir besoin. »

Le vétéran tendit alors au soldat à la peau rouge des galons de major de la même couleur que ceux de Manuel.

« - Je ne vais pas vous mentir messieurs, j'ai demandé au général un peu de temps pour vous recevoir et augmenter nos chances de succès étant donné que je connais bien le système Berserk. ''Rêve d'ébène'' est une opération ambitieuse. Elle fonctionne sur deux phases. Si une seule des deux est un échec, nous courrons vers une défaite monumentale. Et vous, vous nous fournissez un as non négligeable dans notre jeu. Par contre, je vous conseille d'aller rencontrer votre opérateur radar, je regrette, mais je n'ai pas pu en trouver d'autre. Si vous avez des questions sur l'opération, adressez-vous à lui. Autre chose ?

- Où est-ce que l'on dort ?

- On va vous fournir un local équipé : Dotation standard pour les mercenaires. Ensuite ? »

Le silence fut une réponse suffisante au vieux soldat qui conclu par un : « Allez ! Tirez-vous ! »

Dans le couloir, Fernand tentait de mettre ses galons tandis que Manuel survolait les documents que l'on lui avait donné. Ils esquivaient régulièrement du personnel venant en sens inverse.

« - Eh, franchement, je ne serais pas contre un bon repas, une douche et un bon lit.

- Et bien profite-en un max, apparemment les ennuis commencent après-demain.

- Oh ? Tu déconnes ? On aura même pas le temps de sortir la trousse de maquillage de Daniela.

- Nan, c'est pas une plaisanterie. Occupes-toi de trouver un local pour tout le monde. Je vais rencontrer notre opérateur. Je te retrouve après.

- Ok. »

*

* *

*

« - Comment est-ce que ce pirate peut être au courant ? Demanda Maximilien Aquil à son camarade, les réseaux sont totalement sécurisés. »

Les deux soldats s'étaient échappés au toilettes et, après s'être assuré de l'absence de témoins, il avaient commencés à discuter.

« - C'est un pirate, il doit avoir un accès ou une taupe quelque part. Mais je ne serais pas étonné qu'il y arrive tout seul. C'est tout de même un membre du carré d'argent. Moi, ce qui m'inquiète, c'est que le chef de la petite bande n'a rien dit. Ni lui, ni aucun des autres n'ont demandés des explications. Les chimères, je veux bien qu'elles n'aient pas compris... Mais les autres, qu'est-ce qu'ils mijotent ?

- J'en sais rien.

- On demande des modifications d'ordres ? Proposa Frantz

- Il vaut mieux, confirma son ami aux cheveux roux, et il nous les faut rapidement avant que l'on se retrouve sur la ligne de front. Sinon, ça risque d'être indémerdable.

- Hum, pas forcément, le chaos ambiant peut nous faciliter le travail.

- Ouaip... Tout va dépendre de ce qui va nous être demandé. Tu t'en occupes ? »

L'ex-capitaine Jugo Frantz hocha la tête avant de se diriger vers la sortie.

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