11 : Opération Rêve d'ébène (1/3)
Le reste du voyage jusqu'à Marseille se fit sans incident notable. Les chimères menées par Hillgearim ne se montrèrent pas, mais tous comprirent qu'il attendait son heure pour frapper. Le groupe de combattants resta à l'extérieur des grandes villes. Seul Oneshot y pénétra pour réparer le camion, il en profita pour s'enquérir sur la meilleure manière de traverser discrètement la mer Méditerranée. La solution la plus simple restait de faire passer les deux Berserkers, Sellgan et les deux chimères par la voie des airs, et le reste du groupe et les équipements par la mer. En attendant le départ, ils trouvèrent refuge dans une grange qu'un fermier accepta de leur prêter gratuitement. Comble du bonheur, celle-ci était équipé de sanitaires, et cela s'avéra bien agréable aux différents combattants qui avaient frôlé la mort. Seuls deux paramètres retardaient leur départ : la première était une connexion avec le pirate informatique, la seconde, des équipements pour protéger du froid la princesse et sa garde du corps. Entre-temps, les quatre soldats passaient le temps en s'entraînant à l'épée avec des bâtons.
Le Hacker appela au bout du troisième jour d'attente. Rapidement, le petit groupe se regroupa autour de l'ordinateur.
« - Bonjour à tous, dit-il en préambule, j'ai appris pour ce qui s'était passé dans les montagnes, est-ce que tout le monde va bien ?
- Un peu de tôle froissée, mais pas de blessé, répondit Oneshot
- Bien, voilà qui, d'une certaine manière, me rassure une peu.
- Pourquoi un peu ? Interrogea Tégos.
- Parce que nous sommes désormais fixés sur les desseins du chef actuel Chimère. Et que cela m'inquiète quand à la suite des événements. Avant d'aller plus loin dans la conversation, j'aimerais demander à ces messieurs Aquil et Jugo comment va le professeur Belamour.
- On en sait rien : on ne lui obéit plus, déclara l'un des deux commandos
- Vraiment ?
- Oui, pourquoi , que sous-entendez-vous ?
- Sachez que je ne sous-entend jamais rien : j'affirme, corrigea le pirate, mais nous allons en rester là. Monsieur Ferreira ?
- Oui ?
- Je suppose que vous avez déjà trouvé une solutions pour tout le monde traverse la mer n'est-ce pas ?
- Oui, c'est le cas : Les deux Berserkers et les chimères vont passer par les airs. Le reste du groupe et du matériel prendra le bateau.
- Pardon ? La princesse et Mademoiselle Tégos ne volent pas... Comment comptez-vous vous y prendre ?
- Elles vont chevaucher Sellgan.
- Sellgan .... Le prétendant au trône amoral et calculateur ?
- Je ne suis pas amoral, corrigea la chimère en rapprochant son énorme tête près de l'écran, et je me débrouille simplement pour atteindre les objectifs que je me suis fixés.
- Je suis surpris de vous voir vous impliquer personnellement dans une entreprise aussi dangereuse. Pourrais-je m'enquérir de la finalité de vos objectifs ? Insista le pirate.
- Personnels, éluda l'intéresse.
- Sellgan, je crois que tu devrais les exposer ; cela rassurerait tout le monde. Intervint Manuel.
- Je tiens à la vie de la princesse Salida, répondit la chimère après quelques secondes de réflexion.
- Bien. Monsieur Ferreira ?
- Oui ?
- Je sais que vous seriez tenté de rejoindre Alger pour ensuite suivre les ravitaillements jusqu'aux avants-postes principaux, exact ?
- Oui, pourquoi ?
- Je pense qu'il serait plus judicieux pour vous de rejoindre Oran et d'attendre votre ami Kouiros là-bas, il vous mènera jusqu'à votre ancien commandant.
- Sarlen et Kouiros ? Déclara Manuel surpris. Mais que font-ils là-bas ?
- Suite à votre performance dans l'arène Silridriss, le commandant Sarlen a été jugé responsable de l'utilisation de cette arme secrète. Il n'a pas été dégradé, mais il a été envoyé au front. Il s'occupe avec trois autres commandant des opérations dans le secteur. Ils sont sous les ordres du colonel Makilé. Ce sont tous des hommes pragmatiques et compétents. Kouiros a apparemment suivit le commandant avec un certain nombre de chimères, ils aident du mieux qu'ils peuvent. Mais je n'ai pas assez d'informations sur leurs agissements pour donner une vision précise de sa situation. Autre point important, le commandant Sarlen s'est montré particulièrement intéressé en apprenant votre proximité. De ce qu'il a laissé entendre, une grosse opération est prévue dans peu de temps, votre présence serait un avantage non négligeable.
- Quand nous attendent-ils ? Demanda Fernand
- Le plus tôt possible. Répondit le pirate.
- Alors nous partirons dés que possible. Nous préviendrons Kouiros par la mémoire lorsque nous seront là-bas.
- Bien.
- Quand est-ce que l'on vous rencontre ? Demanda Tégos.
- Je ne suis plus très loin Madame Tégos. Si c'est pour vos corps, sachez que je travaille toujours sur le sujet, et que c'est plus compliqué qu'il n'y paraît. Je ne vais pas vous mentir, toutes les simulations que j'ai effectué se sont soldées par des échecs.
- Nous ne pourrons pas reprendre nos formes originelles ?
- Je n'ai pas dit cela cela, corrigea le soleil sur l'écran, j'ai dit que c'était complexe et que je ne prendrais pas le risque de me tromper. Reprendre votre ADN actuel et lui faire subir la manipulation inverse de ce qu'il a enduré avec le berserker n'est pas une mince affaire. Surtout si je dois garder votre esprit dans un coin et l'injecter dans votre nouveau corps. Je suis plutôt doué en informatique, mais la biologie est pour moi une science assez nouvelle. Je vous rassure tout de même : j'ai l'intention de tenir parole.
- Ok, tenez-moi juste au courant de vos avancées. Et je tiens à être la première à tester votre solution. Que la princesse ait droit à un autre essai si cela rate.
- Comme vous voudrez. D'autres questions ?
- Comment vont nos familles ? Demanda Fernand.
- Vos mères sont sous surveillance très rapprochées. Le conseiller Sanchez a échappé à une tentative d'assassinat de la part d'extrémistes qui lui reprochent encore l'hébergement de Salida et Tégos. Ses jours ne sont pas en danger. Le professeur Ferreira a été réintégré au sein du projet Berserker. Pourquoi et comment ? Je ne le sais pas encore. Mais le professeur Belamour semble lui trouver un intérêt certain, je suppose que cette réintégration est de son fait. Mademoiselle Ferreira n'a pas été retrouvée, néanmoins, un certain nombre d'indices me laissent à penser qu'elle se serait rendue en Angleterre, d'où elle aurait pris un bateau. J'ignore encore la destination mais je suis persuadé qu'elle refera parler d'elle. Autre chose ?
- Comment va Rachida ? Demanda Salida.
- Madame Elcheik va très bien. Son neveu est toujours aussi turbulent, répondit le pirate, je n'ai pas d'information sur Yin ou de monsieur Weng... Oh ? Je dois déconnecter. Nous reprendrons contact une fois que vous aurez traversé la mer. Faites attention à vous. »
*
* *
*
Osrak, debout dans le simulateur, cherchait à reprendre son souffle. Elle était éreintée, mais son adversaire était au sol. L'armure blanche était inerte, pliée en deux.
Je te tiens : tu avais bel et bien des points faibles. Pas les plus faciles à identifier, mais il sont là !
« Allez ! On recommence ! » Cria-t-elle à la gnome qu'elle ne voyait pas.
Face à elle, l'épave disparut, laissant place à un adversaire neuf. Elle se lança de nouveau à l'assaut, et vainquit en quelques minutes.
« - Encore ! »
Derechef, l'armure blanche apparut sans aucun dégât. Elle attaqua et, gagna en quelques minutes.
« - Encore ! »
Mais là l'environnement et l'armure s'effacèrent pour laisser place à la cage de laiton et l'atelier. Devant l'enseigne se trouvait le Arsear, les bras croisés.
« - Capitan ! J'ai trouvé ! Il a des faiblesses !
- J'ai vu. Toutes mes félicitations, expliquez moi tout cela en détail. »
*
* *
*
Kouiros attendait sur une colline derrière la ville d'Oran. Comme toutes les cités humaines, elle se composait de ruines en partie reconstruites entourées de fortifications diverses ? L'ensemble portait les même couleurs que la terre et la poussière de la région. Quelques champs, souvent lourdement protégés profitaient du soleil matinal en attendant les chaleurs de la mi-journée. Il ne cessait de regarder le ciel en direction de la mer. Le grand bouquetin ignorait totalement son environnement et la beauté du paysage. Sur cette terre brune et aride, la végétation commençait à produire des fruits sucrés et des légumes aux couleurs chatoyantes. Des voitures passaient sur la route en contrebas, mais rien de dangereux, ni d'intéressant pour le grand bouquetin roux.
Assis en tailleur sur un rocher, un jeune homme en habit bleu et blanc cherchait lui aussi des formes dans le ciel. La peau un peu sombre, les yeux sombres, c'était un habitant du désert. Ses cheveux, bouclés, coiffés en bataille et trop long, expliquait à tous qu'il n'en avait pas pris soin depuis un bout de temps.
« - Tu es sûr que ton ami va venir ?
- Oui, répondit la chimère, cela fait un moment que nous ne nous sommes pas vus. Il doit avoir bien des choses à dire. Et j'en ai tant à lui raconter... Et j'ai aussi beaucoup de questions. Je suis sûr qu'il a de bonnes raisons d'avoir faire ce qu'il a fait.
- En attendant ton ami, nous avons un autre type de visite. » fit le jeune homme en se retournant vers un véhicule aux peintures de camouflage brun qui venait de sortir des broussailles. C'était un modèle légèrement blindé, avec une mitrailleuse sur le toit. Ils étaient trois à l'intérieur, seuls deux en descendirent, le dernier, le servant de l'arme, resta à son poste, Kouiros tourna à peine la tête pour constater leur présence.
« - Bonjour fit l'un des hommes en s'approchant, que faites-vous ici messieurs ?
- Nous attendons des amis, pourquoi ? interrogea Kouiros.
- Ha ? Ils arrivent dans longtemps ?
- Aucune idée. Avec de tels uniformes, je suppose que vous faites partie des troupes de défenses de cette ville. Qu'est-ce qui vous inquiète précisément ?
- On a reçu beaucoup d'appels disant qu'une chimère épiait la ville d'ici... Et vu que l'alliance a été rompue, on s'interroge sur votre présence. Pour être franc, nous aimerions vous voir partir.
- Bien sûr, répondit la chimère en reprenant son observation du ciel et de la mer, mais plus tard.
- Kouiros n'est pas méchant monsieur l'agent, il ne fera de mal à personne.
- Là n'est pas la question : la population est inquiète. Et il serait dommage qu'un père de famille prenne un fusil pour venir s'assurer qu'il n'arrivera rien à ses enfants. On ne peut pas risquer un incident maintenant Partez.
- Non, répliqua Kouiros, et si ce ''père'' tient à revoir ses enfants, je lui conseille de ne pas venir. Je ne suis pas d'humeur à négocier. Soyez sans craintes, je serais parti à la tombée de la nuit. »
Pour l'avoir souvent entendu aux cotés de l'escadron Rock, la chimère reconnu sans peine le bruit distinctif du claquement d'une culasse qui se referme. Le servant venait d'armer. Pour le grand bouquetin, c'était de trop. Il ne se retourna même pas en déclenchant son pouvoir.
En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, la voiture descendit dans un trou de cinq mètres aux bords nets. Les deux policier suivirent le véhicule avec des cris de surprise.
« - Euh Kouiros, je ne crois que c'était pas une bonne idée de faire ça.
- J'aurais voulu faire autrement Ibrahim, mais je n'ai pas le temps de m'amuser ; et je ne peux pas prendre le risque d'être blessé. Ceux qui viennent sont le fer de lance de l'opération que votre colonel a l'intention de mener. Je n'ai pas de temps à perdre à les chercher partout : le point de rendez-vous est ici, et je n'en changerai pas.
- Ça doit vraiment être des cadors alors... Bon, je vais essayer d'aller calmer les types dans le trou, ce serait dommage que la situation dégénère non ?
- Si la situation dégénère, je les broies. Si tout se passe bien, je les sort de là.
- Je te sens un peu stressé... Essaye de te calmer. » Répondit le jeune homme en se dirigeant vers le trou béant.
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