10 : Désillusions (2/3)
« - Twister, Doux-dingue a des problèmes avec Hillgearim.
- Ok, je vais le chercher. »
Intérieurement, Fernand chercha à comprendre pour quelle raison le meilleur pilote qu'il ai jamais rencontré se retrouvait en difficulté.
Ça doit être grave pour qu'il n'arrive pas à s'en sortir. Mets la gomme Alpha !
Il ne fallut pas longtemps au pilote pour retrouver son ami. Il était dans un piteux état, l'armure était cabossée de partout, et une des ailes semblaient cassée. Comme un soldat blessé, il se servait de son arme comme d'un appui. En face de lui, quelques chimères n'étaient que légèrement blessées.
« - Doux-dingue, c'est Twister, j'arrive en renfort.
- Tires-toi ! Hillgearim n'est pas un rigolo ! »
A peine Manuel eut-il fini sa phrase que les chimères attaquèrent de nouveau. Hillgearim se déplaçait à une vitesse trop irréelle pour être naturelle. Il frappait l'armure blanche, gênait ses tirs et ses déplacements. Les autres chimères lâchaient sur Manuel des pouvoirs dévastateurs qu'il esquivait de justesse ou qu'il bloquait. Mais il laissait alors le champs libre au pégase.
Le loup blanc semblait totalement dépassé.
Fernand ouvrit le feu pour le sortir du guêpier dans lequel son ami s'était fourré. Il ne visa pas le pégase, seulement les autres. Il espérait le prendre vivant. Deux chimères évitèrent la première salve, mais pas la seconde. En un énorme fracas, le pilote posa sa machine. S'il ne possédait pas d'ailes, il avait tout de même deux gros réacteurs pour le propulser.
Manuel et lui étaient seuls sur ce champ de bataille.
Aucunes traces de Hillgearim. Seuls les cadavres de ses sbires restaient au sol.
Manuel, un genou à terre et toujours l'épée pour le soutenir se releva difficilement.
« - Il est où ? Demanda Fernand sur le qui-vive.
- Je ne sais pas, on dirait qu'il s'est barré,répondit Manuel visiblement éprouvé par ce qui venait de se produire
- Mais qu'est-ce qui s'est passé bordel ! Tu aurais pu te le farcir avec une main dans dans le dos.
- Je sais pas : je n'arrivais pas à cadrer de tirs, ni à prévoir les mouvements de cet enfoiré. Quelque chose n'allait pas dans ses mouvements.
- Les vibrisses n'arrivaient plus a suivre, compléta Ego, mais je sens qu'il y a autre chose. Tu n'avais pas ton regard fixé sur lui, mais je suis persuadé qu'il utilisait autre chose que ses pattes ou ses ailes pour se déplacer.
- On verra ça plus tard Ego. Répare les ailes en priorité : nous devons rejoindre les autres le plus rapidement possible. »
*
* *
*
Myanate entra dans la salle de pilotage des Kalieks suivie d'un autre Silridriss. Devant l'ingénieure gnome, dans la cage de laiton, Osrak continuait son entraînement face aux démons d'Alikaross virtuels.
« - Monseigneur, j'ai deux maîtres qui viennent d'entrer dans mon atelier. Cela m'inquiète... » Dit doucement la gnome en suivant du regard les deux Silridriss avancer entre les machines de la forge et les pièces de rechanges. Quelques techniciens, qui travaillaient sur une arme relevèrent la tête à leur passage.
« - J'arrive. » Coupa le capitan par le petit cors de chasse.
Le regard de la favorite croisa celui de la gnome, et la Silridriss changea de direction pour aller directement vers elle. A son approche, le cœur de la gnome s'emballa maintenant qu'Arsear lui avait tout expliqué, elle sentait le danger encore plus lourd qu'à l'accoutumée. A quelques pas d'elle, la gnome se mit à genoux et baissa la tête en signe de soumission.
« - Relève-toi esclave, ordonna Myanate avant de poursuivre. Je veux que tu expliques tout ce que tu sais sur ceux qui font face à la Déesse-Impératrice sur le monde en cours de conquête.
- Tout ce que je sais ? Cela risque de prendre du temps. Par quel point dois-je commencer ?
- Les démons d'Alikaross.
- Bien, il s'agit de deux machines de combats crée par une personne nommée Sleipnir. Un ingénieur de génie chez les hérétiques. Elles sont apparues à Alikaross dans une arène. Personne ne sait comment elles sont arrivées là, ni comment les hommes les ont fait montés à bord. La logique aurait voulu qu'ils les utilisent bien avant, et on ne sait toujours pas pourquoi il ont autant attendus....
- Concentre-toi sur ce que nous savons. Corrigea la Favorite.
- ... je sais que les humains ne font jamais rien par hasard, il y a donc une raison à leur attente. Sur les démons en eux-même, j'ai pu comprendre que l'un des deux est spécialisé dans le combat sur de courtes distances, et le second est basé sur la moyenne distance. Leurs performances sont bien supérieures aux sarbacks normaux, ou au taranta. Pour pouvoir les affronter à armes égales, avec la bénédiction du Seigneur Capitan Arsear, nous avons crée ces armes : les Kalieks. Ils peuvent faire jeu égal avec les Démons, mais ils doivent être constamment améliorés, car l'hérétique Sleipnir est capable de modifier une machine en plein combat.
- C'est impossible... murmura l'invité de la Silridriss.
- C'est pourtant vrai monseigneur. J'estime qu'il faille un minimum de trois Kalieks pour venir à bout d'un de ces démons.
- Nous verrons...
- Bonjour Favorite Myanate, fit Arsear en mettant un genou à terre, si j'avais su que vous veniez, je vous aurais accueilli en personne.
Par tous les dieux ! Une favorite ! On est mal !
Du coin de l'œil, le Capitan calma l'esclave qui commençait à paniquer.
Il a raison, ce n'est pas le moment...
Mais la réaction de la gnome n'avait pas échappé à l'invité de la Silridriss.
« - Rassures-toi esclave, tant que tu continueras d'honorer la Déesse-Impératrice, il ne t'arrivera rien : tu seras protégée par son pouvoir et son peuple.
- Oui Monseigneur.
- Relevez-vous Seigneur Arsear, je ne pensais pas vous ennuyer avec ce genre de broutilles.
- ''Seigneur'' ?
- Oui, Seigneur, confirma Myanate en sortant un parchemin de sa tunique et en le tendant, par décret de l'Impératrice, vous êtes désormais le seigneur des terres de Kalam et de Youriss. Vous pouvez en disposer et les administrer comme bon vous semble. Ces terres vous ont été attribués au mérite de ce que vous faites pour vaincre les Démons d'Alikaross.
- J'en suis très honoré, répondit le Capitan en prenant le parchemin.
- Je vous présente aussi le général Themta, il succède aux opérations à la place du général Estron. Quand à moi, j'ai été chargé de coordonner les différents fronts. Nous pensions passer vous voir juste après. Je ne tenais pas à vous déranger plus que nécessaire mesure.
- La présence d'une Favorite est un plaisir doublé d'un honneur. En aucun cas une gêne. Que puis-je donc faire pour vous ?
- Pourriez-vous me parler des ''Humains'' ? Demanda le général. A ce que j'ai entendu, ils maîtrisent aussi les forges.
- Je vous propose d'en parler dans mon bureau : le sujet est long et il vaut mieux être confortablement installé pour en parler.
- Entendu. Allons-y. »
La favorite se dirigea d'un pas décidé vers la sortie suivi du Général Themta avant de se rendre compte que le Capitan ne les suivait pas.
« - Capitan ?
- Juste un mot à mon ingénieure, et je monte.
- A tout de suite. »
A peine la porte fermée, le capitan toisa du regard Rig-rid avant de la soulever et de porter son visage près du sien.
« - Mais qu'est-ce que tu m'as fait là ? Si on se fait prendre, tout est fini, murmura-t-il avec colère.
- Désolé Monseigneur.
- J'ai l'impression que tu ne te rends pas compte du danger que tu nous a fait courir. Heureusement que personne n'a rien vu. La prochaine fois, je me débarrasse de toi, c'est clair ?
- Oui Monseigneur.
- Bien, écoute bien, j'ai comme un doute pour la suite, ne monte à mon bureau que quand je t'en donnerais l'ordre. Même si tu dois dormir ici, tu as compris ?
- Oui Monseigneur.
- Alors on continue, occupe toi d'Osrak. Je vais m'occuper de nos invités. »
Dans l'atelier les techniciens regardaient leur chef pendre au bout du bras du Silridriss. Mais personne n'entendit les remontrances qu'il lui fit. En revanche, tous virent qu'il la laissa tomber de la hauteur où il l'avait montée. Elle cria légèrement au moment du choc, signifiant une douleur non masquée.
D'un pas décidé, le capitan sorti de la pièce sans regarder qui que ce soit d'autre.
*
* *
*
Dans leurs machines, Manuel et Fernand voyaient la nasse se resserrer pour empêcher la fuite de la princesse. Mais le camion arrivait jusqu'au ravin. Et Ego avait du mal à réparer les systèmes de vol. Depuis la fin du combat avec Hillgearim, les deux combattants courraient pour gagner du temps.
« - Doux-dingue, c'est Oneshot, tu me reçois ?
- Vas-y, je t'écoute.
- J'ai des nouvelles, et pas des bonnes : Salida viens de me dire que notre groupe est officiellement déclaré comme ennemi. Notre élimination est de l'ordre de l'utilité publique....
- Génial. Coupa-t-il avec dépit.
- Attends, c'est pas fini. Ça, c'est le hors d'œuvre. Devine qui nous a guidé jusqu'au ravin ?
- Kouiros ?
- Raté. C'est le prétendant Sellgan.
- C'est une blague ?
- Non, c'est sérieux. Il est assis devant l'entrée du ravin. On est caché par les arbres à quatre-cent mètres de nous. Tégos ne voulait pas le dire haut et fort vu qu'il était notre porte de sortie. Qu'est-ce qu'on fait ? »
Véritablement surpris par la révélation du sniper, Manuel ne savait trop quoi penser. De plus, les chimères se rapprochaient rapidement du camion. Il envisageait sérieusement de mettre une balle dans la tête du responsable de la déchéance de son meilleur ami chez les chimères. Cela aurait aussi eu le mérite de régler le problème de la confiance à lui accorder ou du piège possible. Mais d'un autre coté, en face de cette morbide simplicité, se trouvait la possibilité d'éliminer un allié possible et se discréditer auprès du reste des chimères.
« - Doux-dingue ! Tu me reçois ?
- Que se passe-t-il ?
- J'ai pas entendu les ordres. »
Mais le cerveau de Manuel ne savait pas que choisir. La prise de risque l'emporta soudain sur le pragmatisme :
« - Oneshot, Cerbère, Arlequin, passez avec une confiance de façade. S'il fait le con, butez-le, et ne lui laissez aucune chance !
- Ici Cerbère, bien reçu. Fit Frantz dans sa machine.
- Ici Arlequin, on s'en occupe. »
Ego ! J'ai besoin des ailes maintenant !
« - Le stabilisateur gauche sera prêt dans trois minutes. Dit-il d'une voix un peu stressée.
- Twister, va la-bas ! Je te rejoins dés que possible.
- Et mon cul c'est du poulet ? T'es pas en état de te battre.
- Y'a personne dans les six-cents mètres à la ronde, par contre, de leur coté, des groupes se rapprochent ! décolle ! Fonce !
- Ma parole, je sens que je vais le regretter. J'engage. »
*
Cette situation est un vrai calvaire ! Pensait Oneshot au volant de son camion. L'habitacle avait été plié en plusieurs endroits, les vitres avaient éclatées et une partie du toit sur le coté droit avait été arraché, transformant le camion en un véhicule décapotable. Pourtant ce dernier avançait aussi vite qu'il le pouvait pour se mettre hors de portée des chimères. Le terrain sur lequel il évoluait était totalement découvert. A cette époque de l'année, les herbes n'avaient pas atteinte leur taille maximale. Il n'y aurait donc aucun couvert possible pour atteindre le ravin. Ce dernier était une ancienne voie ferrée désaffectée. Les rails étaient toujours là, quelques architectures mécano-soudées aussi, mais les câbles étaient majoritairement par terre. Fort heureusement, ils n'avaient pas été parcourus de courant depuis des années.
Allez,c'est parti !
Le sniper écrasa la pédale de l'accélérateur, et le camion prit plus de vitesse en direction du ravin.
Manu, j'espère que tu ne te trompes pas en faisant confiance à cette face de fouine.
Il traversa la grande clairière sans encombres, et atteignit le ravin alors que les premières meutes de chimères à leurs poursuite faisaient leurs apparitions. Il passa à coté du prétendant Sellgan sans s'arrêter. Aquil ouvrit sa machine devant la loutre ailée.
« - Passez devant, je vous couvre.
- Non, vous d'abord : je dois bloquer le passage. Dépêchez vous !
- D'accord, on vous couvre. Cerbère ! On l'encadre !
- Bien reçu. »
Les deux machines se mirent de part et d'autre de la loutre noire et violette. Aucun des deux pilotes ne faisaient confiance à la chimère. Pourtant, celle-ci les ignora, et entra en marchant à reculons dans le ravin. A leur grande surprise, les deux commandos virent d'énormes ronces sortir des parois verticales et du sol pour former une épaisse protection. La protection montait à une dizaine de mètres de hauteur. La chimère reculait, et les ronces avançaient, épaississant d'autant la protection.
De nouveau, Aquil ouvrit sa machine :
« - Ils risquent de faire le tour et d'attaquer des falaises.
- Ça m'étonnerait : j'ai rendu la zone impraticable. Pour nous rejoindre, ils doivent faire le tour de la chaîne de montagne. Ça laisse deux jours de marge environs. Je mets une dernière couche et on suit la princesse. »
*
Le camion avançait aussi vite que possible, et, de part sa haute taille, il couchait tout les portiques qui parsemaient le chemin de fer. Cela abîmait la carrosserie de l'énorme camion, mais, c'était là le dernier soucis du conducteur. Le passage, avec ses deux voies, était à peine assez large pour l'imposant véhicule. Un virage mal négocié lui arracha le rétroviseur gauche et érafla tout le coté. La traversée dura une éternité pour l'ensemble des passagers, et, tous, poussèrent un soupir de soulagement à leurs sortie de l'autre coté.
Le pilote stoppa le camion pour attendre le reste de la troupe, puis il laissa aller son visage contre le volant du camion.
« - Putain, mais quelle situation de merde. Comment ça va derrière ? Demanda-t-il sans voir l'énorme pégase gris se poser devant le véhicule.
- Sort de là Salida ! » Cria Hillgearim.
Tégos, derrière montra des dents en serrant la princesse plus fort qu'auparavant. La tigresse se recroquevilla un peu plus, Daniela, se figea et Oneshot se releva tout doucement, et lentement, chercha le pistolet automatique à sa ceinture. Une arme dérisoire en face de la créature qu'il avait en face de lui.
« - Sort de là, viens t'expliquer auprès de ton roi ! »
Entre le grand pégase et le camion se posa avec fracas une énorme machine rouge-orangée.
« - Vu comment tu discutes, je devrais avoir pouvoir suivre la conversation. Déclara le pilote en se relevant, et en pointant ses armes sur la chimère.
- Cessez cette ingérence dans nos affaires Humains ! Ou vous le payerez cher ! Tout ceci ne vous regarde pas. Répondit la créature fantastique en se dressant et en ouvrant les ailes pour paraître plus imposant.
- C'est ça, essaye de t'en convaincre... J'ai un marché à te proposer : tu te casses et je ne mange pas de cheval ce soir. C'est le seul deal envisageable.
- Je ne vous comprends pas, tout ceci n'est que partie remise. Salida doit faire face à son destin et aux conséquences de ce qu'elle a fait.
- Son destin ? Ok, pas de problème : on s'arrange pour lui rendre sa forme d'origine, elle monte sur le trône, et tout le monde sera content. »
Le pégase eut une réaction de surprise, interloqué par ce que Fernand venait de dire. Puis, soudain, il se jeta sur le camion.
Le pilote de l'armure rouge-orangée fit feu. Mais la chimère disparut avant de toucher le véhicule. Le tir traversa l'endroit où il aurait dû se trouver et frappa le sol avec violence.
« - Merde, raté. Où est donc passé cet enfoiré ?
- Il n'est plus là, il est parti, déclara doucement Tégos, mais il reviendra. »
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