1 : Retour (2/3)

« - Bonjour, je suis le commandant Higas. Je n'ai pas de discours d'entrée à vous faire. Je remplace mon prédécesseur, le commandant Sarlen. Mes ordres sont simples, et je ne permettrait à personne de se mettre en travers de mes objectifs. Je dois mettre en place une version exploitable du Berserker dans les plus brefs délais. Les méthodes et les moyens importent peu. Leurs efficacité a été prouvée, ils doivent désormais sortir en série. Commençons. »

Tel était la présentation de l'homme qui venait de s'installer à la place d'honneur dans la salle de réunion. Il était vêtu d'un treillis militaire urbain, d'une casquette grise et d'une paire de rangers. A sa cuisse droite, un pistolet dans son holster. Sur son visage, on lisait une grande dureté, il était de couleur blanche, des yeux verts, et des cheveux roux coupés réglementairement. Son visage ne souriait pas, et n'avait dû que rarement sourire.

Dans son coin, le professeur Belamour sourit à l'annonce aussi brève qu'explicite de l'homme. Voyant que personne n'osait prendre la parole le commandant Higas reprit :

« - Qui est en charge de la santé des deux cobayes ?

- Euh, ...C'est moi, je suis...

- Commencez.

- Attendez ! comment ça des cobayes ? Interrogea Daniela.

- Oui ce sont des cobayes, ils ont testés le système Berserk, et ils sont les premiers. Tout ce que l'on peux apprendre d'eux doit être appris.

- Vous plaisantez j'espère, s'offusqua la femme. Ces deux pilotes ont survécu à l'enfer et vous voulez les traiter comme des sujets d'expériences ?

- Je suis là pour empêcher que le reste de l'humanité tombe dans l'enfer d'où ils reviennent. Je croyais avoir été clair. Tout les moyens sont bons pour y parvenir.

- Dans ce cas, je vous pose ma démission.

- Refusé. Vous travaillerez sur le projet. C'est un ordre.

- Je suis civile ! Vous...

- Je peux arranger ça si vous voulez... »

La joute verbale était terminée. Tout le monde dans la pièce sentait la tension, presque palpable. Le commandant Higas continua :

« ... je ferai également en sorte que votre petite famille rejoigne le front si ce n'est déjà fait.

-Vous êtes une ordure.

- Je prends ça pour un compliment, je suis là pour que ce projet aboutisse dans les plus brefs délais. Du reste je m'en moque. Docteur, veuillez en venir à votre sujet maintenant que cette affaire est réglée.

- Bien. Je suis le docteur Henric, commença un petit homme habillé en chemise, veste et pantalon de toile, Depuis qu'ils ont repris connaissances, leur état s'améliore de jours en jours.... »

Le petit homme avait du mal, à parler, il sentait le regard du commandant Higas sur lui. Les autres protagonistes commençaient à revoir leurs positions si ils devaient exprimer leur désaccord à cet homme.

« ... On ne sait pas pourquoi, mais leur état s'améliore a une vitesse supérieure à nos prévision les plus optimistes. Je pense que l'on pourra leur retirer les bandages de contention d'ici une semaine. Maintenant que l'on peux les déplacer, nous leur avons passé des radios pour identifier si les os qui avaient été endommagés s'étaient ressoudés. Nous avons fait une découverte très étrange... »

Le docteur appuya sur un bouton qui projeta sur un mur différentes radios des squelettes des deux pilotes. La table, elle projeta les même images squelettiques dans leur version trois dimensions. Les os étaient de couleur rouge, un étrange schéma bleu courait dessus.

« ... ce n'était pas là à la base, cela, nous en sommes sûr. D'après les analyses des spectromètres, il s'agit de bismuth recouvert de titane. L'ensemble est actuellement en cours d'assimilation. »

« - Vous voulez dire que les os des cobayes absorbent ces métaux ? coupa le commandant.

- Oui, seul le titane peux être assimilé par les os du corps humain.

- Ils ne le faisaient pas avant...Quelle est la raison d'un tel changement ?

- Aucune idée.

- Vous avez deux semaines pour trouver. Vous chercherez également les raisons de leur rétablissement miracle.

- Mais... protesta le petit homme.

- Autre chose ?

- Oui, il y a cet étrange mimétisme entre les pilotes et leur machines qui...

- Merci docteur, vous pouvez vous rasseoir. Qui s'occupe de l'étude de la machine ?

- C'est moi, murmura Daniela.

- Je vous écoute. »

Le professeur Wolkeazurblau eut du mal à se lever. Elle pressa un bouton sur son ordinateur portable, et deux images d'AMC apparurent en trois dimensions sur le bureau.

« - Pour commencer, il faut tout oublier lorsque l'on parle de ces machines : elles n'ont rien de commun avec tout ce que l'on a pu produire et concevoir jusqu'à présent. Pour le moment, tout ce que l'on a, c'est la certitude que ces engins sont nano-construits. Cela leur donne une densité bien supérieure à la moyenne. Cela explique entre-autre le fait qu'au corps à corps, ils aient pliés des sarbacks avec facilité ou que ces derniers ne pouvaient bloquer leurs coups.

- Pardon ? C'est quoi cette histoire de densité ?

- Pour faire simple, c'est la quantité de matière dans un volume donné.

- Hum, c'est lié au poids...

- Pour faire simple, oui, répondit la scientifique n'ayant aucune envie d'expliquer plus à cet homme exécrable ce qu'était la densité.

- Continuez.

- Malgré nos efforts et des tentatives de pilotes pour le faire bouger, il n'y a aucune réaction. Il y a pourtant une énergie résiduelle qui parcours les deux machines. Mais l'origine et l'utilité nous échappe actuellement.

- Et le Sleipnir ? N'était-il pas censé pirater le système pour nous permettre d'accéder aux données et récupérer celles perdues dans l'accident de la salle de contrôle ? coupa de nouveau le commandant Higas

- Le Sleipnir n'arrive pas à craquer le code.

- Normal. » Interrompit Le professeur Belamour en tapant sur le clavier d'un petit ordinateur.

« - Pourriez-vous vous expliquer professeur ?

- Le code arrête pas de changer de manière aléatoire. Le Sleipnir ne trouvera pas. Du moins... pas comme ça...

- Mais même en aléatoire, il y a bien un code qui le génère...

- Vous êtes chercheur maintenant ? Demanda-t-elle outrée qu'on la contredise. Et, avant que le commandant ne puisse exprimer son mécontentement, elle continua : il y a certainement le saint Graal de tout informaticien là-dedans : un processeur quantique.

- Une intelligence artificielle ? Murmura Daniela.

- Cela expliquerais pourquoi ces machines ont agi de leurs propre chef dans l'arène.

- Pouvez-vous vous en assurer professeur Belamour ? Demanda Higas.

- Bien sûr. Mais je vais avoir besoin des deux cobayes en parfaite condition physique et des deux machines.

- Bien, faites-le, professeur Wolkeazurbleau, je vous charge de trouver quel est le type d'énergie qui alimente ces deux armures. Autre chose ? »

Rien, personne dans la petite pièce, ne dit mot. Le commandant Higas avait des objectifs, et ils s'était arrangé pour que tout le monde le comprenne.

*

*        *

*

« - Bonjour lieutenants. J'ai une bonne nouvelle pour vous aujourd'hui.

- On va voir nos familles ? » Interrogea Manuel.

Depuis qu'ils étaient arrivés, aucun des deux n'avait pu voir un membre de leur familles respectives. Personne ne leur avait vraiment expliqué la raison d'un tel refus. Mais même si elles ne pouvaient pas parler de certains sujet, par ignorance ou par interdiction, les infirmières se montraient gentilles. Les deux jeunes hommes ne leur en voulaient pas, elles n'étaient pas forcément responsables.

« - Non, là, vous me décevez : je pensais vous faire plaisir. »

Ils entendirent un plateau que l'on pose sur une table. Dans les derniers jours, ils avaient pris moins de médicaments et d'antidouleurs. Les bandages et les plâtres avaient disparus. Mais ils avaient toujours une bande sur les yeux. Ils s'y étaient habitués, et avaient fait passé le temps comme ils le pouvaient. Mais, il fallait bien l'avouer, vivre à l'isolement n'était pas très sain.

« - Non, aujourd'hui, vous allez retrouver la vue.

- Génial, on va pouvoir identifier ce qu'on mange

- Ça c'est pas dit, c'est de la nourriture d'hôpital dont on parle.

- Vous êtes pas cool les gars, On fait ce que l'on peut nous.

- On plaisantait. Brigitte. » Sourit Manuel qui avait reconnu la voix de l'infirmière.

Manuel la sentit qui commençait à manipuler la bande de gaze qu'il avait autour de la tête. Tour après tour, la lumière traversait ses paupières de plus en plus fort. Cela devint presque insoutenable vers les derniers tours.

« - Gardez bien les yeux fermés pour le moment lieutenant. »

De toute façon, je ne pourrai pas les ouvrir... Pensa Manuel en baissant la tête comme pour limiter la luminosité provenant du plafonnier alors que l'infirmière lui retirait les dernières bandes et les deux compresses qu'il avait sur les paupières. Il sentit que quelque chose se glissait sur ses oreilles et la lumière, quasi insupportable baissa d'un seul coup.

« - Ouvrez les yeux, regardez-moi. »

Avec quelques clignement de cils, Manuel ouvrit péniblement les yeux. Machinalement, ses mains allèrent se poser sur ses tempes pour y trouver une paire de lunette de soleil. La femme qu'il avait en face de lui était bien plus âgée que ne le laissait entendre sa voix. Elle avait dans les quarante-cinq ans, mais, dans la manière de s'exprimer et le timbre de la voix, on pouvait lui retirer vingt ans. Elle portait la blouse blanche standard, des cheveux blonds courts coupés à la garçonne, et des yeux marrons qui plongeaient dans les siens.

« - Est-ce que vous voyez correctement ?

- La légende dit que les infirmières n'ont pas de sous-vêtements, est-ce que je peux vérifier ?

- Ok, donc, tout va bien. Une autre réflexion comme celle-là et je balance tout à votre petite amie dés que je la vois. » répondit-elle avec une légère claque sur la joue du jeune homme. Elle se retourna vers l'autre pilote alors que Manuel inspectait au toucher les lunettes qui lui épousaient la forme du visage. Il repensa à Marilyn. Quelqu'un lui avait dit qu'elle avait été mutée à Bordeaux après une montée en grade.

« - A votre tour.

- Oh putain Fernand, ta peau !

- Quoi ? demanda l'intéressé, limite paniqué.

- Elle est devenue...rouge ? Expliqua Manuel limite amusé.

- Tu déconnes ?

- Avant de vous moquer de votre ami, vous devriez aller vous regarder dans une glace. »

La pièce ne comportait aucune glace, c'était une chambre d'hôpital sans fenêtres tout ce qu'il y avait de plus fonctionnelle. Manuel voulu se lever, mais, du coin du regard, l'infirmière le surprit et le rallongea d'une pichenette.

« - Non, vous êtes encore trop faible. Attendez la rééducation avant d'essayer de vous lever ! Je vous amène un miroir dés que j'ai fini avec votre ami. »

Le pilote n'opposa aucune résistance, il se doutait qu'elle avait raison. Il n'aurait sans doute pas pu ne serait-ce que tenir debout, mais il avait eut envie d'essayer. Son regard se posa sur sa main droite, il fit un bon en voyant les étranges tatouages tribaux qui la recouvraient.

C'est quoi ce truc ?

Il vérifia, il n'avait rien de tel sur sa main gauche. Il releva la manche droite, et constata que les lignes acérées englobaient tout le bras et remontaient sur l'épaule avant de disparaître dans le dos.

« - Oulla, tu verrais ta tronche... »

Fernand venait de mettre sa paire de lunettes et regardait son ami.

Leurs regards se croisèrent. Fernand n'avait plus de cheveux, il était totalement chauve. Sa peau avait pris une teinte entre le rouge et le brun, comme un coup de soleil généralisé. Manuel avait les cheveux d'un blanc nacré, et un tatouage tribal noir dont une partie était recouvert par les lunettes et la tenue d'hospitalisé. Ils purent le constater avec la glace que l'infirmière leur tendit à tour de rôles.

« - Mais c'est dû à quoi ce truc ? C'est dangereux ?

- C'est tout à fait Bénin, dit une femme en entrant. Merci Madame, je vais prendre la suite. »

L'infirmière quitta la pièce, après avoir dit un au revoir à chacun des deux soldats qui le lui rendirent.

« - Qui êtes-vous ? Demanda Manuel

- Je suis le professeur Belamour. Vous rappelez-vous ?

- Oui, on se souvient de vous. Mais, vous dites que ce n'est pas dangereux ? Vous êtes sûre ?

- Comparé à ce à quoi vous avez survécu, c'est du pipi de chat. Pourquoi vous avez pris ces couleurs nous n'en savons rien. Mais nous savons que c'est de la mélanine.

- De ?

- De la mélanine. Une substance naturelle contenue dans la peau. Sa concentration détermine la couleur de la personne. Pour faire simple, Lieutenant Ferreira, c'est comme si à certains endroits de votre corps, vous aviez changé de couleur. Et pour vous, lieutenant Lebont, c'est tout votre corps qui a subit le phénomène, même s'il est moins marqué.

- Et pour les cheveux ?

- Ça, je dois reconnaître, que l'on ne sait pas encore. Mais ce n'est pas pour cela que je suis venue. Je suis venue pour vous montrer ceci, dit-elle en montrant une petite clé de stockage informatique. C'est la mémoire qui vous manque et dont le monde entier dispose : Ce qui s'est passé dans l'arène. Laissez-moi juste le temps d'aller chercher un poste de télévision. »

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