1 : Retour (1/3)
Manuel Ferreira s'était assis par terre, en haut de la colline. Autour de lui, la terre s'étendait à perte de vue. Ce n'était que de la terre sèche, aride, aucune végétation, pas de constructions. Juste une terre sèche balayée par le vent froid. Un sourire ornait pourtant son visage, celui de la personne contente de ce qu'elle a. Il leva les yeux vers un ciel sans nuage.
« - Bonjour.
- Bonjour madame, répondit-il poliment à la personne à sa droite.
- Visiblement, tu ne te souviens pas de moi. » Constata-elle après quelques secondes.
La jeune femme lui était étrange. Elle lui rappelait vaguement quelqu'un. Elle était jolie, une longue chevelure en queue de cheval et une balafre sur le visage. Elle portait la même combinaison militaire verte que lui.
« - Vous êtes ?
- Bah devine ! Si je te dis tout, ce n'est pas drôle. »
Autour d'eux, un bourgeon commença à sortir de terre comme sous un timelapse. Bientôt suivi par un autre. Rapidement, la colline fut couverte de fleurs de toutes les couleurs de toutes les tailles et de toutes les espèces. Mais, le reste du monde, lui, restait stérile. Au loin le bruit d'un coup de canon se fit entendre.
« - Bon d'accord, je m'appelle Marilyn. Est-ce que je peux m'asseoir ?
- Bien sûr. »
Le jeune homme n'aurait pu le dire avec certitude, mais il se sentait bien au cotés de cette femme un peu plus vielle que lui.
« - Dis-moi Manuel, est-ce que tu sais où nous sommes ?
- Non, et je m'en moque, du moment que je suis à vos cotés rien ne peux arriver. »
Le jeune homme ne savait pas pourquoi il avait dit cela. Mais il le pensait réellement. Des explosions commencèrent à se rapprocher de la colline. Le vent devint plus froid. Le bruit des canons devint plus fort. Autour d'eux, des arbres se mirent à pousser. Des obus frappèrent le sol autour de la colline verdoyante.
« - Tu ne devrais pas te reposer sur moi : rien n'est éternel.
- J'espère quand même que vous resterez avec moi. »
Une lueur de tristesse traversa le visage de la jeune femme. Elle figea son regard entre ses jambes, consciente d'une réalité difficile.
« - Je regrette Manuel, ce ne sera pas possible.
- Comment-ça ? Vous allez partir ? Pourquoi ne pas rester ? On est bien ici.
- C'est plus compliqué que tu ne le penses...Ou trop simple... Et c'est totalement hors de ma volonté. Crois-moi, si je le pouvais, je ferai autrement. Mais là, je n'ai pas le choix. J'aimerais que tu me fasses une promesse.
- Laquelle ?
- Celle de tout faire pour vivre heureux.
- Mais je suis heureux à coté de vous. »
Un tir toucha la colline. Des fleurs furent détruites, des arbres furent couchés, mais les deux protagonistes semblaient indifférents au phénomène de destruction qui les entouraient.
« - Promet-le, demanda-t-elle plus sérieusement, une larme coulant sur son visage.
- J'essayerais.
- Non ! promet !
- Je le promet »
Manuel ne comprit que trop tard qu'un obus les avaient touchés. Le corps de la jeune femme fut noyé dans les flammes alors que lui-même était plongé dans les ténèbres, une douleur inimaginable lui lacérant le corps.
Il avait quelque chose dans la bouche, et des bips lui parvenaient aux oreilles, les ténèbres l'entourait. Quelque chose, sur les yeux, les lui maintenaient fermés. Mais la douleur était toujours là, de la racine des cheveux à la plante des pieds, elle lui lacérait le corps comme autant de profondes griffures. Ce qu'il avait dans la bouche le gênait, cela soufflait un air froid dans ses poumons, les forçant à se remplir puis à se vider. Il commença a étouffer, son corps refusant le corps étranger dans sa gorge. Il voulu lever les mains, pour retirer ce qu'il avait dans la bouche, mais elles refusèrent de lui obéir. Les bips se changèrent en une petite alarme. Rapidement suivit par le bruit d'une porte s'ouvrant avec fracas et des bruits de pas précipités.
« - Arrêtez, je vais vous le retirer, calmez-vous. Doucement »
Une voix féminine.
Marilyn ?
« -Vas prévenir le docteur Henric, il est de garde. Je m'en occupe.
Le jeune homme commença à sentir le tuyau bouger dans sa gorge, avant d'en être retiré en lui griffant le conduit respiratoire. Il hurla : la peau devenue hypersensible à la douleur.
« - Nom, prénom, grade, unité ! » Interrogea l'infirmière d'un ton injonctif.
Manuel voulu parler normalement, pourtant, ce fut un murmure à peine audible et intelligible qui sorti de ses lèvres.
« - Marilyn...
- Nom, prénom, grade, unité, soldat !
- Marilyn...
- Soldat ! repris la voix féminine. Nom, prénom, grade, unité ! »
Le jeune homme dû réfléchir, l'esprit totalement embrumé, avant de répondre de la même manière que le nom qu'il avait répété :
« - Ferreira, .... Manuel, ... Sergent,...Rock.
- Serrez- moi les mains sergent ! »
On moment où celle qui lui parlait toucha ses mains, le jeune homme hurla. La douleur était atroce.
« - Lâchez-le ! vous croyez qu'on lui a mit des bandes de gaze pour le carnaval ?! Ce mec est en morceau !
- Désolé docteur, je ...
- C'est bon, d'autres stimuli ?
- Oui, il entends, comprends et réponds.
- Allez chercher une poche de morphine. Celle-ci est vide. »
Manuel n'avait pas entendu rentrer qui que ce soit, son esprit concentré sur la douleur qui lui avait lacéré les mains.
« - Bonjour sergent, commença l'homme, Est-ce que vous savez quel jour nous sommes ?
- Février ...Deux-mille six-cent trente quatre.
- Presque, on est en Avril. Quel est votre nom, prénom et date de naissance ?
- Marilyn...
- Sergent, répondez s'il vous plaît.
- Ferreira,... Manuel, ... douze juin deux mille six-cent quatorze...
- Bon, rassurez-vous, vous n'êtes plus sur le champ de bataille, vous êtes à Clermont-Ferrand, en sécurité.
- Marilyn..., murmura Manuel
- On va aller la chercher. Elle viendra quand vous irez mieux. Essayez de vous reposer. »
Le jeune homme sentit un liquide froid pénétrer ses veines par le bras gauche. Il tomba rapidement inconscient en entendant ces paroles rassurantes.
*
* *
*
« Bonjour, nous allons commencer la réunion d'aujourd'hui par quelques annonces... »
Dans une pièce sans fenêtres, aux murs gris anthracite et dont le sol était recouvert de moquette, trônait un table de réunion noire autour de laquelle un certain nombre de personnes était assises. Le commandant Sarlen présidait la séance, autour de lui, nombre de scientifiques et quelques militaires.
« - Pour commencer, je vais vous quitter. Je pars pour le front. Apparemment, l'incident de l'arène n'a pas convaincu tout le monde. Mon remplaçant sera le Commandant Higas.
- Pourtant, c'était la meilleure chose à faire sur le moment.
- Merci capitaine, mais il semblerait que pas mal de personnes ne soient pas d'accord avec vous... Nous n'y pouvons rien. Professeur Wolkeazurblau, vous ne chapeauterez plus le projet Berserker...
- Quoi ?!
- C'est le professeur Belamour qui doit arriver bientôt qui prendra en charge le projet.
- C'est une plaisanterie !
- Ce n'est pas moi qui ai prit cette décision Daniela. Elle vient d'en haut, gueuler ne changera rien.
- Mais putain ! Cette nana sort de l'asile ! Tout le monde le sait.
- Allons allons, quelques jours dans une maison de repos fait le plus grand bien... » intervint une personne en entrant dans la salle.
C'était une belle femme, la peau blanche, de long cheveux noirs qui lui tombaient sur les épaules, et un regard noisette qui brillait d'intérêt pour tout ce sur quoi son regard se posait. Elle portait un tailleur bleu marine et un porte document noir. Des chaussures à talons vernis ornaient ses pieds comme deux écrins.
« ... vous devriez essayer, Daniela. »
La professeur Wolkeazurblau, insultée, répondit en fronçant les sourcils.
Un silence pesant s'installa dans la pièce. L'ensemble des protagonistes ne savaient comment réagir au choc que cette décision avait provoqué.
« - Puis-je me joindre à vous ? »
Le commandant Sarlen, d'un mouvement de main lui indiqua de prendre place à un siège libre.
« - Avant de commencer, reprit-elle, je tiens à préciser certaines choses. Savez-vous pour quelle raison l'on m'a placé à la tête de ce projet ? Tout simplement parce qu'en quatre mois, vous n'avez pas beaucoup avancé, et que l'on a besoin de cette arme dés maintenant. L'innovation dont je fait preuve et que vous appelez... folie, sera très utile ici. Au moins, nous obtiendrons des résultats... J'ai fini ma petite présentation, je vous en prie commandant, poursuivez. »
La réunion commença. Malik en profita pour interroger discrètement sa supérieure :
« - Daniela, qui est cette femme ?
- Malik, je te conseille de faire gaffe : elle est aussi belle que dangereuse. Elle est à l'origine de l'incident qui a causé le premier accident Berserker et qui a coûté la vie à ton prédécesseur. »
*
* *
*
Arsear entendit frapper à la porte de son bureau. Machinalement, il cacha le livre dans un tiroir avant d'autoriser son invité à entrer. La pièce était sale, personne n'y avait fait le ménage depuis un certains temps. Les murs de laiton étaient crasseux, les canalisations accumulaient les couches de poussière. Sur le bureau, plusieurs bouteilles vides et des repas en train de pourrir faute d'avoir été mangés.
Berik, son intendant entra.
Après avoir refermé la porte derrière lui, il commença la conversation.
« - Que se passe-t-il Capitan ? L'équipage s'interroge. Vous ne sortez plus, vous ne mangez plus, et personne ne doit rentrer dans vos quartiers même les esclaves de corvées. J'ai tout de même pris l'initiative de vous envoyer vos repas. Mais je constate que vous n'y avez pas touché. Que ce passe-t-il ?
- Je ne vois pas en quoi cela te regarde.
- Désolé de vous avoir dérangé... répondit l'intendant en s'inclinant, autre chose, la gouverneur désire vous voir, quand vous aurez du temps a-t-elle dit. »
Un frisson parcouru le corps du Capitan. Elle sait que j'ai le livre. Je dois m'en débarrasser.
« - Berik, je vais te demander de me faire confiance, jusqu'au bout, quoi qu'il arrive. Cela risque d'être particulièrement dangereux.
- Bien sûr, vous avez toute ma confiance.
- Bien, va chercher un esclave sachant lire et écrire, un pupitre, un livre vierge, et une sphère de silence. Fait cela avec la plus grande discrétion.
- A vos ordres. »
Berik souriait, le capitan était de nouveau lui-même. Injonctif, clair, net et précis. L'équipage apprécierait.
*
* *
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« - Bonjour lieutenants, fit une voix féminine qu'ils ne connaissait pas.
- Vous devez faire erreur. Nous sommes sergent » Répondit Fernand.
Depuis quelques jours, la douleur qui arpentait son corps avait diminué. Ses phases d'inconsciences diminuaient également. Il fut en parti soulagé de constater que son ami s'en était tiré lui aussi. Mais, l'un comme l'autre savaient qu'ils étaient dans un sale état. Ils ignoraient totalement ce qui s'était passé dans l'arène. La dernière chose dont ils se souvenaient était la perte de contrôle de leurs machines respectives à la fin de la bataille.
« - Ha ? Ha ! Ok ! Vous êtes lieutenant à titre posthume. Je comprends mieux pourquoi vous avez l'air de momies.
- Parce que vous croyez que c'est drôle, demanda Manuel, agressif.
- Le parallèle, oui, votre situation, pas vraiment. Désolée. Commençons : Bien ,j'aurais quelques questions à vous poser. Pour commencer racontez-moi tout ce qui s'est passé dans l'arène.
- Non, répondit simplement Fernand.
- Comment ça non ?
- Le contraire de oui si vous préférez. Je vais être franc, je ne vous connais pas, je ne vous vois pas, mais, vous m'êtes déjà antipathique... » Un sourire se dessina sur le visage de Manuel tandis qu'il entendait son ami refuser la demande de la femme. « ... et puis, ça fait un nombre incalculable de fois que l'on raconte la même histoire. Y'en a marre. »
Un silence pesant commença à s'installer dans la petite pièce entre les personnages présent. Puis, soudain, Fernand commença une discussion totalement hors de propos :
« - Bon, sinon Manuel, tu fait quoi demain ? »
Manuel rit doucement avant de répondre avec une grimace. Ses cotes lui firent sentir qu'elles existaient. Aucun d'eux deux ne pouvait même s'asseoir, alors faire quelque chose de spécifique...
« - Je pense que je vais aller faire un tour dans les simulateurs, il paraît qu'ils ont paramétré une nouvelle machine.
- Vous vous foutez de ma gueule ?
- Chacun son tour. »
La réponse du tac au tac de Fernand fit comprendre à leur protagoniste qu'après ce qu'ils avaient vécu, les blagues douteuses n'étaient pas les bienvenues.
« - Bon, je suis le professeur Belamour Lieutenants. Je suis désormais en charge du projet Berserker auquel vous avez malgré vous apporté votre contribution. Je ne vais pas vous mentir, ce projet est peut-être la clef de notre survie. Maintenant, pouvez-vous me raconter encore une fois tout ce qui s'est passé dans l'arène ? »
Après un soupir, chacun raconta ce qu'il avait vu et entendu, ressenti également. Mais, comme à chaque fois qu'on leur avait demandé de raconter, leur mémoire s'arrêtait au moment des coups de grâces et reprenaient dans la chambre d'hôpital. Leur interlocutrice se montra fort intéressée des différents dysfonctionnement qui avaient eut lieu avant qu'ils ne perdent connaissance.
« - Professeur ? Demanda Fernand.
- Oui ?
- Personne ne nous a dit comment nous nous en sommes sorti. Nous avons répondu à vos questions, pourriez-vous nous dire en quoi consiste le projet Berserker ?
- Je regrette lieutenants, ces informations sont classées. »
Manuel tenta un coup de Poker. Il ne pouvait la voir, mais il sentit qu'elle se stoppa immédiatement lorsqu'il demanda :
« - C'était un type cent-quatre n'est-ce pas ?
- De qui tenez-vous cette information ? » Demanda-t-elle froidement.
Manuel ne répondit rien, il entendit la porte se fermer, et il la sentit se rapprocher. Elle était là, juste à coté de lui, s'interrogeant sur la manière de procéder pour obtenir les informations qu'elle désirait. La jeune femme approcha sa main d'une de ses blessures avec pour objectif de presser sur la plaie avant de se stopper, et de se raviser. Elle alla finalement chercher une chaise et s'assit avant de commencer :
« - Connaissez-vous la légende des Berserkers ?
- Non.
- C'étaient des guerriers vikings capable de se mettre dans une certaine forme de folie, et d'attaquer au mépris du danger. D'après ce que l'on sait, ils devenaient invincibles, intouchables. Ils taillaient leurs ennemis en pièces malgré leur infériorité numériques.
A l'origine, le projet s'appelait ''équinoxe''. Il avait pour mission, grâce à la nanotechnologie, de protéger l'Humanité. Son principe était simple : pénétrer le corps humain et neutraliser tout élément étranger en perturbant le fonctionnement. En cas de blessure grave, le système était censé poser immédiatement des garrots au bons endroits et augmenter significativement les chances de survie.
- Pourquoi n'a-t-il pas été achevé ? Demanda Manuel.
- Les Chimères. Leur arrivée a réduit à néant les recherches menée par l'entreprise qui l'étudiait. Jusqu'à ce que l'on en retrouve une partie il y a dix ans, dans les décombres d'un bâtiment. Le choix d'en faire une arme de guerre fut prit en quelques mois. Pendant les deux ans qui suivirent, le site de cette découvertes fut fouillé de fond en comble, et de nombreux autres éléments purent ainsi être réunis avant le lancement des recherches. Mais quelle forme donner à cette arme ? Une maladie qui attaquerait les chimères ? Impossible, car où trouver l'énergie. Une puissante bombe ? On a déjà tout ce qui nous faut de ce coté-là. Une munition alors ? On a déjà du mal à toucher nos adversaires... Et c'est là que l'on s'est dit qu'il fallait qu'on les touche plus souvent. Et que ce soit mortel à chaque fois. Cela impliquait de modifier sensiblement les capacités des armures de combat.
Dans le temps, on avait bien essayé de les contrôler par la pensée, avec des capteur électro-sensibles autour de la tête. Mais les essais étaient peu concluant et les cerveaux des sujets, tous différents. Un échec. Mais là, à l'aide de la nanotechnologie, on entrait directement l'esprit humain. Ce fut le projet ''armes égales''. Il fallait une forte puissance de calcul pour analyser la manière de penser du pilote, un supercalculateur devait donc être couplé au système. La réussite fut à la hauteur la déception : les capacités de la machine étaient à peine plus grande que les modèles classiques. D'autre pistes furent alors envisagées. Notamment celle concernant la théorie de l'évolution : ''celui qui survit est le plus apte''. L'adaptabilité et la modularité furent alors le mot d'ordre de ce nouveau projet.
- Le projet Berserker ? Proposa Fernand.
- Oui, il a aussi été constaté que, suivant la personne, le style de combat diffère. Le premier sujet auquel il fallut s'attaquer était la forme de la machine et ses performances. Mais pas de trop : Pour des soucis de mise en œuvre sur le terrain, il fallait que les machines soient toujours dans les même proportions, les même poids, etc... Il fallut une bonne centaine d'essais pour sortir quelque chose qui correspondait à nos besoin sur des souris de laboratoire. Mais, malgré tout les essais possibles, aucun schéma humain maîtrisable n'était apparu... jusqu'à vous. Mais il y a encore de nombreuses inconnues en suspends, un incident dans la salle des serveurs du centre de commande a détruits une bonne partie des données. C'est la raison pour laquelle vous êtes sans cesse interrogés, alors ? Puis-je désormais compter sur votre coopération ? »
Lentement, dans l'esprit de Manuel, tout se mettait en place. De la récupération de la pièce de secours aux dysfonctionnement dans l'arène.
« - Donc, si j'ai bien compris, nous faisons maintenant parti du projet.
- Oui. Désormais, que vous le vouliez ou non, vous en faites parti.
- Dans ce cas, j'ai une proposition à vous faire, suggéra Manuel. Vous nous mettez au courant de ce que vous cherchez à faire, de ce que vous voulez, des résultats ,et vous aidera du mieux que l'on peux.
- Ça me va, commencez par me dire ce que vous savez du type cent-quatre.
- Pas grand chose. J'ai attrapé une conversation au vol entre des chercheurs. Je crois que le système a été utilisé sur une Joker américaine, j'en ai récupéré le régulateur de secours.
- Hummm... Fit la scientifique en prenant des notes. Merci. Je reviendrais quand vous irez mieux. Nous aurons beaucoup de boulot. Au revoir.
- Attendez ! »
La jeune femme se stoppa à la porte :
« - Oui ?
- Personne ne nous as dit ce qu'il est advenu de Salida et de Tégos.
- Personne ne vous l'a dit car personne ne le sait. Leurs corps n'ont pas été retrouvés. Autre chose ? »
Aucun des deux jeune soldats ne dit mots. Ils l'entendirent partir assez rapidement. Aucun des deux ne bougea.
« - Tout ça pour rien. » résuma Fernand, d'un murmure chargé de tristesse.
*
* *
*
Arsear s'était mis à l'étude de ses nouveaux adversaires à son bureau. L'écran orange translucide laissait apparaître les images de l'arène que lui avait fourni Ragoune. Parfois, il les arrêtait, faisait un gros plan, et notait quelque chose sur un petit calepin. Très souvent, il posait les yeux sur le livre qu'il avait pris à la gouverneur. Il le regardait comme un adversaire dont on se méfie.
Soudain, quelqu'un frappa à la porte. Il attrapa rapidement le livre et le glissa dans un tiroir qu'il ferma à clef avant de signifier à son invité qu'il pouvait entrer.
Un esclave ouvrit la porte. Un être du peuple des Dryades. C'était un mâle. Il se tenait droit, à la limite de l'élégance : il appartenait à ceux qui avaient appris à lire et à écrire la langue Silridriss. C'était long et fastidieux à apprendre, il était plutôt rare qu'ils soient maltraités et mis à mort. Sur sa robe de bure, un petit sac en toile tombait sur le coté droit.
« - Mes respect Seigneur Capitan, commença-t-il. Je m'appelle Uki. L'intendant Berik m'a signalé que vous désiriez la présence d'un copieur.
- C'est le cas. Est-ce que tu sais lire également ?
- Bien sûr monseigneur. Je saurais parfaitement vous épauler dans les tâches administratives... »
Arsear ne répondit pas. Mais l'esclave vit dans les yeux du saurien quelque chose qui l'inquiéta un peu.
« ... Où dois-je poser mon pupitre Monseigneur ? »
Le capitan désigna un coin de la pièce où l'esclave lui serait toujours visible. Uki entra, suivi d'un golem tenant un lourd et encombrant pupitre de bois et de métal. Sans un mot, l'esclave de pierre posa le pupitre là où on le lui avait désigné. Puis il sortit avec une petite révérence au Silridriss.
Uki s'installa à son pupitre et sortit les éléments de son sac : un ensemble de barres de différentes tailles et couleurs, un verre d'eau, une gourde et une pierre d'ambre polie aplatie grosse comme le poing. Ce faisant, Arsear prit un morceau de parchemin sur son bureau, se leva sans un bruit et alla le poser sur le pupitre de l'esclave. Ce dernier fit un bond en voyant le guerrier saurien à ses cotés.
« - Explique-moi ce que c'est. »
Rapidement, l'esclave parcouru la note. Avant d'annoncer :
« - C'est une commande, du matériel militaire, pour de l'infanterie, ainsi que des demande de mobilisation de troupe et des vivres. Normalement cela doit être livré à la fin du mois. »
Arsear ne répondit rien, il reprit le document, et retourna s'asseoir à son bureau.
« - J'ai un document d'une extrême importance, et hautement confidentiel à te faire recopier. Si tu y arrives, tu pourras quitter cette pièce en vie. Dans le cas contraire, tu mourras avant d'en avoir franchi le seuil.
- Bien monseigneur. »
Uki comprit que le Capitan qu'il avait en face de lui se moquait éperdument de connaître la difficulté qu'imposait la formation de copieur. S'il ne remplissait pas sa tâche, il serait tué.
« - De combien de temps disposons-nous ?
- Tu as une semaine.
- De quel type de document s'agit-il ?
- Un livre. Maintenant, plus de questions. Tu restes assis et tu te tais. »
Arsear préféra attendre que Berik revienne avec la sphère de silence et le livre vierge. Il posa ses mains sur le bureau, pris d'un vertige. Cela faisait plusieurs jours qu'il n'avait que très peu dormi.
Je joue plus que ma vie sur cette action, je dois être d'une extrême prudence.
Lentement, il écarta sa main, laissant apparaître la petite clef de son bureau, là où le livre était rangé. Elle n'avait plus quitté sa main depuis que l'esclave était entré.
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