Prologue
Cela faisait bien dix minutes qu'il était assis dans le noir, sans bouger, encastré dans cette énorme machine. Il ferma les yeux, laissant son esprit se vider de toutes pensées.
Pas un bruit.
Pas un mouvement.
Pas une lumière.
Se laisser aller, ne plus rien ressentir, laisser le vide extérieur entrer en soi. C'était ce qu'il affectionnait le plus. Son instructeur lui avait appris cet exercice pour que la peur se fasse moins présente. On ne pouvait que faire perdre de son intensité à cette compagne de tous les combats, elle ne vous quittait jamais.
Jamais.
Dans cette obscurité totale, il bougea un doigt, l'auriculaire, au fond de l'énorme gantelet métallique. Malgré le fait qu'il soit enchâssé tout entier dans cette énorme carcasse, il entendit le cuir de sa combinaison grincer. Il sentit également celle-ci glisser sur sa main par des à-coups saccadés. Son doigt effleura une partie caoutchouteuse, malléable, invisible à ses yeux.
Retentirent alors trois coups donnés sur une carcasse de métal. Ces derniers résonnèrent à ses oreilles.
Sans aucune hésitation, son doigt écrasa le caoutchouc pour trouver l'interrupteur métallique derrière, qu'il enfonça dans le même mouvement. Un déclic se fit entendre, puis, le démarrage d'un moteur électrique. Derrière sa tête, la mélodie d'un disque dur démarra en, tout en rythme, une turbine puis un vérin finirent l'étrange musique.
Au niveau de ses yeux, à cinq centimètres, un écran s'alluma, vide, noir. Une faible luminosité signalait néanmoins son fonctionnement. Avec une synchronisation parfaite, l'homme ouvrit les yeux au moment où les premières lignes de codes apparurent. En surimpression, de petits éléments s'ouvraient sur l'écran. Soudain, en arrière plan, il vit la porte du hangar droit devant. Il se savait dans une armure expérimentale de quatre mètres de hauteur environ. Ses yeux allèrent se poser en bas à droite, sur la vue schématique de l'armure. Tous les voyants étaient au vert. Pour l'instant tout fonctionnait. Sur l'écran, un technicien apparut et leva le pouce pour savoir où le pilote en était. L'intéressé bougea le bras et leva son doigt en retour. Ce faisant, un des bras de la machine apparut sur l'écran, imitant les mouvements à la perfection. Le technicien hocha la tête puis disparu vers la droite de l'écran.
« Vous pouvez vous lever sergent » résonna une voix dans son casque.
Lentement, mais avec précision, il se pencha en avant pour faire basculer le poids de l'énorme machine. Il sentit les vérins pneumatiques cracher cet air froid et sec au fur et à mesure qu'il effectuait ses mouvements. De la même manière, il sentait l'énorme engin basculer sous les efforts des commandes hydrauliques qui tentaient de suivre les mouvements commandés. Il ne lui fallut que peu de temps pour réussir à mettre l'armure droite.
« Faites quelques pas s'il vous plaît sergent »
Suivant les mouvements de son pilote, l'armure se déplaça sans difficultés. L'écran montrait une grande salle d'un laboratoire d'essai mécanique. A travers les yeux de la machine, le pilote voyait le personnel de ses quatre mètres de haut. Tel un géant d'acier aux mouvements millimétrés, il se déplaça en étant attentif à ne rien bousculer ni à n'écraser personne.Il s'arrêta de marcher après avoir fait le tour de la salle.
« - Bien sergent, avez-vous remarqué quoi que ce soit d'inhabituel ?
- Non monsieur, l'AMC fonctionne parfaitement, réglée à la perfection je dois dire.
- Bien, nous allons lancer le système de test Berserk. Comme vous le savez, c'est la cinquième fois que nous faisons ce type d'essai. Les quatre derniers nous ont valus trois morts et un handicapé à vie. C'est la raison pour laquelle votre armure est équipée d'un système d'éjection, si jamais nous commençons à perdre le contrôle, vous avez ordre de vous tirer de là. Pas d'héroïsme mal placé, compris ?
- Compris monsieur.
- Répétez les ordres s'il vous plaît sergent.
- Si quoi que ce soit qui sort du périmètre prévu par l'expérimentation apparaît je m'éjecte.
- Bien, nous sommes d'accord. Si ça marche, une phrase pour la postérité ?
- Grouillez-vous, je commence à avoir des fourmis dans les jambes.
- Haha ! Noté. Bon on va lancer le test, prêt sergent ?
- Autant qu'on peut l'être monsieur.
- OK ! Début du test. »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top