7 : Fratricide ? (2/3)

Il vit trois silhouettes sortir de l'ombre : Marilyn, le conseiller Sanchez et la Chimère Tégos qui fermait la marche. Le conseiller était vêtu d'une tunique beige et d'un pantalon de la même couleur. Il se dirigea directement sur l'armure de Manuel et tapa sur le plastron. Le jeune pilote ouvrit. La fatigue et la vieillesse avaient accru les rides qui parsemaient le visage de l'homme politique. Le sourire qu'il avait sur le visage, en revanche, était toujours aussi radieux.

« - Salut, ça faisait longtemps...

- Bonjour Monsieur Sanchez. Oui, ça fait longtemps, cinq ans pour être précis. Je suis surpris que vous vous souveniez de moi.

- Allons, allons, tu es le meilleur ami de mon neveu, tu fais presque partie de la famille. De plus, je ne connais pas beaucoup de gamin de douze ans capable de réparer un moteur tout seul...

- Elle roule encore ?

- Ha ha ! Oui ! C'en est triste pour le mécanicien de la ville ! A part ça, comment va ta mère ? J'espère qu'elle ne m'en veut plus.

- Elle est toujours la même, mais croyez-moi, elle a désormais d'autres sujets de préoccupations. J'en suis toujours la cause... malheureusement.

- Ha ? Moi je m'attendais à la voir arriver ici pour te défendre bec et ongles...tu sais que j'ai encore mal aux côtes de temps en temps à cause d'elle ?

- Non ?

- Si ! Mais continue à me parler de toi ça fait tellement longtemps... Tu as une petite amie ? »

Le regard de Manuel dévia vers Marilyn avant de revenir sur le vieil homme.

« - Je ne lui ai pas encore demandé...

- Dépêches-toi avant qu'un autre ne te la vole ! Ça arrive plus souvent qu'on ne le pense... »

De nouveau le regard de Manuel se dirigea vers Marilyn. Mais, cette fois, le vieil homme tiqua. Il se retourna vers Marilyn. Celle-ci rougit à vu d'œil. Le vieil homme éclata de rire. Un rire franc et frais... La main du conseiller se posa sur l'épaule du Major, et, entre deux crises de rires :

« - Mes plus sincères félicitations, et surtout, bonne chance avec 'Belle-maman' » Le reste n'était pas compréhensible tant le vieil homme riait. Puis, il reprit : « M'est avis que ta mère doit-être super heureuse... Hihi... une militaire... Ha ! La vache ! Ça faisait longtemps que je n'avais pas rit comme ça ! Déclara-t-il en s'essuyant les yeux ; Oh putain, j'aimerais être là lorsqu'il y aura des réunions de famille : y'aura de l'animation ! J'te le garanti ! » Les rires du vieil homme reprirent de plus belle. Cette crise de fou rire s'avéra légèrement communicative, aux humain seulement, les chimères ne comprenant pas vraiment le sujet de la discussion. Le conseiller fit un gros effort pour se reprendre. Son regard se porta sur les chimères.

« - Bon, nous continuerons cette conversation plus tard, je crois qu'il est temps de passer aux choses sérieuses... » Le sourire du conseiller s'effaça, lentement, mais sûrement. L'expression de bonne humeur laissa peu à peu place à celle de la haine et du mépris. Manuel n'avait jamais vu ce type de regard dans les yeux de M. Sanchez, il en fut choqué. « ... Bon, je suis le conseiller Sanchez, présent ici en qualité de juge pour gérer cette situation au nom du conseil de la zone dévastée.

- Enchanté de vous... commença la princesse

- Je sais qui vous êtes et le plaisir de cette rencontre est uniquement pour vous, coupa sèchement le conseiller. Répondez uniquement à mes questions et gardez le silence pour le reste voulez-vous ?!... »

La princesse fut scandalisée de constater l'absence totale de considération du vieil homme. Derrière Marilyn, Tégos commença doucement à grogner pour signaler son mécontentement.

« ... Étant donné que j'appartiens au conseil, je suis ici à ce titre, rien de plus, rien de moins. Cette discussion m'est des plus pénibles et je ne tiens pas à la faire durer plus que nécessaire tout en faisant mon devoir. La sympathie que j'ai pu témoigner à l'égard de certaines personnes ici présentes est inférieure à l'antipathie que je vous porte. Je ne suis pas votre ami, et je ne le serai jamais. »

Salida, était encore sous le choc. Ses yeux étaient vissés sur l'homme en face de lui. C'était la deuxième fois qu'elle se trouvait en face d'un humain chez qui elle n'inspirait ni la peur ni le respect. Mais, si Manuel avait toujours agit avec une certaine diplomatie, M. Sanchez ne semblait, lui, pas du tout enclin à ce genre d'effort.

N'attendant pas la réponse de la princesse, il continua

« ... Un des pilotes qui vous protège m'a déjà expliqué l'ensemble de la situation. Savoir que la fille d'un dirigeant des chimères, responsable de la mort, de plusieurs milliards d'êtres humains, est à notre merci et plutôt jouissif. Je le reconnais. Votre mort, dans des circonstances plutôt cruelles, longues et douloureuses serait une joie partagée par de très nombreuses personnes de par le monde. Moi compris. Certains y trouveraient une vengeance, d'autres auraient le sentiment que votre roi saurait enfin ce que nous avons endurés... »

Derrière Marilyn, Tégos ne cachait plus son grognement. La combattante recula et se mit en face d'elle : « Chut, ce n'est pas le moment ! ». Faisant un extraordinaire travail sur elle-même, la chimère réussit à contenir son grognement sourd. Néanmoins, elle brûlait d'envie de déchiqueter cette arrogante petite créature. L'homme continua son monologue, indifférent à ce qui se passait derrière lui :

« ... Seulement voilà, Doit-on juger les enfants sur les crimes ou la responsabilité de leurs parents ? Votre mort ramènera-t-elle les êtres chers à nos cotés ? Est-ce que nous nous sentirons mieux une fois que cela sera terminé ?... Rien n'est moins sûr. La loi du Talion nous dit de le faire, mais qu'est-ce que cela va engendrer ? Une nouvelle guerre ? Jusqu'à quand ? Jusqu'à ce que votre roi se rende justice ? Et combien de temps cette histoire va-t-elle durer ? Nos enfants ne doivent pas subir l'enfer que nous avons vécu. L'enfer de voir les siens massacrés sous ses yeux, et être totalement impuissant à les sauver... la voix du conseiller était redevenue normale. Cet enfer... je ne le souhaite à personne... personne... pas même à votre roi. Oui, vous m'avez bien entendu, confirma le conseiller en voyant l'expression de surprise, même pas à votre roi... Maintenant, dites-moi ce que vous êtes venu faire dans la zone dévastée. Et gare à votre réponse... »

Au fur et à mesure, que l'homme laissait sortir sa colère, la princesse comprit qu'elle risquait réellement sa vie. Depuis sa naissance, elle avait été protégée, choyée, et beaucoup lui passèrent ses caprices. Même les Silridriss la gardèrent en vie. Ici, la réalité la rattrapa : il y avait eu une guerre. Et son peuple, était responsable d'innombrables massacres envers les humains. Et, de manière compréhensible, ces derniers lui en voulaient. Si, à l'origine, elle avait voulu visiter cet endroit par caprice, comme une adolescente visite un musée, après cette tirade, son objectif était devenu bien plus mature.

« - Je suis venue pour voir les dégâts et les malheurs que ce conflit à causé.

- 'Les dégâts et les malheurs' hein ? Bien, ce sera fait ! Je repasserais ! Ensuite, vous quitterez cet endroit, et n'y reviendrez plus jamais. Ni vous ni aucun des vôtres. Car il n'y aura plus de dialogue si ce n'est par le langage des armes. Pour commencer, votre blessé va être évacué jusqu'à la limite de notre zone, l'espèce de machin noir et rouge le suit. Déclara-t-il en montrant Tégos du pouce par dessus son épaule. La justice du conseil est rendue ! »

M. Sanchez se retourna et regarda Tégos droit dans les yeux.

« - Vous, apprenez que primo, la prochaine fois que vous me grognez dessus je vous fait mettre une muselière. Secundo, je ne vous dois aucunement le respect, ni à vous ni à votre 'cheftaine'. Tertio, si vous n'êtes pas contente c'est pareil. Major ?

- Monsieur ? demanda Marilyn.

- J'ai fini, se reprit le conseiller, d'une voix tout à fait différente de celle qu'il employait jusqu'à présent. Presque agréable. Veuillez, me ramener à la sortie je vous prie. A plus tard ! » Termina-t-il en faisant, souriant, un signe de la main à Manuel.

Le pilote souleva sa main plus mécaniquement pour répondre au salut, que par réelle envie de dire au revoir au conseiller Sanchez. Il était encore sous le coup de la métamorphose du gentil grand-père. Son regard se posa ensuite, sur la princesse, celle-ci s'était de nouveau allongée et son regard se perdait dans le vide. Un peu comme un animal qui vient de se faire gronder. Manuel, gêné d'assister à ça, referma son armure et chercha à joindre Fernand.

« - Bah dit donc... je ne voudrais pas l'avoir en face de moi ton oncle...

- Non, moi non plus, je savais qu'il était dur, mais j'imaginais pas ça, répondit Fernand, qui avait suivi la discussion au travers des micros. D'un autre coté... je crois l'avoir un peu secoué.

- Comment ça ?

- J'ai discuté avec lui juste avant qu'il ne vienne voir la princesse des peluches. Il m'a demandé... non, il m'a ordonné de quitter la zone. Et j'ai refusé... Il m'a dit qu'il allait en toucher deux mots à ma mère.

- Aïe... Qu'est-ce que tu lui as dit ?

- Que la situation était trop grave pour que je puisse m'y soustraire... En plus, j'ai une dette envers les chimères. C'est un de leurs soigneurs qui m'a remis sur pieds après la baston avec les Silridriss.

- Que va-t-il se passer maintenant ? T'as une idée ? »

Manuel entendit Fernand soupirer avant de répondre :

« - Il a beau haïr ces bestioles du plus profond de son cœur, ce n'est pas un abruti. Il a compris que si la princesse était blessée ou pire, on risquait une nouvelle guerre. Je ne crois pas qu'il s'y risquerait : après avoir vécu l'enfer, on n'a pas vraiment envie d'y replonger...Même par vengeance. En tout cas, il va revenir, et il va probablement imposer une punition ou un truc du genre pour que la princesse se souvienne qu'elle n'est pas la bienvenue ici.

- Comme quoi ?

- Pas la moindre idée. Mais je te garantis que ce ne sera pas plaisant. Attends, il s'approche de moi, je vais essayer d'avoir des infos, je coupe la radio.

- Reçu. »

Manuel rouvrit sa machine, retira son harnais et son casque. Il était épuisé, sale, en sueur, et affamé. Il essaya de placer son nez sous son aisselle. L'odeur de fennec mort lui fit faire une moue de dégoût. Il s'approcha de Tégos, qui tentait d'intérioriser sa colère.

« - Que veux-tu ? Demanda la chimère, toute trace de politesse disparue

- Savoir comment va Kouiros. Je sais que vous pouvez avoir des informations grâce à la mémoire.

- En quoi cela te concerne ?

- C'est un ami. » Répondit Manuel du tac au tac.

La chimère regarda le jeune homme avec colère.

« - Écoute-moi bien toi, nous n'avons pas besoin d'amis dans le genre Humain ...

- Tais-toi Tégos. Tu dis des inepties. »

Si la colère transparaissait dans la voix de Tégos, la rendant sombre et menaçante. Celle de la princesse Salida, en revanche était douce et claire. Malgré cette douceur, le ton était tranchant.

« - Mais, princesse, je...

- Silence j'ai dit. Approchez, Doux-dingue. »

La chimère blanche releva lentement la tête. Manuel, méfiant, s'approcha doucement. Il sentait le regard pénétrant de la créature en face de lui, elle le regardait droit dans les yeux. Elle était à la fois interrogative et mélancolique. La tête de la chimère redescendit à la hauteur de la sienne. Seuls quarante centimètres les séparaient.

« - Comment savez-vous que Kouiros est votre ami ? La voix, douce, était dénuée de toute arrogance.

- Je le sais c'est tout. Il est venu nous voir dés qu'il a compris que vous étiez en danger. Et, vraisemblablement, il a demandé notre escadron...Je ne le connais pas depuis longtemps mais je suppose que c'est moi qu'il cherchait. Et je tiens à savoir comment il va.

- Il est vivant si c'est ce qui vous tracasse. Un de nos soigneurs a pris le relais des vôtres. Il est guéri mais il ne s'est pas réveillé. Il semble être dans un état que les vôtres appellent le coma. »

Le bruit d'une armure qui marche se fit entendre. La conversation se stoppa. L'armure de Redcross apparue, tous phares allumés. Il se dirigea vers le petit groupe puis ouvrit sa carcasse.

« - Bon, je vais sortir le blessé : un trente-trois tonnes nous attend dehors pour l'emmener hors de la zone. Là-bas il sera prit en charge par des éléments à vous, espérons qu'il n'est pas trop tard pour lui... Tégos, tu me suis : on lève le camp.

- Et la princesse ? Demanda Tégos.

- Je reste. Je suis venue chercher quelque chose, je ne repartirais pas sans.

- Alors je reste.

- Non, si tu as encore, à mon égard, un tant soit peu d'obéissance : pars.

- Mais je... Commença-t-elle à objecter.

- Si tu t'inquiètes par rapport à la réaction de mon père, saches que je te défendrais le cas échéant. Maintenant, pars... »

Les deux chimères se regardèrent en chien de faïence, puis Tégos détourna les yeux pour regarder Manuel.

« - S'il lui arrive le moindre malheur,...

- Il n'en sera pas responsable. » Compléta la princesse.

La métamorphose était sidérante : la princesse des chimères, qui, jusqu'à présent n'avait eu que des réactions d'enfant gâté semblait prendre conscience de ses responsabilités. Le jeune homme en resta bouche bée.

« S'il y a une responsable de cette situation, c'est moi. S'il y a un coupable des morts et des blessés, c'est moi. Et il est également de mon devoir de rencontrer les gens de la zone dévastée. N'oublie pas Tégos, que nous sommes responsable du malheur de ces gens comme les Silridriss sont responsable du nôtre. Je ne me soustrairais en aucune façon à mes devoirs. Maintenant, pars. »

La lourde armure déposa ses armes au sol avant de soulever le tapir inconscient. L'AMC couina sous l'effort généré par le poids de l'énorme créature. Et, doucement, Redcross se dirigea vers la sortie, il ne voulait en aucun cas tomber avec son précieux chargement dans les mains. Derrière lui, avançant à la même vitesse, Tégos semblait préoccupée.

« - Comment est-tu devenu ami avec Kouiros ? »

La question sortit Manuel de sa torpeur.

« - Je n'en sais rien, majesté. Répondit-il.

- De ce que j'ai compris, et vu dans la mémoire, vous avez eu peur ensemble lors du premier contact, et vous vous êtes battus ensemble contre les Silridriss... Est-ce suffisant pour se dire ''ami'' ?

- Je ne sais pas. Probablement.

- Et lui ? vous considère-t-il comme ami ?

- Aucune idée. »

Manuel commençait à comprendre ce que la princesse voulait lui montrer.

« - Ça fait beaucoup d'inconnues non ?

- Oui. » Il n'avait rien à opposer à la démonstration. Pourtant un petit sourire triste apparu sur le visage félin.

« - Alors je vais vous rassurer : Il vous considère aussi comme un ami. Mais pas Tégos... Elle, c'est tout le contraire : elle ne vous supporte pas. Elle n'aime pas Kouiros non plus.

- Pourquoi ? Ai-je été insultant envers elle ? Demanda Manuel.

- Non, ce n'est pas cela. Tégos est une chimère des plus puissantes. C'est une des seules à manipuler les flammes. Et, Kouiros, en me sauvant la première fois des Silridriss a remis en cause beaucoup de choses. Entre-autre sa place parmi les gardes du roi. Il a pu prouver qu'une chimère avec un pouvoir des plus limité pouvait faire de grandes choses. Un doute est né dans l'esprit des plus puissant d'entre-nous. Tégos en fait partie. Les pouvoirs considérés comme les plus destructeurs ou les plus impressionnants que nous ayons étaient-ils réellement aussi efficaces ? Dans ce cas, pourquoi ceux qui les possédaient n'avaient pas trouvé le moyen de venir me libérer.

A notre arrivée dans votre monde, certains d'entre-nous considérèrent l'Humanité comme faible et secondaire. Au fur et à mesure que s'organisait votre défense vous êtes devenus de puissants adversaires, équivalent en dangerosité aux Silridriss. Kouiros et vous étant des êtres à part : courageux et perspicaces, votre rencontre a eu l'effet d'un séisme. Pour la deuxième fois, avec votre aide, il réalisa un acte que tous considérait comme impossible : une relation sans armes avec l'Humanité.

Votre alliance temporaire et ce qui se passa près de notre cité ébranla de nouveau notre approche de l'humanité et nos capacités. Les soins que vous m'avez apportés ont fini de détruire les reliquats de cette pensée basée sur la puissance en Erapha.

Celles et ceux qui ont les capacités les plus évoluées comme Tégos s'interrogent désormais sur leur devenir et surtout, sur ce qui fait votre efficacité, vous qui ne possédez pas une once d'Erapha.

- Qu'est-ce c'est ?

- Ce sont les Silridriss qui appellent cette énergie ainsi. Jusqu'à présent, nous la nommions juste par ce qu'elle était : ''énergie de vie''. N'ayant pas de terme approprié, dans notre langue, ni dans la vôtre, je pense que lui donner ce nom n'est pas si mal. Au moins, si vous rencontrez encore ces monstres, vous saurez ce que signifie ce terme.

- Une énergie ? Qui se trouve où ? Demanda Manuel.

- Dans tout les êtres vivants. Les espèces les plus évoluées peuvent la ressentir, et pour certains, la manipuler. Mais si votre monde est plein de vie, il y a peu d'Erapha, personne ne l'explique chez nous. C'est... Paradoxal. Toujours est-il, que vous n'avez pas besoin de cette capacité pour être de sacrés combattants. Cela bouscule beaucoup d'idées préconçues.»

Manuel repensa à sa rencontre avec Tégos ainsi qu'à ses réactions. Il était clair qu'elle était restée polie, mais uniquement pour avoir des informations et pouvoir les accompagner. Elle avait agit uniquement en fonction de ses propres objectifs.

« - D'une certaine manière, venir me chercher était un moyen pour elle de remettre Kouiros à sa place et, par la même occasion, de montrer son efficacité face aux Humains.

- Elle voulait se battre ?

- Probablement. C'est l'une des raisons pour laquelle je l'ai congédiée.

- A table ! »

La voix de Marilyn sonna la fin de la discussion. Elle sortit de la pénombre en tenant un manche à balais sur lequel était accroché une vingtaine de lapins morts.

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