20 : Divergences (2/2)

Après avoir traversé le couloir qui menait à la salle du trône de la gouverneure, Arsear remarqua que les couloirs étaient étrangement déserts. Pas de garde, pas un seul esclave, ni conseiller ni archiviste ou personnel administratif.

Mais qu'est-ce qui se passe ?

Il poussa lui-même la porte de la grande salle. Quelques heures plus tôt, il avait quitté Ragoune après que celui-ci lui ai promis de lui laisser le soin du châtiment de la gnome responsable d'un tel fiasco. Le Silridriss était retourné sur son navire et avait appris que la gouverneur désirait le voir.

La salle du trône était baignée de cette lumière jaune et rouge du soleil couchant. Au fond, la gouverneur était assise sur son trône, visiblement abattue par les événements, le petit livre à reliure de cuir entre les mains. Arsear se rapprocha, puis il lui présenta ses respects de manière usuelle. Mais elle ne bougea pas, ce fut à peine si elle releva la tête.

« - Relevez-vous Capitan je vous prie. » Murmura-t-elle doucement.

Arsear s'exécuta. Il attendit un moment avant d'engager la conversation.

« - Pourrais-je connaître les raisons de ma présence en ces lieux Ô gouverneur ?

- Veuillez oublier le protocole, nous ne sommes que tout les deux.

- Bien gouverneur. »

Elle se leva lentement, la carte et la table apparurent.

« - Les membres des troupes que nous avions capturés venaient tous d'ici, dit-elle en montrant la Chine après avoir posé le livre sur la table. Nous avons donc décidé de renvoyer ces deux démons là-bas. Commenta-t-elle en montrant une île. Ils ont des langues multiples, avec un peu de chances ils s'entre-tueront entre-eux....

- C'était une erreur.

- Pardon ?

- Les deux pilotes qui ont été éjectés venaient d'ici ».

Arsear désigna un lieu au cœur des montagnes, un peu plus au nord de l'île. La gouverneure ne montra aucune réaction en se contentant de regarder la carte d'un air dépité.

« - Capitan, je vais vous demander l'impossible. Mais, de nous tous, je pense que vous êtes celui qui a le plus de chances de réussites.

- Demandez, et il sera fait selon vos désirs.

- Capitan, trouvez un moyen pour éliminer ces deux choses. Leur destruction doit être votre priorité... »

Elle ne le pense pas...

Arsear constatait qu'elle n'était pas convaincue de ses paroles. Quelque chose s'était passé. Et pourquoi lui donner cette mission lorsque le palais était vide ?

« ... Même si je venais à disparaître, ne vous arrêtez jamais. Il en va de notre survie.

- Il sera fait selon vos désirs.

- Merci Capitan, vous pouvez disposer. »

La gouverneure se retourna et se dirigea vers le trône. Le regard du Capitan jeta un éclair au petit livre relié de cuir. Avec un geste aussi rapide que précis, il le glissa dans ses vêtements.

Je tiens à savoir ce qui se passe !

Il quitta la pièce après que la gouverneur ait disparue derrière des tentures. Il marcha parmi les couloir vides du palais, élaborant une stratégie qui serait efficace contre un adversaire aussi puissant.

Avant tout, je dois savoir ce que j'affronte... Fut la seule chose dont il était convaincu à sa sortie du bâtiment. Dehors, la nuit était tombée et il n'y avait plus personne dans les rues.

Voyons voir ce qu'est-ce livre...

Il examina la couverture pour commencer. Mais, en dehors de la reliure de cuir brun, il n'y avait aucune marque, aucun titre, quel qu'il soit. Le Silridriss, interrogatif et un peu surprit l'ouvrit à la page de garde.

Il le referma d'un coup sec, horrifié. Dans sa précipitation l'ouvrage tomba au sol. Il se jeta dessus pour le maintenir fermé.

Non, pas la gouverneure ! Pas elle ! C'est impossible.

Il chercha du regard dans la rue quelqu'un qui aurait pu le voir avec un tel document. Mais il n'y avait personne.

Il cacha de nouveau le document sous ses vêtements se levant et rentra d'un pas décidé dans ses quartiers. Il s'enferma dans son bureau, et se servit un verre d'un liquide bleuâtre et un peu visqueux après avoir posé le livre sur son bureau. Il s'y assit, le livre fermé devant lui, le jaugeant du regard comme il l'aurait fait avec un adversaire extrêmement dangereux. Le Silridriss posa doucement la bouteille à gauche du livre, et le verre à droite. Il tenta de le prendre délicatement, puis se ravisa. Il finit par regarder l'ouvrage sans vraiment savoir quoi faire, les coudes sur le meuble et les mains sur les joues.

Et maintenant, qu'est-ce que je fais ? Et surtout, qu'est-ce que j'en fait ?

*

* *

*
Le commandant Sarlen ne trouvait pas le sommeil. Il tournait et retournait dans son lit sans vraiment trouver le repos. Ne sachant trop quoi faire, il se leva et s'habilla. Il sortit dans la nuit et se dirigea vers le centre. Il saluait les soldats et les chimères qu'il croisait en se disant qu'il se devait de maintenir l'espoir dans les rangs. Même si lui-même n'y croyait plus vraiment. Malgré la performance non négligeable des Berserkers, chacun avait vu avec quelle sauvagerie les Silridriss pouvaient frapper. Cela avait profondément choqué l'opinion publique, et deux mouvements apparaissaient : ceux qui voulaient la guerre totale, et ceux qui auraient préféré la paix. Même si cette paix n'était que temporaire.

Sarlen ne savait trop quoi penser, la paix ? Pourquoi pas, mais il fallait que cette dernière soit durable. Et, au vu de ce qu'il avait constaté, les Silridriss se savaient plus forts que les espèces Humaine et Chimérique réunies.

Il descendit dans les profondeurs du centre de recherche pour rejoindre un petit détachement de soldats et d'armures de combats équipés d'armes lourdes devant une porte blindée.

« - Pas de mouvement ? Demanda-t-il en regardant la porte

- Non mon commandant. »

Lorsque l'équipe de recherche était revenue, ils avaient immédiatement emmenés les deux armures dans les profondeurs du centre et les avaient mises à l'isolement. Les deux pilotes furent envoyés dans un service de soin intensif.

« - Mon commandant ?

- Oui lieutenant ?

- Ces trucs ne risquent pas de sortir hein ?

- Les risques sont infimes : il n'y a pas de pilotes.

- Alors pourquoi sommes-nous là ?

- Au cas ou l'accident se produirait quand même. Même si celui-ci est infime. Restez sur vos gardes : ce sont les premiers prototypes que l'on peut considérer comme réussis, nous ne savons rien d'eux.

- Bien mon commandant. » répondit le soldat.

Un peu plus loin, deux soldats entendirent l'échange, l'un des deux commenta doucement :

« - C'est pas avec des balles et des explosifs qu'on va arrêter une telle merde. »

Sarlen était d'accord avec lui. Mais il ne pouvait rien dire, il fit semblant de ne pas avoir entendu. Puis, il tourna les talons et se dirigea vers les locaux où les deux pilotes étaient soignés.

Devant leur chambre, il trouva un homme en blouse blanche, assis sur l'un des bancs, regardant fixement un des deux blessés. Il poursuivit son chemin jusqu'à la machine à café. Il en prit deux, puis alla s'asseoir aux coté de cet individu. Il l'avait identifié dés qu'il l'avait entrevu dans le couloir : Le professeur Ferreira.

« - Comment vont-ils ? Interrogea le vieux soldat en tendant le gobelet en carton.

- Ils sont tous les deux dans le coma. D'après les médecins, ce n'est pas plus mal : ils souffriraient le martyr.

- Avez-vous vu ce qu'il s'est passé ?

- J'étais aux premières loges, dans la salle des VIP, en haut. Je n'aurais jamais dû créer cette machine.

- Si vous ne l'aviez pas fait, votre fils serait mort. »

Face à une telle évidence, le professeur garda le silence. Sarlen se leva se s'approcha de la vitre. Derrière, deux personnes étaient recouvertes de bandages et, en certains endroits de plâtres. Un respirateur artificiel les aidaient à respirer doucement et une dialyse avait été mise en place pour chacun d'entre eux. Des poches de sang et de divers produits pendaient sur leurs perches, transmettant goutte à goutte les produits chargés de les garder en vie. Il toucha la vitre et les dossiers médicaux apparurent. Le commandant comprit pourquoi les médecins restaient septiques sur leurs chances de survies : la liste des pathologies étaient assez longues : fractures, déchirement musculaires, ruptures des ligaments, intoxication aux métaux lourds, multiples plaies internes et externes... la liste continuait sur plusieurs pages. Visiblement, tout les organes, vitaux ou non avaient été maltraités.

« - Est-ce qu'ils ont repris connaissance depuis leur arrivée ?

- Juste Manuel. Le temps de demander la présence de Marilyn... »

S'il savait... pensa le vieux combattant en laissant aller son front contre la vitre.

« ...Je veux retourner sur le projet Berserker.

- Maintenant que votre fils est l'un des sujets d'expériences, c'est impossible. Je vais même devoir déplacer Mylène sur un autre projet. Pour garantir l'objectivité des choix qui vont être pris, ni elle ni vous ne devez plus y participer.

- Mais c'est mon fils !

- Et c'est notre espèce. Au regard du danger qui la menace, la vie d'un homme est bien peu de chose. Vous-même devez bien le comprendre, non ? »

Le professeur Ferreira garda le silence, intériorisant sa colère, cherchant une réponse à donner au vieux combattant aguerri. Mais le soldat continua :

« - Je vous rassure professeur, il ne sera jamais mieux entouré et protégé qu'il ne l'est maintenant. Et je doute que l'équipe scientifique prenne le risque de perdre un seul des pilotes allongés devant nous. »

Face à une telle évidence, le père de Manuel resta pensif. Le commandant Sarlen fini son café avant de reprendre son chemin dans le couloir. Ce soir, la mère du second pilote dormait en prison pour avoir voulu forcer l'entrée du centre de recherche. Il se dit qu'aller la voir, et lui donner des informations sur l'état de santé de son fils serait la moindre des choses. De plus, si elle se calmait, il pourrait peut-être la libérer.

« - En attendant, déclara le professeur assez fort pour que combattant entende, je suis content que cette histoire soit finie. »

Le commandant s'arrêta, à ses paroles, avant de se retourner légèrement et de répondre :

« - Je regrette professeur, mais cette histoire ne fait que commencer, je le crains. »

Il reprit sa route, laissant le professeur devant les corps gravement blessés des deux pilotes.

[Ndla : je vous conseille d'écouter la musique suivante qui fera office de générique pour ce tome. Pour comprendre pourquoi celle-ci et pas une autre... les paroles et la traduction sont en dessous]

Merci au site de la coccinelle de m'éviter de tout retaper...

[Couplet 1]

[Couplet 1]
I can't remember anything
Je ne me souviens plus de rien
Can't tell if this is true or dream
Je ne peux pas dire si c'est la réalité ou bien un rêve
Deep down inside I feel to scream
Au plus profond de moi je ressens le besoin de crier
This terrible silence stops me
Ce silence terrible me bloque
Now that the war is through with me
Maintenant que la guerre en a fini avec moi
I'm waking up I cannot see
Je me réveille, je ne peux pas voir
That there is not much left of me
Qu'il ne reste pas grand chose de moi
Nothing is real but pain now
Rien n'est réel sauf la douleur désormais

[Refrain]
[Refrain]
Hold my breath as I wish for death
Je retiens mon souffle en souhaitant la mort
Oh please God, wake me
Oh mon Dieu, je t'en prie, réveille moi

[Couplet 2]
[Couplet 2]
Back in the womb it's much too real
De retour dans le ventre de ma mère, c'est trop réel
In pumps life that I must feel
Je dois ressentir la vie par pulsations
But can't look forward too reveal
Mais je ne peux attendre impatiemment pour révéler
Look to the time when I'll live
Je regarde le moment où je vivrai
Fed through the tube that sticks in me
Nourri avec le tube qui est planté en moi
Just like a wartime novelty
Comme une nouveauté en temps de guerre
Tied to machines that makes me be
Relié à des machines qui me gardent en vie
Cut this life off from me
Coupez cette vie de moi

[Refrain]
[Refrain]

Now, the world is gone, I'm just one
Maintenant, le monde a disparu, je suis seul
Oh God, help me
Oh, mon Dieu, aide moi
Hold my breath as I wish for death
Je retiens mon souffle en souhaitant la mort
Oh please God, help me
S'il te plaît mon Dieu, aide moi

Darkness emprisonning me
Les ténèbres m'emprisonnent
All that I see
Tout ce que je vois
Absolute horror
C'est l'horreur absolue
I cannot live
Je ne peux pas vivre
I cannot die
Je ne peux pas mourir
Trapped in myself
Prisonnier de moi
Body my holding cell
Mon corps, ma cellule de détention

Landmine
Une mine (1)
Has taken my sight
A pris mes yeux
Taken my speech
A pris ma voix
Taken my hearing
A pris mon ouîe
Taken my arms
A pris mes bras
Taken my legs
A pris mes jambes
Taken my soul
A pris mon âme
Left me with life in hell
Et m'a laissé avec une vie en enfer

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