20 : Divergences (1/2)
« - Où est la machine blanche ?
- Pardon ? Demanda Ragoune
- Où est la seconde machine ? »
Concentré sur l'échange de tirs entre le berserker orange et le taranta, Ragoune n'avait pas remarqué que le loup blanc avait disparu. Visiblement, il n'était pas le seul, les artilleurs du taranta continuaient à fixer leurs tirs sur le modèle lourdement blindé.
« - Là ! »
Ragoune venait de le voir, elle se déplaçait à haute vitesse sur le sol de l'arène. Elle prit soudain son envol sous le dôme de protection. Les ailes déployées, suivant des trajectoires totalement imprévisibles. Elle se rapprocha du taranta. Certains artilleurs lui envoyèrent un feu nourri qu'elle esquiva avec facilité.
Elle se posa à l'avant de l'énorme machine, juste en dessous de la principale pierre de vision. Les ailes déployées, accroché avec sa main droite et ses jambes sur l'immense face verticale. Elle avait trouvé un angle mort.
Il y eut un temps de vide où rien ne se passa, tout le monde s'interrogeant sur cette manœuvre. Comme pour répondre à la question, un son grave résonna dans l'arène, à peine audible au début, il gagna de plus en plus en puissance jusqu'au point où les spectateurs durent se boucher les oreilles ou leurs équivalents.
Les unes après les autres, les batteries se turent dans le bruit assourdissant. Petit à petit, des morceaux du taranta se brisèrent, il fini d'ailleurs par s'écrouler, et se briser en plusieurs morceau au sol.
A travers la fumée et la poussière soulevées par la chute de l'énorme engin, deux lumières et un reflet cuivré percèrent.
*
« Nom de dieu... »
Le dernier mot prononcé par un des opérateurs résonnait lentement dans le centre de contrôle commande de Clermont-Ferrand. Le silence qui avait suivit la destruction du taranta venait d'être brisé. Sur les écrans, parmi les épaves, deux ombres se déplaçaient lentement en direction de la porte de l'arène. Elles marchaient sans se presser, n'ayant, semblait-t-il, pas grands chose à craindre. Dans les gradins, un mélange d'incrédulité et de panique avait gagné le public.
*
La chimère en état de panique elle aussi libéra son pouvoir alors que tout le monde était sous le choc. Des consoles éclatèrent et des opérateurs hurlèrent en se protégeant du mieux qu'ils le pouvaient. La créature chancela avant de revenir debout. Deux consoles s'arrachèrent à leur socles.
« - Arson !
- Il ne contrôle plus rien ! Faut le faire sortir ! »
Une troisième console se désolidarisa du sol. Les deux chimères qui étaient au coté de celle qui avait paniqué s'écartèrent, ne sachant vraisemblablement pas quoi faire.
Des ronces sans épines sortirent du sol et enserrèrent la créature complètement déboussolée. Elle envoya les consoles volantes sur les plantes, mais elle ne réussit qu'a se blesser elle-même.
En un rien de temps elle fut immobilisée. Et ses yeux furent masqués par les plantes. Il respirait bruyamment et rapidement.
Sellgan entra dans la pièce, les yeux blancs. La prétendant à tête de loutre jeta un regard de colère et de mépris à celle qui avait perdu tout contrôle sur elle-même. Il se dirigea directement vers le commandant Sarlen. Arson s'écarta lentement de son passage. Le vieux soldat vit qu'il était décidé, et nul ne lui barrerait le passage sans en payer le prix. Il allait lui adresser la parole mais la chimère le prit de court :
« - Commandant, Arson nous a mit au courant des capacités possibles de votre machine. Je sais que je n'ai aucun droit pour vous demander quoi que ce soit. Mais, si vous en avez la possibilité, par pitié, sortez la princesse de cet enfer. »
Derrière le commandant Sarlen, les opérateurs reprenaient leur postes, beaucoup signalaient des avaries informatiques. Apparemment la salle des serveurs à coté de la pièce principale avait été endommagé lors de la perte de contrôle.
C'était déjà pas simple avant... là, ça va vraiment être compliqué.
*
« - Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda Mylène devant le petit écran de télévision.
- Destruction par fréquence propre. Du moins, je crois... je connais la théorie, mais c'est la première fois que je la vois en application, murmura James.
- Peux-tu expliquer ? Intervint Malik.
- Pour faire simple, tout matériel, du bâtiment d'habitation au plus petit objet du quotidien possède une fréquence propre, qui est fonction de pas mal de paramètres. Si on atteint cette fréquence, la cible entre en résonance et s'autodétruit.
- Tu déconnes là ?
- Non.
- Eh ! Il se passe quelque chose dans l'arène. »
Une sphère bleue, lumineuse commençait à briller au centre de l'arène. Rapidement elle engloba les deux armures qui s'étaient retournées pour la regarder, le navire endommagé et les différentes épaves avant de disparaître. Laissant l'arène vide.
*
« - Perte de contact satellite ! »
L'affirmation ramena l'attention sur la bataille en cours.
« - Comment ça ? Interrogea Sarlen.
- Ils étaient là, ils n'y sont plus !
- Ils sont chez nous ! Accès par satellite GeoStat numéro quatorze ! Cria un autre technicien
- Où ? Demanda le commandant
- On dirait... je reçois les infos... Sicile ! Ils sont en Sicile !
- Professeur, arrêtez-moi ces engins ! Fournissez-moi les vues satellites du secteur ! Est-ce que la princesse est avec eux ? »
Sur l'écran principal, les images de l'arène disparurent. Un technicien déclara que les Silridriss n'émettaient plus. L'écran montra rapidement une vue aérienne de la zone en question. Deux armures se regardaient à coté d'un ancien navire de transport en très mauvais état.
« - Envoyez des secours, mais qu'ils n'interviennent que quand on aura éteint ces bordels ! Prétendant Sellgan, comment va la princesse ?
- Elle est sur le point de mourir.
- Rassurez-la, dites lui que les secours sont en route.
- C'est déjà fait.
- Professeur !
- On essaye ! »
*
Dans le petit local, profondément enterré, Mylène et les deux techniciens cherchaient à éteindre les deux machines de guerres. Ils leur avaient coupé physiquement les accès au supercalculateur et cherchaient un moyen de les mettre en veille. Mais aucune ligne de code ne fonctionnait, les deux berserkers voulaient encore en découdre.
Mylène trouva la solution en évitant les lignes de code. Elle marqua simplement : ''C'est fini frangin, tu es sorti, arrête-toi. La bataille est terminée.''
L'une après l'autre, les deux machines s'écroulèrent comme des jouets d'enfants.
*
* *
*
Cela faisait des heures que les secours avaient rejoins le lieu où les machines étaient réapparues. Le commandant Sarlen s'était isolé dans son bureau. Il regardait les équipes de maintenance réparer les dégâts causé par la chimère. Plusieurs soldats avaient été blessés plus ou moins gravement lors de sa panique, ils avaient été menés à l'hôpital rapidement.
Le vieil homme s'était servi un fond d'alcool. Il estimait en avoir besoin avec ce qu'il s'était passé ces dernières heures.
Je deviens trop vieux pour ces conneries...
Quelqu'un frappa à la porte.
« - Entrez. » Dit-il de manière plus informative qu'autre chose. Il se sentait las de tout ces combats.
Un capitaine entra, il avait la trentaine d'année.
« - Mon commandant. Je viens pour vous faire un rapport complet sur la situation comme vous me l'avez demandé.
- Je vous écoute.
- Pour commencer, les informations venant des équipes de secours. Les deux pilotes ont été extrait de leurs engins. Mais leur état est très grave, les médecins sur place ont engagé le pronostic vital ... »
Tu m'étonnes : c'est comme s'ils étaient passés dans un broyeur...
« ... Ils sont tout les deux placés en stase et rapatriés au centre de recherche le plus rapidement possible. Leurs machines les accompagnent dans d'autres ADAV. Après expertise de l'épave, aucune trace de vie n'y a été trouvée...
Quoi ?
« ... L'ensemble de la superstructure a subit de gros dégâts et il y a peu de chance que ce navire reprenne un jour la mer.
- Attendez, et les chimères ? La princesse ?
- Aucune trace.
- Y'avait des Silridriss dans les sarbacks qui les ont attaqués, où sont-ils eux aussi ?
- L'équipe n'a rien trouvé, juste la poussière des nanomachines autodétruites de la matrice de création, et le corps brûlé d'un soldat à nous. »
Le vieux soldat resta pensif à cette affirmation.
Les berserkers ont fait place nette lors de leur création. Ils ont détruit tout ce qui se trouvait à portée... Pourtant, les autres chimères sont toujours en contact avec la princesse... Peut-être même avec son garde du corps. Où sont-elles ? Dans les armures ? Impossible, y'a pas la place. Dans le Sleipnir ? Non, y'a rien de biologique là dedans.
« - Commandant ?
- Continuez.
- La salle du contrôle-commande maintenant. Les dégâts sont plus sérieux qu'il n'y paraît, l'onde électromagnétique produite par la chimère a causé de sérieux dégâts dans la salle des serveurs. L'ensemble des données relatives à ce qui s'est passé sont endommagées...
- N'y avait-il pas une cage de Faraday là-bas ?
- Non, elle devait être installée le mois prochain. Seul le Sleipnir possède cet équipement, il est intégré sur tout les supercalculateurs... »
Merde !
« ... Ensuite, le monde entier à vu les Berserkers à l'œuvre. Le haut commandement nous demande ce qui nous a prit de les utiliser sur le théâtre d'opération. De ce que je sais, le haut commandement subit de grosses pressions de la part du gouvernement pour la fabrication à grande échelle. Les chinois exigent les plans de ces armures... »
Ben voyons...
« ... Les chimères ont très mal prit le fait de ne pas être informées de l'étude de cette arme. Et, notre incapacité à protéger un membre de la famille royale fait qu'elles s'interrogent sur la suite à donner à notre alliance.
- Dites-leurs que la princesse n'est pas encore morte, tant que l'on a pas retrouvé le corps, ou que le contact avec la mémoire est rompu, elle est vivante quelque part.
- C'est ce que disent les pro-humains selon Arson, mais ils ne sont pas nombreux. La plupart sont très déçus. »
Le vieux soldat s'assit sur son fauteuil et resta pensif.
Avais-je vraiment le choix ? Risquer que les Silridriss tombent dessus ? Que faire maintenant ?
« - Merci Capitaine. Vous pouvez disposer. »
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