19 : Berserker ! (3/3)

« - Je rêve ou il l'a soulevé d'une main ?

- Vous ne rêvez pas Arson. Maintenant, ça va chier, fit le commandant en lisant les commandes à l'écran.

- Et la princesse ? »

*

Putain, mais pourquoi ça ne fonctionne pas ?

Dans le réduit technique, Mylène entrait une énième fois la même commande. Qui se solda par un énième refus. Le téléphone sonna.

« -Malik, répond s'il te plaît !

- Centre de test quatre... Oui. Mylène, c'est le commandant, il veux savoir où ça en est pour la princesse...

- Je suis dessus... Mais ce bordel à modifié de lui-même ses priorités J'en chie.

- On s'en occupe commandant. » Déclara le technicien noir avant de raccrocher et de regarder par dessus l'épaule de Mylène. L'écran était parsemée de commande refusées. La jeune femme laissa échapper un râle de protestation avant d'écrire textuellement : ''mais tu vas faire ce que je te dis machine de merde !''

Malik savait que c'était un moyen pour elle d'exprimer sa colère face à un programme qui lui résistait. Généralement, la console donnait une réponse d'erreur. Là, elle répondit ''Négatif'', les laissant complètement interdit dans le petit local.

« Merde... » murmura le technicien qui du lire à plusieurs reprises le petit mot de sept lettres totalement incongru dans ce charabia de langage informatique. La jeune femme finit par écrire :

''Manuel ?''

>> Positif

''Comment ça va ? »

>> Douleur confirmée.

>> Danger confirmé.

>> Soutien requis.

''Y'en a plus pour longtemps, Il faut que tu sauves la princesse''

>> Erreur. Directive prioritaire 3 & directive secondaire 6 verrouillées. Processus refusé.

Mais c'est quoi ces directives ?

Mylène et Malik se regardèrent, totalement décontenancés.

*

Dans l'arène, les sarbacks restant ouvrirent un feu nourrit sur la machine blanche. Même s'ils étaient plus précis que les anciens modèle sur le tir, ces derniers manquaient assez fréquemment leur cible. Le Berserker plaça son bras gauche comme s'il tenait un bouclier, ses ailes se déplièrent pour boucher les côtés et le protéger. Les queues se replièrent derrière lui.

Il encaissa les projectiles des sarbacks sur un bouclier d'Erapha, quasiment identique à ceux des Silridriss. Mais ce dernier il était d'un bleu outremer, et les motifs éphémères qui l'ornait semblaient bien différents. Rapidement, il fut noyé dans la poussière généré par les tirs manqués qui frappaient le sol.

*

« - Un bouclier ? Arson était stupéfait.

- Il l'a déjà analysé et copié. A mon avis, les armes de tirs ne vont pas tarder. Où est-ce que c'en est avec la princesse ?

- L'équipe de technicien est dessus. Apparemment les priorités de la machine ont changé, répondit un opérateur.

- Ça j'en ai rien à foutre : les miennes sont toujours les mêmes ! Au boulot !

- Oui mon commandant. »

Le vieux soldat vit la responsable du projet, dans un état de stase avant de constater qu'elle tremblait.

« - Que ce passe-t-il professeur ?

- Commandant, les pilotes sont inconscients et les chimères mortellements blessées, pourtant cette machine se déplace, se bat, et prends des initiatives. »

Le commandant Sarlen ne comprit pas tout de suite de quoi parlait le professeur Wolkeazurblau. Pourtant quand la remarque le frappa, un frisson glacé lui parcouru l'épine dorsale.

Qui pilote ce bazar ?

*

« - Berserker deux opérationnel. J'envoie les codes d'autodestruction de la matrice de création. » dit James, aussi calmement qui s'il lisait un bulletin météo. De son coté, Mylène était totalement accaparé a tenter de comprendre ce qu'était les deux directives qu'avait donné Manuel au travers de l'ordinateur. Malik, s'assurait de temps en temps le chargement du supercalculateur, mais, la majeure partie du temps, son attention était fixé sur le petit écran.

« - Mylène, écoute les musiques, j'ai l'impression que le Berserker nous parle a travers elles : d'abord ''seven nation army'' maintenant ''given up''... »

*

Voyant que les armes de tir étaient sans effets, les Silridriss restant se lancèrent à l'assaut de la machine humaine galvanisé par les clameurs du public. Cette dernière avait démarré un nouveau morceau de musique particulièrement agressif. Avec une accélération foudroyante, le Berserker sortit du nuage de fumée et les prit de cours. Il se jeta dans la mêlée avec la furie d'une bête sauvage. Sur son premier adversaire il attrapa les armes de tirs et sauta en prenant appui dessus, avant de retomber lourdement sur le poste de pilotage de l'autre coté du Sarback. Non prévus pour recevoir une telle masse, il l'écrasa comme s'il avait été passé sous une presse hydraulique. Ses queues arrachèrent le torse et s'enroulèrent autour des différents organes de combat. Deux adversaires arrivèrent de chaque cotés. Les attaques furent stoppées par les cimeterres de la pièce rapportée. Il pivota sur la droite et envoya un low-kick gauche dans les pattes ennemies. La violence du choc fut telle que le Sarback fit une envolée et pivota de quatre-vingt-dix degrés. Une frappe suffit ensuite à se débarrasser du gêneur.

Pendant ce court échange de coups, la pièce rapportée affronta son ancien frère d'armes. Protégeant du même coup l'armure blanche.

Deux nouveaux adversaires se jetèrent sur lui. Il ramena le torse arraché au niveau de ses membres inférieurs et le leur projeta d'un coup de pied. L'effet fut celui d'une boule de bowling frappant des quilles. D'un pas-chassé digne d'un danseur professionnel il esquiva l'attaque du dernier agresseur avant de le rouer de coup. Autour de lui la nasse se refermait.

D'un mouvement d'ailes le loup blanc s'en extirpa, entre les mains, un cimeterre. Il s'empressa de le jeter sur l'un de ses malheureux adversaires sans aucune hésitation. Deux ou trois tirs à son attention furent évités avant qu'il ne se replonge dans la mêlée. Il se mouvait avec une aisance insultante, enchaînant des actions et des positions aussi improbables que violentes. Il se tenait parfois sur une main, ou sur les queues, et il utilisait ses ailes pour lui fournir des accélérations extraordinaires quand il ne se débarrassait pas d'un de ses ennemis avec. Il ne s'agissait plus de prouesse de pilotage, l'engin semblait réellement vivant. Lors d'un dérapage il ramassa le fusil à pompe d'un chinois décédé. Quelques secondes après, l'équipement était analysé et intégré à sa manière de combattre. Coups de crosses dans les éléments sensibles des Silridriss, tirs à bout portant dans les habitacles. Une fois l'arme vide, il l'enchâssa dans un ennemi de manière à ce que le canon ressorte de l'autre côté. Il ne fallut pas longtemps avant qu'un coup de pied bien placé n'envoie un fusil d'assaut entre ses mains. Celui-ci subit le même traitement et eut une finalité identique.

*

« - Sa cuisse ! Cria Arsear en se levant avec violence.

- De quoi ?

- Il y a un truc qui pousse sur sa cuisse !

- De toute façon, ils ne peuvent pas vous entendre d'ici.

- Comment on les contacte ? »

Devant eux, dans l'arène, les sarbacks se faisaient mettre en pièce par une seule machine. Elle esquivait, frappait et se dérobait comme un souffle de vent. Les coups de ses adversaires ne faisaient que trancher de l'air ou taper des protections. Que ce soit du tir ou des coups, la machine esquivait ou bloquait pour contre-attaquer. Il voyait ce qui se passait tout autour de lui, comme s'il avait eu des yeux dans le dos ou quelqu'un pour lui dire quoi faire. Parfois, ses mains ou sa queue rencontrait l'arme d'un infortuné pilote d'AMC décédé. Il la ramassait et l'utilisait à bout touchant. Le chargeur vidé, il la plantait dans un Sarback ou la projetait avec violence. La porte de l'arène s'ouvrit pour déverser deux autres groupes d'adversaires.

Soudain, une étrange détonation retentit.

Ce n'était pas une arme Silridriss, Arsear en était sûr. Il avait depuis trop longtemps combattu pour les reconnaître. Elle n'était pas humaine non plus, il en était certain.

L'ensemble des combattants se stoppèrent sous la surprise. Un Sarback s'écroula, coupé en deux. Une énorme arme de poing encore fumante était apparue dans la main gauche de la machine humaine. Sur sa cuisse gauche, le holster. L'arme était un étrange mélange de pistolet et de revolver. Le canon, bien que plein, était encore fumant, des tuyaux couraient sur les extérieurs de l'arme, à certains endroits des ailettes s'ouvrirent pour laisser échapper un fumet de gaz de refroidissement.

Malheureusement pour les combattants restants, ils n'eurent pas le temps de s'interroger sur la manière dont cette arme était arrivé là. Une rafale de projectiles provenant du navire de transport leur fit comprendre la présence d'une autre menace.

*

« Lancez les sorts d'entraves et éliminez-moi ces horreurs ! »

Dans l'arène un autre Berserker venait de faire son apparition sur le pont du navire. Même si, dans la forme, elle était similaire, le style était radicalement différent. Elle était orange, comme recouverte de cuivre, et visiblement très lourde, c'était un modèle à facettes. De la tête aux pieds, il était blindé. Seul un museau carré, bestial, sortait d'un casque lisse comme un miroir dont on ne voyait pas la plus petite ouverture. Sur ses épaules, une étrange structure noire en nid d'abeilles. Dans son dos, le même réservoir que son prédécesseur cerné par deux énormes réacteurs. De là où il était, il arrosait d'un tir soutenu le groupe de sarbacks qui entourait l'armure blanche. Les projectiles sortaient du dessous de ses mains, comme s'il cachait ses armes dans ses manches. Une ou deux fois, le loup blanc pivota, inclina une aile ou la tête pour laisser passer un tir qui ne lui était pas destiné avant de reprendre son assaut, appuyé par son confrère.

« - Faut les faire sortir de là. S'en débarrasser rapidement, sinon on va être totalement décrédibilisé. »

*

Arsear, assis sur le siège ne pouvait détacher ses yeux du fiasco qui se déroulait devant lui. Tandis que l'armure cuivrée tirait sur les arachnoïdes Silridriss, la seconde les engageaient au corps à corps. Un implacable massacre unilatéral identique à celui qu'ils avaient provoqué se perpétrait sous leurs yeux. Mais cette fois c'était à leur dépends.

« - Vous n'y pensez pas Capitan...

- Si, je ne sais pas ce qu'est cette chose, mais elle m'effraye... Les humains ne maîtrisent pas l'Erapha. Ils n'ont d'ailleurs aucun pouvoirs. Absolument aucun. Pourtant, cette chose a généré un bouclier, et maintenant une arme de tir qui sont étrangement semblable aux nôtres. Pas dans leur formes, mais dans leur effets. Ensuite, je n'ai jamais vu une telle vitesse ni une telle souplesse sur une machine de combat. »

Comment les Humains sont-ils arrivé si vite à une telle maîtrise ? C'est impossible...

Dans l'arène, l'armure blanche venait de faire un grand écarts pour éviter un coups d'épée, elle avait roulé sur le dos avant de tournoyer sur les mains pour se débarrasser d'un adversaire. Le modèle fortement blindé, de son coté, continuait de faucher tout azimut ce qui était déterminé comme ''Menace''

Soudain, les deux AMC se stoppèrent. Le Berserker orange eut du mal à rester debout. L'armure blanche posa un genou à terre et regarda le sol les bras ballants.

Ils viennent de les entraver... c'est une bonne idée... Ça fait gagner un peu de temps. Non ! Dites-moi que je rêve ! C'est un cauchemar !

Sur l'image devant lui, un frisson parti du bout du museau de l'armure blanche à tête de loup et parcouru rapidement le reste du corps. Elle se releva et esquiva de justesse un coup d'épée. Elle venait de s'adapter à l'entrave avec une rapidité stupéfiante. Le même processus se déroula sur l'engin orangé qui reprit son massacre.

La peur qui enserrait le cœur du capitan grandissait à mesure que les sarbacks finissaient d'être démolis dans l'arène.

Comment stopper une telle chose ?

« - Ragoune, je crois qu'il va falloir revoir la conception des sarbacks.

- Je le crois aussi. »

*

L'armure cuivrée descendit du navire comme l'avait faite son homologue, mais ce furent ses réacteurs qui stoppèrent sa chute. Lentement, il rejoignit l'autre Berserker. Ce dernier avait ouvert le poste de pilotage du dernier de ses adversaires et attrapé l'un des pilotes. Il avait écrasé le second avec le pied. Lentement la main serrait le crane du Silridriss de plus en plus fort. Le pilote hurlait en cherchant à se dégager. Soudain, il se tut et ses bras tombèrent inertes le long du corps. Au fond de l'arène, par là où les sarbacks étaient entrés, l'immense porte s'ouvrit de nouveau laissant apparaître une immense machine de guerre.

Un taranta.

Cinq fois plus grande que les armures humaines, semblable à un énorme criquet blindé bardé de canons. Il avançait avec des mouvements lents, presque élégants.

Lentement, tel un pantin mécanique, le visage du loup blanc se posa sur l'immense machine. Sa main s'ouvrit et le corps inerte du dernier pilote de Sarback tomba comme un pantin désarticulé sur le reste de la carcasse de sa machine.

*

« - Professeur, est-ce que les Berserker sont capable de bousiller un tel engin ? Demanda le commandant Sarlen, une pointe d'inquiétude dans la voix.

- Je n'en ai pas la moindre idée... théoriquement oui. »

La plupart des chimères présentes furent sidérée de ce qu'elles voyaient. L'une d'entre elles sur son emplacement, derrière les consoles était particulièrement paniquée.

*

Ça devrait les calmer tout les deux... Et s'ils réagissaient comme avec les entraves ?

La gouverneure se retourna vers un des responsable de l'arène.

« - Préparez-vous à faire intervenir d'autres troupes si la situation l'exige.

- C'est que... nous n'avons rien prévu... aucune troupe n'est en attente dans les arènes. Seul le système d'éjection est encore disponible. »

*

Allez Manu ! Reprends le dessus !

Sur sa console, Mylène venait de se faire refuser une énième fois les directives qu'elles donnaient au Berserker.

Putain, mais qu'est-ce que j'ai pu oublier ?...

« - Requête Sleipnir ! Urgence catégorie un! »

*

Dans l'arène, le Taranta ouvrit le feu. L'armure blanche se jeta derrière sa consœur lourdement blindée. Cette dernière commença a générer des boules de lumières des nid d'abeilles de ses épaules. Ces sphères allèrent en direction du taranta avant d'exploser en d'énormes boucliers hexagonaux lumineux et translucides. A chaque impact sur un boucliers, il disparaissait en stoppant le projectile. La quantité de sphères était équivalente au débit de tir du taranta. Puis l'armure ne se contenta pas uniquement de se protéger : elle riposta ! Mais ses propres tirs frappèrent le bouclier du taranta sans l'endommager. Les deux machines semblaient protégées pour le moment alors que l'énorme engin Silridriss continuait d'avancer. Le loup blanc, dos à dos avec la machine cuivrée semblait attendre quelque chose.

Encore une fois, dans le petit local, Malik vit le Sleipnir terminer le calcul avant de renvoyer le résultat au Berserker.

Je sais pas ce que tu as pu trouvé pour affronter un truc pareil.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top