19 : Berserker ! (2/3)
Dans leurs AMC respectives les corps inertes de Manuel et de Fernand furent totalement noyés dans un métal liquide. Des parties tentaculaires avaient foré le sol d'acier. Elles se rejoignirent pour ne former qu'une seule masse métallique. Rapidement, elle engloba leurs machines respective. Des masses suivirent les fils vers le Sarback responsable de leur état. Rapidement, la machine ennemie fut complètement empêtrée et immobilisée. Son camarade tenta alors de l'en libérer à l'épée, mais il ne réussi qu'à s'empêtrer lui aussi. Dans ses mouvements, il projeta de la matière mouvante sur les restes de Tégos et de Salida. En peu de temps, toutes les machines de guerre présentes et les restes chimériques furent noyées dans le bloc de métal mouvant. Le corps de Redcross fut touché, mais vite délaissé. Devenu trop lourd, et le sol fragilisé, la masse se coula comme un liquide extrêmement visqueux. L'étage inférieur, abritait la génératrice diesel du bâtiment naval.
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Capitan, votre excès de prudence n'était pas très indiqué...
Une discussion entre deux Silridriss interpella la gouverneure, elle tendit l'oreille, et apprit que le contact avec les deux Sarbacks à l'intérieur du navire avait été perdu.
Les diesels du navire et les radars choisirent de se mettre en marche à cet instant précis. De la musique commença à sortir des haut-parleurs extérieurs.
Des hurlements résonnèrent par dessus la musique dans l'arène. Des hurlements Silridriss, ceux qui souffraient subissaient le martyr et leurs voies sortaient des haut-parleurs.
Mais que se passe-t-il ? Ne sommes-nous pas censés être vainqueurs ?
Lentement, le public comprit que quelque chose clochait dans ce macabre spectacle. Le combat n'était peut-être pas fini.
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« - Que se passe-t-il ?
- Je n'en ai aucune idée, répondit Arsear. Mais, si j'étais dans l'arène, avec ces combattants, je me mettrais à couvert et vite.
- Comment ça ?
- S'il y a bien un truc que j'ai appris avec les humains, c'est que si quelque chose d'étrange arrive, ce n'est jamais bon. Pour eux, une manœuvre de fuite n'est rien d'autre qu'une autre manière de se battre. Je ne sais pas ce qui va se passer, mais une chose est sûre, ça ne va pas nous plaire. »
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« - De la musique ? » Interrogea le commandant Sarlen, dans la salle de commande.
Manuel ! Pensa Mylène.
« - ''Seven nation army'' ? Murmura Malik
- Ils ont trouvé une source d'énergie. Lancement phase deux : Matrice en cours de construction. » Commenta simplement James.
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Les sarbacks restant se regroupèrent pour pouvoir mener un assaut un force. Ils furent alertés que les humains avaient éliminé deux d'entre-eux en même temps, sans leur laisser la moindre chance. Ils s'avancèrent d'un mouvement décidé vers le navire, mais s'arrêtèrent net en voyant ce dernier imploser lentement. Telle la pression d'une immense main invisible, une force implacable broyait la coque du navire dans un atroce bruit de métal plié.
A l'intérieur, d'énormes quantités de métal venaient rejoindre les masses déjà imposantes qui occupait les emplacements originels des deux armures. La génératrice diesel tournait à plein régime, et, de temps en temps, un arc électrique flashait brièvement. La forme visqueuse se mouvait dans tout les sens, elle respirait, grognait. La température générée par tant d'effort et d'énergie aurait été suffocante pour tout organisme présent.
Lentement des formes apparurent, ici un morceau d'épaule, là un pied de machine. Les lumières clignotèrent quelques secondes avant de s'éteindre. Le Berserker prenait tout ce qu'il pouvait du générateur du navire.
*
Le professeur Wolkeazurblau ne pouvait détacher son regard d'une courbe verte qui ne cessait d'osciller sur un écran noir. Elle ne pouvait croire ce qui se déroulait sous ses yeux tant cela lui semblait irréel.
Dites moi que je rêve... le système est stable...
Elle releva la tête, deux écrans avaient été associés au Berserker. A une vitesse phénoménale, le premier enchaînait les calculs. Le second était partie d'une forme d'armure basique en fil de fer, et, pièce après pièce, elle clignotaient voir changeaient de forme. C'était particulièrement vrai pour le casque, transformé en une espèce de tête de canidé.
Derrière elle, le commandant donnait quelques explications à Arson. La chimère n'en cru pas ses oreilles.
« - Les armes que nous employons actuellement sont des armes qui datent de plus de trois cent ans. Le système Berserk est la première arme inventée depuis cette époque. Elle a été crée pour affronter les chimères à un contre cent. Mais si, avec la paix, son fonctionnement n'a pas changé, sa cible si...
- Structure du numéro un, en finition ; Structure du numéro deux en calcul. Évacuation de l'énergie inutile. Attention ! Activation dans cinq,... quatre,... trois, .... » Informait simplement la voix de James dans la salle de commande.
*
Dans l'arène, la coque du navire éclata en plusieurs endroits, libérant une fumée blanche, lourde qui commença à recouvrir le champ de bataille.
Au plus profond du navire, dans les ténèbres, deux lumières triangulaires, semblables à des yeux sans iris s'allumèrent dans les ténèbres. Le droit était bleu, aussi profond, calme et clair que le ciel d'été. Le second, rouge, brûlait comme un feu couvant, prêt à démarrer des brasiers si on lui en laissait la moindre occasion.
La musique s'arrêta.
*
« - Berserker opérationnel ! Murmura Malik, totalement sidéré au travers des enceintes du contrôle commande. Putain, celui-ci tient debout...
- Commandant, ils envoient des éclaireurs ! »Hurla un des opérateurs, coupant la parole à son supérieur qui finissait de fournir des explications. Sur l'écran principal, trois machines se jetaient à l'assaut du navire tandis que leurs équipiers s'avançaient lentement.
« - Professeur ? Demanda le commandant en revenant sur ce qui se passait dans la salle.
- C'est fini..., murmura cette dernière, aussi surprenant que cela soit, le système est stable... une armure a été crée... ils ne peuvent plus rien faire. Du moins, tant que le pilote vit.
- Arson, comment va la Princesse ? Est-elle encore vivante ?
- Un souffle de vie l'anime encore... mais pour combien de temps...
- Opérateurs radio, contactez le pilote du Berserker, donnez-lui l'ordre de ramener la princesse par tout les moyens possibles et imaginables.
- Mais elle est mortellement blessée, signala la chimère. Est-il réellement possible de faire quelque chose ?
- Arson, les possibilités de cette machine sont infinies. S'il existe un quelconque moyen de la sauver. Il la trouvera. »
Dans les yeux du commandant, la chimère vit qu'il prenait une revanche sur les Silridriss par personne interposée.
« - Qu'est-ce que c'est que ce programme à la fin ?
- Je regrette Arson, mais tout ce que je peux te dire c'est que c'est réellement la première arme que nous créons depuis trois-cent ans. Malheureusement, il y a des secrets que je ne peux vous fournir. Tout ce que je peux te dire c'est que le Sleipnir est une pièce du système. Mais ça tu l'avais déjà deviné. »
*
Deux sarbacks entrèrent dans l'ouverture qu'ils avaient pratiqué. Dedans, ils n'y avait rien d'autre que les ténèbres. Le troisième resta à la sortie, attendant que ses congénères reviennent. Les deux bras équipés pour le tir, sur ses épaules, brillèrent, prêts à tirer.
Dans l'arène, le silence se fit pesant, lourd, dans l'attente d'un dénouement qui ne venait pas.
Soudain, de brefs bruits de combats et de métal plié se firent entendre. Laissant de nouveau place à un silence de mort.
*
« - Envoyez-les tous, quelque soit ce qu'il y a là-dedans, je le veux mort vous m'entendez ? » Criait la gouverneur en apprenant que deux nouvelles machines avaient disparues.
« - Gouverneur, ils ne vivront pas longtemps si c'est un piège. Il vaut mieux savoir ce qu'ils affrontent avant de les lancer à l'assaut, les humains regardent, si ça se termine par un match nul, c'est sans intérêt. »
Celui qui venait de parler mourut dans la demi-seconde qui suivit, la tête explosant en une gerbe de sang. Puis, la Silridriss se calma en se disant qu'il avait certainement raison. Les écrans montraient désormais ce que voyait le Sarback restant, accroché à la coque du navire. Un énorme trou de ténèbres.
*
« - Enregistrez ce que vous pouvez Ragoune.
- J'ai tout enregistré jusqu'à présent... Pour études. »
La tension était palpable dans la petite pièce. L'esclave préféra rester en retrait. Mais elle n'aurait jamais pu imaginer ce qu'elle voyait : les Silridriss mis en échecs.
*
Quelque chose bougea dans la pénombre. La machine noire restante ouvrit le feu. Un câble blanc avec un fer de lance semblable à une feuille le transperça au thorax, puis l'attira à l'intérieur. De nouveau bruits de chocs et de métaux pliés se firent entendre.
Nouveau silence.
Soudain, une pièce métallique fut projeté à l'extérieur du navire avec force. Elle frappa le sol avant de rouler vers les Silridriss restants. Ils mirent quelques instant pour comprendre ce que c'était : un Sarback compressé. La main inerte d'un Silridriss en dépassait.
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« - Comment ça vous n'arrivez pas à le joindre ? Il n'y a pas de radio dans ce bazar ? »
Dans le centre de contrôle-commande, James signala une nouvelle requête Sleipnir.
« - Ce n'est pas ça mon commandant, il y a très probablement une radio dans cette machine vu qu'il est en lien avec le Sleipnir... C'est juste que personne ne répond. »
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Elle apparut dans le passage que les trois derniers sarbacks avaient crée dans le navire. D'abord, deux lumières brillèrent légèrement dans la pénombre avant de ne plus luire du tout sous les éclairages de l'arène. Ensuite, la forme d'une AMC de combat humaine avec des reflets blanc et argent se présenta. Mais c'était tout. Elle n'avait rien à voir avec une armure de combat classique comme celles qui parsemaient l'arène.
Une créature anthropomorphique métallique venait de faire son apparition. Pas de vérins, pas de vis, aucune caméra, pas de bruits de moteur ni de compresseur. Un silence à peine perturbé accompagnait ses mouvements et cela manquait au vu du style de l'engin. Quatre mètres cinquante de haut, une tête de loup blanc, stoïque, froid, dont les yeux étaient de couleur différents. L'œil gauche, rouge, était entouré d'un tatouage tribal qui lui glissait dans le cou et l'arrière du crane. Il poursuivait jusque sur le bras droit et la jambe gauche. Du métal de couleur blanc avait pris la forme de poils sur tout les endroits non recouverts par une armure. Cette dernière, couleur argent, était composée d'un plastron protégeant uniquement la poitrine et remontant sur le cou, d'épaulettes, de gantelets, d'une ceinture et d'un genre de bottes montant jusqu'aux genoux. Les bras se finissaient en des gantelets métalliques articulés qui englobaient complètement les mains. Ils avaient les bords extérieurs des doigts en biseau comme autant de lames. Les avant-bras, le ventre, les cuisses laissaient apparaître la toison noire et blanche de la créature. L'ensemble semblait correctement proportionné, et équipé de muscles saillants.
Les Silridriss restèrent tétanisés par la vision totalement incongrue et sans peur qui se présentait devant eux.
*
« - C'est quoi ce bordel ?... »
Par cette simple affirmation, le commandant Sarlen venait d'exprimer tout haut ce que tout le monde, du simple spectateur humain à la gouverneure Silridriss pensait tout bas.
« ... Professeur, ne devait-on pas avoir une forme prédéfinie pour ce bazar ?
- Il me semblait que si...
- Est-ce que l'on peut voir ce qu'il voit ? »
Sur l'un des écrans de la base, la vue stratégique fut remplacée par ce que la nouvelle machine avait sous les yeux.
Son regard se promenait sur les piliers autour de l'arène. Elle identifia le bouclier pour protéger les spectateurs, la porte, les différentes épaves leurs états ainsi que les noms, visages et états des pilotes.
Tous alliés.
Tous décédés.
Rapidement, l'engin fit l'inventaire du matériel militaire éparpillé. Vint ensuite les Sarbacks. Le premier fut analysé sous toutes les coutures en quelques secondes. Le résultat fut mitigé : ''Menace ?''.
Un carré orange orna toutes les machines ennemies, leurs distances précises s'affichèrent également.
Dans l'arène, la machine fit un pas de trop et tomba du navire.
*
Au moins, tu es encore en vie frangin... je suis désolé de te faire subir ça. Pensait Mylène au fond du centre de recherche, alignant les commandes avec les deux autres techniciens. De temps en temps elle regardait un petit moniteur vidéo installé rapidement après le choix d'utiliser le prototype si ce dernier se libérait.
« - Structure Berserker numéro deux, en création, le calcul a pris plus de temps que prévu... Apparemment on passe d'un quadripode à un bipode. »
Le téléphone du local sonna. Mylène décrocha, écouta quelques minutes avant de déclarer un « oui professeur »
Bon, faut que je trouve le moyen de lui faire parvenir les ordres du vieux con. Putain, mon frère est dans la merde, et il doit continuer à suivre les ordres.
*
« - Faites des gros plans, je veux le plus d'images possible de cette horreur. » demanda la gouverneure.
L'armure, atteignit le sol en un énorme fracas. Au travers de la brume générée par le navire, ses yeux brillèrent de plus belle, perçant la fumée de manière irréelle. Une ombre bien plus grande derrière elle.
La fumée blanche descendit petit à petit laissant apparaître le Berserker dans toute se splendeur. Elle s'était recroquevillée comme un animal, une paire d'ailes blanches s'étaient ouvertes dans son dos et avaient ralenti sa chute. Au milieu du dos, un réservoir de soixantaine centimètres de diamètre et de deux mètres de haut environs. Une queue partant du bas du dos, faite de cinq câbles de dix mètres environs ondulaient lentement au-dessus du sol. Chacun de ces appendices se finissait en un fer de lance ovale finement aiguisé.
Les gros plans demandés par la gouverneure apparurent sur les images de l'arène et de toutes les télés du monde. Les Silridriss et les scientifiques du centre de recherche reconnurent des lignes faites de bismuth sur les pièces d'armures. Mais, les formes dessinées, n'avaient rien à voir avec celles qui ornaient les Sarbacks.
*
Devant son poste de télévision, une mère s'arrêta de pleurer en voyant deux icônes religieuses intégrées dans le col droit du plastron de l'armure. Reprenant un peu espoir.
*
Un des pilotes Silridriss réussi à sortir de sa torpeur et à se lancer à l'assaut de l'étrange machine. Cette dernière ne bougea pas le moins du monde jusqu'à ce que le Sarback soit à portée de ses épées.
Il frappa avec toute la violence dont il était capable. Mais, avec une facilité déconcertante, l'armure humaine bloqua du dos de la main.
Il resta sans savoir quoi faire : aucune machine n'était en mesure de recevoir une telle charge sans plier ne serait-ce qu'un peu. Mais il se reprit promptement, et, avec rapidité, il enchaîna les attaques. Mais chaque coup de lame était bloqué par les gantelets de la machine irréelle dans un enchaînement de positions parfois incongrues. Les bras équipés d'armes de tir brillèrent avant de faire feu. Mais le Berserker attrapa le cristal de vision de son adversaire, et le souleva. Les projectiles allèrent frapper le navire. Avec une telle manœuvre, il mit à jour l'un de ses points faibles : le dessous. Les queues, transpercèrent l'habitacle en cet endroit comme du papier. La machine noire devint inerte. Les queues firent éclater l'abdomen d'araignée. L'AMC à tête de loup jeta alors les restes comme si elle libérait le passage, avec lenteur et sans quitter ses futurs adversaires du regard.
Devant ses yeux, la séquence était sans appel ''Menace confirmée -> Engagement''. Les carrées oranges devinrent des triangles rouges.
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