18 : L'arène (3/3)
« - Tu es vraiment sûr que tu vas y arriver ?
- Tu sais à qui tu t'adresses là ? »
Mylène, devant son ordinateur discutait avec un interlocuteur qui n'apparaissait pas à l'écran. L'écran lui-même laissait défiler des données de toutes les couleurs sur un fond noir.
« - Justement... Si tu échoues ou si tu te fais chopper, tu n'auras même pas droit à un procès.
- T'inquiètes... Je gère. Au fait, qu'est-ce-que t'as bricolé avec Noral ? Je l'ai jamais vu bosser comme ça...
- Ce serait vraiment trop long à t'expliquer. Mais, je te promet de tout te dire si ça fonctionne. Et je... »
Un message venait d'apparaître sur l'écran. Et Mylène le regardait bouche bée. Tout ce qui se passait autour d'elle disparu de son univers pour se concentrer sur ce petit élément qui venait de s'afficher dans une fenêtre. Une simple courbe jaune sur un fond noir quadrillé de vert. La courbe était au niveau zéro.
« - T'es encore là ?
- Boucle là deux minutes Rabbit... je vérifie un truc. »
Elle approcha ses mains du clavier, mais elle hésita un moment, ne sachant pas sur quelle touche taper. Elle opta pour le 'F', qu'elle maintint enfoncé. La ligne jaune fit un bon avant de rejoindre le zéro. Elle essaya de taper plusieurs touches. Puis elle frotta violemment son clavier tout en regardant cette petite ligne jaune.
Quoi qu'elle fasse, la ligne jaune rejoignait le zéro après avoir été faire des bonds dans le coté positif ou négatif. Elle posa son coude sur son bureau, et posa sa tête sur son poing tout en répétant les coups sur les touches.
Après cinq minutes d'essais, elle s'arrêta.
« - Je vais me coucher Rabbit.
- Oh ? Sans dec' ? J'peux venir ?
- Nan. Je dois dormir. A plus.
- A plus chérie. »
Mylène éteignit les enceintes et le micro de sa machine. Puis, resta quelques minutes à regarder cette petite courbe qui ne quittait pas le zéro avant d'éteindre l'écran.
Elle se leva, et se dirigea vers la cuisine et y alluma la lumière. Elle eut un sursaut de peur en voyant son père assit devant la table qui servait aux repas familiaux. Il avait un verre d'alcool devant lui et la bouteille à portée de main.
« - Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je te retourne la question, tu devrais dormir : tu bosses demain... papa.
- Je n'arrive pas à dormir. Je n'arrive même plus à adresser la parole à ta mère. Je m'en veux de ne pas l'avoir retenu. »
Elle comprit immédiatement que son père parlait de Manuel.
« - Il serait parti quand même, tu le sais. Mais là, la question, c'est comment le ramener.
- Y'a aucune possibilité.
- Pardon ?
- J'ai pu discuter avec les groupe qui s'occupe du renseignement à la machine à café aujourd'hui. Ils ne feront rien : la zone est trop bien protégée, y envoyer du monde serait une boucherie. Les mecs là-bas sont seuls. »
Mylène s'assit en face de son père et resta silencieuse. Elle n'avait pas besoin de parler pour partager sa peine. Elle resta jusqu'à ce que le sommeil l'emporte.
*
* *
*
« - Allez ! Bougez-vous le cul esclaves ! Dans vos machines, le combat va commencer. »
Quoi ? Mais ça fait que deux jours ! On n'a même pas de plan de bataille ! On a même pas d'organisation. En plus on est plutôt loin de la première ville.
Manuel monta dans sa machine et mit son casque. Les yeux de l'esclave qui lui avait donné tant d'aide pour la réparation de sa machine le regardait un peu surpris. Il régla sa radio pour pouvoir joindre le colonel chinois :
« - Mon colonel, ici Doux-dingue, les Silridriss sont ...
- Je sais, ils vont téléporter ce qui reste du navire. Descendez dans la cale avec vos deux frères d'armes et les chimères. Protégez-les de vos vies.
- Mon colonel, si je ne suis pas sur le terrain...
- Qui donne les ordres ? Moi où ce démon ?
- C'est vous mon colonel.
- Bien. Faites ce que je dis, et ne discutez plus mes ordres... »
Manuel leva sa machine et la dirigea vers l'entrée du navire pour les chimères tandis que le colonel continuait :
« ... croyez-moi j'ai plus que confiance en ce que je fais. Je ne permettrais pas à ces créatures monstrueuses de nous dire comment nous devons mourir. Et si ça les irrite, c'est parfait, l'honneur nous impose un dernier affront maintenant que nous en connaissons la finalité. Battez-vous jusqu'au bout !Emportez le maximum de ces démons avec vous dans la tombe.
- Bien mon colonel. Doux-dingue terminé. »
Le jeune pilote referma sa machine et se dirigea vers la soute, vers l'entrée des chimères. Il y pénétra et vit la princesse, dans un coin, Tégos à ses cotés. Il se mit a trembler alors que les communications chinoises, traduite par l'étrange collier montaient en densité. Le colonel organisait la défense à l'arrachée pour qu'elle soient le plus efficace possible. Manuel, comprit qu'il y aurait trois groupes. Leurs commandement avait été confiés à deux capitaines et un lieutenant. Quoi qu'il arrive, ils seraient seuls.
*
Arsear avait suivit le plan que Ragoune lui avait donné. Le Silridriss s'était un peu mieux habillé que d'habitude. Il portait une nouvelle tunique pourpre, la cote de maille avait laissé place à un vêtement plus léger mais l'avant bras contenant la pierre magique était toujours là. Le pantalon et les bottes étaient propres et cirées, à sa ceinture, une épée et sa dague. Ce n'était pas un habit d'apparat, mais c'était suffisant pour signaler sa caste sans pour autant attirer les regards. Marchant rapidement, Il arriva bientôt devant un portail plutôt massif. Un mur, avec une porte encadrées par deux petites tours. L'ensemble était fait de lourdes pierres taillées parfaitement ajustées, rouges comme du sang séché. La porte à Erapha, un assemblage de pierres mouvantes roulant les unes sur les autres. Un peu comme un énorme tapis de bille en rideau. Impossible de le passer si on était pas le bienvenu, même un bélier ne ferait que le déformer avant qu'il ne reprenne sa forme originelle.
Je me demande comment les humains s'y prendraient pour passer un tel dispositif...
Le Silridriss se rapprocha de la porte. Tout en s'interrogeant sur la manière de prévenir son hôte de sa présence au portail de sa demeure.
« - Bonjour seigneur. Que désirez-vous devant la maison de Ragoune, maître des forges ? »
La voix venait d'une petite sphère brillante insérée dans le mur.
« - Je suis Arsear, Capitan des troupes de l'impératrice. Ton maître attends ma venue. Annonce-moi à lui. »
L'instant d'après, les pierres du portail roulèrent les unes sur les autres, découvrant l'entrée et un esclave. Un sylvain. Un mâle. Sa peau verte et ses cheveux sombre brillant légèrement à la lumière. Il s'écarta en une révérence pour laisser passer le capitan.
« - Mon seigneur va vous recevoir Sire Capitan. Je vous en prie, entrez... »
Le capitan entra, admirant les murs rouges et la petite cours. Avec une grosse porte comme celle qu'il venait juste de passer au fond. Sur sa droite, un lavoir dans lequel deux esclaves lavaient du linge. Ces derniers levèrent à peine la tête vers lui. C'étaient des golems, ces créatures minérales à quatre bras et sans yeux avaient été mises à l'esclavage lors de leur dernière conquête, juste avant l'attaque du monde des chimères. C'était la troisième espèce vaincue.
« ... normalement, le seigneur Ragoune demande à ce que ses invités déposent leurs armes avant d'entrer dans son domaine... »
Arsear se retourna, surprit, vers l'esclave sylvain qui avait actionné la fermeture de la porte derrière lui. Cette règle n'était pas prévue et il la trouvait particulièrement insultante.
« ... Néanmoins, sa seigneurie m'a demandé de faire une exception à votre égard. J'ai prévenu sa seigneurie de votre présence, il ne devrait plus tarder. Je vous prie d'être patient.
- Capitan ! Heureux de voir que vous n'avez pas décliné mon offre... »
L'esclave sylvain venait à peine de finir sa phrase que le maître des lieux arrivait. L'esclave se retira avec une révérence, et dans l'ignorance la plus totale des deux protagonistes. Ragoune portait le même type de vêtement que ceux dans lesquels ils s'étaient rencontrés. Même si ces derniers étaient un peu plus richement décorés. Il arrivait de la gauche, mais le capitan ne voyait aucune porte de ce coté.
« ... Je constate que, comme moi, vous préférez les habits utiles à ceux des grandes occasions. Je vous en prie, suivez-moi. Non, pas par là... »
Ragoune emmena Arsear sur le coté gauche de la cour. Le Capitan vit alors une petite porte cachée dans un recoin de la cour.
« ... La véritable entrée est par ici, j'espère que vous n'avez pas eu trop de mal à trouver votre chemin.
- Non, votre plan était des plus simple et des plus explicites. »
Le maître des forges guida son invité jusqu'à un terrain dans lequel était bâtie une maison semblable à une petite forteresse. La terre battue occupait la plus grande partie de la surface, mais, en différents endroits, un arbre au tronc noueux et au feuillage bleu et ténu. Arsear nota qu'au fond du terrain trônait deux Sarbacks d'entraînement dont l'un était entouré de gnomes occupés à en faire la maintenance.
Il sait se battre...
Ils pénétrèrent dans la bâtisse tout en discutant. Cette dernière était décoré avec goût, les murs, rouges également, portaient des tapisseries vertes et noires.
« - J'allais oublier, se stoppa Ragoune dans le couloir. Aleny ! »
Une esclave apparut les yeux rivés au sol, et le pas un peu hésitant. Une sylvain, les cheveux mi-long, et le regard triste de la soumission et de la servitude.
« - Monseigneur ?
- Tant que le Capitan est présent sur mon domaine, il t'appartient de t'en occuper. Assure-toi qu'il ne manque de rien, que cela soit exprimé ou non.
- Bien monseigneur. »
Ils reprirent leur avancée, l'esclave restant à une distance respectable des deux Silridriss. Plusieurs fois, ils croisèrent d'autres esclaves des différentes races vaincues. A chaque fois, ces derniers s'écartaient avec une révérence, et, à chaque fois, ils étaient proprement ignorés. Après un escalier et quelques couloirs, ils arrivèrent dans une pièce sans fenêtre disposant uniquement de deux sièges et d'une armoire. Les murs étaient recouvert de grandes plaques orange. La lumière un peu jaune était fournie par ces grandes plaques de minéraux.
« - Je vous en prie, asseyez-vous, normalement, ça devrait commencer dans peu de temps. »
Arsear alla s'asseoir sur l'un des sièges, tandis que son hôte tapotait un petit boîtier doté d'une pierre juste à coté de la porte. L'esclave alla jusqu'à l'armoire et l'ouvrit.
« - Messeigneurs, que désirez-vous boire ?
- Je vais prendre un alcool de Stim. Je vous le conseille également Capitan, c'est une cuvée très spéciale.
- Je prendrais pareil alors. »
Les murs furent alors recouvert par les images d'une arène. Ils étaient au premières loges, mais, en dehors du bruit ambiant précédent ce genre de spectacle, il n'y avait rien de très intéressant.
« - Alors Capitan, demanda Ragoune, que pouvez-vous me dire sur cette étrange espèce sans Erapha ? »
*
« - J'en ai rien à foutre, je vais à la salle radio. Et si on me le permet, je voudrais parler à ma femme une dernière fois. »
Redcross sorti de sa machine pour se diriger vers la coursive menant à la salle de transmission. Il laissa Manuel et Fernand avec les chimères, dans l'immense pièce sombre. Il venait de s'expliquer avec le responsable chinois pour lui signaler qu'il allait décrire ce qui allait se passer au contrôle-commande de Clermont-Ferrand. Le colonel chinois n'était pas d'accord mais l'infirmier avait choisi de le faire quand même.
« - Passe le bonjour à nos parents veux-tu ? Dis leurs qu'on est désolés. »
Mais le soldat était déjà parti dans le dédale de couloirs.
Un silence pesant commença entre les quatre protagonistes restant.
« - Vous n'allez pas avec lui ? Demanda la princesse Salida
- Non, murmura Manuel, je ne me sens pas le courage de faire des adieux.
- Et moi, je ne veux pas louper ma vengeance parce que je me suis fait tuer hors de ma machine. Et vous princesse ? Demanda Fernand
- Mon père me dit d'être forte, que je vais rejoindre ma mère dans un autre monde peut-être meilleur que celui-ci. J'ai quelque chose à demander... Mais je sais que c'est plutôt personnel. Alors j'hésite...
- Princesse, continua Fernand, je ne crois pas que vous pourrez demander quoi que ce soit plus tard.
- Vos noms... En dehors de vos noms de guerre, j'ignore quels sont vos vrais noms. »
Les deux jeunes hommes se regardèrent avant que Fernand ne réponde le premier :
« - Fernand Lebon.
- Manuel Ferreira. »
*
Dans le centre de contrôle-commande de Clermont-Ferrand, c'était l'effervescence. Au moment où le nom de Ferreira fut mis dans la mémoire par Tégos et la princesse, Arson releva la tête avant de regarder par terre, pensif.
Ferreira... où ai-je déjà entendu ce nom... quelque chose Ferreira ?
Sur les écrans, une image vue de l'espace de la zone du bateau échoué. Ce dernier était entouré de plusieurs cercles dessinés sur le sol avec d'étranges symboles.
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