18 : L'arène (2/3)

Quelqu'un frappa à la porte du bureau d'Arsear. Il détestait être dérangé pendant son travail. Mais qui savait, c'était peut-être important. Il grogna un ''entrez'' à peine audible. Son intendant entra dans le bureau.

« - Bonjour Capitan. Ce paquet vient
d'arriver pour vous. Il provient de la gouverneur. Il porte la mention ''important''. »

Arsear prit le petit paquet et l'ouvrit. Il contenait un de ces petit cubes dont son espèce se servait pour transmettre des données. Rien ne permettait de le distinguer des autres. Il l'inséra dans son bureau et commença à étudier ce qu'il contenait.

Par l'impératrice, cela explique tout...

« - Qu'est-ce ? Demanda l'intendant.

- C'est la manière dont ils procèdent pour nous attaquer de loin... très ingénieux. Il semble que ce que nous ayons le plus à craindre d'eux c'est leur capacité à inventer des trucs tordus.

- J'ai pas tout compris. Capitan.

- En fait, ils ont placé des sortes d'yeux très haut dans le ciel. Avec ça, ils voient tout ce que l'on fait partout dans le monde...

- Mais c'est impossible, il faudrait des...

- Des yeux incroyablement précis. Ils les ont. Ils peuvent voir la nuit et à travers les nuages. Mais il n'y a pas que cela. Pire encore. Regarde cette image... »

Arsear montra à l'intendant le camion traînant le système avec tout les tubes.

« ... C'est un système de canon très longue portée avec une grande cadence de tir. Avec les yeux du ciel, ils peuvent corriger leurs tirs et nous toucher avant même que nous ne soyons visible pour leur base.

- A cette distance... c'est...

- Impossible ? Je crois qu'ils ont trouvé un moyen. Rappelle-toi. Sur tout les tirs qu'ils ont effectués contre nous lors des deux dernières batailles... combien nous ont manqués ? »

Arsear laissa passer un moment le temps que son subordonné assimile toutes les informations. Ce dernier mis plusieurs minutes avant de relever les yeux vers lui.

« - Oui, nous les avons sous-estimés, ils sont plus dangereux qu'ils n'en ont réellement l'air. La seule chose qui nous a sauvé jusqu'à présent, ce sont leur ignorance de l'Erapha, et nos boucliers. Si la gouverneur veut vaincre, il va falloir conserver cette avance en la matière. »

Arsear retourna à la recherche d'informations qu'il ne connaissait pas.

« - Capitan ? »

Le Silridriss redressa son regard vers Berik.

« ... il est aussi de mon devoir de vous rappeler que vous n'avez pas fait votre communion depuis un certain temps...

- Exact. J'y vais de ce pas, ça me changeras les idées. »

*

* *

*

« - Allez, la journée est terminée ! »

Les Silridriss tiraient les différents soldats et techniciens hors de leurs machines et les poussaient dans le reste du cargo. Les esclaves les suivaient même s'ils ne savaient pas ce qu'il y avait dans le navire. Rapidement ils furent tous réunis dans le grand compartiment avant du navire. Manuel voyait la princesse et son éternel garde du corps. Djar était absent.

Un Silridriss monta sur la petite estrade qui avait autrefois accueilli des groupes de musique et prit la parole. Il parla haut et fort, pour que tous l'entendent :

« - Il vous est interdit de sortir jusqu'à nouvel ordre. Tous ceux que nous attraperont sous le ciel étoilé seront punis de manière exemplaire. »

Il sortit juste après, sans précipitation. Quiconque se trouvait sur son chemin prenait un coup. Comme tout les autres, Fernand et Manuel le regardèrent sortir en silence. La porte claquée, Fernand glissa quelques mots à son ami, un murmure à peine audible.

« - J'aurai leurs peaux !

- Pour le moment, faut se tirer d'ici en vie. Je vais voir le colonel pour lui dire ce qu'on a appris tout à l'heure.

- Je t'attendrai à coté des chimères. »

La plupart des humains quittaient la pièces par des coursives qui les mèneraient aux différentes cabines que contenait le navire. Le tout, en passant par les entrailles du navire. Les esclaves qui les avaient accompagnés les suivaient ou s'allongeaient à même le sol de métal de cette grande pièce. Après ce qui s'était passé lors de l'exécution de certains prisonniers, personne n'avait envie de savoir ce que ces terribles hommes-lézards leurs réservaient s'ils ne leurs obéissaient pas.

Après s'être expliqué auprès du colonel chinois, celui-ci lui demanda de garder secret cette information, le temps de prendre une décision sur ce qu'ils allaient faire. Manuel quitta l'officier en s'interrogeant également sur la suite à donner : se savoir condamné à court terme à une mort atroce le terrifiait. Il avait vu avait vu avec quelle indifférence leurs geôliers pouvaient tuer. Ce que l'esclave lui avait annoncé lui semblait plus que probable. Un mélange de haine, de peur, de tristesse se mélangeait dans sa tête et dans son cœur. Marilyn, ses parents, sa sœur, les Silridriss, ce truc bizarre dans sa machine. C'était beaucoup trop de choses à penser, à ressentir, pour avoir une vision claire et précise de ce qui se passait.

C'est dans cet état d'esprit qu'il rejoignit les chimères. Fernand le sortis de son état second par une simple affirmation :

« - Djar est mort. »

Un silence s'installa entre les deux jeunes hommes et les deux chimères.

*

« - On a un contact ! Cria un soldat en entrant dans la grande pièce. Le contrôle commande de Clermont-Ferrand nous a repérés ! Un type nommé Redcross est en train de leur parler en salle de radio ! »

Le colonel chinois ordonna au deux jeunes garçon de rester avec les chimères. Cette affirmation, aussi brève qu'importante fit rapidement le tour des survivants, rallumant la petite flamme de l'espoir.

Le commandant Sarlen entra dans la salle de commande en pyjama et en charentaises, avec son manteau et sa casquette lié à sa fonction. Il passa devant les chimères pour se diriger vers l'opérateur radio qui avait lié contact avec les soldats prisonniers. Comme à son habitude, il lui arracha le casque audio de manière fort peu cavalière.

« - Ici le commandant Sarlen, du contrôle-commande de Clermont-Ferrand. Veuillez vous identifier.

- Ici Redcross, escadron Rock, ça fait sacrément du bien de vous entendre mon commandant... On en chie ici. C'est un véritable enfer. Pardonnez mon langage, mais vous pouvez oublier la convention de Genève : ils se sont touché le cul avec... Je... attendez, le plus haut gradé encore en vie viens d'arriver.

- Passez-le moi.

- Ça va être compliqué, il ne parle pas un mot de français. Mais il comprends mes paroles, et les vôtres par la même occasion.

- Comment ça ?

- Les lézards nous ont mit un genre de collier qui nous permet de nous comprendre mutuellement. Le bazar est certainement à érapha, mais pour le reste je n'y comprends rien.

- Bien, vous êtes à deux mille bornes au sud est des premières lignes de front chinoises. Si vous pouvez vous enfuir et à vous rapprocher, nous...

- Pas possible mon commandant coupa Redcross. Ils sont quatre fois plus nombreux pour nous maîtriser si on cherche à se rebeller ou si on fait mine de partir...

- Je ne vous ai pas demandé votre appréciation soldat.

- Ce n'est pas la mienne. Je joue les traducteurs, c'est tout. Toute tentative d'évasion sans aide extérieure est vouée à l'échec.

- Bon, on va réfléchir à une solution pour vous sortir de là. Restez à l'écoute. Laisser allumés vos ordinateur de combat, on vous enverra des infos dés que l'on pourra. Autre chose ? »

Pas de réponses.

« - Redcross ? Vous m'entendez ?

- Euh... Je ... Euh, je ... Je viens d'apprendre un truc plutôt dérangeant mon commandant. Mais, vu nos hôtes, je suis à peine surpris.

- Au fait ! Redcross. Venez-en au fait !

- Pour faire court, on va tous crever. Ils vont nous faire combattre à mort dans un genre d'arène. On n'est pas censé en sortir vivant. Je comprends maintenant pourquoi ils nous font réparer nos machines. Faut venir nous sortir de là mon commandant.

- Ne paniquez pas soldat ! Agir sans réfléchir serait une ânerie. On va voir comment vous sortir de là. Pour le moment, restez coulant, et prenez votre temps pour les réparations. Prévenez-nous, si vous avez des nouvelles informations. Nous garderons la même fréquence de communication, nous attendrons que vous repreniez contact dans vingt-quatre heures.

- Bien reçu, prévenez les chinois de notre position et de la galère dans laquelle on est.

- Ce sera fait. Bonne chance soldat.

- Merci. »

Le Commandant rendit le casque audio à l'opérateur radio avant de regarder son second.

« - Prévenez les chinois de ce merdier. Qu'une équipe stratégique commence à plancher sur une solution, faut les sortir de là. »

*

* *

*

Arsear se déplaçait dans la ville en forme de pyramide. Arrivé à mi-hauteur, il s'arrêtât devant l'immense bâtisse gardée par des soldats lourdement armés et des sarbacks en fonctionnement. La beauté des temples étaient toujours sans aucunes comparaisons avec les autres constructions Silridriss. Ses murs, intérieurs et extérieurs étaient recouverts de dessins et d'écriture liés à leur panthéon et à leurs croyances. L'impératrice y était souvent représentée, toujours d'une beauté sans pareille. Elle y protégeait le peuple Silridriss et leurs esclaves contre les infidèles qu'elle punissait généralement de sanglante manière.

L'ensemble était imposant, la porte faisait trois fois la taille d'Arsear. Le regard du reptile descendit jusqu' autour de la foule qui entrait ou sortait du temple.

La communion était quelque chose d'important pour les Silridriss, elle avait lieu une fois par mois. Cet acte symbolisait leur allégeance à la Déesse-impératrice. L'oublier vous condamnait immédiatement à l'esclavage.

Il n'y avait pas grand chose à faire, juste monter sur une pyramide circulaire à treize niveaux, s'arrêter au niveau de sa caste, et faire un tour en frôlant la pierre du bout des doigts.

Le Capitan entra dans la bâtisse, nombreuses furent les personne à s'écarter à son passage. Cela lui plut. Il y avait peu de personnes de la caste des capitans existant dans les différents mondes contrôlé. Il était juste en dessous d'un général d'armée.

« - Je te dis que c'est hors de question !

- Fait-le, ou tu regretteras toujours de m'avoir croisé ! »

Une altercation, sur sa droite, attira son attention.

« - Non, tu n'as aucun ordre à me donner !

- Par l'impératrice, qu'est-ce qu'il faut que je fasse pour que tu comprennes ? »

Deux Silridriss s'apostrophaient, des badauds de toutes espèces entouraient les deux protagonistes tout en prenant soin de garder leurs distances. Le premier des deux était richement vêtu, il portait une magnifique tunique rouge et or, sur lequel était posé de manière élégante un second drapé dans le même style, mais un peu plus transparent ainsi que des souliers faits de cuir et de tissus. Le second portait des vêtement de cuir épais, liés à la protection lors des travaux dangereux et des bottes de cuir brutes.

Un des prêtre Silridriss arrêta Arsear :

« - Excusez-moi Capitan, j'ai une faveur à vous demander.

- Je vous écoute prêtre. S'il est dans ma possibilité d'aider un membre du clergé, je le ferais volontiers.

- Et bien voilà, ces deux individus se battent à chaque fois qu'ils se croisent. Cela dure depuis des mois, pourriez-vous trouver une manière de les calmer ? Je ne voudrais pas avoir à donner la garde pour une broutille du genre. D'autant que nous sommes dans un lieu sacré, les armes n'ont pas leurs place ici...

- Je comprends prêtre... Je vais voir ce que je peux faire.

- Merci. »

Le Capitan changea de chemin pour rejoindre le lieu de l'altercation qui commençait à s'envenimer. Il calma immédiatement les deux protagonistes :

« - Qui êtes-vous pour oser présenter, en ce lieu consacrée à l'Impératrice, une si piètre image ? »

Les deux Silridriss se regardèrent surpris d'une telle intrusion dans leur joute verbale. Son statut de Capitan empêcha toute colère à son égard. Derrière le capitan la plèbe s'écarta. Le plus riche commença :

« - Je suis Hirkim, chef marchant des mines des vallées de lumières Capitan. Je remercie l'impératrice de vous avoir guidé jusqu'à nous. Veuillez, je vous prie, arrêter cet individu pour agression et racket.

- Eh ! T'es gonflé !

- N'est-ce pas là ce que tu fais ? Tu demandes une plus grande part de ma production !

- Parce que j'en ai besoin ! Je ne le fait pas par plaisir !

- On se calme, siffla Arsear, pour qui la présence de ces deux individu commençait à se faire pesante alors qu'elle venait à peine de commencer. Et vous ?

- Je me nomme Ragoune, capitan. Je suis le directeur des forges de Miladon. Et cet individu peu recommandable est mon fournisseur principal de matières premières...

- Abuse pas Ragoune ! Coupa Hirkim

- Et le modeste différents qui nous concerne serait bien futile à votre vue, continua-t-il.

- Je m'y intéresse car ce lieu n'est pas adéquat pour une dispute, pour quelque raison que ce soit.

- J'en conviens. Mais la situation devient critique.

- Veuillez vous expliquer, demanda Arsear, l'attention stimulée par le mot ''critique''.

- Les livraisons de minerais ont considérablement baissé. Nous avons attaqué le stock de sécurité, et, si rien n'est fait, nous ne seront plus en mesure de continuer à alimenter l'effort de guerre... »

Arsear cru mal entendre.

« - En effet, nous ne recevons plus suffisamment de minerais et nous avons déjà du éteindre l'une des tours de métal. Et, je me vois mal en train de faire des sarbacks en bois. »

Le Capitan se retourna avec un regard noir vers le marchand richement habillé.

« - Je regrette, mais c'est comme ça : le filon de minerais s'est épuisé, il faut attendre d'en retrouver un autre...

- C'est aussi pour cela que d'autres forges ayant des statut moins prioritaires sont alimentés correctement, coupa a son tour le Silridriss vêtu de cuir.

- Elle ne sont pas non plus alimentées correctement ! J'ai gardé les même proportions de livraisons. C'est la quantité de Minerais sorti de la mine qui a changé.

- C'est ce que je te reproche !

- Je refuse que... »

Hirkim n'eut pas le temps de finir sa phrase. Il fut violemment frappé par Arsear et s'écroula. Autour d'eux, la foule fit un bond pour s'écarter. Le sentiment général était que ça y était : l'altercation avait dégénéré.

Le capitan attrapa le marchand encore surpris par le col avant de le coller contre un mur. Ce dernier senti le contact froid d'une lame sur sa gorge. Arsear murmura, mais dans le silence de mort qui les entouraient, tout le monde entendit ses propos :

« - Tu te démerdes comme tu veux, mais le stock des forges doit être remis au niveau normal, ensuite, la quantité de minerais y arrivant doit rester suffisante pour que les forges tournent à plein régime.

- Si je fait ça, je n'ai plus qu'a fermer mon commerce : les forges, comme toutes les institutions militaires payent le minerais prix coûtant, tenta de se justifier le marchand vêtu de rouge.

- Non, tu n'as plus qu'à trouver un nouveau filon. Si jamais j'apprends que tu n'as pas fournis suffisamment de minerais aux forges, je te garanti que je te retrouve, et que tu pars en première ligne te rendre compte que l'on manque de sarbacks et de Tarantas. Est-ce compris ? »

Hirkim hocha la tête. La capitan en colère jeta le marchand aux pieds des premiers spectateurs.

« - Hors de ma vue maintenant ! Et rends grâce à l'impératrice que je ne te dénonce pas comme traître pour considérer tes intérêts personnels égaux à celle que nous adorons. »

Arsear quitta les deux protagonistes en colère. Dans sa rage, il frappa violemment un esclave qui lui barrait le passage et avança en direction de l'entrée pour la pyramide correspondant à sa caste. Il ne mit pas longtemps pour faire son devoir. Il arriva dans la grande salle et la vue de la pyramide de communion le calma. C'était une pyramide à étage avec une colonne au sommet qui montait jusqu'au plafond. La salle était immense, éclairée par la pyramide et la colonne qui brillait d'une couleur violette sans être aveuglante. La puissance de l'impératrice baignait cette salle.

Il fit le tour de la pyramide à son niveau, promenant son regard sur la fresque sur laquelle il laissait traîner sa main. Plus bas, sur les niveaux en dessous du sien, il y avait plus de monde qui devait parcourir bien plus. Il se laissa envahir par la présence divine qui lui parcourait le corps. Il sentait chaque cellule de son corps entrer en contact avec celle qui menait les Silridriss de victoire en victoire depuis toujours.

Il arriva au bout de son parcours et s'arrêta. Il regarda sa main qui frissonnait encore de cette extraordinaire présence. Arsear prit alors une décision : celle de se procurer le livre de la gouverneur et tout faire pour que la nature divine de l'Impératrice apparaisse au grand jour dans tout les mondes qu'il pourrait trouver. Et cela allait commencer avec le monde des Humains.

Le Capitan sortit de la salle de communion, encore suivi par la faible lumière pourpre qui en émanait. Son esprit était retourné vers ses principaux problèmes et objectifs. Il se dirigeait machinalement vers la sortie tout en se demandant comment prendre le contrôle des yeux du ciel que les humains avaient placé autour de ce monde.

« - Je tenais à vous remercier Capitan...

Le Silridriss remarqua qu'un de ses congénères l'attendait tranquillement à la sortie de ceux de la caste des capitans ou des assimilés. Ragoune, le directeur des forges, l'un des deux protagonistes de la dispute qui avait eu lieu un peu plus tôt.

« ...Hirkim est un crétin, mais, c'est un crétin efficace. Je ne doute pas que la mise en garde que vous lui avez lancée sera suivie d'effets.

- Que voulez-vous ?

- Offrir à boire à votre éminence pour avoir réglé ce problème. Et, si vous le voulez, regarder la prochaine arène en ma compagnie. J'ai cru comprendre que vous aviez déjà affronté ce nouveau monde d'hérétiques...

- C'est le cas. J'accepte le verre et l'invitation, du moment que vous n'attendez rien en échange.

- Voyons Capitan... Vous savez très bien que tout se paye dans notre monde. Un verre pour avoir réglé le différent de ce matin, et l'invitation pour visionner l'arène contre des informations techniques de ce nouveau monde. Au fait, quand auras-t-elle lieue ?

- Dans deux jours. »

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