17 : Prisonniers (2/3)

Sur le vaisseau Silridriss, Manuel tira à bout portant sur les protection qui auraient pu lui être dangereuse : une fois que ses adversaires allaient comprendre ce qu'il faisait, il serait une cible de premier choix. Les unes après les autres, les meurtrières et les postes de tirs qui l'entouraient furent détruits. Rapidement, il ressortit son grappin, et il tira avec, à bout portant dans une meurtrière.

Doit être correctement planté ici...

Rapidement, il attacha un autre grappin à l'autre extrémité. Puis il épaula.

Merde... je tire où ?... il faut bien attacher sinon, on ne tournera pas...

Le jeune homme, dans son armure se retourna. Il vit la faille. Un immense mur de lumière qui l'empêchait de voir correctement. Elle pouvait aisément laisser passer les trois navires de front.

De nombreux éclairs parsemèrent soudain son écran. On lui tirait dessus. Mais il était sur le navire ennemi, et, par conséquent, protégé par le même bouclier que celui-ci.

Faut que je me grouille... Ça commence à devenir chaud...

*

« - Dites au ''Sans-Partage'' de baisser ses boucliers maintenant ! Ils ont compris ! Ouvrez le feu sur les principales sorties ! Ils ne doivent pas s'échapper ! Et abattez moi les esclaves trop téméraire ! » Cria Arsear dans son poste de commande.

*

« - Doux-dingue, on est sous un tir nourrit, on ne peux pas sortir !

Manuel épaula, pour le moment, il ne voulait pas passer dans le monde Silridriss. Qui savait ce qui les attendraient là-bas.

Une frégate chinoise s'approcha d'eux, et sous les tirs des Silridriss. Elle ripostait avec ses canons autant qu'elle le pouvait. Manuel lui tira dessus avec le grappin, qui se planta dans le blindage. Il ne vit pas les effets de ce qu'il venait de faire. Un violent choc dans son dos le sonna à moitié, et il tomba à la renverse pour s'écraser sur le pont du cargo, cinq mètres plus bas. Son casque tapa le repose-tête avec violence, ses épaules, compressées, furent écrasées contre le harnais de pilotage. Mais les différentes protections ne suffirent pas à empêcher la douleur de se créer. Il était complètement sonné, le monde était flou, il ne pouvait plus bouger, les sons qu'il entendait étaient si lointain... Il ne ressentait plus d'urgence dans la situation, une douce chaleur irradiait dans son dos et quelque chose coulait sur sa hanche. Il voyait de grosses taches de couleur verte se déplacer sur la surface de la coque du navire Silridriss. Mais, elles étaient floues, il n'identifiait pas ce que c'était. Mais c'était rapide, ça montait sur les parois.

Il chercha à se relever, mais il en était incapable. Un nouveau choc sur sa machine fini de l'assommer.

*

* *

*

« - Et Merde ! » Hurla le commandant Sarlen en tapant sur le garde-fou métallique de la salle de commande. La barre plia sous le choc.

Les renforts n'avaient pas été assez rapides pour intervenir sur les lieux de la bataille et en changer son cours. Ils avaient perdus plusieurs navires et celui de la princesse avait disparus, piégé dans cette configuration.

« - Commandant, une communication des forces chinoises, elles expriment leur plus grandes excuses pour ce qui s'est passé. Elles promettent que le responsable...

- Dites-leurs que j'en ai rien à foutre ! Je veux un accès à leur réseau satellite de l'autre coté de la faille ! Il faut les retrouver et les sortir de là si on le peut !

- Je transmets commandant. »

Son regard se posa ensuite sur les chimères, celles sur les emplacements de communications avaient l'air abattues.

« - Commandant Sarlen ?

- Plus tard Arson.

- Non, maintenant... C'est inutile. Vous le savez comme moi. La bataille est terminée. Les Silridriss ont gagné. »

Tout le monde le pensait dans le centre de commande, la bataille était terminée. Ils avaient perdu celle-ci. Le silence entourait désormais les paroles d'Arson, et l'attention de tous était dirigée vers les protagonistes de ce dialogue. La réaction du vieux soldat surprit tout le monde. Il se retourna d'un coup sec attrapa la chimère par la peau de la gorge et tira pour l'obliger à le regarder dans les yeux. Il parla sans desserrer les dents.

« - Les types qui sont là-bas nous font confiance, et votre princesse aussi. Il est hors de question de les abandonner à leur sort tant qu'un seul d'entre-eux est encore en vie et que l'on peut leur montrer qu'on est là. Me suis-je bien fait comprendre ?

- Commandant, les chinois nous donnent accès à leur réseau satellite et aux communications. Mais nous n'avons pas la bande de transmission de données, déclara l'officier de communication.

- Pas grave pour le moment, dit-il haut et fort en lâchant la chimère. Que les types de l'intelligence me mettent une équipe dessus à plein temps !

- Mais nous ne sommes même pas sûr que ce soit ce monde... rappelez-vous, ils en ont cinq. Évoqua la chimère.

- Ça ne nous empêchera pas de vérifier. Au boulot tout le monde ! Cette bataille ne sera terminée que quand je l'aurais décidé ! Suis-je clair ? »

Le ''oui, commandant'' résonna dans toute la pièce et tous les combattants reprirent leurs postes, avec le faible espoir de sortir leurs soldats de la galère dans laquelle ils étaient.

*

* *

*

Manuel entendit parler avec violence dans une langue qu'il ne connaissait pas. Ses yeux s'entrouvrirent, mais il ne voyait que du flou. Un flou violet avec des traces de blanc. Il sentait la chaleur du soleil le réchauffer. Il voulu se relever mais une main le retint. Il était allongé sur une surface dure, plate et chaude.

Un murmure, une jeune femme, de l'anglais. Un fort accent asiatique.

« - Don't move. You're wounded. We have been captured... » [trad : « Ne bouge pas. Tu es blessé, nous avons été capturé. »]

Manuel, qui n'avait jamais été vraiment bon dans cette langue traduisait avec difficulté

On a été capturé...

La peur se déversa en lui comme le froid d'une douche glacée. Si la moitié de ce que les chimères lui avait raconté était vrai, l'horreur ne faisait que commencer.

« ...We are in big trouble : they don't respect us as... » [trad : « On a de gros problèmes : ils ne nous respectent pas comme... »]

La phrase fut interrompue par un cri de douleur juste à coté de lui. Le jeune soldat senti un corps s'écrouler juste à coté de lui, puis, se tordre de douleur. Il chercha de nouveau à se relever, mais pour comprendre ce qui s'était passé cette fois. La jeune femme, allongée juste à coté de lui, avait le visage tordu de douleur et se tenait les reins. Elle avait été blessée et portait un bandage sur l'œil droit. Manuel releva la tête pour identifier où il était. Il ne fut pas déçu.

Il était dans un autre monde. Totalement désertique. Pas de sables, mais des cailloux, une terre entre le jaune et l'orange, aride et sèche. Apparemment vierge de tout animal et végétal. Le soleil, jaune-orangé, était bas sur l'horizon, le matin ou le soir, il n'aurait pu le dire, mais l'air était chaud. Le ciel était mauve, avec quelques nuages blancs épars et bien trop peu nombreux pour espérer une quelconque pluie rafraîchissante. Ils se trouvaient sur le pont du cargo. Autour de lui les humains étaient assis en deux groupes, les blessés et les indemnes. Tout le monde était assis et silencieux. Chaque groupe était encerclé par des soldats Silridriss. Ces féroces combattants reptiliens portaient des armures médiévales couleurs de sable et des armes argentées. L'un d'entre-eux venait de frapper la jeune femme avec une violence presque jouissive. Son regard croisa celui de Manuel. Cela ne lui plut apparemment pas, car le soldat lui mit un coup du manche de sa lance dans le visage. Le jeune homme, encore à genou, tomba à la renverse sous la violence du coup. Une autre douleur lui lacéra la hanche. Il vit qu'il avait un bandage autour du ventre. Il regarda de nouveau le terrible combattant en armure, une lueur de défiance dans les yeux. Ce dernier grogna et leva sa lance. Ce coup-ci, ce serait avec la lame.

Au dernier moment, un de ses congénères le stoppa dans son mouvement.

Le nouveau venu portait une cote de maille recouverte par une pièce de tissus pourpre, un pantalon et des bottes en cuir. Le soldat changea d'attitude du tout au tout, et s'écarta avec calme et respect.

Pas bon pour moi ça...

*

Est-ce lui ?

Arsear venait d'empêcher que le soldat ne tue un blessé humain. Il avait interdit de tuer qui que ce soit avant qu'il ne l'ait retrouvé. Il espérait secrètement que le combattant qu'il voyait souvent sur ses vidéos, ait survécu. Il voulait le retrouver, le voir évoluer au combat, comprendre comment il fonctionnait pour pouvoir affronter efficacement son espèce. Il se pencha sur le jeune humain blessé, son visage lui disait quelque chose. Il lui prit le bras pour voir son écusson. L'écusson de l'escadron Rock.

C'est lui, c'est lui qui était avec la femelle lors de ma capture... Leur meilleur combattant hein...

« - Emmenez-le à l'arrière, et mettez-lui un collier de traduction. Surveillez-le bien, s'il s'échappe, abattez-le. Prenez dix autres prisonniers, mettez-leurs des colliers également et emmenez-les aussi.

- Bien Capitan. »

Arsear se leva et se dirigea vers le pont arrière, là où la machine de Manuel s'était abîmée.

Il fut rejoint peu après par le jeune humain et la dizaine d'autres prisonniers. Il y avait six hommes et quatre femmes. Chacun des prisonniers était tenu par deux Silridriss.

« - Je vais être franc avec toi. Commença Arsear en direction du jeune homme. Je pose les questions et tu réponds. Si tu ne réponds pas, ou si ta réponse me paraît incomplète, je tue un des prisonniers et je repose ma question. Suis-je clair ?

- Oui. Répondit-il.

- Je m'insurge ! Commença un chinois. Je suis le commandant en second de... »

Avec la vitesse de l'éclair, Arsear planta son poignard dans la bouche de l'homme. La lame ressorti de l'autre coté de la nuque avec un craquement sec. L'homme mourut sur le coup.

« - Je ne t'ai pas dit que tu pouvais parler esclave. Cela vaut pour vous aussi, précisa-il à l'adresse des neuf autres personnes. Bien, maintenant que tout a été défini, nous allons pouvoir commencer... »

*

Manuel avait parfaitement compris le Silridriss, malgré cette voix rugueuse. Il avait même compris le chinois... Il commençait à prendre peur.

Ce collier... ce truc m'étrangle un peu, mais il me permet de comprendre ce qui se passe. Ce mec est taré ! Il tue à tout va pour une broutille.

« - Quel est ton nom ?

- Doux-dingue. »

Le Silridriss planta sa dague dans le ventre du premier humain. Il tourna la dague, augmentant la douleur dans le prisonnier blessé. Ce dernier hurlait.

« - Ta réponse était incomplète. Tu me dois le respect. Appelle-moi Capitan ou Seigneur.

- Oui Capitan. »

L'homme s'écroula, et se plaça en position fœtale. Arsear fit un mouvement de la tête. Deux gardes prirent le blessé et le jetèrent par dessus bord. Si le coup de poignard ne l'avait pas tué, la chute sur une dizaine de mètres l'aurait achevé. Manuel transpirait de terreur et était complètement sidéré du manque de considération qu'avait le soldat reptilien.

« - Es-tu le pilote de cette machine ?

- Oui Capitan, répondit Manuel, la peur dans la voix.

- Peux-tu la réparer ?

- Oui Capitan.

- Est-ce que tu as déjà affronté les miens dans des montagnes ?

- Oui Capitan.

- Est-ce que ta supérieure est une femelle ?

- Oui Capitan.

- Où est-elle ?

- Je ne sais pas Capitan. »

D'un mouvement rapide, Arsear planta son poignard dans le crane d'un autre prisonnier. Au niveau de l'œil. L'homme hurla ,avant de se taire d'un coup. Là encore, ils se débarrassèrent du corps en le jetant dans le désert, par dessus la rambarde de sécurité.

Manuel vit le corps disparaître avant d'entendre un choc sourd.

« - Où est-elle ?

- Je ne sais pas Capitan... »

Le Silridriss s'approcha du prisonnier suivant, l'attrapa par les cheveux et lui força à mettre la tête en arrière. Manuel avait compris qu'il avait devant lui le prisonnier de Pau, celui qui s'était mystérieusement échappé. Apparemment, il cherchait Marilyn.

« ... Capitan, l'interrompit Manuel terrifié, Vous pouvez tous nous massacrer si vous le désirez, mais ça ne changera pas le fait que je ne sais pas où elle est. Capitan.

- Vraiment ?

- Oui, Capitan, je ne sais pas où elle est. Elle a été blessée lors de la dernière bataille, c'est tout ce que je sais. »

Arsear, planta sa dague dans chacun des poumons du prisonnier. Et ce dernier s'écroula à genoux. Se noyant dans son propre sang. Des bulles rouges éclataient à sa bouche. Il était encore vivant quand les Silridriss se débarrassèrent de son corps.

« - Je suis le seul à décider si tu dis la vérité ou si tu mens. Compris ?

- Oui Capitan.

- Bien. Où est ta supérieure ?

- Je ne sais pas Capitan. »

Le Silridriss garda le silence un moment en contemplant l'épave de la machine de Manuel. Avant de continuer :

« - Je suppose que tu as deviné qui je suis.

- Oui Capitan. Vous êtes le Silridriss que j'ai rencontré près de la cité chimère.

- Félicitation. Ramenez-le avec les autres. Séparez les combattants des non-combattants, blessés compris. » Déclara Arsear devant la mécanique abîmée, une idée germant dans son esprit.

Manuel préféra ne pas poser de questions concernant la princesse, Tégos et Djar. Qui savait s'il ne serait pas le suivant à mourir sous ses coups de dagues.

Il fut jeté sans management du coté des personnes indemnes. Il ne fallut pas longtemps pour les Silridriss pour séparer les combattants des non-combattants.

Manuel remarqua que tout le monde avait été équipé de ces colliers bizarres qui serraient le cou pendant l'interrogatoire qu'il avait subit.

« - Je suis Arsear... Commença le Silridriss qui l'avait interrogé. Il s'était placé entre les deux groupes pour que tout le monde puisse l'écouter. Je suis le Capitan de la force qui vous a capturé. Je suis votre maître. Je suis le propriétaire de vos vies. Votre survie n'est due qu'a mon bon vouloir. Je vous conseille donc de faire tout ce que je vous ordonne ! Je vais maintenant vous montrer ce qui se passe lorsque l'on me désobéis. Arsear se dirigea vers le groupe non combattant et sorti quatre personnes du lot.

« - Véronique ! Non ! Pas elle !

Fernand ! Merde ! Non ! Pas elle ! Et toi, rassieds-toi !

Fernand s'était levé et avait commencé à se diriger vers sa bien aimée. Mais il fut stoppé par un énorme coup de poing dans la figure qui l'assomma a moitié. D'autres prisonniers intervinrent et empêchèrent Fernand de s'en mêler.

Trois Silridriss entourèrent chacune des personnes désignées. Et elles subirent toutes le même traitement. Chacun des prisonniers fut déshabillé avec violence, avec une lame qui coupait aussi un peu la chair. Puis, chacun fut dévoré vivant, se débattant comme ils le pouvaient. Véronique appelait Fernand et Manuel à l'aide. Manuel était tétanisé par la peur, et Fernand se débattait comme un diable pour aider celle qu'il aimait. Ils ne put que regarder la jeune femme disparaître sous les coup de dents et de griffes des hommes-lézard. La première morsure vint de celui qui était derrière elle. Il la mordit à l'épaule. Elle hurla de douleur. Fernand mit un coup de poing à un soldat qui, le retenait, la rage dans les yeux. Mais ses compagnons le retirent de faire une bêtise. Rapidement, La jeune femme fut couchée sur le dos, un autre Silridriss lui avait déjà arraché une partie des muscles du bras droit. Le troisième venait de la mordre au niveau du ventre et commençait à l'éviscérer. Manuel était tétanisé. Le conflit dans des machines, la violence du conflit, il avait déjà du mal. Mais ça, il n'arrivait même plus à cligner des yeux. Il tremblait et avait des sueur froides. Fernand hurlait, criait, donnait des coups de poing et de pieds à ceux qui tentaient de lui sauver la vie.

Manuel arriva enfin à détourner la tête de son amie en pleurant doucement. Il ne pouvait rien faire.

Rapidement, ses cris disparurent, et ses membres tombèrent inertes sur le sol. Parfois parcourus d'un spasme tandis que les Silridriss se bâfraient de son corps.

Fernand, la voyant inerte abandonna, et pleura à chaudes larmes. Manuel remarqua que la réaction de son ami faisaient rire les Silridriss. L'un d'entre-eux alla jusqu'au cadavre de Véronique, en arracha la tête avant de la lancer à Fernand et lui disant que c'était un souvenir. Le jeune soldat prit la tête dans ses bras en pleurant de plus belle.

Les Silridriss autour d'eux étaient hilares.

Tiens le coup Fernand. Ces salopards ne l'emporteront pas au Paradis... Pensa Manuel en cherchant à sécher les larmes qui coulaient sur ses joues. Mais c'était peine perdue : d'autres larmes venaient créer de nouveaux tracés sur les joues à peines sèches.


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