14 : Embuscade (3/3)

Arsear se sentait un peu plus rassuré maintenant que son navire se trouvait dans son monde. Il voyait les autres bâtiment de la flotte revenir dans leur monde de départ depuis le balcon extérieur. Maintenant qu'il avait donné cet ordre il commençait à se demander si celui-ci avait été judicieux.

*

Dans le ciel, le missile plana encore un petit moment avant d'exploser. S'ensuivit alors une réaction en chaîne qui couvrit le ciel de flammes. L'onde de choc fut terrifiante, couchant les arbres, brisant les quelques constructions qui avaient survécus à la première guerre. Puis, vint une terrible vague de flammes, brûlant tout ce qui aurait pu rester debout.

La porte du tunnel était quasiment fermée lorsque l'explosion se produisit. Les deux machines furent propulsées vers l'intérieur et quelques flammes passèrent sous la porte. Pas beaucoup, mais assez pour enflammer l'armure de Manuel.

Elle brûla pendant deux secondes, secouée de spasmes, avant d'être totalement enveloppée par une espèce de fumée blanche.

*

Dans l'autre monde, Arsear n'eut plus aucun doute en voyant le reste des navires sortir des différent portails dimensionnels : ils étaient tous en feu sur leurs parties arrière. Des vaisseaux de cauchemar, nimbés de flammes. Celles-ci heurtaient au boucliers qui ne cessaient de scintiller de violet.

C'est impossible... le métal ne peut pas brûler... non, le feu est intérieur, mais... ils n'ont pas transpercé nos boucliers... Comment ont-ils fait ?

*

« - C'est une arme assez ancienne, un missile carburant-comburant. L'arme la plus puissante avant l'arme atomique, répondit Sarlen à Arson qui venait de poser la même question. En gros, on surcharge l'air ambiant d'un gaz hautement inflammable et extrêmement volatile. Puis, on allume le tout... »

Sur l'écran, l'image montrait une vue satellite. La zone était en feu, trois collines, étaient recouvertes de flammes et des incendies s'étaient allumés un peu partout. L'arrière de navires volant en feu achevaient de disparaître.

« ... Partout ou le gaz s'est répandu en quantité suffisante, ça explose puis ça brûle. Leurs boucliers n'ont probablement pas pu identifier le gaz comme dangereux, et celui-ci est passé. Lors de l'allumage, le bouclier à dû encaisser, mais, par convection, on a dû allumer le gaz à l'intérieur. Mieux que du Napalm en tout cas : ça va partout.

- Votre espèce est terrifiante... »

*

Dans le tunnel, l'armure de Manuel, couchée sur le dos, s'ouvrit, laissant échapper une grosse boule de gaz blanc. Le pilote sorti en titubant avant de tomber à quatre pattes. Il se mit à genoux avant de retirer son casque puis, il se remit à quatre pattes. Il vomit et toussa, se secoua la tête.

Salida se rapprocha de Manuel pour s'enquérir de son état, mais se stoppa à quelques mètres de lui.

Du sang...

Nemaya, dont l'armure éclairait la scène, sortit de sa machine pour se porter au secours du jeune pilote.

Sa combinaison était brûlée et en lambeaux. Mais le pire, c'était le sang qu'il avait autour de la bouche. L'ensemble, lui donnait l'air de sortir d'un mauvais film de série Z.

« - Monsieur Doux-dingue... est-ce que... commença Sellgan

- Ça ira, dit-il dans un râle, la voix devenue rauque. J'ai la gorge un peu brûlée. Ça fait un mal de chien bordel. Mais rien de mortel normalement, je suis bon pour aller voir le médecin le plus tôt possible... »

*

Du sang... et ça sent le brûlé... je sens une odeur de sang, d'alcool et de brûlé... Et j'ai mal... Mais qu'est-ce que j'ai mal... Pourquoi fait-il si sombre ?... et ce bruit... qu'est-ce que c'est ...on dirait une personne qui marche sur des gravier... un humain ?...

Lentement, Tégos ouvrit les yeux, pour voir Manuel, assis sur une épave de voiture qui mangeait une barre énergétique. Elle était dans le tunnel, allongée sur le coté droit. Appuyée contre le mur, de l'autre coté du tunnel, l'armure de Manuel les éclairait.

« - Ça y est ? Tu te réveilles ?

- Je ne me souviens pas vous avoir autorisé à me tutoyer...

Ses mains sont couvertes de sang. Des doigts jusqu'au coude...

- Pas grave. Je crois que pour ce coup-là je m'en passerai. »

Manuel renifla puis cracha au sol un mélange rouge qui sentait le sang.

« - Que s'est-il passé ?

- Les Silridriss nous sont tombés dessus et nous ont mis une branlée.

- Je parlais de se qui s'est passé après. Après que j'eusse perdu connaissance. Et puis, j'ai mal.

- On vous a porté jusqu'à une entrée de tunnel avant qu'un missile balistique ne s'occupe de la flotte Silridriss. Ensuite, j'ai cherché à vous soigner comme j'ai pu. Redcross m'a fourni les principales directives, et, j'étais présent quand on est allé soigner certaines d'entre-vous. Ça m'a un peu aidé. Mais je t'avouerais que ce n'est vraiment pas mon domaine de prédilection, ce que j'ai fait n'est pas génial, mais c'est mieux que rien.

- Pourquoi toi ? Demanda la chimère aux yeux rouges en tentant de voir sa blessure ou de se lever. Il y eut un bruit de papier aluminium qui se froisse.

- On se tutoie maintenant ? Je te conseille de ne pas trop bouger, ce que j'ai fait n'est pas génial et si ça se ré-ouvre je ne sais vraiment pas ce que l'on va faire... »

Tégos laissa bruyamment retomber sa tête sur le sol.

« ... Et vas-y mollo s'il te plaît : la trousse de secours est vide. Pour soigner un homme s'est nickel mais pour une chimère, c'est à usage unique.

- C'est toi qui m'as soigné ? Répéta-t-elle.

- Et qui veux-tu que ce soit d'autre ? La princesse et Sellgan ne peuvent pas, quand à Nemaya, je crois qu'elle aurait préférer t'achever. Le jeune pilote cracha de nouveau un espèce de liquide rouge.

- Mais pourquoi ne pas m'avoir laissé là-bas ? Si nos soigneurs m'avait récupéré...

- Ils n'auraient récupéré que des cendres, si les Silridriss ne t'avaient pas achevés avant. Ce n'est pas pour rien que nous sommes dans un tunnel. Et je ne suis pas à la dernière mode non plus. »

Tégos accéda à la mémoire. Elle comprit immédiatement ce qui s'était passé. Et le dégâts qui en avaient suivis. La combinaison de Manuel était en lambeaux. On y voyait également une peau rougie.

« - Je te connaissais moins cynique, évoqua-t-elle après un silence.

- Ça, c'était avant de perdre des amis.

- Qui ?

- Grundig et Marcus... Le Major et Dionysos sont blessés également. Dans les autres escadrons c'est pire. Ils ont tout pris de plein fouet. Les trois quart des Dancers et la moitié des Demony ne rentreront pas chez eux... Et je ne te parle pas des forces aériennes. »

Manuel croqua de nouveaux dans la barre énergétique. Le jeune pilote et la chimère s'observèrent ainsi en silence. Une fois fini la sienne, Manuel sorti deux autres barres d'une poche puis les ouvrit.

« - Ouvre la bouche. D'après ce qu'a dit Redcross, il semblerait que seul ton poumon gauche ai été touché. Pour une chimère, ce n'est pas trop grave. Ton système digestif est censé être en bon état. Et, toujours selon lui, tu vas avoir besoin d'énergie pour te remettre. Il y a là-dedans l'équivalent d'un repas complet pour un homme normal. C'est pas grand chose mais c'est déjà ça. Alors tu vas en prendre deux...

- Non.

- Non ?

- Je ne veux rien te devoir de plus.

- Déjà, tu ne me dois rien.

- Alors pourquoi est-ce que tu fais ça ? J'ai essayé de te tuer !

- Et j'aurais pu en faire autant en te laissant là-bas, répondit Manuel. Avoue que ce n'était pas une si mauvaise idée que ça de me laisser en vie... Allez, ouvre. » Déclara Manuel en se rapprochant le l'énorme tête.

Tégos la bougea mais pour l'écarter du jeune homme.

« - Rhaa... Putain mais c'est pas vrai. Il suffit que ta princesse ne réagisse plus comme une gamine pour que tu la remplaces.

- Tu veux vraiment brûler ? Riposta-t-elle en le regardant ses yeux devenus blancs.

- Une fois ça me suffit. » répliqua-t-il du tac au tac.

Les yeux de la chimère redevinrent deux billes rouges sur la carapace blanche qui lui servait de tête.

« - Une fois ?

- Pas envie d'en parler. Une expérience que j'aimerais autant oublier. »

Cette odeur de brûlé... c'est lui...

La chimère fit rapidement la relation entre ce qui s'était passé dehors et l'état physique du jeune homme.

« - Tu es têtu...

- Et encore... t'as rien vu.

- Je ne comprends toujours pas... pourquoi m'as-tu sauvé la vie ? Puis soigné...?

- Pourquoi chercher une réponse là où il n'y en pas. J'ai réagi dans la précipitation, ensuite, bah, j'ai fait ce que je pensais être le mieux... »

Manuel s'assit contre la chimère, et s'adossa à sa poitrine, entre les pattes avant et le cou.

« ... Si tu veux, la prochaine fois je te laisse sur place. Et les Silridriss chercherons la sauce à laquelle ils t'accommoderont... Dis, tu es sûre que tu n'en veux pas ? Je sais que question goût y'a mieux... Mais, pour le moment, je n'ai rien d'autre.

- Où est la princesse ? Demanda la chimère en ramenant sa tête près de Manuel. Donne-moi ton truc.

- Partie avec Nemaya et Sellgan pour voir jusqu'où le tunnel est praticable », dit-il simplement en laissant glisser les deux barres dans la gueule aux dents acérées. « Moi, je surveille la blessée et je cherche à réparer ma machine.

- Elle est gravement blessée ?

- Qui toi ? Je ne suis pas médecin, mais je dirais que le Silridriss ne t'as pas loupé.

- Je parlais de ta peau de pierre.

- Pas tant que ça. J'ai eu de la chance je dirais. La température des flammes a activé le système de refroidissement à l'azote. Mais, avec le choc thermique le détendeur à lâché, le circuit est monté en surpression et a lâché lui aussi. Noyant le tout sous un nuage d'azote froid. Avec la température de l'incendie, le gaz s'est rapidement détendu et à étouffé le feu. J'avais mon casque fermé et je respirais sur un circuit interne, ça m'a évité de mourir étouffé. En revanche, j'avais encore un peu de gaz dans la gorge et, par température, celui-ci s'est enflammé. Maintenant, concernant ma machine, sache que tout le système électrique a des problèmes, la partie concernant l'électronique a complètement grillé et j'ai des cristaux de glace dans le système de pression d'huile. Quand au blindage... n'en parlons pas. Heureusement que les armes Silridriss ont du mal avec les plaques de métal composites.

- Je ne comprends pas vraiment tout les termes que tu emploies. Mais je suppose que ce doit être grave. Elle a mal elle aussi ?

- Les armures, ou peaux de pierres comme vous les appelez, ne sont pas vivantes. Ce sont des machines. Elles ne pensent pas, ne ressentent pas la douleur. Considère là comme un caillou, ni pensée, ni sentiments. C'est fabriqué, elle n'existe pas à l'état naturel. Et, pour être plus explicite par rapport à ce qui se passe dessus, c'est comme si je me déplaçais avec un corps très vieux et usé. Arthrite, mauvaise vue, peau abîmée et difficultés à garder l'équilibre.

- C'est dégueulasse ton truc, commenta Tégos en bougeant sa tête pour regarder les insondables profondeurs du tunnel.

- J'ai jamais dit que c'était bon, rit un moment le jeune homme. J'ai juste dit que ce serait utile que tu le manges. »

Tégos senti l'humain se lever et se diriger vers sa plaie. Elle vit du coin de l'œil quelque chose d'or et argent se soulever

« - Qu'est-ce que tu fais ?

- Je vérifie que ça ne s'infecte pas. Et je vérifie également qu'il n'y a plus de sang dans le poumon. Sinon, tu va te noyer dans ton propre sang. D'ailleurs, concernant la douleur, je tiens à te prévenir : la douleur va empirer.

- Pourquoi ?

- J'ai utilisé tout les analgésiques que j'avais pour anesthésier autour de la plaie et éviter que tu ne te réveilles de douleur. Mais je n'en ai plus maintenant, alors il faudra faire avec.

- La douleur n'est pas un problème.

- Bon, la plaie n'est pas belle mais elle pourrait être pire, dit Manuel en éludant la remarque. Et tout cas, d'après ce que Redcross m'as décrit, il n'y a pas d'infection. Ma petite pause étant finie je vais retourner à ma machine. Elle ne se répare pas toute seule... elle. »

*

Dans une salle de laiton et d'acier, au cœur même du navire Silridriss, Arsear et Berik, son intendant discutaient. La pièce était plutôt grande sans aucune décoration. Seul un bureau, une grande table avec une carte et deux sièges en composaient le mobilier. Les deux protagonistes discutaient des résultats de la dernière bataille.

« - État de la flotte ?

- Le tiers de nos navires volant est en réparation. Tout ceux qui travaillaient sur les pont arrières des navires touchés sont morts ou sévèrement brûlés. Nous n'avons perdu que dix pour cent de nos troupes. L'ennui, c'est la perte d'un Taranta, répondit l'intendant à Arsear.

- Comment de tels dégâts ont-ils pu arriver ? Comment ont-il pu passer nos bouclier...

- Les mages ont une petite idée là dessus... »

Arsear releva la tête pour regarder son intendant.

« ... ils pensent qu'il s'agit d'un gaz. Un gaz inflammable. La plupart des corps retrouvés brûlés l'ont également été de l'intérieur, par leurs poumons.

- Ils l'ont respiré ?

- Ça m'en a tout l'air.

- Des prisonniers ?

- Non. Ceux que l'on avait pu faire ont subit le même sort que nos troupes. Déjà que l'on n'en avait pas beaucoup. Je commence à comprendre les problèmes que ces créatures ont pu poser au général Estron. D'ailleurs, la gouverneur attends un rapport.

- Pas tout de suite. Je dois lui amener d'autres résultats que ceux que nous avons actuellement. Et la question, est, comment piéger ces créatures, les forcer à la réédition. »

L'intendant se dirigea vers la porte en direction de la sortie avant de s'arrêter. Il se retourna, et après un petit instant parla :

« - Je me dois de vous prévenir, tuer immédiatement un de vos subordonnés ne vous accordera pas une bonne appréciation de la part de l'équipage. Sur le coup, je n'ai pas compris, moi non plus. L'ordre de nous faire quitter la zone, bien qu'incompréhensible sur le moment, était le bon. Le résultat, c'est que plus personne ne discutera vos ordres, et qu'ils ont une certaine confiance en vous pour les sortir d'affaire si ça se gâte trop.

- Si ça peux les rassurer. Pour ma part, les ordres du gouverneur sont absolus. Quelles qu'en soient les conséquences. » Répondit Arsear alors que l'intendant reculait vers la sortie.

* * * * * *

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