14 : Embuscade (2/3)
Il bloqua le premier coup de sabre avec son fusil, puis au second, il le bloqua au niveau de ce qui aurait pu être le poignet avec la main gauche. Dans une manœuvre que son père aurait désapprouvée, il se glissa sous le bras ainsi tendu pendant que les deux bras supérieurs luisirent pour tirer à bout portant. Mais il était trop tard : Manuel s'était déplacé à coté de son adversaire et venait de poser l'extrémité de son canon sur l'habitacle.
Il fit feu.
A cette distance, le bouclier était inutile. Le tir déforma la coque en la pliant vers l'intérieur de l'habitacle. L'autre coté du cockpit fut éventré et l'ensemble de la carcasse et de ses occupants furent éparpillés sur cinq mètres. Le Sarback hors service n'avait pas fini de rouler que Manuel mit en joue un des assaillant de la russe.
Elle venait de transformer l'une de ses trois cibles en passoire. Le bouclier des deux autres ayant tenu, ils furent projetés sur plusieurs mètres. De ses deux autres assaillants, de ceux qui la cherchaient au contact, elle attrapa le premier par l'épaule de la main gauche tandis que les lames du sarback s'élevaient. Et, d'un coup sec, elle le força à se coucher vers l'avant. Elle recula en un bond lors du mouvement. Plutôt que de mettre les coups, le pilote adverse chercha a rattraper son équilibre.
Le centre de gravité de ses machines est vers l'avant... un coup bien placé et ils tombent... bien vu Nemaya.
Manuel tira sur son deuxième assaillant et le fit reculer.
« - Putain de bouclier de merde ! » Cria-t-il.
Désormais, le corps arachnéen du sarback attrapé par la russe battait des pattes tout en cherchant le sol. Sans pitié aucune, la russe posa le canon de suppression sur l'abdomen et appuya sur la détente. Le poste de pilotage fut vaporisé.
Il y eut deux tirs, Manuel n'en identifia pas l'origine. Mais un des deux sarback qui s'étaient relevés et qui revenait vit son abdomen éclater, comme le torse de son allié. Leurs boucliers éclatant comme des ballons de baudruches..
« - Merde... manqué. » murmura Oneshot. En voyant le reste du corps arachnéen partir en courant.
Bordel, on en a loupé trois...
Manuel pénétra dans la forêt tandis que la russe mitraillait le dernier. Se dirigeant vers un de ces point rouges qui s'y était engouffré à la recherche de la princesse. Dans son casque, il entendit le sniper signaler une nouvelle vague d'assaillants.
Ça se passe mal : ils sont trop nombreux. Jamais on ne les contiendra.
Il entendit de nouveau d'énormes explosions celles-ci était différentes. Beaucoup plus puissantes, tout en se déplaçant, il modifia le zoom de sa carte. Son écran signala la présence de deux unités d'artillerie à quelques kilomètres.
*
« - Commandant, nous avons une liaison avec le Mégalodon. »
Le vieux soldat arracha le casque des oreilles du soldat des communications pour le poser sur les siennes.
« - Ici contrôle commande Clermont-Ferrand. Demande de tir de missile Inferno aux coordonnées suivantes. Ordre de tir prioritaire code : ''Icare a les ailes brûlées'' je répète ''Icare a les ailes brûlées''. On vous transmet les coordonnées par lien satellite. »
Il y eu alors quelques secondes de silence qui fut rompu par une voix féminine.
« - Ici le Commandant Petrov du Mégalodon. Vous êtes sûr de vouloir balancer ce truc ?
- Faites ce que je vous dis bordel ! Y'en a qui sont dans la merde là-bas ! Grouillez !
- Bien reçu ! Mégalodon tir Inferno. Impact dans quatorze minutes. Paix à leurs âmes. »
Le vieux soldat changea la fréquence pour s'adresser à l'ensemble des troupes.
*
« - A toutes les troupes, ici Sarlen du contrôle-commande Clermont-Ferrand. Impact Inferno prévu pour douze minutes... crachèrent les écouteurs de Manuel.
Putain... ils ne vont pas oser quand même... on est en dessous bordel
... Unité Orfèvre, faites feu avec tout les fumigènes que vous avez. Couvrez leurs mouvements. ADAV, ordre de repli. A toutes les unités engagées, rompez le combat, trouvez un abri. Le contrôle commande va vous guider vers les plus proches identifiés. Bonne chance à tous. »
Manuel arriva dans la petite clairière ou la princesse se trouvait. Deux sarbacks étaient totalement immobilisés par d'énormes ronces. Le troisième était fumant et immobile. Mais Tégos, elle aussi, gisait sur le sol, une entaille dans la poitrine.
Merde...
*
Dans un sous-marin navigant dans l'atlantique. Une jeune femme, dans le poste de commande, reposait le micro qu'elle avait entre les mains.
Icare à les ailes brûlées...
Elle alla dans sa cabine et en ouvrit un petit coffre fort. Dedans, un carnet ainsi qu'un pistolet.
Icare a les ailes brûlées...
« Icare a les ailes brûlées. » Ce n'était pas pensé mais lu et dit à haute voix.
Elle raya la phrase dans le carnet avant de ranger le tout puis de retourner au poste de commande.
Elle garda le silence un moment avant de déclarer haut et fort :
« - Profondeur de lancement balistique ! En vitesse ! Machine avant douze nœud assiette plus trente ! Préparez le lanceur quatre pour un tir immédiat ! »
*
[Ndla : musique pour l'ambiance ]
« - Doux-dingue, ici contrôle commande. Votre destination est l'entrée du tunnel de la montagne bleue, au sud de votre position... »
Le jeune pilote ne voyait rien, les fumées avaient envahies tout le champs de bataille. Il changea son mode de vision pour passer en ultra-sons.
« ... C'est un ancien tunnel qui passait sous les Pyrénées avant la guerre. Il est équipé d'une fermeture classe cinq. Les chimères disent que vous devez la laisser là, elle va vous ralentir. »
Manuel avait activé son compresseur de puissance et jeté le corps inerte de Tégos sur les épaules de sa machine. Du sang coulait sur l'armure et les pattes frôlaient les herbes de part et d'autre de la machine de guerre.
« - Dites-leur d'aller se faire foutre ! J'la laisse pas là ! Et si ça vient de Tégos elle-même, dites-lui que toutes ses objections ne sont pas recevables ! Direction ! Bordel, posez les marqueurs ! On y voit rien ! »
Instantanément, un cap apparu sur l'écran de son casque.
Bordel, j'y vois rien de cette manière...
D'un mouvement sec, il retira l 'écran qu'il avait devant les yeux et activa le système secondaire que sa sœur lui avait installé. Les quatre écrans se recouvrirent de la vue monochrome de la vision en ultrason.
C'est pas optimal mais y'a du mieux...
« - Contrôle commande, Doux-dingue en déplacement direction sud avec la princesse, Sellgan et Nemaya. »
*
Mais qu'est-ce qui se passe ? ...
Arsear, sur le pont de son navire, s'interrogeait sur la suite à donner aux opérations. L'ensemble du champs de bataille était désormais recouvert d'un épais brouillard. Les combats aériens avaient cessé : les troupes adverses s'étant retirées. Quand à ses troupes au sol, elle ne trouvaient personne. C'est comme si leurs adversaires s'étaient soudain évaporés. Pour lui, s'ils abandonnaient le terrain, cela signifiait qu'il avait gagné la bataille.
Mais quelque chose le dérangeait. Après s'être si durement battus, et, l'issue des combats étant toujours incertaine, pourquoi les Humains cesseraient-ils brusquement le combat. Ça n'allait pas. Ces créatures se battaient comme des diables sur un autre monde, près de la porte d'Austrad. Pourquoi lâcheraient-ils si facilement un bout de leur propre monde...
*
« - Profondeur de tir, signala le pilote du sous-marin
- Ouvrez porte quatre, chargez les coordonnées de la cible.
- Ouverture porte quatre, chargement en court, répondit l'officier d'armement. On va vraiment lancer ce bazar commandant ?
- On en a reçu l'ordre. État ?
- Porte ouverte, coordonnées stockées et vérifiées. Pas d'erreurs à signaler.
- Feu. »
La gangue comportant le missile fut propulsé à travers sa membrane de protection en caoutchouc sous une impulsion d'air comprimé. Il sortit de plusieurs mètres au-dessus de la surface. La gangue se détacha en deux parties, libérant le missile qui s'alluma et partit comme une flèche en direction du ciel.
« - En plongée ! Profondeur de contrôle ! Contact satellite pour pilotage en trajectoire surbaissée ! »
Chacun de ses ordres fut répété et effectué. La jeune femme se déplaça jusqu'au centre d'opération balistique. Elle y trouva un homme assis dans un siège, des commandes de vol entre les mains. Lentement, l'homme dont le visage était caché par un écran inclinait les différentes manettes.
*
« - A toutes les troupes, missile Inferno en approche. Impact prévu dans douze minutes.
- Doux-dingue, lâchez là, elle vous ralenti. »
Les deux voix étaient différentes mais elle provenaient du même endroit : le contrôle commande. C'était la quatrième fois qu'on lui disait de laisser là la créature de cauchemar. Il en eut assez. Il coupa sa liaison avec le contrôle commande tout en continuant son chemin. Avec le compresseur actif, il consommait beaucoup d'énergie mais il n'était pas ralenti pour autant.
Ils avançaient assez rapidement même, mais atteindre l'entrée du tunnel avant l'explosion du missile serait limite.
*
Le regard d'Arsear se posa sur la carte qui montrait la position des différentes troupes.
Il ne reste plus que nous...
La raison pour laquelle les Humains s'étaient replié lui apparut alors clairement.
Par l'Impératrice ils vont tenter le même type d'attaque qu'à la porte d'Austrad !
Il hurla ses ordres :
« - Repli immédiat ! Récupérez les troupes au sol en vitesse ! À tout les navires retour dans le monde Azim le plus vite possible !
- Mais Capitan, nos troupes sont victo... »
Le soldat n'eut pas le temps de finir sa phrase. Arsear avait sorti son épée et l'avait embroché au cœur.
« - Quelqu'un d'autre veux discuter mes ordres ?! Vite ! »
Dans le poste de commande, les différents Silridriss voyaient à la fois la peur et la colère dans le regard de leur Capitan. Il savait apparemment des choses qu'ils ignoraient et ils transmirent les ordres comme demandés.
Berik, l'intendant se dit qu'il vaudrait mieux attendre qu'il soit calmé avant de lui dire ce qu'il pensait de cette action.
*
« Impact dans cinq minutes »
Le petit groupe de Manuel arrivait en vue du Tunnel. C'était une construction bétonnée enchâssée dans la roche d'une falaise. Un mélange de cubes dessinés par un architecte, qui, à son époque fit certainement moderne et stylisé. Mais, avec les combats, le temps et le manque d'entretien, cela ressemblait désormais à une ruine un peu kitch envahie par la végétation.
Bordel... Ne me dites pas que... Et merde, le tunnel est déjà fermé.
De là où il était, il voyait une lourde porte qui en bouchait l'entrée. Il rebrancha sa radio.
« - Contrôle commande, ici Doux-dingue, la porte est déjà fermée, on s'approche pour vérifier le verrouillage. Vous confirmez ?
- Nous n'avons aucune trace concernant une fermeture antérieure de la porte. Veuillez patienter. »
Mais ils se foutent de moi...
Nemaya se mit à le distancer, courant vers l'entrée fermée. Sans doute avait-elle comprit que s'ils n'arrivaient pas à ouvrir cette porte, se glisser à l'intérieur et à la refermer en avant l'explosion, l'histoire s'arrêterait là.
*
Au centre de contrôle commande de Clermont-Ferrand, la tension, déjà très élevée, monta encore avec l'affirmation de Manuel. Les chimères commençaient à devenir nerveuses.
« - Attention-attention, résonna une voix, impact dans quatre minutes, passage du missile en automatique. Déclenchement phase un.
- Il y a-t-il un risque pour la princesse ?
- Je ne crois pas Arson. » Répondit le commandant en voyant les images satellite du petit groupe de Manuel s'approcher de la porte.
*
« - Capitan, engin en approche à très haute vitesse, hurla un des Silridriss dans son centre de commande.
- Combien ?
- Un seul, mais extrêmement rapide.
- Ordre à la flotte. On quitte la zone, abandonnez les retardataires.
- Mais... »
Arsear ressortit la lame, le soldat incriminé retourna à son poste et transmis les directives.
*
Dans le ciel, le corps du missile éclata en son milieu. Libérant six sous-missiles qui partirent encore plus rapidement dans des directions différentes. Le corps du missile déploya une paire d'ailes et coupa son propulseur. L'engin amaigri se mit à planer, son ogive toujours intacte.
*
Allez bordel, ouvre-toi !
Manuel et Nemaya forçaient autant qu'ils le pouvaient sur la poignée de la porte, mais, rien a faire, elle ne bougeait pas. Manuel commençait à paniquer. Il savait qu'il ne restait plus beaucoup de temps.
« - Doux-dingue, ici contrôle commande, comment est censée s'ouvrir la porte.
- Vertical ! Vers le haut ! Les poignées sont en bas !
- Écartez-vous ! »
Le pilote fit un pas en arrière, et un complexe ensemble de ronces sorti de terre. Certaines s'enroulèrent dans les énormes poignées, d'autre se glissèrent sous la porte. Le jeune pilote se retourna et vit Sellgan. La chimère avait les yeux blancs, elle forçait, c'était visible. Soudain, son regards fut attiré par un objet dans le ciel. Il se dirigea droit vers eux et se brisa quasiment à leur verticale. Pas une grosse explosion, il éclata comme un ballon de baudruche trop gonflé.
Merde ! ... ça va vraiment nous péter à la gueule !
Manuel attrapa de nouveau la poignée et tira. Nemaya fit de même. Sous l'action conjugué des deux lourdes machines de combat et de la chimère, la porte s'ouvrit. Lentement pour commencer, puis comme débloquée elle devint plus mobile.
La princesse se glissa dans l'entrée, bientôt suivi par Sellgan et Nemaya retint la porte le temps que Manuel aille chercher le corps de Tégos.
Mais c'est quoi cette odeur ?... Merde ! L'Inferno ! Je suis en plein dedans ! Il va péter !
Manuel, après avoir stoppé sa respiration referma hermétiquement son casque tout en se précipitant dans l'obscure entrée du tunnel, Tégos sur les épaules. A peine fut-il à l'intérieur, qu'il déposa Tégos, le plus doucement et rapidement possible. Avant de se précipiter à la porte. Nemaya avait des difficultés pour la refermer.
Mais c'est pas vrai ! Elle nous aura emmerdé jusqu'au bout cette putain de porte !
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