13 : Départ (1/3)
Manuel était assis dans son bureau. Il regardait dans le classeur les armes qu'il allait pouvoir emporter. Il tournait les pages du classeur sans trop savoir quoi prendre. En effet, le bouclier dont les Sarbacks étaient équipé annulait les impacts des armes de tirs. De plus en plus de rapports faisaient état de Sarback équipés de ce type de protection. Il fallait un grand nombre d'impacts avant que le bouclier ne soit mit hors-service, ou alors une arme avec une puissance équivalente à l'ensemble des attaques. Ce qui équivalait à une pièce d'artillerie. Pour l'instant, il n'avait pas de solution. La seule munition pour fusil qui semblait avoir un certain effet était celle à l'uranium appauvri. L'ennui, c'était que ces munitions n'étaient pas encore produites en grandes séries. Une petite quantité était arrivé à la base, et c'était les snipers des différentes unités qui en avait disposés. Et encore, sur un seul et unique calibre.
Bon, voyons ce qu'ils ont en support, je verrais bien si je peux me servir de ces gros truc en assaut...
Il tourna quelques pages ... Vohzd' entra dans la pièce. Manuel voulu se lever mais le major lui fit signe de se rasseoir. Nemaya avait suivit Manuel un peu partout depuis leur altercation. Elle semblait vouloir le défier sur tout les sujets qu'elle pouvait trouver. Ça pouvait être la simple course ou un entraînement au tir... Il y avait d'ailleurs eut droit : il faisait parti de l'armée désormais et il avait dû apprendre le maniement des armes d'infanterie durant les derniers jours avant le départ. On lui avait tout de même épargné les interminables repos/garde-a-vous et autres jongleries. Déjà qu'il n'aimait pas les manipuler... jouer avec aurait vraiment été déplacé. Il avait toujours ce souvenir de la clairière remplie de charognes qui le hantait.
Vohzd' s'assit au bureau de Fernand.
« - Je sais pourquoi Nemaya attaquer toi. J'ai compris.
- Ah ?
- Oui, après avoir écouté audio de combat de la simulation, Nemaya attaqué quand deux autres pilotes dire que tu avoir fait contact avec Chimères... »
Mais ça va me suivre encore combien de temps cette histoire ?
« ... Et Nemaya pas aimer chimères. Préférer tirer dessus.
- Et, elle va me prendre la tête encore longtemps ?
- Pardon ? J'ai pas compris.
- Je voulais savoir combien de temps encore elle allait m'en vouloir.
- Bonne question. Tu es aussi fort qu'elle. Un bon moment je pense, quand elle t'aura dépassé. »
Le russe avait dit cela avec un grand sourire, comme une boutade pour dédramatiser la situation.
En attendant, c'est pas toi qui doit te la coltiner...
Vohzd' se leva et quitta la pièce après un petit signe de la main.
...Et ça ne me dit toujours pas ce que je suis le plus à même de prendre. Il y a certainement quelque chose, là-dedans, qui pourrait être efficace contre les Sarbacks.
Il arrêta son choix sur un fusil de cinquante millimètres sur lequel il signala vouloir monter un grappin. Le fusil qu'il avait choisi avait tout de même un gros défaut : pas de tir automatique, ni de rafales, uniquement un tir semi-automatique. Je tirerais balle par balle... Espérons que le diamètre de la balle ait suffisamment d'influence pour percer le bouclier...
Il choisit, là encore, les charges creuses. Il n'avait pas mieux à disposition contre des éléments blindés. Comme arme de poing, après avoir épluché le listing, il prit un espèce de canon scié du même calibre que le fusil et qui avait les modèles de chargeurs identiques. Il prit deux chargeur de munitions identiques au fusil et deux autres pouvant tirer de la mitraille.
Dés fois qu'on tombe sur de l'infanterie... peu probable d'après ce que je sais : les Sarbacks sont leur infanterie. Mais s'ils s'avisent de sortir ce sont les charges creuses qui n'auront que peu d'effet... Putain que c'est compliqué ! Et si je me goure, j'y passe... Ouais, deux devraient suffire.
Il demanda un grappin à pointe classique, avec ce qu'il allait avoir en face, il ne voulait pas faire de cadeaux. Enfin il prit une lame courte.
Bon, si je prend plus, je suis en surcharge... et je vais galérer rien que pour bouger.
Il s'assura qu'il avait aussi des charges dans le lanceur de fumigènes avant d'aller déposer sa feuille dans le bureau de Marilyn. Elle était absente, mais l'odeur de son parfum embaumait la pièce. Cette odeur, et cette pensée de l'être aimé, entrèrent en une espèce de résonance qui enivra un peu Manuel. Un instant, il oublia la guerre dans laquelle le monde était plongé. Un sourire se dessina sur son visage alors qu'il sortait du petit bureau.
Il revint dans le sien puis, il déplia le journal qui était posé dessus. Le jeune homme se releva après quelques secondes, il lui manquait quelque chose pour se concentrer : un café. Quelques instant plus tard, son café à la main, Manuel épluchait le journal à la recherche de nouvelles. L'armée avait beau cacher certaines informations, elle ne pouvait cacher les plus grosses. La zone de front s'était stabilisée un peu partout. Les Silridriss n'avançaient plus. Ils se défendaient comme des diables lors des escarmouches ou des batailles, mais ils ne menaient plus d'actions offensives. Ils ne cherchaient plus le contact, contrairement aux forces de la coalition Humain/Chimères. Et ce, où que ce soit dans le monde.
Ils sont en train de perdre l'initiative... C'est nous qui choisissons où et quand. A moins que ça ne cache autre chose... Nan, ça doit-être ça.
En continuant sa lecture, Manuel vit que les chinois avaient dû affronter de nouveau des troupes Silridriss dans l'autre monde. Les deux bombes H qu'ils avaient reçu n'avaient pas entamé leur volonté de les chasser de là. Ils avaient juste changé leurs stratégie : Au lieu d'immenses troupes de Sarbacks agglomérés, organisés comme des phalanges grecques ou des tortues romaines, ils se déplaçaient désormais en tirailleur.
Mais les chinois étaient là depuis suffisamment longtemps pour avoir amené avec eux du matériel très lourd, et, particulièrement performant. Il était notamment indiqué qu'ils avaient déployé des pièces d'artilleries, que des commandos avaient eu pour mission de rendre la vie impossible aux Silridriss. Des champs de mines avaient été déployées sur des kilomètres carrés.
Ouais... Bizarre, ils ne parlent pas des résultats de ces batailles... ils ne doivent pas être en notre faveur. Dans le cas contraire, ils l'auraient marqué en gros titre. Eh minute ! Ils se stoppent partout... Sauf là. Que cherchent-ils à cacher ? Qu'est-ce que les chinois ont dû découvrir pour qu'ils veuillent à tout prix reprendre cette faille ? Ils ont forcément dû trouver quelque chose : ils ont mis en place un réseau satellite...
Manuel allait refermer le journal, mais il le rouvrit d'un coup sec. Il avait vu quelque chose qui l'avait interpellé. Ses yeux se posèrent sur un petit article intitulé : ''Mais où est Rock ?'' signé G.Imaldis. Dans lequel il fustigeait l'escadron Rock de ne pas être sur la zone de front.
Mais je t'emmerde moi ! Vas-y toi ! Et oublie pas de demander aux Silridriss de sourire quand tu prendra ta photo ! ... Connard !
Il referma le journal avec bruit et colère.
Il sortit du bâtiment pour rejoindre le hangar de maintenance des AMC. Un déplacement de lourdes pattes sur le bitume lui firent comprendre qu'une chimère se rapprochait de lui. L'idée de discuter avec Kouiros, Salida, Ernach... ou même Tégos ne le dérangeait pas trop ça le calmerais. Quoique Tégos... avec ce qu'il s'était passé hier, il ne savait pas trop.
Merde... Sellgan.
« - Bonjour monsieur Doux-dingue. Ça fait un petit moment que je vous attends et j'aimerais pouvoir discuter quelques instants avec vous.
- Non.
- Pardon ? »
Manuel s'arrêta, et la chimère l'imita dans son mouvement. Il constata alors que la chimère grise et mauve s'était battue. Ce n'était que des blessures superficielles pour une chimère. Quelques griffures, quelques coupures, des traces de contusions, rien de bien grave pour une créature de cette taille.
« - Je dis que je n'ai rien à vous dire.
- Mais moi si.
- Pas intéressé... Et probablement pas intéressant... »
Manuel reprit son chemin.
« - Je tenais à vous dire que nous étions partis sur de mauvaises bases, continua la chimère tout en suivant le soldat.
- Elle me conviennent... Pour le moment...
Manuel allait lui lâcher un :''Et foutez-moi la paix bordel, je ne vous ai rien demandé.'' Mais il se ravisa : qui savait si Sellgan n'allait pas devenir roi.
- ...Laissez-moi. »
En entrant dans le hangar. Il comprit que quelque chose clochait : les techniciens riaient de bon cœur. Et, l'un d'entre-eux cherchait quelque chose partout. Mais, plus grave, l'armure sur laquelle il travaillait avait disparue.
« - Excusez-moi, où est la machine qui était à l'emplacement numéro quatre.
- Toujours à sa place. » Répondit l'un d'entre-eux.
Manuel, toujours suivi par Sellgan, se rapprocha de l'emplacement numéro quatre. Il remarqua une légère distorsion. Un très fin liseré, aux couleurs de l'arc-en-ciel, dessinait une forme. Quelque chose d'énorme.
« - C'était sur cette peau de pierre que vous travailliez lorsque nous avons discuté la première fois...
- Allez ! Sort de là ! J'ai les équilibrages à faire ! »
Sellgan eu un recul de surprise en voyant Manuel parler dans le vide. Mais ce ne fut rien comparé au bond qu'il fit en voyant une AMC apparaître devant lui.
L'emplacement de maintenance devant lui, se déforma, puis, les première pièces d'armures apparurent, laissant, pour finir, une armure sur son emplacement de maintenance. L'AMC était verte et jaune en de très fines rayures. Les rayures, toujours verticales, et extrêmement fines, ne permettait pas de deviner si c'était vert sur jaune ou l'inverse. Ses pièces brillaient sous les néons. Elle s'ouvrit, pour laisser Andrea, la jeune technicienne descendre.
« - Salut, ça boume ?
- Comment est-ce possible ? Murmura la chimère.
- Par déformation des rayons lumineux, répondit la jeune femme.
- Ouais, bof ça va...Et toi ? Demanda Manuel, ignorant totalement Sellgan.
- J'adore cette machine ! Quand à toi, t'as de ces inspirations pour les AMC. J'en suis encore à faire de petites modifs...
- Qu'est-ce que tu foutais là dedans ?
- Je m'assurais que tout les systèmes annexes fonctionnaient. Et puis... j'ai crée un fourreau escamotable pour le fusil de Oneshot. En gros, la seule chose qui pourrait le faire repérer maintenant, ce sont les dégagements de chaleurs de la bouche à feu de l'arme.
- Comment déformez-vous les rayons interrogea Sellgan encore sous le choc de cette apparition.
- Par des champs magnétiques très spéciaux, ne me demande pas plus, c'est de la physique des particules. Et ce n'est pas mon domaine. Je sais juste que ça fonctionne et comment le monter, expliqua succinctement Manuel qui n'avait pas envie de rentrer dans les détails. T'as vérifié l'éjection du système ?
- Oui, tout les boulons explosifs sont couplés. J'ai pris sur moi de placer la commande sous le boîtier G2.
- T'as bien fait. Je crois qu'on a plus qu'a la livrer... après quelques réglages.
- Y'a pas a dire, c'est Noël, et cette année, y'auras des gatés ! Que se passe-t-il Doux-dingue ? »
Le jeune pilote venait de changer de couleur. Il la regardait avec un regard terrifié.
« - Ha non... Ne me dis pas que.... Merde... T'as oublié ?!
- Désolé... Je fonce, j'ai des courses à faire. Je te laisse faire les équilibrages.
- T'es irrécupérable. Bordel, y'a des décos dans toute la ville et les gamins chantent partout ''mon beau sapin'' ou ''petit papa noël''.
- Et file l'armure à Oneshot ! »
Il sorti du bâtiment en courant. Sellgan trottinant derrière lui. Il se rappela du petit bout de papier qu'il avait sortit du saladier avec, dessus, ''maman''. Dans sa famille, chacun plaçais un morceau de papier dans un saladier, on mélangeait le tout, puis, chacun tirait un papier. Il se devait de trouver le cadeau à offrir à la personne dont le nom y était inscrit. Bien entendu, dire à qui on allait offrir le cadeau avant le jour fatidique était proscrit. Cette année, Marilyn y participait... C'était le premier Noël où elle se devait d'offrir un cadeau. Elle avait trouvé le système intéressant. Mais il n'était pas tombé sur son nom.
Qu'est-ce qui pourrait bien lui faire plaisir ? En dehors d'un ordre de démobilisation...
Manuel sentit quelque chose s'enrouler rapidement autour de sa cheville. Le stoppant net. Une énorme ronce était sortie du sol pour retenir son pied. Elle faisait trois ou quatre centimètres de diamètre et elle avait brisé le bitume pour sortir. Elle portait d'énormes épines, mais aucune ne le blessait. Relevant les yeux de sa surprise, Manuel vit Sellgan, ses yeux mauves devenus blancs.
« - Maintenant vous allez m'écouter.
- Non, répondit-il du tac-au-tac en sortant son arme de poing.
- J'aime la princesse.
- Bien sûr, et la vierge en string se ballade dans la rue principale. Il posa le canon de son arme sur la racine, mais pas dans l'axe de sa jambe. Et actuellement j'ai autre chose à faire.
- Je suis sérieux.
- Moi aussi. » Manuel appuya sur la détente.
La détonation retentit et la balle brisa la plante. Plusieurs personnes, présentes dans la cour de la base se tournèrent vers eux. Une autre ronce sortit pour attraper sa seconde jambe.
« - Merde, Sellgan, j'ai autre chose à faire !
- Pas pour le moment.
- Que personne ne bouge ! »
Quatre AMC se mirent en position autour d'eux. Leurs armes pointées vers la chimère.
Oh-oh... C'est en train de merder à vitesse grand V...
La détonation du pistolet avait alerté les gardes. Et, désormais, ils pointaient leurs armes sur la chimère. Quelle que soit la munition, si Sellgan en prenait une, il serait certainement tué. Et si l'un des pilotes loupait son tir, Manuel y passait aussi.
L'espèce de chien couleur de feu apparut lui aussi en montrant des dents. Courant comme un diable dans leur direction. Mais, Sellgan le regarda de ses yeux devenus blanc, En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, celui-ci se retrouva ligoté au sol par des ronces. Ses yeux, masqués, ne pouvaient lui permettre d'utiliser son pouvoir sans faire n'importe quoi.
« - Je n'ai pas l'intention de me battre, cria assez fort Sellgan, les yeux redevenus normaux.
- Et moi non plus rajouta Manuel en mettant une balle dans la deuxième ronce. Et, Sellgan, lâchez-moi ! »
Manuel se dirigea vers la sortie, ignorant totalement les gardes, dans leurs armures qui ne savaient pas trop comment réagir. En revanche, les soldats du poste de garde, eux, surent quoi faire.
« - Sergent, veuillez me remettre votre arme. Vous êtes en état d'arrestation, déclara le garde, ses collègues ayant la mains sur les leurs.
- Arrêtez, déconnez pas, dans deux jours, je suis au front et demain c'est Noël. Et j'ai pas de cadeau... dit un Manuel rouge de colère en donnant l'arme dont il venait de se servir.
- Fallait y penser avant d'en faire usage.
- Je m'en suis servi pour me libérer, pas pour blesser. Ouvrez vos yeux !
- Désolé. Mais ce sont les ordres dans le cas de l'usage d'une arme dans l'enceinte de la base. Le capitaine verra ça au plus tôt. Tournez-vous ! Mains dans le dos !
- Merde...
- Monsieur Doux-dingue... je n'abandonnerais pas. Je...
- Ta gueule !
- Pardon.
- Je suis dans la merde avec tes conneries. J'ai vraiment plus aucune raison d'être poli. Alors je vais te dire ce que je pense : T'es un salopard doublé d'un enfoiré de première catégorie. Alors je t'emmerde, et tu iras te faire foutre si tu me demande quoi que ce soit ! Je pense que maintenant, c'est clair tu...
- Si vous n'avez rien à vous reprocher Sergent, ne faites pas en sorte que ça le devienne, coupa un des gardes avant de s'adresser à Sellgan. Les gardes en armure vont vous reconduire au hangar qui vous a été assigné jusqu'à ce que l'enquête soit terminée.
- Je ne suis coupable d'aucun crime. Je n'ai pas à être jugé. Et encore moins par vous.
- Je n'ai pas dit qu'il y aurait jugement. J'ai dit qu'il y aurait enquête. C'est la procédure en cas d'utilisation non autorisé d'une arme.
- Je ne sais pas utiliser vos armes, je n'ai donc pas pu le faire...
- Non, mais vous y avez une part de responsabilité. S'il vous plaît, faites ce que je vous dis... J'aimerais qu'il n'y ait aucune casse. Ni chez vous, ni chez nous. »
Sellgan regarda Manuel un instant, réfléchissant. Le jeune homme vit alors que les blessures étaient plus sévères que ce qu'elles paraissaient. Quelque soit celui qui lui avait fait ça, il l'avait sévèrement rossé.
« Bien, je ferais ce que vous demandez. »
Sellgan se détourna en boitant, encadré par les AMC, leurs pilotes contents que ça se termine bien. Et Manuel constata que les sons qui lui parvenaient aux oreilles quelques instants plus tôt n'étaient pas ceux d'une chimère trottinante, mais ceux d'une chimère blessée.
Manuel eut alors les paroles de la princesse qui lui revinrent en mémoire : ''... J'ai un peu peur que ça ne dégénère...''
Merde ! Kouiros !
« - Qu'est-ce que tu as fait à Kouiros enfoiré ? »
La chimère se figea. Avant de lentement tourner sa tête vers le jeune homme dont les épaules étaient retenues par les gardes.
« - Qu'est-ce que tu lui as fait, ordure ? reposa Manuel en serrant les dents.
- Rien,... ou plutôt pas grand chose... Nous en reparlerons quand vous serez plus calme... »
La chimère reprit sa difficile avancée vers le hangar. Quant à Manuel, il brûlait de colère. S'il n'avait pas eu les mains liées, il aurait couru vers sa machine, se serait armé, et aurait été le faire payer à Sellgan. Quoi que celui-ci ait bien pu faire à Kouiros.
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