10 : Préparatifs (3/3)
« - Bonjour à tous. »
Le commandant Sarlen s'installa au pupitre, face aux premiers éléments qui avaient fini la formation. Il y avait huit escadrons dans cette salle. Neuf, en comptant celui des formateurs : l'escadron Rock. Ceux-ci étaient adossés au mur de gauche, l'ensemble des élèves restant assis. Les deux majors des escadrons Sabres et Revenants se tenaient légèrement en retrait sur la gauche du commandant Sarlen.
La semaine de test en conditions réelles était arrivée à son terme. Les escadrons nouvellement formés allaient maintenant recevoir un entraînement moins exigeant pour garder en mémoire ce qu'ils avaient appris. Les bases étaient présentes, le perfectionnement viendrait avec l'expérience.
« - Sabres et Revenants ont été chargés de noter vos capacités. Ce test, sera renouvelé une fois tous les deux mois pour évaluer vos progrès. Afin que vous connaissiez votre niveau par rapport aux autres. Nous en avons effectué un classement succinct suivant différent critères.
J'ai ici les résultats, je les découvre en même temps que vous. Alors... » Commença le commandant Sarlen en mettant ses lunettes.
Manuel écoutait d'une oreille distraite ce que disait Sarlen. Son esprit était ailleurs. Actuellement il s'interrogeait sur le positionnement du générateur électrique qui allait équiper l'armure de Oneshot. Cet équipement était indispensable pour l'utilisation du camouflage optique. Mais il y avait des problèmes d'encombrement. Pas étonnant qu'il n'était utilisé que pour camoufler des éléments non mobiles.
Un coup de coude de son voisin, Marcus, le ramena à la réalité. Le silence s'installait :
« Mais qu'est-ce que... ? » interrogea Sarlen en parcourant le feuillet
« - Que se passe-t-il ? Murmura Manuel
- Je crois que c'est pour ta pomme... » Répondit Marcus
L'officier se retourna vers les deux majors responsables de l'évaluation. Ceux-ci hochèrent la tête sans dire un mot. Sarlen reprit la lecture des feuillets. Il en souleva quelques pages, ses sourcils se relevèrent avant de se tourner vers l'escadron Rock.
« - Qui a formé l'escadron Papillon ? »
Manuel fit un pas en avant.
« - Moi mon commandant.
- Pourquoi ne suis-je pas surpris... » Demanda-t-il en laissant la liasse de feuille retomber en bloc. « ...Bon, reprenons, Escadron papillon : précision douze, vitesse quinze, organisation douze, syntaxe de discussion sept, quelques efforts à faire de ce coté là. Apparemment le contrôle-commande n'a pas apprécié les insultes dont ils ont fait l'objet... »
Manuel, qui s'était croisé les bras, se massait les yeux avec la main gauche pendant que Sarlen continuait.
« - Efficacité dix-neuf, quasiment tous les objectifs ont été remplis. Contrôle des AMC dix-sept, mais circonspection trois et modération des capacités des AMC... deux... »
Le vieux combattant jeta le calepin sur le bureau en face de lui.
« ... est-ce que quelqu'un a une... ou plutôt des explications... à fournir ? Sergent, je vous avais expressément demandé de ne pas leur apprendre n'importe quoi...
Bon, ce que je vais dire s'adresse à tout le monde... même aux expérimentés. Il est nécessaire que tout pilote prenne soin de son équipement : sur le terrain, personne ne sait quand vous recevrez des renforts ni du matériel. Et rien ne dis que votre adversaire vous laissera effectuer des réparations entre chaque opération. Si vous vous retrouvez sans armure face à lui... Qu'allez-vous faire ?
Je vais vous le dire : rien. Si votre adversaire vous surprends le pantalon baissé vous ne pourrez rien faire, et je vous garanti que ce jour là vous aurez mal au cul ! Précisa-t-il.
Je sais, c'est bien de réaliser les objectifs, mais, si vous ne pouvez pas revenir ou que vos subissez une contre-attaque, c'est inutile d'y aller. Prenez soin de votre matériel, car non seulement il vous permettra autant de vous défendre que d'attaquer, et par sa présence en bon état, il vous protégera.
Doux-dingue ? As-tu quelque chose à rajouter ? »
Le jeune homme avait écouté ce qu'avait dit le vieux soldat. Et il y adhérait. Lorsque la princesse s'était retrouvée coincée dans la vielle préfecture, il avait juste eu le temps de réparer sa machine avant d'être envoyé en urgence. Il espérait que ça le calmerait sur le pilotage.
« - Non, vous avez tout à fait raison mon commandant. Je les avais d'ailleurs mis en garde. Ils ne devaient pratiquer ces actions qu'en cas de dangers extrêmes, pour se sortir d'une impasse... C'est uniquement dans ce but que je leur ai appris ça... Bon, d'un autre coté ils ont pu montrer ce qu'ils savaient faire et ils ont vu ce que ça faisait de les pratiquer en réel. A la fois au sujet des sensations procurées, et des conséquences que ça peut créer... »
Manuel se tourna vers les ''papillons''.
« ... Et si vous faites encore n'importe quoi en opération, moi, je ne vous apprends plus rien.
- Bon, murmura Sarlen, Maintenant que l'on a pallié au plus urgent : disposer d'une force suffisamment nombreuse pour pouvoir repousser une attaque Silridriss, vous allez tous passer l'entraînement militaire classique et, deux fois par semaine, vous retrouverez les simulateurs pour ne rien oublier. Rompez ! »
*
* *
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La fin de l'année approchait, les nouveaux pilotes furent formés en un mois et demi de temps. Et chacun des différents instructeurs surveillait les progrès de ceux-ci. Manuel avait demandé à Diego, leur opérateur de simulation de mémoriser les états des machines entre chaque mission simulée. Les élèves durent apprendre à ménager leurs machines. Le pilote sourit en pensant à cette méthode : Marilyn avait utilisé la même sur lui. Les ''papillons'' apprirent ainsi a calmer leurs ardeurs.
Début décembre, Manuel fit de nouveau un contrôle complet de sa machine. Il ne voulait pas tomber en panne là où il n'aurait pu trouver des pièces de rechanges. Il avait également monté une petite équipe technique avec Fernand et Andréa. Ils s'occupèrent de la modification d'une ''Black stone'' non utilisée pour Oneshot. De temps en temps, le chef technicien ''Papy'' venait voir leur travail et commentait les choix qu'ils avaient faits. L'armure serait prête pour mi-décembre pensaient-ils.
Les nouvelles des combats arrivaient. Pas toujours bonnes. Les Silridriss avaient stoppé leur avancée en Amérique et maintenaient leurs positions en Afrique. En Chine, ça avait été radicalement différent. Les Chinois avaient commencé à installer un réseau satellite sur l'autre monde. Les technologies avaient tellement évolués que désormais un satellite n'était pas plus gros qu'un ballon de football. Les fusées qu'ils utilisaient étaient des de missiles anti-navires modifiés. Ça leur avait permis de repérer deux énormes concentrations de troupes qui se dirigeaient vers leurs positions.
Ils y avaient employé la bombe H.
Deux pour être précis. Une pour chacun de ces regroupements. Certes, c'étaient de petites charges, juste ce qu'il fallait... Mais elles avaient été tout de même utilisées.
L'opinion publique avait accueilli cette annonce froidement. Pour ne pas dire extrêmement mal. Ces armes d'horreur, disparues depuis tellement d'années refaisaient surface. Et, avec elles, les craintes qu'elles inspiraient revenaient.
Manuel, dans son bureau, tenait encore le journal qui en parlait dans les mains. Sur la première page, en couleur, une des explosions. Le titre du journal était évocateur : ''Une autre pour la route ?''. Le jeune pilote se disait que ça avait été une bêtise de les utiliser maintenant.
C'est comme si on déclarait une guerre totale... Je suppose qu'avec un titre pareil, tout le monde devineras que désormais les informations sont filtrées par l'armée...
Manuel ne cessait de regarder cette image. Hypnotisé.
La bombe H... Je suppose que ce n'est qu'une question de temps avant que les armes chimiques et bactériologiques ne soient elles aussi mises en application. On se dirige droit en enfer, et à fond de sixième... Nul doute que les Silridriss vont employer leurs équivalents. Ça va être l'escalade... On est vraiment mal barré.
« - Hé ! Doux-dingue. » La voix de Grundig sorti Manuel de sa torpeur. Il était dans le couloir, derrière lui, il vit également Fernand, Dionysos et Rocco.
« - Les unités américaines et russes viennent d'arriver, continua-t-il . Tu viens avec nous ? On va voir à quoi ils ressemblent, et leur payer le verre de bienvenue par la même occasion. »
Manuel se leva en reposant le journal sur le bureau. Il prit son blouson sur le dossier de sa chaise avant de sortir à la suite des autres membres de son escadron.
Il faisait froid et humide dehors, et ça allait empirer avec l'hiver approchant. Il continua avec les autres jusqu'aux zones de rangement des machines russes et américaines. Il y avait neuf ''Joker'' américaines et huit ''TKB'' russes.
Les ''Jokers'' étaient vertes. C'était normalement des machines moyennes, mais elles avaient subit des modifications. Les pièces d'armures étaient légèrement différentes de celles produites de séries. Elles semblaient fines et fragiles, les pièces de blindage qui les équipaient étaient des modèles à facettes, pour mieux dévier les tirs. Sur l'épaules droite, le symbole de leur escadron : un couple des années soixante en train de danser dans un cercle rose et sur leur plastron, les noms de ceux qui les pilotaient. Sur certaines, des inscriptions à la bombe de peinture avaient été faites.
Les ''TKB'', étaient d'un vert plus sombre. Tout comme les ''Jokers'', elles portaient un blindage à facettes même si elles étaient bien plus grosses que le matériel américain. Le symbole qui ornait leurs épaules était une espèce de petit démon rouge. Certaines de ces machines avaient aussi des décorations rappelant la religion orthodoxe. Une, en particulier, attira l'attention de Manuel. Elle était magnifique : Si la première épaule était ornée du blason de l'escadron, l'autre, était une magnifique icône ornée d'enluminures dans le plus pur style orthodoxe. Des bandes grises, écrites en lettres brunes avec de l'alphabet cyrillique parcouraient toutes les pièces de l'armure, en long en large et en travers. Toutes les bandes avaient pour point d'origine cette épaule avec l'icône comme si elles en rayonnaient.
Les différents pilotes étaient déjà sortis de leurs machines en prenant leurs affaires. Ils discutaient dans leurs langues natales. Les russes d'un coté, les américains de l'autre. De temps en temps, un des protagonistes parlait avec la langue de l'autre groupe, cela avait généralement pour effet de générer quelques rires. Les deux unités se connaissaient, c'était évident..
Dionysos se dirigea vers l'armure portant l'icône. Présumant qu'il s'agissait là du chef de l'escadron russe.
C'était une jeune femme, rousse aux cheveux bouclé et aux yeux bruns. Dionysos essaya en vain de se faire comprendre. Et elle le regardait de manière totalement indifférente. Autour d'eux, les conversations et les occupations s'arrêtèrent. Il y eu quelques rires étouffés.
« - C'est inutile, dit un homme avec un fort accent russe. Nemaya ne parle pas. L'homme se rapprocha de Dionysos, Manuel pu voir qu'il avait dans les quarante ans, le visage buriné et les yeux d'un noir profond. Vous voulez quoi ? demanda-t-il en allumant une cigarette.
- Vous parlez notre langue ?
- Un peu. Mais ça faisait longtemps que je n'avais pas parlé. Je travaillais à l'ambassade de France à Moscou avant la guerre.
- Je propose que l'on aille tous boire un coup avant que vous ne vous installiez dans vos quartiers. »
Le visage du russe s'éclaira d'un sourire. Il parla dans sa langue suffisamment fort pour que tout l'escadron puisse entendre. Une ovation sonore se fit entendre. Puis il s'adressa à celui qui devait être le responsable américain. Manuel cru entendre le mot ''bourbon''. L'américain lui répondit en parlant de vodka. Un des russes demanda quelque chose.
« - Vous avez du vin et du fromage ? Demanda le responsable russe
- Ça doit pouvoir se trouver. » Répondit Dionysos en hochant la tête.
« - Mais comment va-t-on faire pour se faire comprendre, y'en a qu'un qui parle français, murmura Manuel à Fernand.
- Pas t'inquiéter jeune homme, répondit le russe qui avait entendu. Crois-en mon expérience, une fois tout le monde bu, tout le monde parler même langue. »
Le russe sourit tout en rangeant son paquet de cigarettes dans sa poche de poitrine.
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Le lendemain, il y eut un entraînement dont Manuel et Fernand se rappelleraient toutes leur vie. Ils s'étaient entraînés avec les deux escadrons nouvellement arrivé. Piloter avec la gueule de bois, à l'avenir, s'il le pouvaient, ils éviteraient.
D'autant que Marilyn leur avaient passé un sacrés savon à tous.
En attendant, ils apprirent les que chacun des deux escadrons avaient une spécificité : Les Demony, étaient des maîtres dans les armes de gros calibre, ils pouvaient fournir de manière efficace une puissance de feu à tout endroit du champs de bataille. Les Dancers, eux, étaient les rois de l'infiltration et de du repérage. Les deux escadrons avaient souvent combattu ensemble, et, par conséquent, ils arrivaient à bouger en parfaite symbiose. Le but de l'entraînement, était de trouver dans quelle configuration l'escadron Rock se verrait le plus efficace.
Trois formations furent définies.
Le première fut la formation de déplacement : Rock et Demony en protection de la princesse et de la suite. Les Dancers ouvrant la marche en éventail pour s'assurer qu'il n'y avait aucun danger.
Dans le cas ou un danger serait identifié, une des deux autres configuration devait être mise en place. La première, la menace était surmontable, Rock devait se déplacer pour appuyer les Dancers et les Demony se devaient de rester en protection. Si les risques étaient trop grand, L'escadron Rock se devait d'assurer la protection de la princesse et de l'aider à s'enfuir. Les deux autres escadrons se devaient alors de ralentir le plus possibles leurs adversaires par des opérations de guérilla et des embuscades. L'ensemble des opérations sur les trois escadrons avait été confié au russe qui parlait français, il répondait au nom de ''Vozhd'' .
En simulation, ça ne fonctionnait pas trop mal.
La simulation, c'est bien, mais la réalité du terrain est souvent différente... repensa Manuel.
* * * * * *
Vozhd : « Chef » en russe.
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