1 : Tests (2/3)

Le jeune homme entra ensuite dans sa chambre qui donnait sur le dessus du garage et le balcon pas fini. Si on pouvait appeler ça une chambre. Question décoration il n'avait rien à envier à sa sœur. La pièce était remplie de matériel mécanique et de pièces d'AMC en tout genre. Il avait un lit simple en mezzanine sous lequel était entassé toutes sortes de matériels, dans un coin était assise une AMC bricolée sans aucune protection et le bras droit manquant. Juste à coté de l'armure était posé un bureau en bois très abîme sur lequel traînait toutes sortes de pièces et d'outils.

Le sol avait été autrefois recouvert de moquette, qui avait été changée pour du béton brut à causes des huiles et de la crasse.

Manuel alluma sa lampe de bureau, attrapa l'étau et y inséra la main du véhicule russe, il posa le reste de ses trouvailles à coté de l'armure. Une de ses mains trouva le bouton marche d'un petit lecteur CD/radio qu'il avait bricolé pour travailler en musique.

En même temps que la musique remplissait peu à peu la pièce, lentement, avec une précision chirurgicale, il retira le blindage de la main, se mit à vérifier les connectiques et les différents mécanismes. Sa concentration était telle qu'il ne vit pas une armure jaune et noire arriver au-dehors. Il ne se rendit compte de sa présence que lorsque celle-ci ouvrit la porte du garage. Il lui adressa un signe de la main auquel l'armure répondit avant de disparaître dans le garage. Il reprit ensuite son travail.

De la même manière qu'il n'avait pas vu l'armure arriver, il n'identifia la présence de sa sœur que lorsque celle-ci lui parla.

« - Encore en train de bricoler cette bécane... elle ne démarrera jamais.

- Merci pour tes si sincères encouragements. J'ai trouvé des cartes d'automates russes dans une AMC à la casse, elles sont sur ton bureau. Répondit Manuel sans quitter des yeux son travail.

- Cool, tu sais à quelle heure papa rentre ce soir ?

- Non. Tard probablement. Comment ça s'est passé sur le chantier aujourd'hui ? » Manuel se retourna vers sa sœur.

Elle portait un petit haut et un short court, un polo était attaché autour de sa taille, un foulard vert fluo porté comme les pirates empêchait les cheveux noirs bouclés de revenir vers l'avant et ses chaussures étaient de simples modèles de sécurité. Dans ses mains, une bouteille d'eau et un chiffon avec lequel elle s'essuyait le visage. Elle sentait la sueur et la poussière, sa peau, bronzée et sa taille de mannequin en faisait une femme que beaucoup d'hommes auraient désirée ; si elle n'avait pas eu ce fichu mauvais caractère. De là où il était, Manuel vit les quelques coupures sur son ventre et ses avant bras que la chimère avait causé lorsqu'elle avait attaqué ses parents. Mylène n'avait que six ans à l'époque, allongée dans la voiture, cachée derrière les sièges de ses parents. Cette expérience avait forgé sur sa sœur un caractère dur, combatif et implacable.

« - Je ne sais pas ce que tu as touché sur Krontch mais il ne traîne plus la patte du tout. » Dit-elle entre deux gorgées d'eau.

Krontch, c'était ainsi qu'elle appelait affectueusement son armure jaune et noire. Celle-ci n'était pas prévue pour le combat mais pour la construction. Elle l'avait achetée à crédit et gagnait sa vie sur les chantiers, tout en le remboursant. Il y avait tant à faire qu'elle était sûre de toujours trouver du travail. Manuel avait eu une autre idée : fabriquer le sien et travailler comme elle, il évitait ainsi nombre de dettes.

« - A ce sujet, si tu pouvais jeter un œil sur la ventilation, j'ai l'impression qu'elle déconne un peu.

- Demain, ça te va ?

- Fais-ça quand tu peux mais avant que l'été n'arrive car je sens que je crever de chaud là-dedans. Tiens voila papa.

- Y'a une autre voiture aussi. Des invités probablement. Suggéra Manuel en voyant les véhicules dans le crépuscule.

- Je vais prendre une douche tout de suite.

- OK, je vais finir ce que j'ai commencé. Préviens-moi quand tu as fini. »

Sa sœur partie, Manuel retourna à ses affaires. Les essais terminés, il ouvrit un tiroir du bureau pour en sortir un jeu de pièces de blindage pour les doigts. Il jeta bruyamment le blindage russe dans sa corbeille et entreprit de mettre le nouveau blindage sur la main. Ce n'était pas des pièces d'origine, il dû faire quelques adaptations pour pouvoir le monter. Il faisait les premiers tests lorsque son père ouvrit la porte.

« - Je vous présente mon fils, Manuel.

- Bonjour.

- Bonjour madame, répondit Manuel avec comme bruit de fond un vieux rock et sons de mouvements cybernétiques.

- Je te présente Marilyn, une collègue de travail, elle mange avec nous ce soir. »

La jeune femme qu'on lui présentait avait de magnifiques cheveux bruns lisses et légèrement brillants. Elle portait une robe pourpre et rouge sang, des souliers écarlates et une barrette de la même couleur, Elle aurait pu paraître belle sans cette balafre sur le visage et cet énorme bleu sur le front. Elle était apparemment un peu plus vielle que sa sœur, vingt-cinq ans environs.

« - Enchanté de vous rencontrer madame. »

La femme entra dans la chambre et lui tendit la main. Manuel se leva et la lui serra.

« - Moi aussi, je suis contente de faire ta connaissance, tu t'amuses à reconstruire cet engin ? demanda-t-elle en contournant Manuel pour aller voir l'armure et engager la conversation.

- Oui madame.

- Mais je ne le reconnais pas : c'est quel modèle ?

- Il n'en a pas : c'est plein de morceaux récupéré ça et là.

A ces mots, la Marilyn se retourna et regarda Manuel de manière dubitative.

- Et il fonctionne ? demanda-t-elle en regardant la main faire ses gammes de test.

- Pas encore.

- On en reparle tout à l'heure ? Demanda-t-elle en se fendant d'un sourire.

- Si vous voulez. »

En sortant de la pièce avec son invité, son père fit signe à Manuel de se changer. Un code qu'ils avaient mis au point pour les invités surprises. Manuel laissa la porte ouverte pour savoir quand sa sœur finirait avec la salle de bain. Il fini son test et remonta la main sur un bras qui traînait contre le lit. Posant le bras sous la lumière il entreprit de monter les roulements récupérés sur l'armure russe.

Une frappe sur la porte ouverte, signal que la salle de bain était libre de la part de sa sœur.

Dix minutes plus tard, il était douché et habillé correctement. Pas la classe mais propre et présentable : un indémodable polo vert, un pantalon en jean neuf avec ceinture et une paire de baskets quasiment neuves.

Au cours du dîner, Manuel eu tout le temps d'observer l'invitée de son père. La balafre qu'elle avait allait de son front à gauche, passait à gauche du nez, le longeait puis se terminait sur la joue droite. Intérieurement, Manuel se demandait comment une telle marque avait pu arriver mais il n'osât pas demander, tout comme l'origine de cet énorme bleu sur le front. Elle avait les yeux marron et le regard rapide sur tout ce qui l'entourait. Tout se passa correctement, les sujets allèrent des chimères, aux nouvelles bâtisses construites récemment, des problèmes dans la zone dévastée jusqu'à ce que le sujet de l'armure de Manuel vienne. La collègue de son père, Marilyn, semblait très intéressée par les capacités de construction et réparation de Manuel jusqu'à la question :

« - As-tu déjà piloté une armure Manuel ? Question piège.

- Je n'ai pas l'âge pour cela.

- Il a déjà piloté l'armure de sa sœur quelques minutes pour qu'il se rende compte de ce que c'était, répondit son père.

- Et il m'a remplacé sur certains chantiers quand je suis tombé malade, repris la sœur.

- Donc tu sais piloter...

Manuel baissa la tête de dépit.

- Oui, un peu.

- Vois-tu je suis programmeuse, et j'ai crée un programme de combat virtuel, j'aimerais que tu me dises ce que tu en penses, tu veux bien ?

- Je sais pas vraiment me battre, et j'ai des cours tout les matins, si je suis absent je ...

- Demain c'est possible non ? On est dimanche. Et puis, c'est un bon exercice de pilotage.

- Pas possible : un de mes amis doit me rejoindre pour bricoler l'armure, en plus ...

- Il peut venir également, proposa Marilyn.

- Mon ventilo peut aussi attendre une semaine de plus. » Renchérit sa sœur.

Manuel se sentait coincé... Il n'avait vraiment pas envie d'y aller : quelque chose dans la tenue ou dans la manière de se conduire de Marilyn le gênait. Mais s'il refusait, l'invitée pouvait mal le prendre surtout que cela semblait être une offre généreuse. Il regarda sa mère pour y trouver une aide quelconque.

« Vas-y mon chéri. » Lui dit-elle.

...Merci Maman...

« - OK, demain à quelle heure ? demanda Manuel

- Disons Dix heures et demie.

- Va pour dix heures et demie. »

*

* *

*

Manuel arriva à dix-heures vingt accompagné de son ami. Chacun portait à la main son casque improvisé. Il n'avait eu aucun mal à convaincre Fernand pour essayer le programme. Ils arrivèrent dans la salle d'entraînement dans laquelle ils étaient si souvent entrés en douce.

Marilyn était là, habillée d'un jean, d'une chemise à décolletée et d'une blouse blanche. Elle leur expliqua que le but de la mission était de calibrer les simulations pour le combat. Manuel restait méfiant mais ne dit rien.

Ils s'installèrent dans deux simulateurs différents, et Marilyn monta dans la salle de contrôle. L'opérateur referma les deux machines. Dans la salle de commande, Marilyn leurs demanda de sélectionner une AMC pour le test, avant de passer aux essais proprements dits. Elle se détourna de leurs écrans après avoir coupé le retour de son pour aller à une autre console. Là six personnes en tenues, casquées et prêtes à en découdre attendaient. On devinait aisément que toutes ces individus étaient dans les autres simulateurs.

Après un sifflement admiratif, un soldat déclara : « - Vous devriez vous habiller comme ça plus souvent major !

- C'est vrai, ça nous changerait ! lança un autre

- Moi je l'imagine plus en costume de lapin ! Renchérit un troisième

- Le prochain qui me fait une réflexion de ce genre part au trou pour une durée proche de l'éternité ! Marcus !

- Oui Major ! répondit le soldat sur l'écran.

- Demain vous venez en costume de panda ! Ça vous apprendra à dire des conneries !

Une série de rires retentit dans les enceintes.

- Mais ...

- Pas de mais ! Sinon je vous colle aux servitudes pour un an ! Bon, sur cette simulation, vous avez deux pilotes qui vont venir faire des repérages sur la base que vous êtes chargés de protéger. Recherche et destruction.

- Ce sont les pilotes dont vous nous avez parlé ?

- Un des deux oui, faites pas les cons et ne les prenez pas pour des bleus ! OK ?

- OK ! Répondirent en chœurs les soldats.

- RedCross ! Vous mènerez l'assaut !

- RedCross ! Bien reçu leader rock ! » Répondit l'intéressé.

*

Dans son simulateur, Manuel inspira profondément, il sélectionna un modèle d'assaut dont il ne se servait plus depuis quelques années. Si c'était vraiment un test alors il allait s'y donner à fond. Il équipa le modèle d'un pistolet, d'une lame courte, et d'un fusil, il s'assura également que l'AMC était équipé de deux options qu'il affectionnait particulièrement : La première était un grappin et la seconde un système de propulseur pour les sauts de longue distance.

Il jeta un coup d'œil au modèle de Fernand, comme d'habitude : un modèle lourd avec la puissance de feu d'un croiseur. Il pensa qu'il faisait une bêtise, la rapidité et la discrétion étaient de mise sur cette mission.

Lors de la zone de test, il effectua quelques mouvements et tira sur de cibles rondes, reprenant rapidement ses marques. Il se sentait prêt !

L'image de Marilyn souriante apparut sur son écran

« - Alors ?

- Quand vous voulez.

- Fernand ? C'est bon pour toi aussi ?

- Oui Madame, je suis prêt aussi !

- Contente de te l'entendre dire. Alors c'est parti ! »

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