Texte pour le concours de @Ananaslaseuletunique
Texte tiré de mon roman "Zombee".
Thème imposé : la découverte.
Lien entre le texte et le thème : Les personnages découvrent les zombies.
"À mon arrivée au lycée, je me presse jusqu'aux bâtiments, que je contourne rapidement. Là sous le porche, les épaules remontées jusqu'aux oreilles, Arkan relit ses cours. Je m'installe à ses côtés et me charge de lui ôter son stress quotidien. Marius et Lee suivent, et ils se contentent de discuter. Ils essaient quelques fois d'inclure Arkan à leur discussion, mais celui-ci n'est jamais d'humeur à bavarder avant que les cours ne commencent.
Théodore arrive peu après, muni de ses gants en laine et son bonnet droit, délicatement déposé sur ses cheveux peignés avec soin. Roxane le talonne, et elle laisse courir son regard partout autour d'elle comme une jeune enfant qui voit le monde pour la première fois. Je dois avouer avoir du mal à la cerner. C'est une personne au caractère étrange et aux mimiques surprenantes.
Et enfin, généralement en retard, c'est Iris que l'on voit courir vers nous alors que les cours s'apprêtent à commencer.
Nous avons fait sa connaissance deux semaines plus tôt, alors que notre professeur d'éducation sportive nous demandait de nous ranger en cinq groupes de sept. Iris étant seule, elle s'est retrouvée dans notre groupe. Elle s'est avérée d'une grande gentillesse, telle une petite fleur douce et délicate. À mon inverse, elle est tendre, presque naïve. Si elle n'était dotée d'une grande intelligence, je l'aurais probablement qualifiée de simplette. Mais comment aurait elle pu rivaliser avec Roxane ? Un sourire me monte aux lèvres : je suis vraiment une horrible amie.
Elle et Marius forment d'ailleurs un couple déroutant. Ils ne semblent pas véritablement attachés l'un à l'autre et pourtant, l'amour qui brille dans leurs yeux m'arrache toujours un sourire ému. Un instant, j'oublie qu'ils ne cessent de se quereller et de se critiquer sans cesse.
J'ai donc tout résumé. Et c'est bel et bien pour toutes ces raisons qu'il est peu de dire que je suis plus heureuse que je ne l'ai jamais été.
Comme tous les matins, je promène mon regard au gré de la course folle que mène le paysage. Il dérive à la fenêtre du bus, tranquille, et la musique berce mes pensées. Je regarde l'heure, sereine, presque impatiente d'arriver.
Soudain, le bus s'arrête et je lève les yeux. Que se passe-t-il ? Mon cœur s'est arrêté un instant. J'ai un mauvais pressentiment.
Je retire mes écouteurs et lâche un regard par la fenêtre.
Je gomme la buée qui m'empêche d'y voir net et mon cœur repars alors. Je lâche un soupire de soulagement silencieux et descends de la navette ; je suis arrivée au lycée.
Je me secoue légèrement, chassant le malaise qui s'est installé en moi. Cet étrange mauvais pressentiment m'arrache encore des frissons. Ce n'est rien, ce n'est qu'un arrêt un peu trop sec.
Troublée, j'accélère la cadence.
***
Je longe le mur, et ma main court sur les irrégularités des briques. Je ralentis le pas avant de m'arrêter, les lèvres pincées, pour me pencher vers la droite. Là sous le porche, le visage éclairé par les premières lueurs du jour, Arkan a le nez penché sur un cahier grand ouvert face à lui.
— Toujours à l'heure, remarque-t-il, l'ombre d'un sourire aux lèvres.
— Pourquoi ça changerait ? je riposte, taquine, pour aller m'asseoir à ses côtés.
Je dépose mon mentaux et mon sac au sol avant de tomber lourdement assise. Je lâche un grognement et il pouffe :
— Déjà fatiguée... Ah ! La jeunesse, la jeunesse...
Je lève les yeux au ciel, amusée, mais n'en retourne rien. Je me contente d'observer le soleil, qui se dévoile derrière les arbres du parc en contre-pas. J'adore cet endroit ; ce petit espace, encadré de barrières rouillées sous le porche de la sortie de secours, nous offre une vue splendide. En effet, derrière le mur d'enceinte du lycée à peine un mètre plus loin s'étale un élégant parc aux délicats arbres floraux.
— Tu ne prends jamais le temps de regarder le soleil se lever, lui dis-je d'une voix comme lointaine.
Je plisse les yeux sous la lumière qui inonde soudainement le paysage, et un sourire me monte aux lèvres.
— C'est l'hiver, il se lève tard, tu devrais en profiter.
Il hausse les épaules. Comme toujours, il ne sait pas quoi répondre.
Un rire me parvient soudain, me tirant aussitôt de mes rêveries : Marius et Lee sont arrivés.
— Eux aussi sont à l'heure, je lance, amusée.
Un sourire s'étire sur les lèvres d'Arkan. Alors deux silhouettes se dessinent à un pas de nous, aux prises d'une discussion animée.
— T'as entendu c'qu'il a dit Royan, l'autre fois ? fait le grand blond, indigné.
J'arque un sourcil : voilà une délicate conversation sur le football à laquelle je ne me mêlerai pas.
— Ouais je sais, soupire Lee, visiblement agacé. De toute façon il vit dans le déni, Royan. Genre son équipe est capable de marquer un seul but.
— Ben voyons, lâchent en chœur Marius et Arkan, même si ce dernier a toujours le nez penché sur son cahier.
Ils passent devant nous, concentrés, et nous saluent brièvement. Je pouffe en silence : ce Royan à beau être dans ce "déni", ce qu'il a annoncé n'a pas l'air d'avoir amusé mes deux amis.
— Tu révises quoi aujourd'hui, Ark ? demande Marius, moqueur.
Lui et Lee s'accoudent à la rambarde qui fait face à la route. Comme chaque matin.
— La Physique-Chimie.
Je lève les yeux au ciel, feignant l'indignité :
— Mais Marius voyons, évidemment que c'est la Physique-Chimie. Enfin, c'est évident, on a pas de contrôle aujourd'hui. Sinon pourquoi il réviserait.
Mais Arkan replace son bonnet sur ses cheveux et me lance un regard lourd de reproches :
— Moi au moins j'aurais tous les points sur l'interrogation orale.
— T'es même pas sûr d'être interrogé, rabâche Lee tout en riant.
— Et comme ça, poursuit Arkan, pris d'une force de conviction soudaine mêlé à un rire étouffé, je serais certain d'avoir la meilleure moyenne de la classe.
J'éclate de rire tout en lâchant un grand cri d'exaspération et Marius et Lee me suivent aussitôt. Nous voilà relancés pour un débat interminable.
— Mais je vous assure que c'est vrai, s'indigne-t-il. Manger ses cours et réviser à fond, c'est la meilleure méthode.
— Quand on a le QI d'une huître, oui ! je m'esclaffe, de même que les trois autres.
Marius éclate de rire, les yeux écarquillés, tandis que Arkan me lance une grimace et que Lee s'en retourne au coin du mur, riant. Là apparaît Théodore, déjà amusé de nous voir nous esclaffer.
— Encore ce fameux débat ? devine-t-il en pouffant.
C'est au tour de Lee de fondre en un grand rire.
— Bien deviné, je lance tout en riant.
Le calme revient, doucement, tel une délicate brise fraîche et agréable. Je glisse un regard sur mon portable et remarque que les cours commencent dans cinq minutes ; alors j'attrape un crayon dans ma poche et noue vivement mes cheveux. Tandis que je relève les yeux, Roxane déboule devant moi et s'effondre sur son copain qui l'attrape dans ses bras, surpris.
— Mariiiius ! sanglote-t-elle, secouée de soubresauts. C'est la fin du moooonde !
Aussitôt, l'expression du grand blond se mue en une mine exaspérée. Voilà que Roxane est à nouveau lancée dans une théorie du complot. Ou bien a-t-elle raté les soldes. Avec un sourire, je me demande laquelle de ces deux situations serait la pire.
— Qu'est-ce qu'y a encore, soupire-t-il, d'avance épuisé.
Tremblante, elle farfouille dans sa poche pour tirer son portable. Au même instant, Iris déboule à nos côtés, essoufflée :
— Désolé pour le retard.
Elle m'adresse un sourire mais soudain, un hurlement strident m'arrache un violent sursaut. Mes six amis relèvent aussitôt les yeux : ce n'est pas Roxane qui a crié. Cette dernière lâche un sanglot tout en agrippant férocement Marius par le bras. Tandis qu'elle le secoue, désespérée, le silence se tasse. J'échange un regard inquiet avec mes amis, osant à peine respirer. J'ai comme un mauvais pressentiment.
Soudain, un nouveau cri retentit ; je saute sur mes pieds, les yeux écarquillés, et Roxane fait quelques pas en arrière :
— Noon... C'est... C'est arrivé... C'est arrivé jusqu'à nous...
Elle nous observe tour à tour, et, sans prévenir, détale en hurlant de terreur.
Nous suivons Roxane des yeux, hébétés, jusqu'à l'instant où, à une dizaine de mètres de là, ses pieds s'emmêlent pour la projeter brusquement au sol. Son crâne heurte le béton dans un bruit sourd et nous demeurons pétrifiés, incapables du moindre mouvement. Les hurlements se poursuivent, comme lointains, et mes pensées se sont figées, tout comme mon sang qui termine son tour avant de geler.
C'est Marius qui brise le silence, soudain blafard :
— Roxane...
— Elle est morte ? murmure Arkan, horrifié.
— Bien sûr que non, elle est pas morte ! je m'emporte brusquement tout en me passant la main sur le visage, incapable de réfléchir convenablement. Elle est juste tombée, arrêtez de vous faire des films...
Je fais précipitamment bondir mon regard sur chacun de mes amis, tentant en vain de les rassurer :
— Il faut... Euh..., je bredouille, bien moins sûre de moi tout à coup. Je crois qu'on devrait aller voir ce qu'il se passe...
Soudain, les muscles de Lee s'animent, comme s'il sortait d'une congélation de plusieurs années :
— Allez les gars, on se bouge.
— Quoi ? grimace Théo, qui peine à suivre la discussion.
— Allons chercher Roxane ! s'emporte-t-il, exaspéré, face à l'inactivité de ses amis.
D'un signe de tête, il ordonne à Marius de l'aider. Mais les deux n'ont pas le temps de faire quelques pas que soudain, un long sifflement nous précipite à terre. Ma respiration s'accélère tandis que mes oreilles hurlent un horrible son aigu ; l'instant d'après, le noir nous englobe.
Seule demeure la lumière pâle du soleil qui pointe à l'horizon : les ampoules éclatent, et les fusons d'électricité jaillissent tout autour de nous. Je plaque mes mains sur mes oreilles et me couche au sol, réprimant un hurlement, les yeux fermés. La terre semble trembler. D'étranges ondes magnétiques me traversent et je suis secouée de violents tremblements. Mon esprit lui-même ne m'obéit plus.
Puis, le calme revient.
On m'enserre le bras.
J'ouvre les yeux et m'aperçois que ma vision est toujours nette. Je ne me suis pas évanouie. Nous sommes toujours dans cet horrible cauchemar. Lee, qui s'est redressé à mes côtés, me tient fermement le poignet et plante un regard féroce dans mes yeux :
— Allez, debout !
Terrifiée, je me relève en titubant et fais rapidement l'état des lieux. Il n'y a plus aucune lumière. Je tire mon portable de ma poche, appuie sur le bouton ; l'écran affiche un message d'alerte imprimé de rouge vif. Aucun réseau.
— Où est passée l'électricité... ? murmure Théodore, le regard rivé sur les lampadaires et les bâtiments soudain assombris.
— Où est Roxane ? s'inquiète soudainement Iris, les yeux écarquillés.
Je fais volte-face, épouvantée, mais aucune trace de la rouquine. Je passe ma main dans mes cheveux, une fois, deux fois, puis sur mon visage. Je tire ma peau à m'en faire mal, appuie sur mes yeux, mais rien n'y fait. Tout est bien réel.
Ma respiration s'accélère alors. Je dois garder mon calme. Je dois prendre le temps de respirer. Mais mes poumons semblent vouloir cracher une fumée âcre, douloureuse, qui comprime ma gorge et m'arrache de courtes bouffées d'air bruyantes et irrégulières.
On m'attrape les poignets, et je lève à peine les yeux ; cette fois-ci, c'est Arkan qui me secoue. Je peux lire la peur dans son regard, mais il le garde droit planté dans le mien :
— Oh, réveille-toi ! Tu es plus forte que ça !
Mes muscles se bandent, et aussitôt mon esprit s'éveille ; les odeurs, les bruits et le vent me parviennent à nouveau. Je redresse le menton, les yeux toujours plantés dans ceux d'Arkan, quand soudain une ombre glisse derrière lui.
Sans réfléchir, je me jette sur lui pour nous dégager sur le côté : nous roulons au sol et mes mains s'écorchent contre le dur béton noir. Je fais alors volte-face quand un long râle effrayant retentit. Mes yeux s'écarquillent et j'hurle : Roxane se rue vers nous, la mâchoire brisée et les orbites injectées de sang. Je recule vivement vers l'arrière, la respiration saccadée. Arkan saute sur ses pieds, me soulève d'un geste vif et nous détalons dans la direction inverse.
Mais à peine quelques mètres plus loin, c'est la rambarde qui se dresse sur notre chemin. La Roxane morte-vivante qui court sur nos talons est rapide. Je bondis jusqu'au dernier mètre et percute la barrière. Je bascule un instant de l'autre côté mais Arkan me rattrape juste à temps. Nous faisons aussitôt face à la rouquine et, soudain, le temps semble s'arrêter.
Une barre de ferraille vole dans ma direction. Mon nom est scandé dans un cri désespéré et j'attrape le métal au vol. J'envoie alors le lourd bâton frapper le visage de la créature, et le sang gicle.
Les cris se stoppent. La barre tombe au sol dans un grand fracas. Mes yeux fermés refusent de s'ouvrir pour découvrir ce que je viens de faire. Je passe cependant ma main sur mon visage ; je rouvre les yeux, la respiration coupée, et secoue mon poignet pour retirer tout le sang qui s'y est amassé. J'essuie une nouvelle fois mon visage mais cela semble être peine perdue : mes cheveux comme mes vêtements sont tâchés de sang.
C'est là que je baisse les yeux vers celle qui était autrefois mon amie. Celle que je viens d'abattre. La nausée me vient, mais je ravale la bile. Je ne sais plus qui est étendu là, devant moi. Sa mâchoire s'est presque détachée du reste, son nez cassé se tord et un creux s'est formé sur sa tempe. Son corps fracassé vomit une marée de sang écarlate et jauni.
Je relève légèrement les yeux : Marius, Lee, Iris et Théodore se tiennent là, en face de nous. Les larmes glissent sur les joues du grand blond et de la jeune fille à ses côtés.
— On fait quoi, maintenant ? souffle Arkan, le visage blême.
Je réprime un sanglot, lève le menton pour chasser les pleurs et déclare d'une voix dure :
— On fuit."
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