XII - réalité fracassante

— Point de vue Neil —

Je la regarde une fois de plus impuissant, je ne peux strictement rien faire et bordel ça me fous en rogne parce que j'aimerai qu'elle arrête de souffrir autant, je veux qu'elle arrête de penser que tout ça est de sa faute, l'accident, mon dos, son chat. Ce n'est pas sa faute, mais elle ne comprend pas. Je ressens là maintenant le besoin de la prendre dans mes bras, beaucoup plus que toutes les autres fois où je la savais triste, mais je ne peux pas. L'avoir touché comme je l'ai fait tout à l'heure est enfin de compte une idée complètement débile, parce qu'elle en a souffert c'était sûr.

Là tout de suite, je n'ai qu'une envie, la prendre dans mes bras pour la réconforter et la consoler en lui promettant que ça allait aller, qu'elle vivrait à nouveau, qu'on se sortirait tous les deux de notre mauvais passé. Sauf je ne peux pas lui promettre ça, parce que je ne suis même pas sûr qu'après tout cela, elle voudra continuer le chemin de sa vie et au fond cette idée que tout s'arrête brutalement m'effraie. Je me suis attaché à Athéna et je ne peux pas le renier, je veux qu'elle reste dans ma vie de n'importe qu'elle façon qui soit.

« Athéna, princesse. Je t'en supplie, arrête de pleurer. Je n'aime pas de te voir comme ça ... »

Je n'ose même pas m'approcher un peu plus d'elle, j'appréhende sa réaction et je ne veux pas qu'elle se braque. Puis une idée me viens, si je n'arrive pas à la consoler moi-même je sais ce qui pourrait le faire, la musique. Son baladeur à elle doit être sûrement hors service comme il a pris l'eau lorsqu'elle est tombée plus tôt dans la journée. Il ne reste que mon portable qui est pour l'instant toujours éteint, mais je vais lui donner, parce qu'elle a besoin de musique.

Après m'être levé, je vais farfouiller dans mon sac avant de trouver ce que je recherche. Je soupire d'appréhension parce que je ne veux pas que la police nous localise, mais je rallume quand même mon portable. Je le déverrouille rapidement puis je le pose près d'Athéna, avec mes écouteurs.

« Tu peux écouter ma musique pour te calmer. Je vais prendre une douche moi. »

Je suis conscient que je ne dois pas du tout sentir la rose, je ne me suis pas douché depuis notre départ de l'institut, il y a quelques jours déjà, presque une semaine. Après avoir pris le second pyjama offert par l'hôtel, je me rends dans la salle de bain, la fermant à clé. Je me déshabille rapidement avant de passer sous le jet d'eau chaude de la douche, me faisant lâcher un long soupir de soulagement. Je reste d'abord de longues minutes sans bouger, à juste profiter de l'eau chaude coulant sur mes muscles endoloris. Je ne sais pas combien de temps je reste comme ça, les yeux fermés, sous le jet de la douche, mais j'en ai plus que besoin. Je passe également un moment à laver comme il le faut mon corps sale avant d'enfiler le pyjama en coton de l'hôtel qui est plus qu'agréable après avoir passé des jours à porter les mêmes vêtements.

Lorsque je sors de la salle de bain, Athéna a mes écouteurs dans les oreilles, elle est allongée sur le lit et ses larmes ont arrêtés de couler, elle est calmée et cette vision d'elle plus paisible me soulage. Quand elle me voit, elle retire les écouteurs, comme si elle a peur d'être prise en flagrant délit. Je lui souris pour la rassurer.

« Tu as faim ? Il me reste encore des barres de chocolat dans mon sac à dos, enfin j'espère qu'elles ne sont pas mouillées... »

Je sens comme un soupçon de regret dans sa voix, pour son chat sûrement, mais je la comprends.

« Je vais voir d'abord voir s'il n'y a pas quelque chose dans le minibar. »

J'appuie mes paroles en me dirigeant vers celui-ci, je l'ouvre en espérant que quelque chose de consistant à manger s'y trouve, mais je ne voulais pas tomber sur ça, de l'alcool. Je me crispe en refermant rapidement la porte, je suis beaucoup moins serein. Je me sens beaucoup moins fort après avoir vu de l'alcool. Cela fait pratiquement un mois que je n'y ai pas touché, mais là tout de suite je me sens faible face à cette tentation si grande. Je vois bien aux sourcils froncés de la brune et à son regard qu'elle ne comprends pas ce qui m'arrive.

« Alcool ... »

Je n'ai pas besoin d'en dire plus pour qu'elle comprenne. De toute façon je ne peux pas en dire plus, je suis tellement tendu et crispé. Sans m'en rendre compte je me suis éloigné au maximum du minibar qui contient mon pire pêché. Il ne faut pas que je craque maintenant, parce que je sais que si je cède à une seule toute petite goutte d'alcool, je serais incapable de m'arrêter. Par-dessus tout je ne veux absolument pas qu'Athéna me voit comme ça, elle aurait peur de moi et je ne veux pas qu'elle est peur de moi.

Tandis que j'essaye de contrôler mes tremblements, la brune s'avance vers le minibar et elle attrape les deux petites bouteilles de Whisky et de Rhum qui me font tellement peur. Qu'est ce qu'elle fait à me mettre à nouveau ces bouteilles sous le nez ? Elle se dirige vers la fenêtre alors que je fronce les sourcils.

« Ouvre-là moi s'il te plait. »

Là je ne la suis plus du tout, je ne comprends pas ce qu'elle veux faire. Ouvrir la fenêtre va laisser le froid passer ce qui va encore plus me donner envie de me réchauffer avec ces fichues bouteilles qui ne sont qu'à quelques centimètres de moi alors que je m'exécute. Un long frisson me parcoure tout le corps en sentant l'air froid rentré dans la chambre à grande vitesse. Puis je la vois faire, elle lâche les bouteilles par la fenêtre pour qu'elles s'écrasent au sol et elle s'empresse de refermer la fenêtre.

« Merci Athéna... »

En faisant ça, elle vient de m'aider beaucoup plus qu'elle ne le croit. Je crois qu'après presque un mois d'abstinence je ne serais plus du tout tenté de retoucher à la boisson, mais ce n'est absolument pas le cas. Ces deux petites bouteilles m'ont tellement donné envie de craquer et de replonger dans mon passé. Une partie de moi est toujours dépendant à l'alcool et je ne peux pas le nier. Athéna en a été témoin et si j'avais ouvert ce minibar alors qu'elle était en train de prendre sa douche je suis persuadé que j'aurais laissé la tentation gagné et que j'aurais bu.

« Tu m'as aidé, alors à moi de t'aider maintenant. »

Un timide sourire s'installe sur ses lèvres, mais cela me suffit pour en faire de même. J'aime la voir sourire, j'aime savoir que le temps d'un instant elle ne pense plus à sa famille disparue et à tous les malheurs qui l'accable. Ces instants sont rares alors j'en profite autant que je peux, je profite d'une Athéna plus légère et moins rongée par les remords. Dans les moments comme celui-ci ou l'autre jour alors qu'il neigeait, je me dis que j'arriverai peut-être un jour à la faire revivre.

Après m'être assis sur le lit pour reposer mes jambes qui ont bien besoin de ne plus servir pendant un moment avec tous les kilomètres que l'on avait fait, j'allume la télé. Très, très, très mauvaise idée. La chaîne par défaut de l'hôtel est la chaine d'information nationale. Avec nos portraits, nos deux portraits, on nous décrit comme des fugitifs s'étant échappés d'un centre miraculeux pour arrêter les addictions des gens comme nous. La journaliste dis alors que nous sommes probablement dangereux puisqu'en pleine nature nous n'avons pas accès à l'objet de notre addiction, l'alcool et la musique. Comment peuvent-ils dire que nous sommes dangereux comme des fugitifs qui s'échappent de prison ? Cette pensée me fait serrer les dents tandis que je vois Athéna mal en point et sans son sourire, elle a peur cela se voit, elle a peur que l'on finisse par nous retrouver, elle a peur d'y retourner.

Puis mon cœur rate un battement tandis que mon sang devient froid, me figeant sur place, mes yeux ne pouvant plus quitter l'écran de télévision.

« Maman... »

Ma mère est en train de passer à la télévision, en larmes, elle confit aux journalistes qu'elle a terriblement peur pour moi, que je lui manque terriblement et qu'elle s'en veux tellement de m'avoir envoyé dans ce centre contre mon gré. La voir dans un tel état me fait mal au cœur, je m'en veux de ne pas avoir pensé une seule fois à elle et à sa réaction en apprenant que j'avais disparu. Je me sens tellement mal de savoir que je lui ai brisé le cœur, à elle la femme qui m'a donné la vie, qui m'a donné tellement d'amour et qui ne m'a jamais abandonné ni tourné le dos malgré l'alcool et Katherine. Et ma façon de la remercier c'est de disparaitre du jour au lendemain et ne pas penser une seule seconde à elle pendant cette semaine.

« J'ai ... j'ai besoin de la voir, j'ai besoin de voir mes amis Athéna... »

Ma voix est faible, je suis faible, encore plus que tout à l'heure face à ces bouteilles d'alcool. Je me sens indigne de l'amour de ma mère et de l'affection de mes amis pour leurs avoir fait subir tout cela. Voir tous ces messages et ces appels de ma mère, de Zachary et des autres sur mon portable ont pour effet de me faire gémir de mal être.


Elodie.

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