X - confiance ou pas confiance ?


— Point de vue Neil —

Je la regarde sans vraiment la regarder, si j'avais été une fille ou si j'avais les cheveux long, à ce moment précis je serais en train de jouer frénétiquement avec les pointes de mes cheveux, pour montrer ma gêne dans cette situation. Athéna a déjà reçu beaucoup plus de contact que ce qui est possible pour elle.

Je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas lâché tout à l'heure quand elle était prête à se jeter à nouveau dans ce ruisseau gelé pour avoir une minime chance de retrouver son chat. Pourtant elle me hurle de le faire, elle veut mourir et elle me l'a très clairement fait comprendre, mais je n'ai pas été de son avis et je l'ai donc tenu fermement contre moi. Une part de moi ne veux absolument pas se retrouver seul, ici en plein milieu de l'Alabama alors que je ne connais absolument pas les environs.

Une autre partie de moi ne veux pas voir la brunette mourir, parce que cela signifie que j'ai fait tout cela en vain, que je me suis brûlé le dos pour rien, que j'ai fugué de l'institut pour rien et surtout que j'ai pris d'immense risque en faisant ça pour au final qu'elle m'abandonne. Je ne le supporterai pas. Tout simplement parce que je crois que je me suis attaché à cette demoiselle brune, qui m'a agressé lors de notre première rencontre pour avoir mes écouteurs, une fille complétement accro à la musique autant que je le suis à l'alcool, une fille qui a tout perdu, qui pense ne pas mériter de vivre. Je n'ai absolument aucune pitié pour elle, j'en suis certain, seulement de l'affection. Nos destins sont liés à présent.

« Neil ... Je ... je suis trop petite. »

La voix d'Athéna me sort de mes pensées. Bien sûr qu'elle est trop petite, elle ne peux pas passer elle-même ces barbelés et c'est bien ce qui m'inquiète. La seule façon pour elle de franchir cette barrière de barbelés c'est avec mon aide, dans mes bras, donc contact, ce qu'elle supporte le moins au monde. Surtout qu'aujourd'hui nous avons été amené une multitude de fois à être en contact et vraiment si j'avais pu les éviter pour son bien je l'aurais fait, mais cela ne s'est pas passé comme ça.

« Il va falloir que je te porte Athéna ... Il n'y a aucun autre moyen princesse ... »

J'appréhende rudement sa réaction, je ne veux pas qu'elle le prenne mal, comme une offense ou je ne sais quoi, qu'elle pense que je veux lui forcer la main ou tout un tas d'autre truc du genre. Non, la seule chose que je veux en ce moment même c'est de nous trouver un moyen de s'en sortir rapidement, on ne pourra pas rester toute notre vie en fugue. Je ne sais pas comment, mais il nous faudra tôt ou tard une solution durable. Pour le moment il faut juste franchir ces barbelés.

À ma grande surprise elle ne me répond pas immédiatement, je la vois d'abord s'approcher de l'obstacle et elle essaye de le franchir elle-même, en vain, elle se résigne donc à arrêter avant de se blesser. Se tournant vers moi, elle hoche la tête. Elle vient de me donner son accord pour la toucher et je sais ce que ça lui coûte de dire oui, mais nous n'avons pas le choix.

« C'est juste pour passer princesse, juste ça. »

Je veux la rassurer sur le fait que je ne ferais jamais rien de déplacer envers elle et que je n'abuserais pas des contacts qu'elle m'autorise à faire, même si elle y est plus forcée qu'autre chose. J'ouvre alors mes bras pour qu'elle s'y loge. Je compte passer les barbelés avec la brune dans les bras, il n'y a pas d'autre moyen. Je ne peux pas me permettre de la faire grimper sur mon dos, même si celui-ci ne me lance plus il n'en restait pas moins brûlé et parfois douloureux quand je tire trop dessus. Alors pas question de la porter, je dois penser à elle, mais pas seulement, je dois penser à moi quoi qu'il arrive.

Après quelques secondes d'hésitations, je sens son corps contre le mien. Malgré mon sweat, je sens encore qu'elle est mouillée et surtout qu'elle a froid. Elle tremble de toutes parts et je la vois se mordre fortement la lèvre, sûrement pour ne pas hurler à ce contact. Je m'empresse alors de la serrer contre moi et de passer par-dessus l'obstacle pour finalement la reposer au sol et me détacher d'elle au plus vite pour ne pas qu'elle souffre plus longtemps. Elle a souffert, mais elle a pris sur elle, elle n'a pas crié et elle ne s'est pas débattue comme elle en a sûrement plus qu'envie. Puis une nouvelle fois elle murmure.

« Merci... »

Une fois de plus elle vient de me remercier, elle m'a remercié malgré ce contact qui a été beaucoup plus long que la veille où j'ai posé mes mains sur ses hanches par peur qu'elle tombe de cette échelle. Je lui souris sincèrement pour lui montrer que ce n'est rien et que je suis prêt à beaucoup de chose pour l'aider et je pense que je lui ai déjà donné assez de preuve. Sauver son chat au risque de me brûler, fuguer au risque de me retrouver en prison, la toucher pour ne pas qu'elle tombe au risque qu'elle me haïsse au plus haut point, la porter au-dessus de ses barbelés au risque que ce soit moi qui soit blessé. J'espère qu'avec tout ça, elle a enfin confiance en moi, parce que moi, j'ai confiance en elle.

Nous reprenons notre marche une fois que ses tremblements prennent fin. Nous marchons pour le moment dans le plus grand des silences, je pense que nous en avons tous les deux besoin. Elle pour se remettre de tous ces contact et moi pour réfléchir à comment pouvons nous sortir de ce merdier avec le moins de dégât possible pour elle comme pour moi.

Puis je la vois trembler à nouveau et la seule hypothèse possible est qu'elle est en train de tomber malade et qu'elle a froid. Elle a été dans un ruisseau gelé après tout, ce n'est absolument pas le moment qu'elle se chope un gros rhume ou un truc encore pire. On ne peut pas se le permettre pourtant c'est ce qui est en train d'arriver, malheureusement. Je la vois sortir une liasse de billet, tandis que je fronce les sourcils.

« C'est assez pour une nuit à l'hôtel, mais on risque d'être repérés... »

Mille et une questions me traversent l'esprit, d'où sort-elle cet argent ? L'a-t-elle volé dans le bureau de la directrice avec son casque et son baladeur ? Pourquoi me proposer de dormir à l'hôtel maintenant ? J'aurais bien envie de les lui poser directement, mais je m'abstiens, parce qu'après tout si elle l'a véritablement volé comme je le pense on ne peut pas revenir en arrière et je ne suis pas coupable de ça. De toute façon, honnêtement cet argent pour nous payer un hôtel, je ne risque pas de cracher dessus, un bon lit et une vraie nuit ne nous ferais que du bien. Pourtant, il y a le risque de se faire prendre, mais je ne peux pas écouter cette part de ma conscience.

« Princesse tu es en train de tomber malade, il faut que tu sois au chaud. Il faut que nous nous reposions tous les deux. On ne se fera pas démasquer, je te le jure. S'il te plait. C'est à toi de me faire confiance à présent Athéna. »

Je la regarde dans les yeux, j'ai besoin qu'elle accepte, pour moi, pour elle et pour nous deux. Elle doit accepter. Elle doit me faire confiance. Ce que je lis dans ses yeux ne me dis rien de bon, j'ai l'impression d'y voir de la peur, mais de la peur pour quoi ?

« Tu as peur ? De quoi ? »

La brune s'arrête à son tour pour me regarder, elle n'a pas l'air confiante et elle se mordille la lèvre inférieure, comme souvent. Quelque part j'ai aussi peur de sa réponse, je commence à comprendre qu'avec la jeune femme je dois m'attendre à tout et malheureusement souvent au pire, mais je sais également que ce n'est pas sa faute et que je ne dois pas faire l'erreur de la blâmer pour ça.

« De toi, de moi, de tout. »

Quoi ? De moi ? C'est une blague ? Elle a sérieusement peur de moi ? Pourquoi ? Qu'est-ce que je lui ai fait ? A-t-elle peur de mes contacts ?

« Tu ... Tu as peur de moi ? »

Il y a beaucoup trop de chose qui se bouscule au même moment dans mon esprit. Je suis totalement perdu pour le coup. Cela fait plusieurs jours qu'on a fugués ensemble et elle a peur de moi.

« J'ai peur de te faire souffrir... »

Sa voix n'est plus qu'un murmure et je comprends, elle n'a pas réellement peur de moi, elle a juste peur que si je reste trop longtemps avec elle je finisse comme le reste de sa famille. Sauf que ça n'arrivera pas, parce que ce n'est pas parce qu'elle s'autorise à s'attacher à un être vivant que celui-ci doit mourir. Je la rassure en lui disant qu'elle ne doit pas s'inquiéter pour moi et que c'est le dernier de nos soucis. Dans un regard tendre, je lui demande, une fois de plus loin d'être sûr de moi.

« Tu es d'accord pour l'hôtel ? »


Elodie.

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