IV - le brasier



Point de vue — Neil


Je souffle en voyant enfin un des toubibs de ce centre de crotte venir chercher la folle face à moi qui est littéralement en train de me frapper. La pauvre si elle croit que ses petites mains toutes osseuses pouvaient me faire un tout tout petit mal et bien elle se trompe. La seule chose que je pense, depuis le début d'ailleurs, c'est que cette fille est complètement tarée et qu'elle n'a pas sa place dans un centre de redressement comme celui là, mais plutôt dans un asile psychiatrique. J'espère sérieusement que toutes les personnes présentes dans ce maudit endroit ne sont pas comme ça sinon je ne donne pas très cher de ma peau. Surtout que je n'ai pas consommé une seule goutte d'alcool depuis une semaine et ça me ronge de l'intérieur et mon corps me le fait très bien ressentir. Surtout avec cette faim persistante puisque je n'ai toujours pas pu aller manger avec toute cette histoire. C'est alors qu'un brun, un petit peu plus petit que moi vient à ma rencontre.

« Il faut que je te parle deux minutes. » me dit-il d'un ton calme alors que je relève les yeux vers lui.

Qui c'est celui là ? Pourquoi veut-il me parler ? Je soupire sans aucune discrétion alors qu'il me regarde à la fois froidement et doucement. Il attend que je le suive, super. Bon et puis après tout je ne suis franchement plus à ça près. J'ai juste besoin d'aller manger, il n'aura qu'à me suivre jusqu'au réfectoire s'il tient tant que ça à me parler. Je me dirige donc vers la direction opposée de la sienne, le laissant en plan en plein milieu du couloir. Comme je pouvais m'y attendre il me suit finalement jusqu'au réfectoire où je prends un plateau repas avant de m'asseoir à l'une des nombreuses tables de la pièce vide.

« Qu'est-ce que tu veux ? » sifflai-je sans aucune méchanceté alors que je fais la grimace devant le contenu immonde de mon plateau, tout du moins à l'aspect.

« Te parler d'elle, d'Athéna. »

« Pourquoi j'aurais envie d'entendre des choses sur cette folle ? » répondis-je avec une nonchalance extrême tandis que je viens de finir un morceau de ce qui devait être un steak haché.

Je ne sais pas vraiment pourquoi mais j'ai comme l'impression que son regard c'estassombris le temps de quelques instants lorsqu'il entend le mot folle. Qu'est-ce que c'est leur problème à tous au juste ? J'ai vraiment de plus en plus envie de partir au plus vite d'ici, mais je ne veux pas renoncer à ma boisson pour autant et c'est bien ça le problème. Je sais que les deux possibilités ne sont pas compatibles.

« Elle n'est pas folle comme tu dis, elle est juste extrêmement triste et seule. Moi, j'étais accro à l'alcool, d'autres à la drogue ou à la cigarette, mais pas elle. Athéna est seulement addict à la musique. Elle l'était aussi avant, mais depuis un an elle l'est encore plus. Elle ne voulait pas t'agresser. Elle a simplement vu que tu avais un moyen de lui procurer ce qu'elle désire le plus, la musique. Elle ne supporte pas non plus les contacts, je sais c'est bizarre mais c'est comme ça. Ils ne lui permettent pas ici d'en écouter, ils prennent ça pour une maladie. Mais elle n'est pas malade, ni folle. Elle est juste ... elle. On ne peut pas la changer malheureusement. » me répont-il alors que j'en avais presque oublié sa présence à côté de moi.

« Mh. Et tu t'appelles ? »

C'est vrai ça je sais le nom de la brune complétement tarée, mais pas le sien. Il semble d'ailleurs être un ami ou un truc dans le genre de cette fille en question. Bon, j'avoue que se voir priver de son addiction ce n'est pas cool mais ça n'excuse absolument pas le fait qu'elle m'ait limite agressé pour me voler mes écouteurs en plus. Ceux-ci étaient d'ailleurs toujours bien sagement autour de mon cou et pas avec cette folle. À près tout elle n'avait qu'à me les demander avec politesse et gentillesse plutôt que d'agir comme elle l'a fait.

« Greg. Va dormir maintenant, il se fait tard et le couvre-feu est bientôt en place. »

Il se lève et s'en va aussi vite qu'il est arrivé dans le couloir tout à l'heure. La semaine que j'ai passée dans ma chambre m'a fait oublier qu'il y ades règles strictes et chiantes ici. Comme ce couvre-feu débile, que je vais pourtant bien être obligé de respecter sinon je verrai mon séjour ici se rallonger d'un mois et je préfère mourir que de rester trop de temps ici. D'abord, parce que les lieux dans certains endroits sont limite insalubres et parce que j'ai une vie, une famille et des amis qui m'attendent à l'extérieur. C'est avec l'image que ce centre est plutôt une prison qu'autre chose que je m'endors.

Un bruit strident. Il ne veut pas s'arrêter. Il continue encore et encore. J'ai encore plus mal à la tête qu'après avoir enfilé de nombreuses bouteilles d'alcool. J'enfonce mon oreiller sur ma tête. Je grogne. L'alarme à incendie.

Il ne me faut pas plus longtemps que cette déduction pour me retrouver dehors en simple boxer et tee-shirt, en plein mois de décembre. C'est la meilleure façon pour attraper la grippe, mais je préfère encore avoir quarante de fièvre que de mourir rôti comme un poulet. Mes yeux ont du mal à rester ouvert, mais malgré ça, je les remarque, enfin je la remarque plutôt elle. Elle court en criant à s'en briser les cordes vocales, je ne vois pas qu'elle poursuit un chat. La seule chose que je suis capable de comprendre c'est qu'elle court droit vers les flammes.

Cette fille à véritablement un soucis, mais je ne m'en préoccupe pas et je suis déjà en train de la rattraper pour l'empêcher de se jeter dans le brasier sous nos yeux, malgré que ce ne soit que la buanderie qui soit en train de brûler. Pourquoi je suis en train d'empêcher cette folle de se suicider ? Je ne sais pas vraiment moi-même, je ne réfléchis plus beaucoup à cet instant, j'agis juste. Je sauve une vie.

« Lâche-moi bordel ! Mon chat, non ! Lâche-moi ! » s'époumone-t-elle alors que je viens de l'attraper pour qu'elle arrête sa course folle.

Elle veut donc rattraper juste un chat ? C'est une blague j'espère ? Mais elle continue de hurler comme une folle, ce qu'elle est d'ailleurs. J'en suis même persuadé maintenant. Pourtant, au fond de moi j'ai pitié d'elle, elle tient énormément à ce chat pour je ne sais quelle raison. Si cette bestiole mourrait je suis prêt à parier que la brune péterait littéralement les plombs et il y a fort à parier que ça serait sur moi. Ce qui est hors de question. Me voilà donc à la confier à ce Greg avant d'aller m'approcher des flammes pour sauver ce chat de malheur, qui d'ailleurs, aussi bête que sa propriétaire, a l'air heureux d'être aussi près d'un bûcher à taille humaine. J'avance donc à pas prudent en me rapprochant de la chaleur pour récupérer l'animal. C'est une fois la périlleuse tâche accomplie, la boule de poil dans mes bras que je sens le feu me chauffer le dos. Je ne peux retenir un cri.

Alors que les pompiers s'occupent enfin du feu, je me fais conduire avec Athéna, son maudit chat dans les bras qui ronronne, vers une ambulance. On me prends d'abord en charge, prétextant que ma brûlure au dos est plus sérieuse que celle de la brune. Il n'y a sûrement pas que ses petites brûlures qu'il faut soigner, mais aussi sa folie. La revoilà déjà en train de hurler et de se débattre tandis que les infirmières tentent de la maitriser pour lui appliquer de la crème. Je comprends immédiatement. Contact.

« Mais laisser là bordel ! » hurlai-je sur les infirmières présentes dans l'ambulance.


Elodie.

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