épilogue
Je l'observe, elle est pensante, je la comprends et je sais parfaitement ce qui la fait réfléchir. La semaine passée, j'ai accompagné Athéna en Alabama, je l'ai accompagné chez elle, là où elle a grandi heureuse avec ses parents, son frère et ses amis. Aujourd'hui elle n'a plus aucune de ces personnes, mais elle n'est pas seule, elle ne l'est plus à présent.
Je suis là, moi, mais aussi ma mère qui l'a considère presque comme sa fille, il y a aussi Leith, Jane et Zachary. Pour ce qui est de Greg, nous n'avons pas eu l'occasion de le voir à nouveau. Cela arrivera forcément sous peu comme l'Institut est fermé. Tous les jeunes ont pu retrouver leur famille, après parfois plus de cinq ans sans les voir autrement que par Skype ou sans les voir tout cours. Pour eux, la réadaptation et une société civilisée, va être, je le pense, chaotique. Pour moi, après des années à être associé à l'étiquette de quelqu'un de différent, de dépendant, de fou parfois, on ne peut pas retrouver immédiatement un contact courant avec ces mêmes gens qui vous ont rejetés au point de vous enfermer.
Il y a une chose que je ne comprends pas, après plus de quinze ans d'existence de ce « centre pour combattre les addictions de mineurs », avec plus d'un millier de patients; comment est-ce possible que jamais personne ne se soit plaint en sortant de là-bas ? Les policiers et les autorités n'ont jamais eu de plainte contre le centre et encore moins des patients qui se soient enfuis. Mais les parents eux, ils n'ont jamais entendu leurs enfants se plaindre qu'ils étaient malheureux là-bas et que la méthode de privation ne fonctionne absolument pas ? Au contraire, elle nous pousse à bout. C'est totalement incohérent, cela voudrait dire que si cette nuit là, je n'avais pas fuit avec la brune, personne n'aurait levé le petit doigt pour mettre fin à cet enfer. Athéna non plus ne comprends pas, ni ma mère, ni personne. Même les policiers sont totalement ébahit de ne jamais en avoir eu l'écho.
Malheureusement, je vais devoir me faire à cette idée, qui ne me plaît pas du tout, autant que les policiers qui nous qualifient presque de héros pour avoir eu le courage de faire ça. Cela a plus tendance à me donner envie de vomir qu'autre chose, car se sont ces mêmes policiers qui nous ont chassés comme si nous étions les criminels les plus dangereux que cette terre est connue. Ces mêmes policiers qui ont interrogé ma mère pendants des jours et des nuits entières sans scrupule. Mais une fois encore je suis impuissant et je ne pourrai rien changer.
Je sors de mes pensées quand ma brunette m'informe que j'ai reçu un sms. Étant actuellement en train de conduire pour retourner chez Jane et Leith, parce que ces messieurs ont décidé, comme ça en trois jours, de se marier. Et autant vous dire que si je n'y suis pas en costard, je suis un homme mort. Sauf qu'étant un de leur témoin, ils ont besoin de moi en vie, je vous laisse imaginer ce beau bordel. Je lui demande donc de l'ouvrir et de me le lire, sauf qu'elle laisse un très long moment de silence, assez pour que je m'inquiète.
« Athéna, qu'est ce qu'il dit ce message ? »
« Hum ... Il vient de ton père. »
« Lis toujours, on ne sait jamais. »
« Bonjour mon chéri, j'espère que tu vas bien et que l'on pourra se voir pour les fêtes de fin d'années. Je voulais bien évidemment t'informer de la naissance de ton deuxième frère. Je te laisse une photo, il est magnifique n'est-ce pas ? Bisous, papa. »
Je sens mon cœur se resserrer. Ce n'est pas mon deuxième frère qui vient de naître, c'est mon deuxième demi-frère. Le second enfant de Katherine, avec mon père. En plus il a le culot de me convier aux fêtes de fin d'année, il me dégoûte autant qu'elle. J'ai toujours refusé de voir leur enfant et il sera de même pour celui qui vient de naître. Je n'ai absolument rien contre eux, je les plains même d'avoir une telle mère et un père tout aussi horrible, mais je ne veux pas les voir, j'en suis incapable.
« Je suis désolée ... »
« Arrête d'être désolée, tu n'y es pour rien Athéna. Les seuls responsables de tout ça c'est mon père et elle. Comme je compte ne plus jamais revoir aucun des deux, le problème est réglé. Non, le véritable problème c'est que je ne veux pas porter un foutu costume, je suis sûr que je vais ressembler à un pingouin avec ça. »
Je l'entends rire, pas encore naturellement comme il devrait l'être, mais elle rigole quand même. Pour moi c'est une bénédiction de l'entendre rire, d'une parce que son rire est sublime et de deux parce que ça veut dire qu'elle arrive à se sortir de cette prison dans laquelle elle s'était enfermée.
« Tu as vraiment l'air d'un idiot à sourire comme ça Neil. »
« Au moins je suis un idiot heureux et comblé de bonheur. »
« Arrête avec ça ... »
Je souris malicieusement en la voyant gênée, je ne sais pas si un jour elle perdra cette habitude d'être embarrassée à chaque compliment que je lui fais. En attendant, je trouve ça horriblement mignon, donc au final, j'apprécie quand même cette mauvaise manie.
« Et voilà nous sommes arrivés en enfer ! Un centre commercial où tu vas me traîner dans chaque boutique pour que j'essaye chaque costume, pour que je dise à chaque fois la même chose : C'est horriblement moche sur moi ! »
« N'abuses pas non plus. Je te signale que je vais aussi devoir m'acheter une robe, car je pense que si je vais à leur mariage en jean, ils vont me tuer. »
« Qu'ils essayent un peu et c'est moi qui leur fait la peau ! »
« Je t'avais bien dit que c'était une mauvaise idée que je m'incruste dans ta vie ... »
« J'espère que tu plaisantes là ! »
Oui, là tout de suite, je m'inquiète, je m'inquiète qu'elle veuille revenir en arrière, qu'elle décide à nouveau de partir. Moi aussi, au final, j'ai gardé de mauvaises manies et je peux vous dire que celle là n'est pas prête de me quitter, car je ne me vois pas la perdre définitivement après tout ça. Elle me rassure en me serrant doucement la main.
« Je reste avec toi, promis. »
Nous partons faire les magasins avec un sentiment de soulagement. Enfin, cela est de courte durée car elle m'oblige plus d'une heure à essayer toute sorte de costumes, bien évidemment je les trouve plus hideux les uns que les autres. Exaspérée, Athéna finit par le choisir à ma place. Nous allons ensuite faire des magasins féminins pour sa robe. Étrangement, elle n'a besoin de faire qu'un seul magasin. Elle n'a essayé que très peu de modèle, mais celui qu'elle a choisi lui va à merveille. En y pensant c'est la toute première fois que je la vois en robe.
Arrivés à la voiture avec nos énormes sacs que je pose dans la voiture, je signale à Athéna que j'ai oublié ma carte d'identité dans l'un des magasins et que je retourne la chercher. Sauf que ce n'est pas le cas, dans un peu plus de deux semaines nous serons à Noël et je me dois de lui offrir quelque chose. Mais je ne veux pas lui offrir une babiole ou autre, je veux lui offrir ce qu'elle aime le plus au monde, la musique. Je vais lui acheter des places pour un concerto de violon, au premier rang.
Je lui ai promis ce soir-là de l'aider à fuguer, mais plus que tout je me suis promis à moi-même de la rendre heureuse à nouveau. Elle le sera.
Elodie.
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