Chapitre 9

On y est presque. Je dois voir Liam aujourd'hui pour mettre au clair certains points. Je ne veux pas qu'il fasse de gaffes devant mon frère. Il faut qu'il connaisse tout par cœur, même si je lui ai déjà envoyé le maximum d'informations par SMS.

Mes vacances sont finalement plus agitées que ce à quoi je m'attendais. Vacances de courte durée puisque je reprends dans deux jours. Enfin je rentre dans le monde du travail surtout. J'angoisse un peu mais on m'a dit de rester naturelle. J'espère me faire toute petite, telle une fourmi dans une fourmilière.

Je pousse la porte de l'agence immobilière où je viens de signer tous les papiers nécessaires à l'achat d'un appartement. Je l'ai revisité avec Chiara et c'est exactement ce qu'il me faut, elle est d'accord avec moi. On s'imagine déjà à la décoration, on passe plus que nos soirées à ça -et à aller en boîte pour se déhancher comme des folles.

L'air frais me fait du bien mais pas le temps d'en profiter que je dois rejoindre Liam pour vérifier qu'il a tout appris. Je ne sais pas ce dont j'ai le plus peur : le retour de mon frère, ce dîner qui s'annonce être une catastrophe ou mon premier jour de boulot.

Mon père est très fier de lui car il est le chef d'une grande entreprise dont j'oublie toujours le nom. S'il savait qu'il achète de la drogue pour la fumer en cachette sur son lieu de travail et qu'il se tape des prostitués, il baisserait dans son estime à coup sur.

En arrivant dans le café - on a changé par rapport à celui de la dernières fois qui rappelait trop de mauvais souvenirs - je constate qu'il n'est pas encore arrivé. Serais-je pour une fois en avance ? Je souris en constatant que non, il est juste plus en retard que moi. On faisait souvent des concours comme ça pour savoir qui arriverait après l'autre. Sans me vanter, j'étais la plus forte.

Il arrive finalement avec dix minutes de retard. Je veux souffler en le voyant mais ses cheveux en bataille et son air essoufflé lui donnent un air si mignon que j'oublie pourquoi je lui en veux. Il a couru, c'est certain. Et ses cheveux, d'habitude si ordonnée que j'avais interdiction de toucher, sont désordonnés. Il est beau même comme ça.

Tout mon contraire : on peut être sûr qu'après un marathon je ressemble à un thon dans une boîte de conserve. Aujourd'hui je n'ai fait aucun effort, j'ai à peine brossée cette tignasse et ai juste fait mon éternel trait de liner.

-Salut.

Je l'avais presque oublié. Presque parce qu'actuellement il est en train de me marcher sur le pied. Je grimace en décalant ce dernier de quelques centimètres.

-Oh pardon.

Il fait la moue pour que je lui pardonne. C'est déjà fait, il est tout de même là par ma faute. Je l'ai embarqué la dedans. Et je n'aurais peut être pas du... Il a déjà rencontré mes parents, plus d'une fois mais mon frère, c'est différent. C'est lui qui dirigeait avant, c'était lui le roi de la maison et jamais il ne le laissait rentrer parce qu'aucun garçon ne devait m'approcher.

-De tout ce que j'ai compris, il faut que je reste silencieux pendant tout le repas et je réponds simplement aux questions.

-Tout à fait. T'en vois d'autres qu'il pourrait te poser que celles que je t'ai envoyées ?

-Hum... comment sommes nous rester en contact aussi loin ?

-Parce que, de nos jours, avec la technologie il est facile de se joindre. Et que tu descendais régulièrement dans le sud.

-Je suis pompier, je ne peux pas ne pas être là.

-Bah enlève la dernière phrase...

-C'est parfait.

Non ça ne l'est pas. Pas du tout. Ça va être un carnage. Je ne connais plus rien de sa vie et je sens que ça va être la honte. Ma mère est le genre de personne a dire tout haut ce qu'on ne veut pas entendre, comme des anecdotes gênantes sur nous bébé.

-Ça risque d'être très embarrassant pour moi, te moques pas s'il te plaît.

Il sourit légèrement mais le perd instantanément.

-J'avoue être légèrement perdu, tu me dis que tu ne veux rien de sérieux, et rien tout court d'ailleurs puis tu m'ordonnes de venir déjeuner avec toi pour mettre en place un plan de survie pendant le dîner pendant lequel je dois me faire passer pour ton petit-ami...

Il a tout compris.

-Hum... ouais. En gros, c'est ça. Mais dans les détails, c'est plus compliqué.

Je me force à sourire mais ça ressemble plus à une grimace qu'à quelque chose de joyeux. Et de tout façon, il n'a pas envie de rire alors je reprends une mine sérieuse rapidement pour tenter de lui expliquer, sans entrer dans les détails, du pourquoi du comment.

-Mon père a toujours été exigent, il t'aimait bien alors je n'ai pas voulu lui dire pour notre séparation.

-Mais ça fait cinq ans... Il ne se doute pas qu'avec la distance, ça allait être finie ?

Je hausse les épaules sans savoir quoi répondre. En réalité, si, ils doivent le savoir sauf que ce n'est pas pour mes parents que je le fais. Mon père est exigent, c'est un fait mais ce n'est rien comparé à son fils.

Je le regarde croquer dans son muffin en me maudissant encore une fois d'avoir fini le paquet de chips devant un énième épisode des Marseillais. Mes cuisses ne vont supporter longtemps ces kilos que je m'enfile. Il faut que je fasse un régime mais à chaque fois que je dis cela, je finis par craquer au bout d'une semaine.

Je descends un peu la jupe pour cacher mes jambes rondelettes et mes vergetures. Je m'énerve d'avoir mis ce vêtement si court qui ne fait qu'ajouter de la gêne dans mes yeux. Il relève d'ailleurs les siens au moment où je vérifie que mes cuisses ne s'écrasent pas sur la chaise comme deux gros ballons. Prise en flagrant délit, je remonte mes iris sur lui en me mordant l'intérieur des joues.

-Ça va ? Tu veux qu'on aille ailleurs ?

Je hoche négativement de la tête en regardant le comptoir où des Aphrodites prennent des cafés. Je détaille leurs cheveux soyeux qui brillent avec le soleil et leurs bras fins qui font retourner quelques garçons.

Liam finit rapidement son repas, voyant que je ne suis plus très à l'aise. Il se décide à payer mais je le bouscule pour accéder à la machine à carte. Je le vois écarquiller les yeux mais il est trop tard, payement accepté.

-Je t'en devais une, lui rappelé-je en sortant dans la rue.

Je plisse immédiatement les yeux, aveuglée par le soleil en faisant tomber mes lunettes de soleil sur mon nez. Et au lieu de rentrer chez lui, il me suit dans une balade découverte de Paris.

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