Chapitre 8
J'ai un moment d'absence où je savoure ce goût qui m'avait tant manqué avant de le repousser. Je le gifle et sors immédiatement de la voiture. Il est débile ou quoi ? Je lui dis que je ne veux rien avec lui et il m'embrasse. Il ne faut pas être Einstein pour voir qu'il y a embrouille dans la réflexion.
Je traverse la rue pour attendre mon agent de l'autre côté. Je commençais à étouffer là dedans. Il a dit qu'il allait simplement trouver une place mais il faut croire qu'elles sont chères à Paris. Je sens Liam derrière moi alors je remonte la tête juste suffisamment pour l'apercevoir dans les vitres de l'immeuble.
-Em', je suis désolé. J'ai agi comme un con.
Mon surnom dans sa bouche me fait frissonner et une vague de chaleur m'envahit. Il était le seul à m'appeler comme ça. Quand je lui avais demandé pourquoi, il avait haussé les épaules et seulement rétorqué que Em' se prononce "aime" et qu'il m'aimait à la folie. Je souris en repensant à cette anecdote et ma colère s'estompe me permettant de me retourner vers lui.
-T'es pardonné.
Il sourit mais hausse un sourcil, il sait que ce n'est pas fini.
-...à une condition.
-Laquelle ?, dit-il en soupirant, tout de même le sourire aux lèvres.
-Tu m'aides à déménager.
-Vendu.
Il me sert la main et je souris, heureuse d'avoir réalisé ce marché. Mon agent me fait signe de le rejoindre, il a l'air d'extrême mauvaise humeur.
-Je vais devoir y aller.
-Salut.
Je le salue et vais rejoindre ce qui peut être mon futur appartement. L'entrée semble correcte, façon ancienne France mais pas cave à rats. On monte de grands escaliers typiquement parisien. Il paraît que c'est au deuxième étage. Cette nouvelle me ravie. Je n'aime pas être trop basse, j'ai entendu trop d'histoires d'horreur et d'intrusion.
Je m'attends à découvrir un appartement à l'état de l'immeuble, ancien mais rénové. C'est tout à fait ce qu'il me faut. Ce sas d'entrée donne au salon sans porte ni fermeture. Ce dernier est spacieux, les murs ne sont pas abîmés. La cuisine est ouverte sur le salon par une grande baie vitrée et une porte vitrée noire façon industrielle. Tout à fait mon style. Il y a une chambre qui me fait un peu plus froncer les sourcils. La fenêtre semble cassée et l'armoire usée. Je me rassure en me disant que je pourrai les réparer. La salle de bain me convient également.
-Il est très bien.
-Ravi que cela vous plaise, je vais vous laisser réfléchir et on finalise la vente dès que vous êtes prête.
Je hoche la tête en refaisant un tour. Parfait. Le prix me va, la localisation est bien : plus proche de mon travail que celui d'avant et à trois stations de mon quartier d'enfance. J'en ressors toute souriante mais mon sourire s'estompe lorsque je traverse la foule pour m'acheter un ticket de métro. L'horreur à l'état pure : la chaleur, la marrée humaine, le manque d'hygiène, tout me dérange.
Je frôle la crise panique mais réussis à me trouver une place assise à l'écart de tous. Je jette un œil à mon téléphone pour être certaine de ne rien rater mais le message de ma génitrice me glace le sang.
Maman :
Ton frère est de retour ma puce. On dîne tous ensemble dimanche soir, il s'attend à voir ton amoureux. Bisous.
C'est vrai, j'avais oublié ce détail. Mon frère est certain que j'ai un copain. Je lui ai dit cela il y a six ans, quand c'était encore le cas mais désormais le célibat me guette et m'apprend ses joies comme ses tristesses. Je n'ai pas osé les contredit quand ils ont dit qu'on était toujours ensemble. Et je ne suis toujours pas prête à le faire. Car mon frère est tout ce qu'il y a de redoutable sur cette planète.
C'est avec l'idée que Liam doit m'aider que je lui envoie un message, peu rassurée de sa réaction. Il doit me prendre pour une folle, il y a une heure je lui disais que je le voulais loin de moi et désormais je veux qu'il fasse semblant d'être encore mon petit-ami. Je me tape la tête mais trop tard, sa réponse arrive déjà sur mon téléphone.
Moi :
Coucou, j'ai un service étrange à te demander...
Liam :
Étrange du genre se faire courser par des rhinocéros au milieu du désert ?
Moi :
Un peu moins, j'ai pas le budget.
Liam :
Ha oui, t'économises pour ton appart'. Stéphane plaza t'as aidé ?
Vas y, dis toujours. Je verrais ce que je peux faire.
Moi :
A vrai dire, tu ne pourras pas le faire à moitié... Je veux que tu viennes avec moi à un dîner de famille.
Liam :
En tant que couple ?
Moi :
Ouais... Mon frère n'est pas au courant qu'on s'est séparé...
Liam :
Et c'est payé combien ?
Moi :
Tu te rappelles que je suis fauchée ?
Liam :
Je rigole, j'accepte d'être ton cavalier.
Moi :
J'espère que tu seras bon menteur ;)
Liam :
Evidemment, je suis l'inspecteur Smith.
Moi :
Merci de dire oui, je sais que c'est un peu bizarre mais ça m'aide vraiment.
Liam :
T'inquiète. Par contre, il va bien falloir lui dire un jour...
Moi :
Je sais :(
Il te faut un débriefing avant pour que tu ne t'emmêles pas les pinceaux.
Liam :
A vos ordres capitaine.
Ça veut dire un autre rencard en ta compagnie ?
Moi :
Qui ne tournerait pas en enfer ?
Liam :
Un drôle d'enfer. T'es tombée raide dingue de moi.
Moi :
Tombée littéralement.
Liam :
Comme Christophe Maé.
Je souris en relisant nos messages. Heureusement qu'il est gentil. Et dire que je l'ai traité de traînée... Je redoute tellement ce dîner, et la suite des événements.
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