Chapitre 6

Ses sourcils froncés n'annoncent rien de bon. Je m'humidifie les lèvres, nerveuse de la réponse. Je ne sais pas si je préfère qu'il me réponde qu'il a d'autres relations ou qu'il n'a aucune nouvelle expérience. Rester toujours avec la même personne n'ouvre pas aux découvertes.

-Comme on se l'était promis.

Je n'ai pas envie de paraître misérable mais il reste muet, aggravant ma gêne. Au bout de quelques secondes à rester se regarder dans le blanc des yeux, je passe devant lui en soupirant et priant pour qu'il ne me suive pas. C'est chose faite, je me retrouve toute seule dans ma chambre avec encore mille questions en tête. Pourquoi faut-il toujours que j'agisse comme une gamine de cinq ans ?

Evidemment qu'il ne m'a pas attendue, ça fait cinq ans ! Il a le droit d'avoir de nouvelles conquêtes. Je me tape la tête avec un coussin en hurlant dedans. Je revois son visage paniqué. Un rendez-vous et je lui demande déjà de me parler de ces relations, je ne suis pas sortable. Je soupire encore une fois.

***

J'ouvre les yeux péniblement et découvre un corps à mes côtés. Pas surprise, je me lève pour aller m'habiller et commencer cette nouvelle journée. Chiara pousse un râle en entendant la porte de la salle de bain grincer. Il faut absolument que je me trouve un appartement...

Mes parents ont accepté, ils n'avaient pas trop le choix. Ils m'ont bien fait comprendre qu'ils ne m'aideraient en rien, ni pour la recherche, ni pour le coût. Je peux me porter mes quinze cartons seule. Je souffle en découvrant mon reflet dans la glace. Je ne ressemble à rien. Mes cheveux, que j'ai essayé de coiffer, ressemblent à un champ de bataille et on y trouve encore des morceaux de chewing-gum de la veille. Mes yeux sont bouffis et entourés de cernes et de sourcils mal épilés. Je me fais un trait d'eye-liner et pars rejoindre mon amie dans sa chambre.

J'habite chez elle le temps de trouver une solution. Sauf que la cohabitation a beaucoup de désavantages, surtout avec Chiara qui ramène des mecs différents chaque jour. Elle a voulu me faire tester les coups d'un soir mais ce n'est clairement pas mon truc. J'aime faire l'amour avec une personne à qui je fais confiance et qui me connaît.

Je soupire une nouvelle fois en regardant le bazar que représente notre chambre. J'arrive tout de même à me diriger vers ma valise pour prendre une paire de collant puis à aller faire un bisous à ma meilleure amie.

-A plus poulette, me dit-elle tout endormie.

Je grogne quelque chose d'inaudible, regarde mon portable et claque la porte. J'ai deux messages en absence. Un de ma mère qui me demande si je veux venir déjeuner ce midi chez eux et un de Liam. De Liam... Mon cœur rate un battement. J'oublie complètement ma génitrice et me contente de loucher sur son message.

Liam :
Salut. C'est Liam. Je suis désolé pour la fin du repas, je n'ai pas voulu te faire fuir. Si tu le veux toujours on peut se revoir...
A plus.

Mes yeux vont exploser. On se calme... Ça fait une semaine qu'on ne s'est plus reparlé, depuis le déjeuner au paroxysme de l'embarras en fait. Je mentirais si je disais que je n'ai pas pensé à lui. A dire vrai, il hantait mes pensées jour et nuit et j'en suis arrivée à la conclusion qu'on ferait mieux de couper les ponts. Je ne pourrais pas être juste son ami, trop de choses plus intimes nous lient, mais je ne veux rien de plus avec lui.

Par "la fin du repas" il veut parler du moment où je me suis évanouie ou celui où je lui ai demandé de me parler de sexe. Je suis pathétique. Je soupire en rangeant mon téléphone. Je n'ai aucune envie de le revoir, j'espère que si je ne réponds pas, il va le comprendre.

Je marche lentement vers mon conseiller immobilier qui doit m'attendre depuis quelques minutes désormais. Pourtant, je n'accélère pas la cadence. J'ai seulement visité trois logements mais je n'en peux plus. Celui-ci est juste à côté de mon quartier d'enfance, ce qui est un plus, et il est à dix minutes de la gare. Une bonne localisation mais on m'a dit qu'il y avait quelques travaux à faire et je ne suis clairement pas compétente dans ce domaine ci.

J'arrive devant lui, qui me sourit malgré son agacement visible. Il me laisse entrer la première dans l'immeuble. L'entrée tombe en ruine, ce n'est pas bon signe. L'appartement se situe au rez-de-chaussée. La première chose qui me frappe c'est l'odeur de moisissure. Bon, ça ne va clairement pas le faire. Mais poliment, j'accepte de continuer la visite en désespérant de plus en plus.

Il y a un salon, une cuisine fermée qui ressemble à celle de ma grand-mère, une chambre aux murs jaunes et une salle de bain avec thème l'univers marin. C'est une catastrophe. Le vendeur me regarde, visiblement content de sa trouvaille. Je baisse les yeux vers mes mains qui se triturent. Son sourire disparaît de suite.

-Je crois que je préfère essayer autre chose...

-Très bien, j'ai un autre bien que je peux vous montrer mais il n'est pas dans ce quartier.

Je hoche la tête même si ça commence mal. Mon critère principal était la localisation. Je ne veux pas de quelque chose trop loin de mon travail ou de mes amis. Je déteste prendre les transports et je n'ai pas le permis, même si j'ai passé mon code il y a deux ans.

Il m'emmène jusqu'à la gare dans un silence de plomb. Il marche tellement vite que je suis obligée de courir derrière lui. J'ai l'air idiote et évidement c'est à ce moment qu'un regard de braise croise le mien. Deux yeux couleur océan qui me donnent des frissons par leur intensité.

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