Chapitre 42
Des années plus tard...
Le temps se suspend alors que mon téléphone se dérobe de ma main et tombe à terre dans un bruit que je n'entends guère. Les morceaux de verre se répandent à mes pieds mais rien n'y fait, mon corps est figé sur la fenêtre en face de moi. Je n'ose pas m'approcher, je n'ose pas regarder car ce que je viens de voir pourrait m'être fatal.
Ma vie défile devant mes yeux alors que l'air entre dans l'appartement et que les sirènes se mettent à devenir de plus en plus puissantes. Est ce suffisant pour me ramener à la réalité ?
Je m'approche à pas modéré. Peut être que ça ne s'est pas passé ? Peut être que j'ai imaginé le pire sans connaître la vérité ? Je ne peux plus me soustraire à des peut-être, il faut que je sache avant d'agir. Alors je me penche à la fenêtre.
Je vois pourtant, je ne comprends rien. Mon cerveau refuse de connecter mes neurones. Je ne pense plus à rien, je ne vois plus rien et n'entends plus rien d'ailleurs. Comme si j'allais m'arrêter de vivre.
Et puis, je me penche encore plus jusqu'à pratiquement passer par dessus bord. Mais c'est lorsque je vois une dame me montrer du doigt que je réalise ce que je vais faire si je continue. Je ne peux pas faire ça. Pourtant, il ne s'en est pas empêché.
Et tout s'arrête à nouveau lorsque je tombe en décidant de lâcher prise.
***
Un goût âpre est dans ma bouche, je n'ai aucune envie de me réveiller. Lorsque j'ouvre les yeux, Liam est instantanément rassuré alors que mes larmes reviennent en me rappelant ce qu'il s'est passé.
Je le regarde pour confirmer ce que je savais déjà : mon père est décédé sous mes yeux. Il a décidé de se donner la mort en face de moi, comme preuve que je suis la peine de tous ses désespoirs.
Ça n'a jamais été évident entre nous. Lorsqu'il a appris pour Paul, il a quitté ma mère, chassé mon frère puis a sombré lentement dans la dépression. Je ne pouvais rien faire de plus que lui rendre visite mais ma venue lui faisait mal. Alors j'ai décidé de prendre un appartement en face du sien. Juste pour m'assurer que tout irait bien.
Je pensais, bêtement sûrement, que ça allait s'améliorer comme ça. Mais c'était peut être simplement pour apaiser ma conscience que j'ai voulu me rapprocher. Tout compte fait, c'était une affreuse idée. Il aurait sûrement préféré ne plus jamais me voir.
Désormais, je dois vivre avec l'image de mon père sautant de son étage pour rejoindre le sol, de la marre de sang dans la rue et de sa face écrabouillée par terre qu'on ne reconnaîtrait à peine.
Je ne pourrais jamais lui pardonner. Il s'est suicidé parce qu'il ne survivait plus à sa culpabilité, il ne survivait plus aussi sans ma mère à ses côtés. Car, après tout, ils s'aimaient vraiment. Enfin, peut être pas elle mais lui la chérissait in-considérablement et moi, il ne m'aimait pas assez pour rester, pour se donner la peine d'endurer tout ça.
Je n'ai plus de mère, plus de père, plus de frère. Tout s'est envolé autour de moi et je suis la dernière survivante de notre famille même si quelque part sur terre, j'espère que ma mère et mon frère sont encore vivants. Je ne leur souhaite pas d'être épanouis mais d'être en vie simplement. Car je me pardonnerais pas d'avoir foutu en l'air la vie et de mon père et de ma mère. Même si je sais déjà que c'est le cas.
Liam s'approche de moi pour m'enlacer de toutes ses forces alors que je n'ai qu'une envie c'est de prendre une lame est de tracer dans ma gorge jusqu'à ne plus pouvoir respirer. Car la douleur est trop grande pour être assouvie autrement.
Mais je ne fais rien car je sais qu'ils ont besoin de moi. Liam et mes deux petites filles, des jumelles qui sont nées il y a un an. L'une d'entre elle est sévèrement malade depuis sa naissance, c'est un combat perpétuel. Son cœur va mal, il lui faut une greffe mais pour l'instant, elle n'est qu'en liste d'attente, car son problème n'est pas des plus graves même si c'est un bébé.
Je sais qu'ils se donnent au maximum pour la faire vivre et je ne m'imagine pas une seule seconde sans elle. Le déchirement dans ma poitrine est déjà trop profond, celui de sa sœur le sera encore plus si elle venait à perdre la vie.
Alors, allongée sur mon lit d'hôpital avec mon conjoint, une idée germe. L'idée que peut être je pourrais la sauver et me sauver également. L'idée que je pourrais être cette donneuse.
Le cœur d'une mère vers son enfant. Un cœur endolori mais qui saura trouver le courage d'être à nouveau rempli d'amour dans le corps d'une petite fille. Car il sera bercé par l'amour de sa mère.
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