Chapitre 4

"Je t'embrasse". Il finissait tous ses messages comme ça ou par un « je t'aime », mais j'imagine que cette dernière proposition aurait été inappropriée. J'ouvre la bouche tellement grandement que je crois que ma mâchoire va s'en décoller. Pourquoi faut-il que mon train-train régulier soit complètement défiguré ?

Je ne sais pas quoi lui répondre. Je n'ai rien non plus de prévu, j'avais prévu de passer une journée avec ma famille mais l'idée de le revoir m'envie comme elle me réfute. Je n'ai pas envie de briser l'image que j'ai de Liam. Et je sens qu'accepter revient à la lui marcher dessus avec des bottes usées et pleines de terre.

Pourtant, ma curiosité prend le dessus et m'ordonne d'accepter. Je ne sais vraiment pas quoi faire quand je prends mon téléphone pour taper un message. Ce geste si facile à faire à l'époque est devenu un calvaire. Je lui mets "salut" ? Ou "coucou", comme lui ? "Bonjour" est trop cordial...

Moi :
Salut, je suis libre aujourd'hui. Midi trente chez Kim's ?

Je tarde pour appuyer sur envoyer mais une fois que c'est fait, je regrette. J'appelle immédiatement Chiara qui répond au bout de trois sonneries. Sa tête encore au lit me fait sourire.

-Tu veux quoi Emy ?

-Salut à toi.

-Hum... b'jour, maugrée-t-elle

-Il m'a invité à sortir, je fais quoi ? Je m'habille comment ?

-Qui ?

-Liam !

-Hein ?

Elle se relève et écarquille les yeux

-J'arrive.

-Thanks.

La minute d'après elle est dans ma chambre en train de me faire essayer plusieurs tenues toutes plus nulles les unes que les autres.

-Mais tu veux quoi à la fin ?, hurle-t-elle alors que je viens de refuser une énième fois.

-Chic mais décontracté, amicale mais pas trop, sexy sans plus.

Elle passe sa main sur son visage.

-Tout est son contraire, j'ai compris.

-J'ai pas envie d'en faire des caisses, pas de robe.

-Mais avec ce temps tu serais folle de sortir en jeans. Tiens, essaye ça.

Elle choisi un short en jean noir, un débardeur blanc en dentelle sur le dessus et une veste en cuire. J'enfile rapidement la tenue et le résultat passe, il n'est pas sensationnel non plus mais en jetant un coup d'œil à mon téléphone, je me rends compte que je n'ai plus le temps. J'y vois aussi une notification.

Liam :
Parfait. A tout à l'heure.

Je soupire. C'est étrange de lui parle comme si c'est un inconnu alors qu'on a passé 13 ans ensemble et bien la moitié du temps à se câliner.

-Ça va aller ma puce. Tu vas être parfaite, tente-t-elle de me rassurer. Si avec le boule que t'as la dedans il succombe pas, je comprends plus rien moi.

Je lui souris même si je ne suis absolument pas d'humeur jovial. Elle me boucle les cheveux avec une telle douceur que ça en est déconcertant. Je me maquille en même temps d'un trait d'eye-liner et j'applique une couche de rouge à lèvre rouge sur mes lèvres. Une fois nos tâches respectives assurées, je me regarde dans le miroir pour être certaine de ressembler à quelque chose.

C'est parfait, je suis parfaite, une vraie bombe. J'allais partir quand je me rends compte que je n'ai pas choisi mes chaussures. Chiara me tend instinctivement une paire de talons mais je hoche négativement de la tête, je préfère des baskets. Et là, je suis splendide.

Elle me sourit en levant ses pouces en l'air pendant que je prends ma sacoche, y glisse mon téléphone qui indique 12 heures 23 et sors de ma chambre. Je referme la porte derrière nos deux corps après m'être confondue en excuses. Elle part dans la direction opposée, me laissant seule avec mes démons intérieurs qui me crient de retourner à la maison.

Mais je ne les écoute pas pour une fois et fonce au restaurant où j'arrive seulement deux minutes en retard, on a connu pire. Je l'aperçois par la fenêtre, il sirote sa boisson qui, je peux parier, est un jus de tomates. Je le regarde encore une seconde avant de me décider à rentrer. Dès qu'il me voit, il sourit et j'en fais de même. Ses yeux brillent lorsque je me dirige vers lui. Je lui fais la bise, mal à l'aise de devoir poser mes lèvres à quelques centimètres de ce que j'avais l'habitude de faire.

Je m'assois à ma place et commande un jus de pomme. Puis je le regarde et il fait de même. Il semble m'examiner avec une grande précision. Il a tellement changé. Ses cils sont devenus longs, ses yeux sont plus profonds mais plus sombres également. Je suis les courbes de sa mâchoire carrée pour arriver à sa bouche fine. Je me rappelle de la saveur de ses baisers, des plus amoureux au plus bestiaux. Ils avaient tous un goût différent qui ravivait la flamme qui brûlait dans mon ventre chaque fois.

-T'as pris quoi ?, demandé-je avec un mouvement de tête, pour lancer la conversation.

-Un jus de tomates.

Bingo ! En plus d'être trop belle je suis trop intelligente.

-Toujours aussi jolie, lâche-t-il d'un coup comme si cette parole l'a libéré.

Je lui souris puis laisse tomber mes yeux vers son cou. Il a bronzé, je dirais. En tout cas je me rappelle comme j'aimais y plonger. Mes lèvres s'étirent à nouveau en repensant à la sensation que ça me procurait. Il a passé une chemise ouverte des deux premiers boutons, nous laissant deviner la carrure athlétique de son corps.

-Alors, tu fais quoi dans la vie maintenant ?, posé-je une fois ma boisson arrivée.

-Je suis pompier.

-Oh c'est génial, t'as des anecdotes à raconter ?

-Rien de très gay...

Je me mords l'intérieur des lèvres. Il n'est pas très bavard... Je le connaissais plus jovial.

-Et toi ?

La façon qu'il a de me regarder en buvant son jus pourrait me donner un orgasme sur le champs.

-Je sors d'école d'ingénieur.

-Quelle branche ?

-Génie civil.

Il hausse un sourcil qui m'incite à développer.

-Dans le bâtiment, conception des bâtiment, choix des matériaux.

-Architecte ?

Aïe. Douche froide. Chaque fois que j'explique mon métier j'ai le droit à cette question. Comment expliquer à quelqu'un qui n'y connait rien que faire des plans et designer des édifices est différent d'être un ingénieur qui s'investie dans des chantiers. Pour eux, c'est pareil.

Je me rends compte que je dois faire une grimace au moment où je le vois froncer les sourcils.

-Ha pardon, je ne savais pas que c'était la guerre entre les deux.

Son ton ironique m'agace car j'aimerais que la conversation se détourne de ce sujet ci qui commence à m'agacer.

-Et tes parents, comment vont-ils ?

Une brume apparaît sur son visage et il baisse les yeux, je crains le pire.

-Ils sont heureux, ils sont partis pour un roadtrip aux Etats-Unis aujourd'hui.

Est-ce que leur absence justifie cette tristesse ? Je lui souris pourtant, ne voulant pas ressasser de mauvais souvenirs.

-C'est cool ça, je toujours rêvé de faire ça aussi, rigolé-je doucement.

-Ils ont l'air d'apprécier...

Un silence s'installe durant lequel l'intensité avec laquelle il me regarde me fait complètement paniquer. J'ouvre grand les yeux. La pièce devient trop petite pour moi alors que j'essaye de calmer mon cœur. Mais c'est trop tard, la crise de panique est déclenchée...

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