Chapitre 33
Je ne pensais pas que ce serait si difficile d'être à nouveau avec Liam. Tous mes cauchemars reviennent de plus belle chaque nuit alors que j'ai l'impression d'être retombée en enfance.
Je suis pratiquement incapable désormais de sortir seule, acheter du pain est devenu bien trop compliqué pour moi. Ça fait un mois que je n'ai pas mis un pied dehors. Pourtant aujourd'hui Liam a décidé de me forcer à aller prendre l'air.
Heureusement qu'il est là pour me payer un toit sur la tête et tout ce dont mon corps a besoin car je suis dans un chômage bien profond. Au fond du trou.
Je mets un pied dehors et regarde les passants comme s'ils allaient tous me faire du mal. J'essaye de rester naturel devant mon petit ami pour lui montrer que tout va bien et rentrer rapidement. Mais, c'est lui qui décide aujourd'hui et là, il me prend la main et m'emmène vers les bords de rivière.
J'avance a pas hésitants à côté de lui. Je ne sais même pas de quoi j'ai réellement peur. J'ai réduit la nature humaine aux actes que m'a fait subir mon frère après avoir découvert que 10% des français avaient déjà subi l'inceste.
J'ai lu un témoignage, puis deux pour finalement me perdre dedans toute une soirée où Liam était de garde. Je n'aurais jamais du. Sur le moment ça m'a fait un bien fou. J'ai eu l'impression que mes problèmes devenaient comme naturels car ils étaient vécus par plein d'autre. Puis j'ai fait des cauchemars de leur aventure, de leur violence sexuelle. Et c'est là que j'ai compris mon erreur.
Un garçon racontait que des filles de son lycée l'avaient déshabillé devant tout le réfectoire pour finalement déposer sur les réseaux sociaux la vidéo filmée ce jour là où on le voit nu et extrêmement gêné. J'ai eu l'impression de me voir en lui lorsque le monde saura ce que j'ai fait petite. Un vers de terre nu au milieu d'une foule moqueuse qui n'en a que faire de ce que vous ressentez.
Je me crispe instantanément et rouvre les paupières pour éviter d'encore divaguer. Liam m'a fait revoir mes amis que je ne les avais pas vu depuis notre mise en couple, depuis que je ne sors plus exactement. Personne n'a été surpris. Léonie n'a pas arrêté de nous fixer avec un air mauvais, comme si elle disait « il ne te connaît pas ». Et j'avais envie de lui lancer qu'elle non plus.
Finalement, on se lève tous pour partir de notre côté. Je vais chercher mon sac que j'avais posé avec les autres puis reviens vers Liam qui m'attrape la main en lançant un signe de main à tout le monde.
-Alors ?, me demande-t-il sur le chemin du retour.
-Merci.
Je serre un peu plus sa main pour appuyer mes propos et il me sourit en se tournant vers moi. Je peux lire dans ses yeux la fierté qu'il éprouve « on a fait une grande épreuve ».
-On doit aller acheter des fruits pour ce soir. Ça va aller ?
Je hoche la tête en le pensant réellement.
La nuit est tombée et il n'y a plus personne dans les rues. Lorsque nous nous arrêtons devant le primeur, il choisit sur l'étalage des pommes.
-Ca te va ?
-Parfait, je réponds sans même regarder celles qu'il a choisi.
Il sourit de plus belle le remarquant et file vers la caisse me laissant seule admirer le ciel noir. J'adorais la nuit petite, avant tous ces coups.
Et mon cœur se serre avant de se remplir de bonheur à nouveau en prenant une respiration d'air frais. Je ferme les yeux une nano secondes pour profiter de ce nouveau sentiment qui m'envahit peu à peu.
Une bande d'adolescents passent près de moi en rigolant et en hurlant. J'aurais pu leur dire de faire moins de bruit si je n'étais pas d'aussi bonne humeur. Je crois que Liam me fait cet effet. Léonie pourra dire ce qu'elle veut.
L'un d'entre eux me fixe en souriant. Il a l'air terriblement gentil avec ses boucles blondes et ses fossettes. Je le définirais comme timide et attentionné juste en le jugeant par son physique.
Lorsqu'ils passent devant moi, la main du blond vient se loger sur mon sein pour l'appuyer. Puis il part. En rigolant. Comme si c'était atrocement drôle et normal. Alors que le temps s'est arrêté pour moi, que mes ongles ont retrouvé leur place dans la paume de ma main et que les larmes commencent déjà à tomber.
Je regarde dans la direction où il est parti il y a quelques minutes, impuissante et incapable de bouger. Mon esprit divague, repense à son sourire, a la chaleur de sa main sur ma poitrine.
Je baisse les yeux vers mon décolleté et regrette d'avoir eu le courage de me dévêtir. J'ai envie de haïr Liam qui m'a forcé à venir ici mais c'est trop fort. Je suis incapable de le haïr car je me sens totalement vide alors que la seconde d'avant j'étais si heureuse.
Les bras pendants le long du corps, mon regard encore figé sur l'horizon, je n'entends pas les pas de Liam et lorsque celui-ci me touche l'épaule, je sursaute.
Il fronce immédiatement les sourcils alors que mon regard est pétrifié. Je revois le gamin à la place où je suis actuellement et cette pensée me fait frissonner de peur. Je me décale à la hâte, pensant pouvoir échapper à tout ça.
-Ca va ?
Je ne lui réponds pas. Car il m'est impossible de lui cacher que non mais tout aussi impossible de le lui avouer.
-Em'. Regarde moi.
Et c'est ce que je fais. Son regard inquiet se pose sur moi et les larmes redoublent.
Il m'enlace un instant avant qu'on entende des raleries dans notre dos.
-Vous gênez le passage, pousse une vieille dame.
Je me dégage de son étreinte et m'éloigne vers son appartement. Il me suit sans discuter alors que je sais qu'il se pose mille questions. Je redoute le moment où je vais lui dire car je sais qu'il ne pensera qu'à me venger et que cette image de lui ne me consolera en rien.
-Assieds toi dans le canapé, dit-il à peine rentrés. Je t'apporte un thé.
Mais je ne peux pas bouger de l'entrée car cet appartement me rappelle trop de souvenirs qui n'impliquait pas les mains baladeuses d'un pervers au visage souriant.
Liam m'observe de la cuisine en se mordant la lèvre inférieur. Il vient vers moi et me tend ses deux mains. Je les regarde et ne bouge pas alors il me blottit dans ses bras puis me porte doucement vers son canapé où il m'installe comme si j'étais un objet en verre.
-Je ne pars pas Em'. Je suis là pour toi.
Je renifle le parfum qui traîne sur son haut en fermant les yeux pour ne pas faire face à la réalité.
-Un groupe d'ado est passé et l'un d'eux m'a touché.
Il se crispe. Ça commence mal. Il pose sa tête sur la mienne puis y dépose un long baiser.
-Tu veux porter plainte ?
Je n'y avais même pas pensé.
-Je sais à quoi il ressemble, dis-je sans réfléchir à si j'ai envie de le faire ou pas.
-Tu décides. Je serais là quoique tu fasses. Mais... regarde moi Em', me supplie-t-il, ton corps t'appartient.
-Il m'a touché là.
Je pose sa main sur mon sein délicatement alors que je regarde ce geste se faire. Il laisse sa main en place en me re-déposant un baiser sur le haut du crâne.
-Est-ce que j'ai le droit de mourir maintenant ?
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