Chapitre 32

Je me lève précipitamment, oubliant les regards de mes amis et marche jusqu'à dehors où j'attends que le vent rafraichisse l'hémorragie. Léonie pose une main sur mon épaule et je m'enroule dans ses bras, cherchant du réconfort là où je pourrais en trouver. Elle me laisse me rattacher à elle quelques minutes puis me détache d'elle et me regarde droit dans les yeux.

-Viens, me dit-elle en me conduisant dans les rues vers le quartier de Liam.

On arrive devant chez lui avec une facilité monstrueuse et elle sonne pour moi. Mais quelqu'un sort au même moment et on en profite pour se faufiler dans le hall de l'immeuble. En arrivant à son étage, je reconnais immédiatement son ex-copine le faire rire. Dire que je voulais encore me plaindre dans ses bras et qu'il est là à rire avec elle d'une facilité déconcertante.

Ma tête me fait horriblement mal, mon cœur se serre et je regrette de ne pas avoir fui tant qu'il était encore temps. Je me rattrape au mur puis dévale les escaliers sans penser aux regards de Léonie, terrifiée.

Je cours vers un endroit où cette douleur pourrait enfin disparaitre. Je m'approche d'un lac où personne ne traine en cette période de l'année. Je sors de ma poche un élastique que j'accroche autour de mon poignet et serre au maximum. Les premières larmes roulent sur mes joues. "Je t'aime Emy." Un coup. Je serre. Un cri. J'étrangle. Une gifle. Mes ongles se plantent naturellement dans mon bras alors que l'image de mon enfance s'obscurcit.

-Em' !

Je resserre.

-Reste avec moi, je suis là.

Je sens Liam dans mon dos s'efforcer de maintenir mes mains loin de ma chair tout en m'enlaçant comme il le peut. Mais les images de mon frère sur moi m'arrive les unes après les autres comme si j'étais spectatrice de la scène et pour la première fois je ne cherchais pas à l'écarter mais je restais immobile. Car telle était la réalité.

Et elle faisait terriblement mal. De se dire qu'on encaissait sans jamais se débattre.

-J'y arrive pas, dis-je simplement.

-Si, tu peux le faire.

Je lâche tout contrôle et me laisser tomber sur ses genoux en pleur et épuisée. Il passe ses bras réconfortant autour de mon corps meurtri et me baisant le haut du crâne.

-Rentre avec moi Em'.

Je ne peux pas. Mais je m'omets bien de le lui faire remarquer. Tandis que je me calme peu à peu, il me brosse les cheveux d'une main distraite en regardant le courant de l'eau. Cependant, il n'insiste pas pour retourner chez lui.

Blottie dans ses bras, je me laisse porter par sa respiration et fait tomber mes yeux pour m'abandonner complètement en espérant ne jamais revenir à la raison.

***

Il m'apporte un nouveau plaid puis une tasse de thé après que je lui ai fait part de ma température glaciale intérieure. Puis il se dépose à mes côtés, laissant échapper un soupir. Il appuie sur un bouton de sa télécommande et la télévision s'allume sur une chaîne d'information.

Je m'assoupis sur son canapé alors qu'il zappe jusqu'à s'arrêter sur un film diffusé. Je reconnais les personnages de Nos étoiles contraires et écoute leurs paroles avec attention. On est pratiquement à la fin et je connais ce classique sur le bout des doigts. Pourtant, il me rend toujours aussi triste.

Je me demande s'il l'a déjà vu et s'il a pleuré. Je lui jette un coup d'œil pour m'assurer qu'il ne s'est pas endormi mais il suit minutieusement chaque action. Je prolonge mon admiration une seconde de trop avant de me rendre compte qu'il a aussi tourné la tête.

Je ne peux plus détourner le regard de ses grands yeux captivants. Il semble penser la même chose. Il entrouvre la bouche avant de la refermer aussitôt. Je me mords la lèvre, cherchant quoi dire mais il parle en premier.

-Tu... es sublime, lâche-t-il dans un souffle.

Je me rue vers sa bouche qui m'appelle depuis tout à l'heure et y dépose un baiser sauvage. Je monte sur ses jambes pour l'embrasser pleinement. Il pousse un grognement lorsque ma langue rencontre la sienne et je sens quelque chose titiller mes fesses désormais.

Il me repousse légèrement alors que je fronce les sourcils, pleine de désir.

-Em'. Je ne veux pas que coucher avec toi. Je veux pouvoir t'embrasser dans la rue sous le regard désapprobateur de tes amis, pouvoir te retrouver à la maison le soir. Toutes ces choses là que font les couples. Tu comprends ?

Je hoche la tête tout doucement. Même si je ne suis pas sure de réussir à faire toutes ces choses.

-Je crois que moi aussi, dis-je d'une toute petite voix.

Ses lèvres s'écartent et il sourit grandement en lançant un cri de victoire. Il me porte contre lui au milieu du salon pour danser ridiculement. Et je me laisse porter, accrochée à lui comme un koala à son arbre, sans ses mouvements tous plus confus.

Il m'embrasse une fois. Puis j'approfondis notre baiser et laisse ses mains se diriger vers mes fesses et remonter mon T-shirt.

A jamais.

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