Chapitre 29
Je regarde par la fenêtre les passants marcher sous le soleil d'avril. Il fait une chaleur insoutenable aujourd'hui, alors qu'hier c'était tout le contraire, tout le monde a sorti le débardeurs, les shorts et les robes d'été à fleurs. Mon portable vibre dans ma poche mais je le laisse sonner sans détacher mes yeux d'une petite fille qui commande une glace. Elle porte la même jupe que j'avais dix ans auparavant. Celle que j'avais eu pour mes onze ans et qui avait permis à ma mère de voir les traces sur mes jambes. Elle m'avait ordonné d'aller me rhabiller et de couvrir "ses horreurs".
-Em' ?
-Mmh-mm.
Je tourne la tête dans sa direction sans savoir ce qu'il attend de moi.
-Je disais que je ne vois pas trente mille solutions. Il te faut une surveillance accru, or Chiara n'est pas souvent présente.
-Je n'habiterai pas chez toi.
-Mais c'est pas ce que je suggérais.
Pourtant, le rouge qui lui éclaire les joues me dit le contraire.
-Alors tu proposes quoi ? Que j'aille en prison ? Là-bas ils pourront bien me surveiller, en plus la drogue c'est pas légal ? Oh bah ici non plus... Comment vais-je faire ?
-T'as fini ?, souffle-t-il.
-Et vous, vous avez fini de vous comporter comme si j'avais six ans ?
-Peut-être qu'à cet âge là t'avais au moins le décence de ne pas te couper la peau !
-Pourtant j'avais mille raisons de le faire à cette époque !
On a commencé à sortir ensemble à six ans. En effet on s'est rencontré dans ses eaux là. Ca ne lui échappe pas puisqu'il met un petit temps avant de répondre.
-Tu joues aux enfants et tu t'étonnes qu'on opère comme si tu en étais une. Comporte toi en adulte et affronte tes problèmes, trouve des solutions évidentes soient elles ou non. Fais comme tout le monde, bas toi merde au lieu de te comporter en épave.
Je hausse les sourcils, choquée par la manière dont il me parle mais surtout par la violence de la répercussion de ses mots. On n'avait pas l'habitude de se disputer, à vrai dire on se disait tout (presque tout). Peut être que désormais il y a trop de choses qui nous dépassent ou qu'avant on était aveuglé par notre vision enfantine du monde et que désormais on le voit pleinement.
Mon téléphone vibre une seconde fois et je décide de subir la personne qui m'appelle plutôt que le regard de Liam. Je le sors de ma poche et observe l'écran avant de raccrocher d'une traite. Finalement, je préfère Liam.
-Rappelle la.
Non merci. Par contre, je vois deux messages de Mélanie et un de Chiara.
Mélanie :
Coucou poulette, alors ses premiers jours de liberté, le bonheur non ?
Mélanie :
Appelle moi pour qu'on mange ensemble un de ses quatre.
Moi :
Salut, je t'appelle dans une heure environ. A toute.
Mélanie :
T'as retrouvé ton prince charmant ?
Moi :
:)
Mélanie :
:)
Chiara :
Emy, t'es où ???? Je m'inquiète !!!!!!
Moi :
Attends je cherche sur google mes coordonnées GPS.
Chiara :
Très drôle, quand on retrouvera mon corps mort d'une crise cardiaque parce que je me serais fait un sang d'encre pour toi !
Moi :
Je viendrais t'identifier à la morg....
-Eh !, pesté-je face à Liam qui m'a arraché mon téléphone.
-Je te connais, tu te débarrasses d'un sujet quand il ne te plaît pas mais ça ne marchera pas. Ce soir, on se réunit chez Chiara pour convenir d'un plan.
-J'ai hâte.
-On t'a pas appris à être polie ?
Son sourire ne m'atteint pas pour une fois. Car il a une fois de plus raison mais je ne peux pas tenir mes résolutions en face de lui. C'est pour ça que la fuite me semblait un bon échappatoire.
-Si, mais j'ai oublié. C'est pas bien de suivre une inconnue.
-Tu disais pas ça quand tu jouissais dans mon lit.
Je le fusille du regard en détournant ma tête vers la vitre pour regarder le marchand de glace. Son rire m'arrive aux oreilles.
***
-Tu ramènes trois bières et un verre d'eau s'il te plaît, crie Chiara à Léonie qui s'est gentiment proposée pour nous chercher un apéritif.
Je me suis assise sur le canapé en face d'Eliott et entre Liam et Chiara mais je commence à avoir chaud. Je retrouve Lana Kacy et ma partenaire d'étude dans la cuisine. Bien vite, nous nous retrouvons tous assis, un verre dans la main et de la nourriture en bouche.
-Alors Léonie tes vacances ?, demande Eliott.
-Génialissime. L'Islande c'est tellement beau. Je recommande à tout le monde. Paul et moi avons campé un peu.
Un frisson me traverse. J'essaye de le contenir en me concentrant sur ma respiration. Lorsque je rouvre les yeux, je m'attends à voir toutes les têtes tournées vers moi comme à la suite de chaque crise mais la réalité est tout autre. Au contraire, ils sont tous concentrés sur le discours de mon amie.
Liam passe un plaid autour de mes épaules. Mon frisson ne lui a évidemment pas échappé.
-Waouh ! Tu nous mets des étoiles dans les yeux, rétorque Chiara.
Liam se replace sur le canapé, me rappelant par la même sa présence. Je lui jette un coup d'œil qui se veut discret. Il a le yeux dans le vide, l'air de réfléchir mais surtout de se faire complétement chier. Il relève les yeux vers moi lorsqu'il remarque que je le fixe et me sourit. Puis il avance sa tête et dépose un baiser sur mon front. Mon corps se laisse bercer par le sien et tombe sur ses cuisses. Naturellement, sa main vient se placer dans mes cheveux et nous retrouvons la position que nous adorions sans le remarquer.
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