Chapitre 21
Je m'arrête de respirer. Wow. Il faut que je reprenne mes esprits. Est-il réellement en train de me faire une déclaration ? Qu'attend il de moi ? C'est à mon tour de lui répondre mais mes lèvres restent closes car elles ne savent pas quoi dire.
Mes réflexions se bousculent alors que j'essaye de déterminer le meilleur moyen de refuser sans le brusquer.
-Je... Non... Enfin... Je suis désolée mais je ne me comprends même pas moi-même. Parfois, je fais des crises de paniques, je pète les plombs et la seconde d'après, je fonds en larme. Je ne peux pas m'engager dans quoi que ce soit. C'est...
Mais je ravale ma phrase lorsque je vois ses yeux remplis de larmes invisibles.
-Liam..., soupiré-je, tu m'as vu l'autre jour, tu sais ce qui se passe, tu le vois bien. Je ne voulais pas te faire de faux espoirs. Te revoir m'a fait du bien, vraiment. Mais je ne te vois comme plus qu'un ami pour l'instant. Je suis désolée.
Je laisse tomber mes épaules alors qu'il secoue la tête lentement pour acquiescer mes paroles.
-Okay, alors soyons amis.
Je plisse les yeux mais hoche la tête. Je ne suis pas certaine, qu'après une telle déclaration, on soit capable d'être copains mais je me ravise bien de le lui dire.
A vrai dire, je ressens bien plus de choses pour lui que je ne voudrais l'admettre. Mais je ne suis pas prête à y faire face. Il faut déjà que j'affronte d'autres choses.
***
Je me réveille, la tête complètement sans dessus dessous, je me traîne une migraine de l'enfer depuis trois jours. Ce n'est vraiment pas mon année.
Léonie, à mon chevet, tente de me remonter le moral en lisant des livres enfantins. Il faut dire que ça fait une heure qu'on rit comme des gamine à chaque phrase prononcée.
-Bon, commence-t-elle en refermant brusquement le bouquin, dis moi tout. Je sens qu'il y a plus que ce que tu nous dis depuis des semaines.
-Non, je suis juste malade, ça va passer.
Jouer la carte de l'innocence m'aide à reprendre mon souffle. Elle lève les yeux avant de me regarder de son air investigateur.
-J'en suis restée à Liam et toi au restaurant.
-Oui...
-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?, me force-t-elle.
Il a avoué qu'il m'aimait, j'ai été incapable de lui dire la même chose et depuis j'y repense tout le temps. Je vois son grand sourire. Il me manque. Je ne sais pas s'il est fâché mais il ne m'a pas reparlé. Je suis si stupide. Mais je sais que j'ai fait le bon choix.
-Rien.
-Mm-hmm. Pas à moi.
-Il veux qu'on approfondisse.
-Vous mettre en couple ?
-En quelques sortes...
-Et ? Quel est le problème ? Vous avez déjà été 13 ans ensemble ! Vous vous connaissez mieux que personne.
C'est bien là le problème, la corde sensible. S'il devait résumer ma vie, il manquerait des parties importantes et je suis sure qu'il s'est passé plus de son côté, qu'un simple cœur brisé, durant ces cinq ans.
-Oui mais non. Le problème c'est que je me trouve trente mille défauts, que je ne m'aime pas, que je ne prends aucun plaisir à me regarder dans la glace.
L'avouer à haute voix m'effraie tout autant que la sensation de bonheur vient se loger en moi.
Elle ne répond rien. Elle sait que me contredire ne m'enlèverait pas ces idées de la tête.
-Si lui t'aimes, c'est que tes défauts ne doivent pas être si importants.
Malheureusement si. Car je suis incapable d'être en face d'une lame sans vouloir me la planter dans la peau. Car je suis incapable de fermer les yeux sans penser à ses pénétrations. Car chaque fois que je vois Liam j'ai l'impression de voir mon frère, bien qu'ils ne se ressemblent absolument pas.
Je ne me regarde pas car je me trouve laide et bien à l'opposé du corps idéal mais également parce que je revois cette petite fille qui n'avait aucun autre choix que se faire mal pour prouver qu'elle existe encore et ne pas se laisser mourir sur le sol de sa salle de bain. Car cette lame est bien plus qu'un objet de torture qui soulage ma douleur intérieur, c'est aussi une manière de me prouver que je ne suis pas morte.
-Allez, mange quelque chose.
J'attrape le bol de carottes râpées qu'elle me tend alors qu'elle part dans le salon. Cependant, elle s'arrête sur le pas de la porte et se retourne.
-Emy ?
Je relève la tête.
-Fais attention à toi.
Je reste pétrifiée face à ses yeux d'une douceur extrême. Et je sais que si je lui disais tout ce qui me tracasse elle se ferait un sang d'encre et s'en sentirait coupable. C'est pour ça que je ne dis rien et la laisse refermer la porte derrière elle.
Je suis maudite. Je me dépêche de tout manger pour avoir le temps de regarder un épisode de ma série. Mais au moment où j'attrape mon ordinateur, mon portable émet une vibration qui se répercute sur le matelas. Je cherche sur puis sous les draps sa trace et le trouve enfin à mes pieds.
Paul Lermann :
Coucou petite sœur,
Papa s'inquiète pour toi. Il dit t'avoir trouvée étrange pendant le dîner. Je m'entête à lui répéter que tu n'as rien mais il est persuadé que Liam te fait du mal. Tu me le dirais si c'était le cas, n'est-ce pas ?
Je t'aime de tout mon cœur,
Paul.
Mes larmes roulent les unes après les autres. J'essaye de les chasser mais rien y fait, il est trop fort. Je serre mon téléphone contre ma poitrine me nourrissant de ses mots d'amour, comme si cela pouvait m'aider à effacer ceux qui m'ont fait plus de mal. "C'est bientôt fini".
Mais lorsque je me rends compte de ce que je suis en train de faire, il est déjà trop tard. De nouvelles marques sont apparues à côté des cicatrices laissées par le passé comme si passé et présent s'entrechoquaient inévitablement. De nouvelles blessures qui n'échapperont à personne.
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