Chapitre 17
-Je t'ai posé ton sac sur ton lit. Je t'ai fait couler un bain. Aussi, j'ai fait cuire des pâtes et j'imagine que ce charmant jeune homme se fera un plaisir de les mettre dans une assiette dans dix minutes.
Son regard moralisateur ne m'échappe pas. Elle sait qu'il n'a pas été présent, et elle est protectrice alors elle lui en veut. Je souris intérieurement. Mais à l'extérieur, je suis trop concentré à examiner son visage avec précision.
Voilà quinze minutes que nous nous regardons sans échanger mots. Nous nous contentons d'écouter ma mère aller d'un bout à l'autre de l'appartement pour que tout soit fonctionnel pour moi. Je me suis immédiatement assise dans le canapé, déprimée d'être aussi crevée que monter trois marches m'a achevée.
Ma génitrice claque une bise sur mon crâne en m'assommant de répliques de bienveillance. Mais elles rentrent par une oreille et ressortent par l'autre. Elle finit par quitter la maison et le silence nous tombe dessus d'un coup.
Il regard son ordinateur, mes pieds puis mes yeux alors que ma tête se baisse pour que je puisse observer mes mains. Il se passe une main dans les cheveux et je remarque qu'ils sont décoiffés. Inhabituel.
-Chiara m'a appelé.
-Pourquoi ?
Ma voix est froide, plus que ce que je ne voudrais car je ne veux pas qu'il voit que ça m'affecte.
-Elle m'a raconté. Mais je pense qu'il faudrait qu'on attende qu'elle soit là pour en parler.
Je marque une pause. Que lui a-t-elle dit ? Elle ne connaît rien sur mon frère. Il en sait plus qu'elle avec le simple dîner. Je repense à ce soir où tout a été plus que troublant. Ses contacts chaque fois électriques, son regard puissant qui me transmettait tout son amour, ses blagues douteuses auxquelles tous riaient sans se poser de questions sur leur légitimité.
Je secoue la tête pour ne plus y penser. Et c'est alors que je me rends compte que mes yeux se sont fermés. D'eux-memes. J'ai juste besoin de repos mais je n'arrête pas de cogiter et impossible de dormir à côté de lui. Surtout puisque je ne sais pas ce qu'il fait ici.
J'entends la porte se refermer doucement, j'ouvre immédiatement les yeux et surprends un regard entre ma meilleure amie et mon ex petit-ami. Elle tourne sa tête vers moi avec une expression inquiète et sourit à pleine dent en me voyant.
Elle vient m'élancer comme si j'étais une chose précieuse puis se serre un verre d'eau.
-C'est quoi ça ?
-Des pâtes froides.
Mince, ma nourriture. Je jette un coup d'œil et constate que la moitié a été mangée. Mais je n'ai pas le temps de réfléchir plus, je veux des réponses.
-Alors ? Vous allez me dire ce qu'il se passe ?
Elle prend une chaise et s'assoit dessus en buvant une première gorgée. Le silence est pesant mais je ne veux pas changer de sujet.
-Je vais commencer par le début. Quand je suis rentrée ce soir où tu t'es évanouie, je t'ai appelé des dizaines de fois avant de me décider à ouvrir la porte pour vérifier que tout allait bien. Et là je t'ai vu allongée au sol, la tête en sang. J'ai immédiatement contacté les secours. Mais avant leur arrivée, j'ai constaté qu'un coupe ongle traînait par terre. J'ai vu Émilie, je les ai vu les traces. Je l'ai rangé pour ne pas qu'ils le voient mais je m'inquiète et je n'ai pas envie que tu replonges.
Lorsqu'on était au lycée, elle avait vu des marques sur mes jambes. Elle m'avait aidé à m'en sortir et je lui en serais reconnaissante à jamais mais ça ne suffit pas à apaiser ma colère. Elle est allé tout raconter à Liam.
Je les foudroie du regard un par un et elle baisse la tête, les yeux chargés de culpabilité.
-Personne ne te juge ici, tente-t-il pour me rassurer. On est là pour toi, parce que tu ne vas pas bien.
Je le regarde, haineuse au plus haut point. Je les déteste tous les deux pour s'être entretenu sans moi et pour vouloir absolument me guérir. Je suis morte, on ne peut pas ramener un mort de l'enfer.
-Parce que t'es pompier, tu penses que tout est permis et que tu peux jouer les psychologues avec moi ? Et toi alors ? Je te faisais confiance !
Je boue sans réellement comprendre pourquoi. Peut être parce que je suis fatiguée et que j'ai peur qu'ils découvrent tous mes secrets.
-Mais Emy, tu dois nous faire confiance. Pourquoi tu te fais ça ?
Sa voix stridente, remplie d'inquiétude, remplie ma colère une fois de plus et je la regarde, furieuse. Je décide de me lever, les larmes aux yeux et de venir m'allonger sur le lit. Je suis fatiguée, ça doit être cela. Normalement je ne m'énerve pas au quart de tour. Je dois simplement dormir. Et m'enlever cette mascarade de la tête.
Mais je ne peux pas, je repense sans cesse à ses mains, à ses yeux et à sa bouche. Sur la mienne, sur mon ventre, sur mes jambes. Partout. Pourquoi est ce que je n'arrive plus à vivre alors que je le faisais très bien avant ? Parce que tu as peur. Je ferme mes yeux plus fort, quitte à me faire mal, afin d'oublier cette voix qui me rappelle sans cesse ma lâcheté.
Mais je le vois. Ses mains, grandes mais d'une douceur extrême qu'il aimait mettre sur mon ventre. Je hurle de peur lorsque son visage m'apparaît. Mais je me ressaisis rapidement et débat pour l'enlever. Je ne me laisserais pas faire, pas cette fois.
-Je ne veux plus de toi, je lui crie alors que je sais que ça ne va que renforcer sa colère.
Ses bras m'encerclent et me secouent dans tous les sens. Quel est son but ?
-Emy !
Mes paupières s'appuient plus fortement l'une sur l'autre. Je rêve. Je dors. Il n'est pas là. Il ne peut plus me faire de mal. Le mal a déjà était fait.
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