Chapitre 16

Un, deux, trois.

Je me réveille, j'émerge doucement jusqu'à prendre conscience de la réalité. Je suis seule dans le noir dans un lit que je ne connais pas. Et je panique.

Mes mains touchent les barrières autour du matelas et s'agrippent pour m'empêcher de retomber. J'attrape un boîtier rectangulaire et appuie dessus de toutes mes forces.

Aussitôt, une infirmière apparaît, l'air inquiet et surtout fatigué. Elle sourit en me voyant et je me demande immédiatement si elle sait et que son sourire est de pitié. Elle appelle ses collègues qui viennent m'encercler pour constater que tout va bien.

-Bonjour.

-Bonjour.

Elle note quelque chose. Que note-t-elle ? Que je parle ? Que je sais le français ?

-Comment vous appelez-vous ?

J'ouvre la bouche, surprise de ne plus me rappeler pendant une demi seconde de mon prénom. Mes mains recommencent à suer et mon cœur a battre à vive allure.

-Émilie.

-Bien. Je m'appelle Rose. Comment te sens-tu ?

-Saoule, comme si j'avais trop bu ou consommer de la drogue.

-C'est normal, tu as beaucoup de médicaments dans le corps. Mais je te rassure, tout va bien. Tu as eu un léger choc crânien. Dès que les visites seront rouvertes, demain matin, ta maman viendra. As-tu des questions ?

-Quand est-ce que je pourrais sortir ?

-On estime environ une semaine, peut être deux s'il y a des complications. Mais il n'y a pas l'air d'en avoir. Tu étais juste terriblement fatiguée et tu as dû tomber.

Je hoche la tête mais elle me fait mal. J'arrête tout mouvement et attend patiemment le lever du jour sans pouvoir penser à autre chose qu'à ma cause perdue.

***

-Je suis contente que tu ailles mieux. La semaine n'a pas été facile mais maintenant tu dois te reposer. Tu es encore en arrêt maladie pendant une semaine puis tu as une visite médicale obligatoire pour établir si oui ou non tu es apte à reprendre le travail.

J'acquiesce, empressée de rentrer à la maison pour enfin dormir, mais particulièrement stressée pour mon nouveau job. Déjà absente alors que ça a à peine commencé. Je souffle et signe les papiers pour ma sortie.

Émilie Lermann
22 ans - née le 15/09/1996
Admise le 24/08/2019 à 06h 42

Accompagnée par Mme Chiara Levalais
Rapport d'entrée : Respire, inconsciente, choc crânien, légers saignements
Prise en charge : Docteur Rose Bucal

Rapport de sortie : 01/09/2019 TB, douleur crânienne
Autre : entretien médical à faire après sortie

Date et signature du représentant légal :

Je sors du bâtiment, mes affaires à la main et suit ma mère jusqu'à sa voiture. Je sais déjà qu'elle va me sermonner. Elle va m'obliger à revenir à la maison, je vais refuser et on va se fâcher. Comme d'habitude. Pour couper court à ça, j'allume la radio qui diffuse une musique agréable qui me repose.

Je regarde les paysages défiler alors que je sens ma génitrice me donner des coups d'œil. Je respire bruyamment une fois pour lui faire comprendre d'arrêter. Mais elle n'en a que faire.

-Qu'est-ce qu'il y a ? Je vais bien, d'accord ? Je n'ai rien du tout.

-Je sais, ma puce. On s'est fait un sang d'encre pour toi.

Je culpabilise immédiatement. Même si j'ai du mal à croire que mon père se fasse du soucis pour moi. Mais elle a l'air fatiguée, me montrant sa bonne foie.

-Je suis désolée, je chuchote pour elle et mon corps.

-Je te ramène à la maison ?

-Je ne veux pas y aller.

-D'accord, alors on va chez Chiara.

Je la regarde, surprise que c'est aller aussi vite. Moi qui pensais avoir le droit aux habituelles phrases « tu es inconsciente, vous ne pouvez pas vivre ensemble, vous ne savez même pas aller au supermarché ».

-Elle a été très présente pour toi. Heureusement qu'elle était là pour te sauver ce soir là. Je n'ose pas imaginer le sinon.

C'est donc ça. Elle m'a trouvé morte à terre, à appelé les secours et maintenant à la reconnaissance de ma mère. Si j'avais su... j'aurai simulé un malaise bien plus tôt.

Cependant, je ne dis rien et me contente de sourire en la regardant. Je récupère mon sac posé sur la banquette arrière et fouille dedans pour récupérer mon téléphone. Une semaine sans, je ne pensais pas que ce serait aussi facile.

-Des nouvelles de Liam ? Je ne l'ai pas vu à l'hôpital. Est-ce qu'il va bien ?

Mon cœur se serre. Il n'est pas venu ? Égoïstement, j'espérais qu'il se souciait de moi et qu'il aurait fait l'effort de me rendre visite. Ou juste un message mais mon portable est vide, désespérément sans SMS. Sauf ceux de Chiara qui me demandent de l'appeler le plus vite possible.

-Allô ?, fait une voix à l'autre bout du file.

-Salut, soufflé-je heureuse d'entendre sa voix.

-Tu vas bien ?

-Oui, très.

-Super. Je rentre à la maison dans une heure. Je suis au travail, désolée et je ne peux pas partir avant.

-Ne t'en fais pas. Prends ton temps, je vais me reposer.

-Génial, on se voit là bas.

Je souris même si elle ne peut pas me voir et attend qu'elle raccroche pour décoller le téléphone de mon oreille.

-On est arrivé Emy.

-Merci maman.

Je sors difficilement de la voiture, en me tenant à la portière. Puis avance en essayant de ne pas tomber. Faut dire, ma tête pèse un âne mort et mon corps, tellement fatigué, refuse d'obtempérer librement.

Ma génitrice vient à côté de moi pour m'aider à rentrer. Mais une fois la porte ouverte, je découvre Liam, assis à la table du salon face à un ordinateur. Il semble tout aussi choqué que moi de me voir débarqué dans cet état, ou de me voir arriver tout court.

Quoi qu'il en soit, j'espère de tout mon cœur qu'il ne fricote pas avec ma meilleure amie. Rien que les imaginer ensemble à s'embrasser me répugne. Est-ce qu'il a pris ma place pendant que je n'étais pas là ?

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