Chapitre 14
Je sonne à la porte de ma maison, le cœur au bord des lèvres. Mes mains moites reviennent le long de mon corps alors que j'évite de lancer des regards à Liam. Je sens ses yeux rivés sur moi pour comprendre et savoir comment je gère le retour. Je ne gère rien du tout, c'est la catastrophe, je suis en roue libre sur une pente encerclée d'un ravin.
Ma génitrice se tient derrière la porte désormais entrouverte. Elle sourit en nous voyant mais me fait les gros yeux en me détaillant fixement. Je baisse la tête et triture mes mains, tel un enfant.
-Bonjour Liam. Ca faisait longtemps qu'on ne t'avait pas vu.
-Bonjour madame.
Il lui fait la bise puis entre sous les instructions de ma maternelle. Elle parait tendre mais sous ses airs de sainte-nitouche, elle cache une carapace rigide qui, quand elle n'obtient pas ce qu'elle désire, peut se montrer extrêmement coriace.
Elle le dirige, telle une maîtresse de maison parfaite, vers la salle à manger où la table a été dressée. Toujours aucune trace de mon frère ou de mon père. J'entends, dans le fond, la télévision et les imagine sur le canapé à regarder les informations.
-Ils ne sont pas très bien élevés, mais ils arrivent.
Elle sourit. Cependant, je peux deviner que ça l'agace. Je la vois déjà préparer toute seule le repas pendant que les garçons sont affalés dans le salon à se nourrir de bêtises. Une vraie famille sexiste qui fonctionne à l'ancienne.
Je m'assois et fais un signe à Liam de se mettre en face de moi. Il ne semble pas très stressé, et encore une fois sa mine neutre m'assomme. Et ma peur s'accroît encore et encore.
Ma génitrice s'excuse et part dans la cuisine pour continuer à préparer les mets. Je baisse ma tête pour regarder mes mains qui commencent déjà à se triturer. Je sens son regard sur moi mais je ne me sens pas d'humeur à le supporter. Il se passe une main dans les cheveux alors que mon regard traverse la pièce à la recherche d'un élément qui aurait bougé.
-Ça va ?
Sa voix chuchotant me fait frissonner et lever les yeux vers lui. Les siens, bien que se voulant naturels, me couvrent de tout son amour restant.
-Je crois.
On n'a pas le temps d'en dire plus que ma famille rentre dans la pièce. Je me fige en découvrant mon frère. Pourtant, je me suis imaginée toute la nuit le scénario de notre embrassade. Je n'en ai pas dormi.
Il est beau. Cette pensée suicidaire me traverse l'esprit alors qu'elle ne devrait pas. Mais il l'est. Sa chemise blanche moule sa carrure et sa transparence nous laisse entrevoir les courbes de ses muscles. Il a placé du gel dans ses cheveux qui sont étonnement blond.
Liam me fait revenir sur terre lorsque je l'aperçois dans mon champ de vision, serrer la main de mon frère. Je cligne des yeux pour me redonner du courage, croise les yeux de ma mère qui me foudroient et décide alors, malgré toute ma volonté, de me lever.
Je passe devant ma génitrice qui me pousse dans le dos vers mon père que j'embrasse, non sans jeter un regard à mon frère qui est en train de rire avec Liam.
Le contact de la joue épineuse de mon géniteur me rappelle bien trop de souvenirs douloureux. Mes mains restent le long de mon corps alors que les siennes se placent sur mes hanches, comme un geste familier.
-Bonjour ma fille.
-Bonjour.
Je baisse la tête, n'osant pas le regarder. Pourtant je sais qu'il m'observe, qu'il prend note de chaque détail pour faire un contre-rendu détaillé à ma mère de tous les défauts qu'il faut améliorer.
-Tu as pris du poids, non ?
Ma bouche s'ouvre mais, quand je vois ses sourcils froncés, je la referme et regarde le sol comme pour acquiescer. Mais intérieurement je lui hurle d'aller en enfer. Toutes mes larmes surgissent mais aucune ne coule sur ma joue. Je sens le regard de Liam sur moi, se demandant probablement comment je prends sa remarque.
Cependant, je n'ai pas le temps de lui faire comprendre que tout va mal puisque mon géniteur tire sur sa main pour l'amener à lui. Je suis contrainte d'affronter mon frère.
Sans le regarder, j'essaye d'agir le plus naturellement possible alors qu'un haut le cœur fait surface. Mon cœur se détruit en miette quand ma joue touche la sienne. Douce, comme autrefois.
J'abrège mes souffrances puis regarde ses lèvres qui forment un agréable sourire dans le genre arrogant et superficiel. Ses mains trouver leur chemin habituel jusqu'à mes bras. Leur contact m'électrisent et me paralysent. Je le fixe dans les yeux, en serrant les dents. Je me mords l'intérieure de la bouche si fort que j'en saigne.
Mais personne ne semble se rendre compte que je suis sur le point de m'enfuir.
Il caresse doucement ma chair nue, découverte pour ses yeux affamés. Ses yeux reflètent tout son amour et, une nouvelle fois, mon cœur fond et je pourrais lui pardonner n'importe quoi.
-Ça fait plaisir de te revoir petite sœur.
J'essaye de lui sourire, mais je ne peux pas. Car c'est ce sourire qu'il aimait. Et je ne voudrais pas lui donner une autre raison de me faire du mal. J'ai suffisamment donné pour me construire ma carapace qui est en train de se détruire à petit feu en voyant ce grand jeune homme élégant et heureux.
Ma mère coupe ses retrouvailles alors que j'essaye de me rassurer en me disant qu'il ne me fera rien à côté de mes parents. Mais alors que cette pensée s'infiltre dans ma tête pour tenter de me rassurer, sa main baladeuse se pose sur mes fesses et tout mon monde s'effondre immédiatement alors que je retourne en enfance.
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