Chapitre 13
C'est le grand moment. Liam vient me chercher dans quinze minutes normalement mais je ne suis plus sure d'avoir envie de l'y amener. La question sur ma présence ne se pose pas, j'y suis obligée mais devoir supporter son regard interrogateur chaque fois que mon père fait une remarque sexiste et que tout le monde fait semblant d'y rire ne m'enchante pas.
Je me raidis devant mon reflet en enfilant une énième tenue. Rien ne me convient, soit ça me grossit, soit c'est trop sombre ou au contraire trop gay, soit je flotte dedans.
Je trouve une autre raison à mon refus et m'allonge sur mon lit en soupirant exagérément. Je ne peux même pas demander de l'aide à Chiara, elle est partie pour la soirée. Je crois qu'il y a quelqu'un derrière toutes ses sorties. Je ne pose aucune question, si elle a envie de m'en parler, elle sait où me trouver. Mais elle sourit de plus en plus, est sur son téléphone avec un sourire niais et téléphone jusqu'à pas d'heure le soir.
Liam :
Je suis devant.
Moi :
:(
Liam :
Ouvres-moi.
Au même moment la sonnerie retentit et j'appuie sur le premier bouton puis ouvre ma porte. Je l'entends grimper les marches et mon rythme cardiaque s'accélère. Je le sens mal à l'aise quand il arrive devant moi et que je lui dis d'entrer.
On reste à distance convenable en se dirigeant vers la chambre. Ça me donne chaud de me retrouver dans un tel lieu avec lui, comme l'adolescente qui persiste en moi, alors que quelques heures auparavant on y faisait d'autre chose.
Il me tend une robe que j'avais jetée par terre mais je lui trouve un défaut et il esquisse un petit sourire déprimé, comprenant que ça ne va pas être facile.
J'enfile une combinaison qu'il me tend mais n'ose même pas sortir de la salle de bain, tellement elle ne me met pas en valeur, elle moule toute ma cellulite, accentue la grosseur de mes cuisses et je ne parle même pas de mon ventre. On dirait une guimauve comprimée dans un sachet plastique.
Il toque à la porte alors que je souffle et m'assois par terre. N'entendant rien, il décide de rentrer et son regard inquiet s'adoucit instantanément en me voyant.
-Je suis désolée, chuchoté-je.
Il vient s'assoir en face de moi en tailleur et me prend les mains. J'ai l'air d'une gamine pourrie gâtée qui ne sait pas se décider. Mais c'est plus fort que moi, mon cerveau refuse d'aller là bas et d'affronter toutes les choses qui m'attendent. Alors je prétexte mes vêtements, comme j'aurais pu inventer beaucoup d'autres excuses.
-Qu'est ce qu'elle a cette tenue ?
Je me retiens de tout lui dire, il ne comprendrait pas et tenterait de me convaincre qu'elle me va alors que je sais pertinemment que mon corps a pour adjectif « gros ».
-Rien ne va, lâché-je.
J'aurais voulu partir mais je n'ose pas me lever. Il prendrait peur en voyant tout ça, il est resté sur le souvenir d'une Emily de 18 ans, fine comme un pouce, sans défaut si ce n'est ses grosses joues. Désormais, c'est bien la seule partie qui n'est plus ronde chez moi.
Il me regarde ahuri. Je me sens tellement honteuse, je baisse ma tête entre mes jambes, criant qu'il parte, sans ouvrir la bouche. Mais il fait tout le contraire, se rapprochant un peu plus de moi pour m'encercler avec ses bras.
Nous restons dans cette position inconfortable un moment avant qu'il bouge. Sa chaleur s'émane, et je me déteste à en réclamer d'avantage.
-Regarde-moi.
Je ne bronche pas.
-Mimi.
Je ne bouge pas.
-Em', s'il te plaît. Parle-moi. Fais moi confiance et partage moi ta peine. Je sais que cela dépasse ce simple dîner.
Je n'ose pas relever la tête de peur qu'il voit tous ces non-dits dans mes yeux. Il sait qu'il a raison, je n'ai aucune envie de voir mon frère car je sais que ça va me rappeler toutes mes souffrances passées. J'ai mis des années à les enfouir, je ne veux pas les déterrer car toute la terre pourrait me retomber directement dessus.
-Je ne t'oblige à rien Em'. Si tu ne veux pas y aller, on restera ici pendant toute la soirée. Si tu veux que je m'en aille, je peux aussi le faire.
Sa voix se brise de mots en mots. Je trouve le courage d'enlever mes bras qui retombent le long de mon corps et de le regarder dans les yeux pour lui montrer mon désespoir mais mon obligation.
-Je suis obligée, murmuré-je.
Il se mord l'intérieur de la bouche de façon extrêmement sexy et me regarde avec une intensité telle que je lui aurais sauter au cou si je n'étais pas dans cet état.
Je plisse les yeux alors qu'il continue de vouloir tout voir en moi. Je n'ai pas la force de lui cacher mes sentiments si bien qu'il finit par se relever, avec son éternel regard neutre, et me tend sa main.
Je remonte mes yeux jusqu'à lui et place ma main dans la sienne. Il m'aide à me relever alors que je me rappelle l'inconfort de la tenue. Il me dirige vers la chambre, me pose sur le lit et se tourne vers mon armoire une nouvelle fois.
-On va faire simple alors.
Je hoche la tête bien qu'il ne puisse pas me voir. Il me tend, quelques minutes après, un pantalon en toile à carreaux gris et un débardeur blanc. Je passe le tout sans faire de commentaire alors qu'il cherche une veste. Il m'en prend une noir et hausse les épaules.
-Allez viens, on y va.
Je ne suis pas du tout chic, ma mère va me tuer. Mais j'ai d'autre problème à régler pour m'en préoccuper. Il referme la porte derrière mon corps qui se promène comme une âme vagabonde. J'omets lui dire que je n'ai pas jeté un seul regard à mon reflet, je sais que ça ne va pas. J'ai grossi et il faut que je maigrisse, ça en est maladif désormais.
Il me prend la main et, dans un élan de courage, j'avance dans la rue à pas raisonnés.
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