Epilogue
L'uniforme de la Prilace ne seyait pas à Jade. Le t-shirt et le pantalon gris valaient mieux que certains vêtements des Morcèmes, mais il était sans vie. Tout était morne ici. Les anciens étaient convertis, tandis que les nouveaux étaient convaincus. Cette opposition créait nombre de bagarre et de violence. C'était pathétique aux yeux de Jade. Il y avait bien d'autres combats à mener que cette petite guéguerre sans intérêt. A l'intérieur de ses murs, les civils oubliaient que le véritable combat se déroulait dehors, entre les progues et les Mavois. Cet oubli l'horripilait plus qu'elle ne le souhaitait.
Elle envisageait sérieusement de disparaître de sa cellule sans laisser de trace, lorsque, par un coup du sort, elle reçut la visite de son père une semaine après son enfermement.
Assise face à lui, Jade l'observait sans gêne. Quelques rides en plus, un regard vert fuyant et une jambe qui ne restait pas en place. Après avoir dénoncé leur fille, ses parents ne souhaitaient-ils pas l'effacer, elle aussi ? Que signifiait cette visite ?
—Pourquoi ? souffla Jade.
Consciente des caméras, elle ne pouvait pas étayer. Elle avait cependant besoin d'avoir des éléments de réponse. De mettre une raison à tout cela.
—Je ne pourrai jamais oublier. Tu es notre sang.
Le message était si explicite que Jade eut d'autant plus de mal à le croire. Venait-il de suggérer qu'Hannah était toujours sa fille ? Après toutes ces années à l'ignorer ?
—Maman ne l'acceptera jamais. Mais je crois en toi, tu peux changer.
Jade faillit rire. Oui, Mme Hart n'ouvrirait jamais les yeux. Elle était allée jusqu'à orchestrer sa mort. Le gouvernement l'avait bien façonnée.
—Et si je n'y arrive pas, malgré toute ma volonté ?
Son père devait comprendre qu'il y avait eu une erreur sur les tests. Qu'elle ne pourrait jamais être comme lui.
—Je continuerai de te soutenir.
Sa détermination flamboyait dans ses yeux verts. Ceux d'Hannah.
—C'est moi qui ai remarqué tes absences. Je t'ai suivie une fois.
Le pouls de Jade s'accéléra. La suivre ? C'était impossible. Elle ne franchissait jamais la porte. Avait-il remarqué sa chambre vide ? Fait le guet à la porte ?
—Je l'accepte, Jade. Même si je dois venir ici, même si nous ne sommes pas d'accord, même si tu meurs pour tes convictions, je t'accepte.
Jade ne retint pas ses larmes. Son père ne parlait plus de ses idées, mais de ce qu'elle était. Malgré les tests, il avait compris.
Pour cet aveu, pour cette famille qu'elle pensait ne plus jamais revoir, Jade resta entre ces murs. Et prépara sa renaissance.
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