5. Le plus étrange collège

Devant nous se dressait un château. Oui, un château. Un château comme on n'en voit que dans les films, avec des murs de pierre, des tourelles, des toits couverts d'ardoise, des...

Vous allez continuer longtemps à me regarder comme ça ? Oui, le collège était un château. Et alors ?

Ne me dites pas « ce n'est pas habituel ». Vous auriez raison : ce n'est pas habituel. Mais il va falloir que vous passiez outre, parce qu'il y a beaucoup de choses inhabituelles dans ce récit. Beaucoup. Alors si vous haussez les sourcils parce que mon collège est un château – et d'ailleurs ce n'est pas si inhabituel que ça, la preuve avec Harry Potter – vous risquez d'avoir le front couvert de rides d'étonnement d'ici au dernier chapitre.

Donc, je disais que mon futur collège était un château, avec des murs de pierre, des tourelles, des toits couverts d'ardoises, des fenêtres longues et arrondies, une porte en bois... Bref, tout ce qu'on peut trouver dans un château. Le soleil printannier éclairait tout cela d'une lumière fantastique, et malgré l'heure matinale il y avait beaucoup d'enfants, de tous âges, qui jouaient dans la cour, couverte d'herbe et de rosée.

Je sais que, comme cela, vous ne parvenez pas à bien visualiser ce que je voyais, mais même avec une description vous n'y parviendrez pas. Enfin, je peux toujours essayer de vous résumer ce qui s'ouvrait devant moi... C'était si... si... si inconcevable, si magique !

Devant nous s'étendait une pelouse courte et d'apparence moelleuse, d'une trentaine de mètres de largeur, et encadrée de hauts arbres dont le feuillage bruissait à la brise printanière. Cette pelouse s'étendait sur quelques dizaines de mètres, et se terminait au pied de ce que je supposai être le bâtiment principal.

Celui-ci s'élevait sur trois étages, sans compter le rez-de-chaussée et le grenier. De hautes fenêtres, qui avaient la place d'être cinq par étage, étaient tantôt fermées, tantôt ouvertes, tantôt couvertes par des volets bleus. Une terrasse en fer forgé, qui devait avoir été rajoutée après la construction initiale, courait sur toute la longueur du bâtiment et disparaissait à l'angle gauche de celui-ci.

Le toit était bleu-gris, couvert d'ardoises sombres, et quelques oriels (1) l'ornaient. Il n'avait pas l'air très neuf : certaines tuiles manquaient et le bois des volets des oriels - on pouvait le voir de là où j'étais - s'effritait.

Deux ailes flanquaient le bâtiment, parallèles à celui-ci mais un peu en retrait, et à leur extrémité s'élevaient des tourelles, dix mètres plus haut que le corps du bâtiment. Les pierres apparentes étaient blanches et imposantes.

Mais si la construction de tout ce bâtiment avait dû nécessiter des années de travail de la part de centaines d'ouvriers, qu'en était-il du collège tout entier ? En effet, dans les arbres qui entouraient la cour, je pouvais voir une multitude de cabanes. Il y en avait pour tous les goûts : des circulaires, des rondes, des carrées, avec une échelle de corde, des prises d'escalade ou une échelle en bois... Certaines étaient reliées entre elles par des passerelles qui ondulaient. Comme ce devait être bien, d'y marcher !

La forêt s'interrompait une vingtaine de mètres avant le château, laissant la place une large allée couverte de dalles.

Et je me doutais que ce n'était pas tout, bien que j'eus du mal à concevoir ce que l'on pouvait trouver derrière le bâtiment et sur le reste du terrain ! Je n'imaginais pas alors tout ce que me réservait que ce collège...

La directrice interrompit ma réflexion. Elle était en train d'expliquer à mes parents qu'elle allait me faire visiter le collège et qu'ils ne pouvaient pas aller plus loin, déjà qu'aucun adulte hormis les professeurs et elle-même ne venait jusqu'ici.

Je compris que l'heure de la séparation avait sonné.

J'avais beau me targuer d'être fort, d'être indépendant, et toutes ces choses que disent les enfants quand ils se croient grand, je sentis une boule se former dans ma gorge à l'idée que dans quelques minutes j'allais être seul, et que je ne reverrais mes parents que dans une semaine.

Je me jetai dans les bras de mes parents et les serrai fort dans mes bras, dans l'espoir que la séparation en soit moins douloureuse. Je crus vois des larmes dans les yeux de Maman lorsqu'elle me regarda en me disant :

— Tu es fort, Tim.

— Oui, tu es grand, maintenant, enchaîna Papa. Et puis, ne t'inquiète pas, nous reviendrons samedi matin pour que tu passes le week-end avec nous.

Je hochai la tête, sans parler. Parler pour quoi ? Je ne savais que dire, et je me serais mis à pleurer. Alors je m'éloignai et leur fit un signe de la main en souriant. Puis, la directrice me demanda :

— Tu es prêt, Tim ?

J'approuvai sans un mot, et nous avançâmes sur la pelouse, la directrice et moi.

Je ne jetai pas un seul œil en arrière.

(1) Oriel : petite avancée en hauteur du bâtiment, qui peut faire penser à une petite terrasse couverte.

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