Épilogue
6 mois plus tard.
Assis sur un fauteuil, dans la galerie d'art de Sylvan, Énée terminait de noter la dernière étiquette qu'il avait rédigé. Bien que sa graphie soit toujours difficile, il s'appliquait, écrivant en lettre majuscule pour rendre l'ensemble lisible. Une fois le texte finalisé, il reposa la plume dans son encrier et colla l'écriteau sur la pièce devant lui. Il s'agissait d'une jolie statuette de Petrova, découverte dans un temple de Sparcia, et ramenée par des navigateurs à Ishtma. Énée se leva pour la déposer sur une étagère, puis resta à observer toutes les pièces d'arts alignées. Grâce à son rangement et son organisation, on retrouvait plus facilement les collections de Sylvan. Énée avait placé les pièces en céramique – les plus chères - à l'entrée, les plus récentes sur les étagères éloignées et les artefacts étaient dissimulés dans l'annexe, mais consultables sur catalogue, ou à la commande.
Un sourire étira ses lèvres. Sylvan serait affolé de voir sa galerie si bien rangée. Il ne cessait de se plaindre de l'absence de désordre qui satisfaisait tant Énée. Avec le sentiment du devoir accompli, l'historien retourna s'asseoir sur sa chaise, puis attrapa le parchemin roulé devant lui. Ses doigts glissèrent sur le document. À la fois par flemmardise et habitude, il ferma les yeux au lieu de l'ouvrir, laissant les mots imprégner son esprit.
Cher Monsieur Agïade,
Pour donner suite à votre mariage contracté avec M. Sylvan Patricis, et après révision de l'article. 451 du code civil, nous avons le plaisir de vous informer que votre statut a été modifié. À compter de ce jour, vous êtes officiellement citoyen de la cité d'Ishtma.
Maxim Pixticis II, Trois-cent-soixante sixième Archonte de la cité.
Le sourire d'Énée s'accentua. Enfin, il était un citoyen à part entière. Ses lèvres s'étirèrent davantage aux souvenirs de son mariage. Cela avait été une belle cérémonie, intime, qui leur ressemblait. Ils s'étaient mariés sur leur plage, accompagnés de Thétis, Cléanthe, des jumelles et d'un prêtre pour l'office religieuse, puis s'étaient rendus chez l'Archonte pour le faire valider. En l'apprenant, Agnès avait cru défaillir.
Quand Sylvan et lui étaient revenus de Themal, les bras chargés de l'urne contenant les cendres d'Hélène, et que son ami avait annoncé à sa sœur leur mariage, Agnès elle avait poussé des cris assourdissants, sous le regard choqué et étonné des domestiques et de son père.
— Tu ne peux pas faire ça ! avait-elle hurlé.
— Oups, c'est déjà fait, avait répondu son frère, tout sourire.
Au passage, sa main avait glissé sur la hanche d'Énée et il avait déposé un baiser sur sa joue sous le regard outré de sa sœur. En général, l'affection ne se montrait pas chez les familles citoyennes. Elle se réservait à l'intime et les gestes tendres au privé. Le comportement de Sylvan était ouvertement choquant, mais Énée n'allait pas s'en plaindre. Il ne portait pas Agnès dans son cœur et l'entendre hurler d'indignation l'amusait plus qu'autre chose.
— L'Archonte n'a pas pu accepter ça ! s'affolait-elle. Vous êtes deux hommes !
En réalité, l'Archonte avait bien été obligé d'accepter, car rien dans la loi n'empêchait deux hommes de se marier. Les règles d'Ishtma parlaient du mariage en termes économiques. Les époux devaient s'engager à s'occuper de leur oikos et à gérer leur patrimoine commun. C'était avant tout des obligations morales, civiques, administratives et financières. L'amour et le genre n'avaient rien à voir là-dedans.
— Et c'est un métoïkos ! avait-elle insisté. Un Eklektos en plus !
— Si tu t'inquiètes pour notre descendance, rassure-toi, je ne pourrais pas faire de bébés à Énée, ni lui à moi.
L'historien avait esquissé un sourire, obligeant Agnès à mettre sa main sur son cœur. Si cela continuait, Sylvan allait lui causer une crise cardiaque.
— Ce n'est pas ça ! C'est... Enfin... Vous... Tu...
— Et si tu t'inquiètes pour notre patrimoine, avait-il continué, sache que j'ai pris mes dispositions pour que nous partagions la fortune familiale.
— Tu es fou.
— Oui, c'est vrai, avait reconnu Sylvan.
— Tu devais épouser Théa Petricien ! Que vas-tu lui dire ?
Sylvan avait fait mine de réfléchir. En réalité, Énée savait qu'il lui avait déjà rendu visite et réglé la question. Par respect pour elle – bien qu'il n'en ait pas beaucoup – l'historien n'avait pas accompagné son mari.
— Et pour l'argent ! avait continué Agnès. Comment allons-nous faire ? La dot de Théa était conséquente. Lui n'en a aucune.
— Nous n'avons pas besoin d'argent ! avait rétorqué Sylvan.
— Et qui s'occupera de père ? Comment ferons-nous pour gérer l'oikos, avec ton métoïkos désargenté ?
— Eh ! Vous pourriez cesser de dire que je suis pauvre ! avait objecté Énée. Je possède une maison.
Vu le regard qu'Agnès avait posé sur lui, on aurait dit qu'il l'avait volé, et non hérité de ses parents. Énée avait croisé les bras, un peu agacé qu'elle passe son temps à l'insulter.
— Tu trouveras un bon parti, avait répliqué Sylvan. Et moi, je ferai des affaires.
Agnès lui avait jeté un regard noir, mais Sylvan n'avait pas plié. Il gagnait suffisamment d'argent à la galerie et grâce à ses ventes d'objets rares, il n'avait pas besoin d'épouser une riche héritière. Quant à Agnès, elle était en âge de se marier. Elle aussi pouvait contribuer à la survie de sa famille en épousant un citoyen – ou une citoyenne riche -, et assurer une descendance.
Cléon Patricis, le regard dans le vide, n'avait esquissé ni geste, ni parole. Le chef de famille s'était éteint, son esprit s'en était allé avec la mort de sa femme. Il répétait toujours la même interminable litanie, en boucle : « Hélène, Hélène, mon Hélène ». Même si Sylvan s'efforçait de paraître indifférent, Énée savait que cette situation l'impactait et lui faisait de la peine. Parfois, il le surprenait à regarder son père, les larmes aux yeux. Même s'il détournait la conversation en usant de son humour habituel et qu'il accentuait ses blagues, cela ne trompait pas l'historien. Énée le connaissait par cœur, il savait que Sylvan soignait ses souffrances par le déni et la dérision.
Agnès non plus n'arrivait pas à accepter l'état de leur père. Elle sommait chaque jour Sylvan de trouver une solution pour le soigner. Pourtant, les prêtresses du temple d'Asclios avaient été clairs. Aussi bien que les avant-bras de Cléon n'avaient pas pu être sauvés, son esprit n'était pas guérissable. L'homme ne pouvait pas accepter le décès de sa femme, c'était trop difficile à supporter. Sylvan ayant appris la leçon précédente, il ne cherchait pas à aller contre l'inévitable. L'histoire du vase d'Elpis et de Clausius n'était pas prête d'être oubliée. Inutile de tenter de nouveau les dieux – ou un tyran – en se lançant dans une nouvelle quête insensée. En ce qui concernait Énée – et bien qu'il soutienne Sylvan - le sort de Cléon le laissait de marbre. L'homme était responsable du décès de ses parents, il ne comptait pas s'apitoyer sur son sort.
— Encore en train de lire ce parchemin ?
Plongé dans ses pensées, Énée n'avait pas entendu Sylvan arriver. Il redressa la tête et aperçut son mari, vêtu de sa toge habituelle. Le citoyen était parti tôt ce matin pour assister à une vente aux enchères et n'avait pas prévu de revenir avant que le soleil soit à son zénith. Énée en avait profité pour terminer son inventaire et son rangement. Il esquissa un sourire en voyant Sylvan déposer un tas d'objets sur la table dans un bruit sourd.
— Doucement ! le sermonna-t-il. C'est fragile.
— Assiettes, vase, et statuette, précisa son mari. Merci de ne rien casser.
— Ne me cherche pas dans ce cas.
— Regarde comme elle est belle.
Sylvan extirpa une assiette en or de son sac. Énée la récupéra du bout des doigts, laissant les images se succéder. L'objet était de belle facture, moins ancien que ce qu'il pensait au premier coup d'œil, et venait d'un temple du sud.
— Tu as vraiment acheté un vase ? demanda-t-il, suspicieux.
Ses mains fouillaient dans le sac pour extirper un à un les objets et lire leurs histoires.
— Oui, reconnut Sylvan, mais pas le genre de vase auquel tu penses. Celui-ci était tout mignon, il m'a fait penser à toi.
Il attrapa un vase ridiculement petit et le plaça sur sa paume. Énée arqua un sourcil. En quoi cet objet et lui étaient-ils similaires ?
— C'est pour mon petit Énée. Cadeau !
— Je ne suis pas petit, répliqua l'historien pour la millième fois.
— Roh ! Ce que tu peux être rabat-joie.
Tout fier, Sylvan posa le vase miniature sur le bureau, face à son mari.
— Tu as trouvé des artefacts ? voulut savoir Énée.
— Oui, mais je n'en ai pas acheté. J'arrête les artefacts pour le moment. J'ai besoin d'une cure, sinon je vais devenir dépendant.
De toutes ses collections, les artefacts étaient les objets préférés de Sylvan. Le citoyen avait toujours été fasciné par la magie qu'ils contenaient, mais le vase d'Elpis l'avait un peu vacciné. Il devenait prévenant et presque raisonnable.
Presque.
Sans se départir de son sourire, Sylvan se pencha vers lui et déposa un baiser sur ses lèvres. Sa bouche était chaude. Il fit le tour du bureau pour se placer derrière lui et le prit dans ses bras. Énée adorait quand il faisait ça. Il aimait le Sylvan prévenant et affectueux qui n'était qu'à lui. Énée lui rendit son étreinte, puis tendit un manuscrit à Sylvan, où s'étalaient les ventes de la matinée. Il avait tout scrupuleusement consigné : le nom du client, celui de l'objet et le prix. La galerie fonctionnait bien, les revenus étaient réguliers et les travaux de l'annexe étaient quasiment terminés.
— Tu sais qui j'ai croisé à la vente aux enchères ? demanda Sylvan en continuant de le câliner.
— Non. Qui ?
— Le conservateur. Il ne tarit plus d'éloge sur toi, il m'a dit que tu étais plus compétent que tous ses employés du musée. Qu'est-ce que tu lui as fait ?
— J'ai remis de l'ordre dans ses collections, je lui avais déjà dit que les étiquettes n'étaient pas conformes et il m'a enfin écouté.
L'ironie du sort, c'était qu'après l'avoir refusé et chassé plusieurs années, le conservateur s'était soudain pris d'amitié pour lui. Du jour au lendemain – ou plutôt, le jour où Énée avait reçu son nouveau statut de citoyen -, l'homme l'avait subitement trouvé compétent. Son regard avait évolué comme par enchantement. Comme quoi, les préjugés avaient encore de beaux jours devant eux. Énée n'avait pas changé qui il était, il avait seulement cessé d'être transparent. Il s'en apercevait chaque jour depuis qu'il possédait son nouveau statut – et une toge, par extension. Certaines personnes s'arrêtaient pour lui parler ou le saluer. Quand il se rendait au musée pour aider le conservateur et les autres historiens sur les collections, on lui reconnaissait même une expertise. C'était fou tout ce qu'un bout de papier pouvait faire.
— Que t'a-t-il dit d'autre ? voulut savoir Énée.
— Il veut savoir quand est-ce qu'il pourra t'embaucher ?
— Tu lui as dit que je préférais rester avec toi ?
Sylvan hocha la tête, tout en jouant avec une mèche de ses cheveux blonds, et en l'embrassant sur la joue. Énée n'avait pas longtemps réfléchi pour prendre sa décision. Il avait toujours voulu travailler au musée et il s'était engagé dans cette mission stupide pour cela. Mais maintenant qu'il était citoyen et qu'il avait la possibilité d'être engagé, il ne le souhaitait plus. C'était trop facile de dire « non » à un homme, uniquement parce qu'il était étranger, et « oui » quand sa situation était régularisée. Le conservateur aurait dû l'accepter dès le départ, comme il était. Désormais, il s'en mordrait les doigts.
— Oui, je le lui ai dit, répondit Sylvan. Et il m'a demandé de te donner ça.
Sylvan sortit un autre parchemin de sa poche. Énée n'eut pas besoin de le lire, ni de le toucher, pour savoir de quoi il s'agissait. Le conservateur lui en avait parlé la dernière fois qu'ils s'étaient vues. Énée était en train d'étudier un objet avec un autre legos historia – il effectuait quelques heures bénévoles au musée -, le conservateur s'était arrêté pour discuter et s'était montré fort étonné qu'il ne possédât pas le titre d'historien.
— Comment ! Mais qui vous l'a refusé ?
Retenant la remarque cinglante qui lui était montée à l'esprit, Énée s'était contenté de répondre qu'il n'avait jamais pensé à la demander. Il aurait pu faire un esclandre. Rappeler qu'il y avait encore quelques mois, le conservateur avait une fois de plus refusé sa candidature, et son titre. Mais à quoi bon ?
— Tu vas le mettre où ? demanda Sylvan en ouvrant le parchemin.
— J'hésite, répondit Énée d'un air provoquant. Soit, je l'accroche à l'entrée de la galerie, soit je propose au conservateur de l'exposer au musée.
— Tu es machiavélique. Au fait, allons-nous toujours déjeuner chez Thétis et Cléanthe ?
Énée hocha la tête et Sylvan alla mettre ses nouvelles acquisitions à l'abri, puis ils sortirent de la galerie. Pour l'instant, Énée vivait encore au village, à la sortie d'Ishtma, tandis que Sylvan habitait la villa. Cela changerait prochainement. Son ami souhaitait laisser la villa à sa sœur, pendant qu'ils s'installeraient au-dessus de la galerie. Les jumelles auraient leur chambre, vivraient avec eux et elles pourraient continuer à bénéficier de l'enseignement d'Alcibiade la journée.
Les deux hommes remontèrent jusqu'au forum. Ils traversèrent le marché foisonnant d'activités et prirent le chemin par les vignes. Le raisin avait été récolté. De nouvelles pouces germaient sur les sarments. Ils serpentèrent dans le vignoble et rejoignirent le chemin qui longeait la plage. Lorsque la cité disparue derrière les oliviers, Sylvan glissa sa main dans celle d'Énée. L'historien resserra ses doigts.
— J'ai reçu des nouvelles de Pénélope, lui apprit Sylvan.
— Comment va-t-elle ? demanda aussitôt Énée.
— Bien, je crois. Elle seconde les prêtresses du temple d'Alma, à Methare.
— Son cousin est toujours au pouvoir ?
— Pour l'instant, oui, mais elle termine sa lettre en indiquant que cela ne devrait plus durer.
Un sourire étira les lèvres d'Énée. Pénélope avait-elle réussi à convaincre les habitants des îlots du sud de l'aider ? Il l'espérait. La princesse avait l'air d'être aimée de son peuple, avant la guerre et la mort de sa famille. Il espérait qu'elle trouverait des soutiens. Ils poursuivirent leur trajet et atteignirent la plage. Énée sentit le sable dur et mouillé s'enfoncer sous ses sandales. Sylvan insista pour se rapprocher de la mer et les vagues s'échouèrent bientôt à leurs pieds. Énée sentait les éclats de l'eau et le goût salé des embruns, une légère brise faisait voleter les cheveux bouclés de son mari dans le vent. Le village n'était plus très loin. Ils y étaient presque arrivés quand Sylvan tira sur son poignet pour l'arrêter.
— Attends, allons d'abord nous recueillir, insista-t-il en pointant une crique du doigt.
— Thétis n'aime pas que l'on soit en retard et les jumelles vont s'impatienter.
— Juste quelques minutes, s'il te plait.
Convaincu par ses yeux tristes et son air suppliant, Énée hocha la tête. Il savait où Sylvan voulait l'entraîner. Ils quittèrent la plage et les vagues pour s'enfoncer dans la crique, bordée par les oliviers. Le trou qu'ils avaient creusé avait depuis longtemps été rebouché par les vagues et la mer. Il ne restait qu'un creux, peu profond. Ils le délaissèrent pour avancer plus loin, en bordure de la plage. Là, une stèle, droite, surmontée de la statue de Thanatos, les attendait. Les deux hommes s'arrêtèrent, leurs yeux rivés sur la statue. Énée baissa son regard sur le mausolée et déchiffra lentement les noms alignés. Il n'avait pas besoin de les lire, il les connaissait par cœur. Comme toujours, son cœur se serra en les parcourant.
Hélène Patricia.
Zelos Agïade.
Ielenna Agïade.
Sylvan remonta sa main sur son bras, puis la posa sur son épaule, pour l'envelopper. Énée esquissa un mince sourire. Lors de leur voyage jusqu'à Themal, grâce à la carte de Pénélope, ils avaient retrouvé les restes de son père sur un petit îlot. Une partie du navire échoué s'y trouvé encore. Énée avait récupéré quelques ossements, ainsi qu'un collier ayant appartenu à sa mère, gravée d'un rameau d'olivier. Longtemps, il était resté agenouillé sur la plage, pleurant la mort de ses parents disparus. Sylvan l'avait laissé, acceptant de lui laisser ce temps de recueillement et de prière. Puis, ils étaient repartis et à Thémal, les prêtres du temple avaient offert une urne à Sylvan, contenant les restes de sa mère. Lui aussi avait beaucoup pleuré. À leur retour, et après les cérémonies d'hommages, les deux hommes avaient choisi de les enterrer ici. Évidemment, Agnès avait crié au scandale, mais ils ne l'avaient pas écouté. Ils souhaitaient qu'ils reposent ici tous les trois, face à la mer. Leurs familles à jamais liées.
Énée s'agenouilla, imité par Sylvan. Ils restèrent un moment, les yeux rivés sur la stèle, à prononcer des prières. Ici, Énée se sentait proche de ses parents, même s'ils n'étaient plus là. La main de son mari glissa sur son épaule, Énée posa la sienne sur ses doigts.
— Elle me manque, murmura Sylvan.
— Ils me manquent aussi, répondit Énée en échos.
Ils lui manqueraient toujours, mais la vie était ainsi. On vivait. On mourait. La mort était inéluctable. Énée aurait aimé profiter plus longtemps de ses parents, comme Sylvan aurait voulu prolonger la vie de sa mère, mais cela ne fonctionnait pas comme ça. Ils n'étaient pas des dieux, seulement des hommes. Il fallait l'accepter.
Après quelques instants de recueillement, ils se relevèrent.
Ils s'éloignèrent de la crique. Énée et Sylvan marchaient côte à côte, face au soleil. La lumière éclairait leurs visages. Ils étaient presque arrivés quand Sylvan remonta ses mains sur les hanches de l'historien, puis l'enveloppa de ses bras. Énée s'arrêta et se laissa faire, profitant de son parfum et du goût de ses lèvres, quand sa bouche épousa la sienne. Les yeux violets de Sylvan brillaient d'intensité. Il était beau. Le cœur d'Énée battait à tout rompre quand il le regardait. Il avait toujours battu ainsi. Dès l'instant où son regard s'était posé sur lui, il avait compris que leurs vies seraient liées.
— Je t'aime, murmura Sylvan dans le creux de son oreille.
— Je t'aime aussi, répondit Énée.
Et ils repartirent, main dans la main, pour ne pas être en retard au déjeuner
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