Chapitre 12 - La tâche d'abricot
Les jours suivants, sauf quand il se levait pour effectuer quelques pas, Énée restait au lit. Ses forces revenaient petit à petit. Le matin du deuxième jour, les jumelles vinrent le voir, accompagnées de Cléanthe et Pénélope. Énée était en train de discuter avec Sylvan lorsque les filles entrèrent en poussant des cris de joie dans la pièce. Comme des furies, les jumelles sautèrent sur son lit pour enlacer leur frère, lui arrachant une grimace de douleur, à cause des restes de courbature.
— Aïe ! s'écria-t-il.
— Doucement les filles, les sermonna Cléanthe. Votre frère a besoin de calme, pas d'être secoué comme un abricotier.
— Tu es vivant ! s'écria Alcmène.
La petite fille resserra ses bras autour du cou de son frère en pleurant à chaudes larmes. Énée l'écarta, pour éviter de finir étrangler, tandis qu'Euripide se jetait sur lui.
— On a cru que tu étais mort, comme Papa et Maman, pleura Euripide.
— Ne meurs plus jamais ! s'exclama Alcmène, je t'interdis.
Elle lui donna une tape sur la joue et Énée poussa un cri.
— Eh ! On ne tape pas, je vous l'ai déjà dit, la sermonna-t-il.
— Mais t'étais mort ! s'écria Alcmène.
— Mais non, il était pas mort, répliqua Euripide.
— Il était mort et il est re-vivant !
Assis contre ses coussins, Énée poussa un soupir en repoussant Alcmène. Il tendit ensuite les bras pour que les jumelles viennent s'y blottir. Debout de l'autre côté de la pièce, Pénélope l'observait, un sourire aux lèvres. Cléanthe était parti chercher de quoi boire et Thétis en profita pour s'éclipser. Le jeune homme passa un bras autour de chaque épaule des petites filles. Comme toujours, elles pépiaient, voulant absolument lui raconter tout ce qu'il avait manqué. Énée peinait les suivre. Il avait encore mal à la tête, ses mots restaient parfois confus. Cela allait mieux aujourd'hui, il avait donc accepté que les petites viennent le voir, il savait qu'elles le réclamaient et avaient besoin de lui.
— Tu vas plus jamais partir, hein ? demanda Euripide, accrochée au bras d'Énée.
Le jeune homme échangea un regard avec Sylvan. Ils n'avaient pas reparlé du vase, ni de la suite des événements. Pour l'heure, Énée tâchait de se remettre de ses trois jours de coma et il attendait que la douleur dans sa tête diminue.
— Pour l'instant, je reste ici, répondit l'historien.
— Qui veut un verre de jus d'abricot ? demanda Cléanthe en revenant dans la pièce, un plateau dans les bras. J'ai aussi pris quelques sablés.
Il déposa le tout sur une table, puis tendit un verre à Énée. Ce dernier l'offrit à Alcmène qui but avec avidité. Euripide se jeta sur les sablés. Décidément, il faudrait vraiment qu'il leur apprenne la politesse, elles n'avaient aucune éducation. Alors qu'il demandait à Alcmène de boire plus lentement, Énée croisa le regard de Sylvan. Le citoyen souriait, les bras croisés, accoudé contre la lucarne. Pénélope s'approcha de lui, il chuchota quelques mots à son oreille, que l'historien n'entendit pas.
— Tu devrais les ramener à la villa, lança Sylvan. Si tu en as envie, bien sûr. Je serai ravi de pourvoir à leur éducation.
— Elles sont très bien éduquées ! mentit Énée en arrachant un troisième biscuit des mains d'Euripide.
— J'en veux encore ! pleurnicha la petite fille.
— Je vois ça, s'amusa Sylvan.
Énée maugréa. Son ami avait raison, les petites manquaient de manières, elles mettaient des miettes partout, elles lui coupaient la parole et elles mélangeaient tous les mythes. Ses parents auraient aimé qu'elles puissent bénéficier d'une éducation, comme lui. Sylvan avait les moyens de la leur offrir, il fallait juste qu'il mette son égo de côté et accepte la charité.
— Je vais y penser, marmonna-t-il.
— Magnifique ! s'exclama Sylvan. Alcibiade sera ravi de les revoir, il a beaucoup apprécié leur curiosité.
— On va retourner à la villa ? s'exclama Euripide en plaquant sa main pleine de miettes sur la joue de son frère.
— Quand Énée, quand ? s'écria Alcmène en renversant du jus d'abricot sur sa chemise.
— Thétis ! appela au secours le jeune homme.
La vieille dame et son mari vinrent extraire les jumelles des bras d'Énée, le laissant couvert de miettes de sablés, avec une tâche de jus d'abricot sur sa chemise. Dépité, il se rabattit sur ses coussins, sous le regard amusé de Sylvan. Cléanthe emmena les filles dans la pièce à côté, pendant que Thétis s'occupait de retirer les miettes de l'historien, qui finit par se redresser en grommelant qu'il pouvait le faire seul. Pénélope et Sylvan l'observaient en ricanant de l'autre côté de la pièce et il se sentait ridicule. Il n'avait pas besoin qu'on l'aide pour ça. Sa migraine avait quasiment disparu, il se sentait mieux – même si tenir debout plusieurs minutes lui demandait un effort considérable -, et il ne souhaitait pas être traité comme un malade.
— Tiens-toi tranquille, le sermonna Thétis.
— Je suis tranquille, répliqua-t-il.
La vieille dame lui fit les gros yeux, puis plaça de force un verre de jus d'abricot entre ses mains, avant de déposer des biscuits dans une coupelle sur sa table de chevet. Elle quitta la pièce en lui faisant signe de ne pas bouger, deux doigts pointés vers lui, le laissant seul avec Pénélope et Sylvan. Une fois toute sa famille partie, Énée poussa un soupir de dépit. Il adorait les jumelles, mais elles l'épuisaient chaque fois qu'il passait plus de cinq minutes avec elles. Jamais il n'aurait d'enfant ! Deux sœurs, c'était déjà trop.
Tandis qu'il avalait son verre de jus, Sylvan s'assit sur le bord de son lit, une habitude qu'il avait pris ces derniers jours. Pénélope restait en retrait, les bras croisés. Sylvan l'avait laissé faire ce qu'elles souhaitaient ces derniers jours, comme une personne libre. Il était trop occupé à veiller sur Énée pour lui donner des ordres. Quand il ne restait pas à son chevet, le citoyen étudiait ses morceaux de poteries, tentant de recoller les éléments du vase.
Pénélope avait passé la plupart de son temps auprès de Thétis et Cléanthe. Elle aidait la vieille dame et surveillait les petites filles. Énée ressentit un élan de gratitude à cette pensée. Pénélope incarnait vraiment les valeurs que son père souhaitait inculquer à sa famille. L'entraide, l'altruisme et la générosité.
— Nous allons rentrer en ville, déclara Sylvan, le sortant de ses pensées. Agnès s'impatiente de ne pas voir Pénélope et j'ai des affaires à régler.
— Je m'en doute, marmonna Énée.
Il détourna le regard pour cacher son trouble. Énée se doutait que le citoyen et son esclave ne pourraient pas rester encore longtemps ici, mais il appréciait leur présence. Ils commençaient tout juste à redevenir ami avec Sylvan. Comment leur relation allait-elle évoluer, une fois de retour à Ishtma ? Inconscient de son trouble, Sylvan s'avança sur le lit et attrapa la coupelle de biscuits.
— Tu en veux ? demanda-t-il.
— Non.
— Et toi, Pénélope ?
— Je veux bien, dit-elle en prenant un sablé.
— Vous repartez quand ? les coupa Énée.
Sylvan croqua dans son gâteau et échangea un regard avec Pénélope. Le jeune homme n'était pas dupe. Parler biscuit était une façon détournée pour ne pas le laisser brouiller du noir. Sylvan avait bien vu la tête qu'il faisait, il en était certain. Énée craignait que son ami disparaisse de nouveau, ou qu'il redevienne l'être insensible qu'il avait côtoyé ces derniers jours.
— Nous n'allons pas tarder, répondit Sylvan. Tu nous rejoindras quand tu te sentiras mieux.
— Je me sens mieux.
— Tu tiens à peine debout.
Énée maugréa encore. De toute façon, il n'allait pas se précipiter à la galerie de Sylvan pour l'aider à reconstituer un vase qu'il ne fallait pas reconstituer. C'était stupide. Pourquoi voulait-il tant accélérer le temps ? Plus il resterait ici, moins il y aurait de risque que le citoyen précipite Ishtma dans sa chute. C'était plutôt bien, non ? Mais plus il resterait au lit, plus la mère de Sylvan s'affaiblirait. Comment empêcher Sylvan de se lancer seul, à corps perdu, dans sa quête insensée ? Énée voulait être avec lui quand il trouverait les derniers morceaux de l'artefact pour l'empêcher de faire une bêtise.
— Promettez-moi de ne pas chercher les restes du vase sans moi ? s'entendit-il dire.
— Nous t'attendrons, promit Sylvan.
— Promis ? répété Énée, les yeux rivés vers Pénélope.
Il préférait la regarder elle, plutôt que lui. Sylvan était trop versatile.
— C'est lui le maître, rappela-t-elle en pointant son doigt vers le citoyen.
— Tu devrais refuser d'obéir ! Ton maître est suicidaire.
Sylvan mit sa main sur son cœur et poussa un cri.
— Eh ! Je ne suis pas suicidaire ! s'offusqua le citoyen. Je suis un chasseur de trésor.
— Un idiot.
— Un collectionneur.
— Un rêveur utopiste.
— Un galeriste de renom. Un citoyen influent. Un fils parfa...
— C'est bon, j'ai compris, le coupa Énée. Partez maintenant, avant que je ne change d'avis. Tu me casses les oreilles.
— J'aimerais bien te voir nous courir après, ricana Sylvan.
Énée tendit son doigt devant lui. Sa main tremblait. Il aurait aimé paraître plus ferme, mais force était de constater qu'il n'arrivait même plus à tenir son bras droit. Il allait vraiment falloir qu'il se repose et reprenne de l'énergie ces prochains jours. Il avait à peine mangé et bu, passant son temps à dormir. Pénélope posa une main amicale sur son épaule, puis elle récupéra son voile et annonça qu'elle allait embrasser les jumelles avant de partir. Énée se retrouva seul avec Sylvan. Le citoyen, vêtu d'une toge blanche, effleura sa main, un sourire étira aux lèvres.
— Repose-toi, lui dit-il.
Il se leva et déposa un baiser sur son front. Énée resta figé, les yeux rivés dans ceux de Sylvan. S'il n'avait pas été un être doué de raison, il aurait sûrement empoigné sa toge pour ramener son visage vers le sien et épouser ses lèvres. Mais Énée ne pouvait pas faire cela. Ils n'étaient plus amants, ils étaient que deux amis, désormais.
Sylvan récupéra son sac et quitta la pièce, sans un regard en arrière, le laissant seul avec ses pensées. L'historien resta assis, contre ses coussins, perdu.
*
Thétis ne quittait plus la maison. Cléanthe et elle s'occupaient des jumelles, tandis qu'Énée tentait de se remettre de l'épreuve traversée. Les premiers jours, il resta dans sa chambre, à effectuer quelques pas, jusqu'à ce que son corps le ramène dans son lit. Il dormait, se levait pour manger, s'asseyait avec les jumelles pour les écouter, puis retournait dormir. Un matin, Cléanthe vint le chercher pour l'emmener faire une promenade sur la plage. Énée se sentait mieux, sa migraine était enfin partie, son corps reprenait des forces, grâce au plat de Thétis et aux attentions dont le couple faisait preuve envers lui.
— Comment te sens-tu ? demanda Cléanthe.
Ils étaient en train de marcher le long d'un chemin de sable, parsemé de coquillages. S'ils continuaient, ils déboucheraient dans la crique où ils avaient trouvé le fond de la poterie. Énée les obligea à opérer un demi-tour. Juste avant de venir ici, ils étaient passés voir les bovins, puis vérifier la pousse du blé.
— Mieux, répondit-il.
Énée fixait ses pieds. Ses sandales s'enfonçaient dans le sable et il entendait le bruit des vagues s'échouant sur la plage. Cela lui faisait du bien de prendre l'air après avoir passé ces derniers jours à l'intérieur.
— Tu vas enfin me raconter ce qui t'es arrivé ? demanda Cléanthe.
Énée grimaça. Évoquer cette histoire de dieu, de vase, d'artefact, en présence de Cléanthe, lui semblait hors propos. Il s'agissait des affaires de Sylvan et il craignait que le vieil homme ne panique en apprenant ce que le citoyen cherchait à faire. Cléanthe était très croyant, les mythes l'avaient bercé et il était toujours le premier à déposer des offrandes dans les temples. Si Énée lui expliquait qu'il cherchait à reconstituer un vase pour faire revenir un dieu à la vie, au risque de causer la fin du monde, cela le ferait paniquer.
— J'ai touché une chose que je n'aurais pas dû toucher, répondit Énée.
« Lécher » aurait été plus exact, mais il n'allait pas lui expliquer qu'il avait mis le doigt de Sylvan dans sa bouche pour aspirer son sang et sa main pleine de cendre. Qu'est-ce qui était passé par la tête de Sylvan ! À quel moment avait-il trouvé intelligent de faire ça ? Puis de s'ouvrir le doigt. Et lui, pourquoi n'avait-il pas réfléchi avant d'aspirer son sang ? Énée se savait sensible aux objets, encore plus ceux contenant de la magie. Il n'avait jamais vécu une expérience similaire à celle qu'il venait de traverser – comme s'il était subitement connecté au dieu et à son passé -, mais il savait qu'il devait éviter de toucher les artefacts, à cause de sa sensibilité. À l'avenir, il se contenterait des objets anciens et d'étudier les vieilles civilisations.
— Tu devrais accepter la proposition de Sylvan, reprit Cléanthe. Les jumelles ont droit à une éducation et nous ne pourrons pas leur donner la même chose que lui.
— Mmm..., marmonna Énée. Je vais y réfléchir.
Il savait que Cléanthe accepterait sa décision, quelle qu'elle soit. Il savait aussi qu'il avait raison. Les jumelles méritaient ce droit à l'éducation et Sylvan pouvait le leur donner. Énée pouvait choisir de les laisser grandir au village pour qu'elles deviendraient de bonnes agricultrices ou maîtresses de maison, mais ce serait les priver du droit de choisir leur avenir. Tout à ses réflexions, l'historien rentra au village en suivant Cléanthe. Le vieil homme respectait son besoin de silence. Lui non plus n'était pas un grand bavard. Cléanthe préférait parler à ses bêtes et aux plantes qu'aux humains.
À son retour, il trouva Thétis dans la cuisine. De dos, la vieille femme lui faisait penser à sa mère. Il la retrouvait souvent dans cette posture, quand il rentrait de ses leçons ou de ses escapades sur la plage. Énée tira une chaise et s'assit, puis il récupéra un couteau pour éplucher les légumes, tandis que Thétis s'occupait de la viande, qu'elle hachait en petits morceaux et qu'elle ferait ensuite cuire à l'étouffer. Ils restèrent ainsi, dans le silence, durant de longues minutes. Les jumelles se trouvaient dans une pièce annexe, occupées à jouer avec des osselets, sur lesquels se trouvaient gravés les attributs des dieux. Les adultes comme les enfants y jouaient pour découvrir des présages.
— Énée, tu viens jouer au pentelitha avec nous ? l'appela Euripide quand il croisa son regard.
— Je dois aider Thétis, répondit-il.
— Vas-y, elles te réclament depuis ce matin, l'enjoignit la vieille dame.
L'historien se leva et s'étira. Ses jambes étaient courbaturées de sa marche sur la plage, mais il se dit que c'était bon signe. Il récupérait. Énée s'assit face aux jumelles. Euripide mit les osselets dans un sac en tissu, les secoua, puis les laissa tomber sur le sol. L'un des osselets à face arrondie roula et tomba près du genou d'Énée. Le jeune homme le récupéra et fronça les sourcils en apercevant le rameau d'olivier, gravé à sa surface. On aurait dit que le dieu le narguait.
— C'est Elpis ! s'écria Alcmène, ravie d'avoir reconnu le symbole.
Mal à l'aise, Énée reposa l'osselet. Pour ceux qui y croyaient, les osselets, et la façon dont ils retombaient sur le sol, n'étaient jamais dû au hasard. De nombreuses personnes ne pouvaient s'empêcher d'y voir des signes, comme si les dieux leur envoyaient des messages. Euripide passa en revu le reste les pièces. Ses petits yeux bleus se plissèrent de concentration et ses cheveux blonds tombèrent devant son visage. Énée se leva pour récupérer une cordelette et s'occupa de nouer ses mèches pendant que sa jumelle se prenait pour un oracle.
— Elpis, Thanatos, et Asclios, récita Alcmène en pointant du doigt les osselets à droite. Et ici, Ourm et Vela. Ça veut dire que quelqu'un va avoir un accident, mais que grâce à la chance, il survivra.
— Mais non ! s'exclama Euripide. Ça veut dire que quelqu'un de mort va revenir à la vie. C'est Énée ! Il a ressuscité !
— Tu dis n'importe quoi ! la contra sa jumelle. Y a aussi Vela et Ourm. Donc ça veut dire que des voyageurs vont revenir avec un bébé malade qui va être soigné.
— Mais non ! C'est pas ça !
Les petites filles confondaient tous les mythes entre eux. Ourm représentait le dieu des voyageurs et on priait Vela pour la fertilité, aussi bien pour les plantes que pour des désirs de maternité. Thanatos, dieu de l'au-delà, était souvent lié à Asclios, celui de la médecine, mais l'interprétation que les jumelles faisaient des symboles disaient tout et son contraire. Cela faisait sourire Énée. Il n'avait jamais cru aux oracles et prophéties. À ses yeux, les prophéties n'étaient que le fait d'êtres humains mercantiles, instrumentalisant les dieux pour obtenir de l'argent. Quant à ceux qui y croyaient, ils étaient tout bonnement naïfs.
Certaines personnes faisaient de longs voyages pour se rendre dans des temples éloignés, dans d'autres cités, afin d'obtenir des réponses à leurs questions, ou des miracles. Cela faisait toujours soupirer Énée. S'il croyait aux dieux, aux mythes et à l'Histoire, il n'était pas crédule. Il savait que certaines choses s'étaient produites dans le passé, que les prières pouvaient parfois être exaucées, mais il savait aussi que les réponses des dieux étaient toujours aléatoires. Si un dieu voulait aider un être humain, il n'avait pas besoin d'intermédiaire.
La main d'Euripide tira sur sa manche.
— Énée ! À toi de faire l'oracle !
Il fit mine de réfléchir, un doigt sur le menton et se pencha vers les osselets.
— Je crois ... que les dieux veulent que deux petites filles aillent manger. Vous ne sentez pas cette bonne odeur ?
— T'es trop fort ! s'écria Alcmène, une main sur son ventre.
— J'ai faim ! s'exclama Euripide.
Cela tombait bien, Thétis les appelait à venir se mettre à table, le repas étant préparé. Énée se releva, puis tendit la main aux filles en laissant les osselets sur le sol. Le rameau d'Elpis continuait de le narguer, comme un mauvais présage. Il sortit de la pièce et aida les petites à s'installer sur le banc, pendant que la vieille dame remplissait leurs assiettes. Cléanthe ne tarda pas à les rejoindre, laissant son bâton de berger contre un mur à l'entrée. Ce quotidien faisait du bien. La vie reprenait son cours.
Énée n'était pas sûr que tout cela durerait. Il était donc décidé à en profiter.
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