Chapitre 1 - Une missive inattendue
Énée avait toujours aimé se rendre en ville. Au village, l'agitation lui manquait, ainsi que les activités intellectuelles auxquelles il aimait s'employer. Quand il faisait ses études, il venait fréquemment sur le forum, au temple d'Iduia, déesse du savoir, afin de parfaire son apprentissage. La mort de ses parents l'avait obligé à terminer son diplôme chez lui, pour pouvoir s'occuper de ses sœurs, et le refus de son statut d'historien l'avait convaincu de ne plus se rendre ici. Il venait au forum une à deux fois par mois, généralement avec Cléanthe, uniquement pour acheter ce qu'ils ne pouvaient cultiver.
En arrivant en ville, Énée avait laissé le cheval de Cléanthe à l'entrée du village, à un jeune garçon proposant ses services pour une obole de cuivre. Il le récupérerait en repartant. Le jeune homme apprécia aussitôt le brouhaha ambiant et l'odeur alléchante des différents mets alignés sous ses yeux. Devant lui s'étalaient des dizaines d'étales de marché. On criait çà et là, appelant à venir acheter les denrées colorées. Le jeune homme avait revêtu une chemise propre, en lin, qui collait déjà contre sa peau blanche en raison de la chaleur. Ici, le climat était chaud, sec et si les isthmaiens étaient habitués à ces températures, ce n'était toujours pas son cas. Contrairement aux habitants d'Ishtma, dont la peau se colorait d'une jolie couleur dorée sous le soleil, la sienne – plus habituée au climat du nord, d'où il était issu – rougissait et cloquait. Aussi, il gardait toujours ses manches jusqu'à ses poignets, ainsi que des gants noirs pour éviter d'entrer en contact avec des objets.
— Eh petit ! Des épices, ça t'intéresse ? cria un homme portant un turban.
— Ou une tourte ? proposa une femme.
— Non, merci, répondit Énée.
Il déambula parmi les étals des marchands, jusqu'à atteindre le centre du forum, autour duquel se trouvaient les temples, mais aussi le musée des Curiosité. Énée releva ses grands yeux bleus, ses deux iris révélant ses origines étrangères, vers le lieu où il désirait tant travailler un jour. Thétis avait raison : il devait tout faire pour satisfaire ses ambitions et ne pas laisser ses origines et son statut de réfugié jouer contre lui. En tant que métoïkos, il possédait un droit de cité et d'étude. Certains avaient réussi à s'élever dans la société : pourquoi cela lui serait-il impossible ? La mort de ses parents et ses responsabilités avaient relégué ses ambitions dans un coin de son esprit, mais il ne pouvait pas renoncer à son rêve aussi facilement.
Ses yeux coururent sur la grande façade du musée, en pierre rouge. Sur le fronton, une grande fresque représentait des objets hétéroclites : des vases, des pièces anciennes, des armes. Un grand escalier donnait accès aux colonnades qui s'élevaient vers le ciel. Énée se força à détourner son regard du musée pour se concentrer sur les galeries d'arts, s'alignant à côté du musée.
De nombreux collectionneurs, souvent issus de riches familles citoyennes, ouvraient des galeries. Heureusement, le rouleau de parchemin s'accompagnait d'un plan vers celle où il devait se rendre. Le jeune déroula le parchemin et jeta un rapide regard dessus, avant de prendre une ruelle adjacente au musée. Il tourna sur sa gauche, puis déboucha sur une petite cour au milieu de laquelle se trouvait une fontaine, Un rideau bordeaux, en velours, marquait l'entrée d'une galerie, surmontée d'une plaque en bois portant le nom Patricis.
Énée poussa le rideau. À l'intérieur, il fut accueilli par des objets entassés de façon disparates sur des étagères, dans un curieux mélange de désordre et de désorganisation. Ce chaos le fit aussitôt grincer des dents. Énée adorait l'ordre et le rangement et ne supportait pas le désordre. Partout, on trouvait des pierres gravées, des objets de toutes sortes et de toute époque, des restes d'animaux, des bocaux contenant de drôles de choses flottantes dont il ne souhaitait pas savoir ni l'usage, ni le contenu. Avec curiosité, Énée s'approcha d'un ensemble de parchemins, roulés sur des étagères, avec l'envie irrépressible de se saisir de l'un d'eux pour le lire. Ses mains fourmillaient, dans l'attente qu'il se plonge dans ce savoir accumulé au fil des années. C'était ce qu'il avait toujours aimé dans ses études, et ce pourquoi il rêvait de travailler au musée. Là-bas, il pourrait entrer en contact avec l'Histoire et remonter le temps pour tout consigner, afin de collecter des données et concevoir une grande encyclopédie du savoir.
— Ils te plaisent ?
Énée sursauta. Au passage, sa main heurta un vase représentant une scène de chasse, qui se mit à tanguer et qu'il rattrapa in-extremis avant qu'il ne se brise en mille morceaux sur le sol. En pestant, il le replaça sur son socle, vérifiant au passage qu'il n'avait rien, avant de relever les yeux vers l'homme qui se tenait au centre de la pièce.
Son cœur manqua un battement et son souffle se suspendit.
Lui.
Comment cela était-il possible ?
— Qu'est-ce que tu fais là ? attaqua-t-il.
Il sentit son palpitant accélérer et serra les dents.
Un sourire étira les lèvres de l'homme qui lui faisait face. Toujours aussi distingué, Sylvan le détaillait de son regard violet dans lequel semblait se refléter des milliers d'étoiles. Vêtu d'une longue toge drapée en demi-cercle de son bras droit jusqu'à son épaule gauche, il le toisait de toute sa hauteur, ses cheveux noirs et bouclés flottant autour de lui. Sylvan avait toujours été plus grand que lui et Énée se sentit aussitôt diminué.
— Moi aussi, je suis content de te revoir, Énée, dit Sylvan sans se départir de son sourire.
— Eh bien moi non, rétorqua-t-il, les dents serrées. Pourquoi tu es ici ?
— Il s'agit de ma galerie, je travaille ici.
— Impossible.
— Et pourtant...
La main d'Énée, toujours sur le vase, se resserra autour de l'anse de l'objet ancien, avec l'envie brûlante de le jeter sur Sylvan. Imperturbable, ce dernier le fixait dans son visage buriné, marqué par le soleil, sans se départir de son sourire.
— Est-ce que tu pourrais lâcher ce vase, s'il te plait ? Il m'a coûté une fortune et je ne voudrais pas qu'il se brise.
— Je ne brise pas les objets ! rétorqua aussitôt Énée.
— Tu m'as pourtant l'air d'en avoir furieusement envie. Je me trompe ?
À la façon dont il serrait le vase, Sylvan avait sûrement compris l'état dans lequel il se trouvait. Énée se força à relâcher ses doigts et à inspirer profondément, pour ne laisser ni sa colère, ni ses ressentiments l'atteindre. Il inspira. Expira.
— Enfin, n'hésites pas, si ça peut te...
Une assiette manqua de percuter le crâne du galeriste. Sylvan s'écarta juste à temps pour ne pas recevoir le projectile. Énée ayant toujours eu une passion pour l'art et les objets anciens, il n'aurait jamais risqué de briser le vase, mais il n'allait pas se priver de jeter quelques assiettes sans aucune valeur sur Sylvan. Plusieurs assiettes, ainsi qu'un gobelet en étain, finirent leur course au pied du citoyen qui les regarda bientôt s'étaler autour de lui comme s'il les découvrait.
— Je vois que tu es toujours aussi rancunier, releva-t-il. Tu m'en veux encore ?
Son calme s'opposait à la fureur d'Énée, augmentant sa rage. Le jeune homme se retint d'attraper une autre assiette pour la lui écraser sur la tête cette fois-ci.
— Tu as disparu ! s'exclama-t-il.
— Et me voilà réapparu ! sourit Sylvan, les bras écartés. Tu ne veux pas embrasser ton ami d'enfance ?
— Quel ami ? répliqua l'historien. Celui qui n'a plus donné signe de vie depuis que mes parents ont disparu en mer ? Celui qui m'a lâchement abandonné quand je suis venu supplier à sa porte de me prêter quelques oboles pour subvenir aux besoins de mes sœurs ? Celui qui...
— D'accord, d'accord, j'ai compris. Je t'ai fait souffrir, je le regrette. Pourrions-nous passer à autre chose, désormais ?
Énée sentait la fureur enfler dans sa poitrine. Il serrait et desserrait les poings. Du regard, il chercha un nouvel objet à jeter à la figure de Sylvan. Avant que l'autre ait pu réagir, il se saisit d'une assiette en cuivre et la fit voler dans sa direction. Le citoyen se baissa juste à temps pour l'éviter, comme il le fit pour les trois autres assiettes qui suivirent.
— Ces assiettes coûtent très chères, Énée. Tu as de quoi les rembourser ?
L'historien foudroya son vieil ami du regard. Sylvan ne semblait pas troublé par sa colère. Il fit un pas sur le côté, laissant les objets sur le sol, et se dirigea vers son bureau, situé près d'une grande bibliothèque. Là, il s'assit dans un fauteuil et se pencha pour attraper une plume qu'il trempa dans de l'encre avant de se mettre à écrire. Estomaqué, Énée le regarda faire, la bouche entrouverte.
— Qu'est-ce que tu fais ? l'attaqua-t-il. Une facture ?
— Non, un contrat de travail.
— Un contrat ? répéta Énée sans comprendre.
— Maintenant que tu as fini de faire l'enfant, peut-être pourrions-nous discuter entre adultes, qu'en penses-tu ? Et si tu t'asseyais pour commencer ? Je vais nous servir du vin.
— Je ne bois pas.
Sylvan leva les yeux au ciel, puis se leva pour prendre une cruche remplie d'un liquide bordeaux. Il se servit un verre, but une gorgée, puis déposa une carafe d'eau sur le bureau.
— J'avais oublié combien tu étais ennuyeux.
— J'avais oublié combien tu étais hautain, répliqua Énée.
— Peux-tu t'asseoir, s'il te plait ?
— Non, rétorqua-t-il.
— Très bien, reste debout dans ce cas.
Sylvan avala une autre gorgée de vin, un sourire amusé aux coins des lèvres. Énée serrait toujours ses doigts, ses mains le démangeaient. Tous les objets de la pièce l'appelaient et la présence de Sylvan augmentait son agacement. La chaleur était accablante, sa gorge le brûlait. Il s'avança vers la cruche et prit de l'eau qu'il but d'un trait avant de reposer bruyamment le verre sur la table. Sylvan n'esquissa aucun mouvement. Son attitude ne paraissait pas le déranger.
— Comment m'as-tu trouvé ? demanda Énée.
— Tu n'as jamais changé d'adresse. J'ai appris pour ton diplôme, le conservateur a refusé de t'accorder le titre d'historien.
— Merci de me le rappeler, railla-t-il.
Pourquoi Sylvan se croyait-il obligé de remuer le couteau dans sa plaie ? On aurait dit qu'il y prenait plaisir. Tout en lui parlant, il grattait l'encre sur son parchemin. Le bruit agaçait Énée, s'il continuait, il allait lui arracher sa plume.
— Ta candidature au musée a été refusée par trois fois, reprit Sylvan.
— J'étais déjà au courant.
— Tu es métoïkos, Énée. Tu t'attendais à quoi en postulant ? Tu sais très bien que tu n'as qu'un droit d'étude et de cité, et aucun droit d'accès aux fonctions intellectuelles.
— Alors il faut changer la loi.
Un instant, un sourire flotta sur les lèvres des deux hommes. Un sourire en souvenir d'une conversation, datant de plusieurs années, de deux enfants passionnés, pétris de justice et d'idées avant-gardistes, rêvant de faire évoluer les statuts et les lois d'Isthma. Cela ne leur paraissait pas impossible alors, Isthma était déjà en avance sur bien d'autres cités-états en terme politique. Contrairement aux autres, dirigées par des royautés ou des oligarchies, le peuple et une démocratie régissaient Isthma. Les dons y étaient autorisés, les étrangers avaient droit de cité. Pourquoi ne pourraient-ils pas faire plus ?
— En attendant de faire évoluer la loi, j'ai quelque chose à te proposer.
Sylvan avala une nouvelle gorgée de vin et refit signe à Énée de s'asseoir. Cette fois, le jeune homme obtempéra. Une part de lui – celle dirigée par son égo – avait envie de s'en aller et de laisser Sylvan ici ; l'autre était intriguée et désireuse de savoir ce qu'il allait lui proposer. De plus, en restant, Énée comprendrait peut-être pourquoi Sylvan était parti il y a deux ans, au lieu de le soutenir. Sa venue prenait un tournant inattendu.
— Comme tu peux le voir, grâce à la fortune de ma famille, j'ai décidé d'acheter cette galerie, annonça Sylvan en montrant le décor autour de lui. Je recherche et collectionne les objets rares et précieux, pour les revendre à meilleur prix.
Cela n'étonnait pas Énée. Sylvan avait toujours eu un côté mercantile. Sa famille possédait l'une des plus grandes fortunes de la cité, acquise avec les années. Leurs visions de l'art s'étaient toujours opposées. Pour Énée, les objets anciens livraient un savoir et s'exposaient dans des musées. Pour Sylvan, ils devaient être utilisés ou vendus pour s'enrichir.
— Je suis à la recherche d'un vase, annonça Sylvan. Un objet rare, ancien, contenant les restes d'un ancien dieu.
— Un artefact, tu veux dire ?
Pourquoi Sylvan jouait-il sur les mots ? Au sein des cités-états, personne n'ignorait qu'il existait deux types d'objets : les artefacts, qui se revendaient à prix d'or, non pas pour leur valeur mais pour la magie qu'ils renfermaient ; et les simples objets anciens, issues des vieilles civilisations. C'étaient ces derniers qu'Énée préféraient. Et c'étaient visiblement les premiers que Sylvan recherchait.
— Qu'espères-tu faire de ce vase ? voulut savoir Énée. Y mettre des fleurs ?
Un sourire étira les lèvres du galeriste.
— Tu n'as pas besoin de le savoir, répondit-il. J'ai seulement besoin de toi pour m'aider à le retrouver et ton don peut m'être fort utile.
— Nous y voilà !
C'était donc la raison de sa présence ici. Ce n'étaient pas ses compétences d'historiens qui intéressaient Sylvan, mais son don. Il aurait dû s'en douter depuis le début. Énée croisa les bras, marquant son mécontentement.
— Je ne suis pas capable de localiser, mon don s'arrête à la lecture, rappela-t-il.
— Je ne te demande pas de trouver ce vase, j'ai besoin de toi pour savoir comment utiliser cet artefact, une fois que j'aurais mis la main dessus.
— Je ne fais pas dans le trafic d'artefacts, répliqua Énée.
— Qui te parle de vol ? Cet objet a disparu. Si je parviens à remettre la main dessus, il m'appartiendra.
Cette façon de voir les choses ne plaisaient pas du tout à Énée. Il agrippa son verre d'eau et avala une nouvelle gorgée. L'eau froide lui fit mal.
— Tu n'auras qu'à lire cet objet, c'est tout, reprit Sylvan. N'est-ce pas ce que tu souhaites en devenant historien ?
— Je veux lire les objets pour connaître leur passé, répliqua Énée, les étudier et les consigner, pour les exposer aux yeux du monde. Je veux créer un livre des savoirs anciens, pas utiliser des objets dans un but mercantile.
— C'est très louable à toi, Énée, tu as toujours eu grand cœur, dit Sylvan en posant sa main sur sa poitrine. Mais pour cela, tu as besoin de devenir citoyen. Or, sans moi, tu ne le pourras jamais.
Piqué au vif, Énée resserra sa main gantée autour de son verre. Il ne restait malheureusement pas assez d'eau pour le jeter au visage de Sylvan.
— Et comment comptes-tu m'offrir ce privilège ? demanda-t-il.
— Je pourrai te parrainer, vu les liens qu'entretiennent nos familles...
— Entretenaient, le coupa Énée.
— ... entretenaient, reprit Sylvan. Cela ne semblerait pas illogique.
Énée se plongea dans ses pensées, réfléchissant à la proposition. Celle-ci était alléchante et il n'en possédait pas d'autres. Épouser une citoyenne pourrait lui permettre d'accéder à ce statut, mais aucune famille citoyenne digne de ce nom ne marierait sa fille à un métoïkos. De plus, Énée n'entretenait aucun attrait pour la gente féminine et l'idée même de lier son âme – même par un simple contrat – à une femme, l'horripilait. Sans un parrainage, ou une adoption, jamais il ne deviendrait citoyen, et jamais il n'accéderait au musée.
— En admettant que je dise oui, reprit-il, comment comptes-tu localiser l'objet ?
— Une enkatas nous prêtera main forte.
— Je vois que tu as déjà pensé à tout.
— En effet.
Énée prit quelques secondes de réflexion. Il avait envie de dire oui. C'était la chance de sa vie. Mais l'homme en face de lui était Sylvan. Dire oui signifierait mettre sa rancœur de côté, et cela l'agaçait profondément.
— J'ai besoin d'un salaire.
— Tu seras payé, je puis te l'assurer. Mieux qu'en œuvrant comme simple fermier.
Ils échangèrent un regard. Énée se demanda comment Sylvan était au courant pour les travaux de ferme ? L'avait-il espionné ? Cette idée le hérissa. Il voulait poser des questions à Sylvan, mais il retint sa langue. Cela pourrait attendre.
— Bien, lâcha-t-il. J'accepte ta proposition.
— Merveilleux ! s'exclama Sylvan. Je te veux disponible dès demain. Je te présenterai notre enkatas et nous pourrons commencer les recherches.
— Après-demain, le contra Énée. Je dois trouver comment faire garder Alcmène et Euripide.
— Oh ! C'est vrai que tu as deux sœurs. Emmène-les à la villa, proposa Sylvan, notre précepteur pourra s'occuper d'elles.
Énée arqua un sourcil. Sylvan n'avait donné aucun signe de vie en deux ans, ses parents ne l'avaient pas aidé à la mort des siens et soudain, il lui proposait de s'occuper des jumelles ? Cela n'avait aucun sens.
— Tes parents..., commença Énée.
— Ne sont plus à Isthma, le coupa Sylvan. Ce ne sera pas un problème. Nous nous occuperons des jumelles.
Intrigué, Énée l'observa un moment, cherchant à lire dans ses pensées. Sans tenir compte de lui, Sylvan plongea dans son parchemin pour rédiger le contrat de travail. Énée avait envie de lui demander où étaient partis ses géniteurs et pourquoi. Il avait envie de lui demander s'il était venu le trouver uniquement pour son don, ou pour autre chose. Une part de lui espérait que ce soit pour autre chose, une autre voulait le détester à tout jamais et lui garder rancune pour la vie.
— Eh voilà ! s'exclama Sylvan. Signe-ici.
Du bout des doigts, Énée récupéra la plume et signa le contrat de travail, après l'avoir relu. L'écriture de Sylvan n'avait pas changé. Comment avait-il fait pour ne pas la reconnaître, alors qu'ils avaient appris les lettres ensemble ? Une fois l'ensemble terminé, Sylvan lui tendit sa main pour sceller leur accord à la manière des citoyens ? Énée se tendit, mais avança ses doigts. Leurs peaux s'effleurèrent. Le jeune homme tenta de masquer l'agitation que ce simple contact fit naître dans sa poitrine en détournant le regard, mais les iris de Sylvan l'avaient toujours intrigué.
— À demain, Énée, susurra Sylvan, ses yeux violets dans les siens.
Énée retira ses doigts, étouffant son trouble sous une couche de rancœur. Il se redressa, bien droit, épousseta sa chemise et glissa le contrat dans sa ceinture.
— À demain, Monsieur Patricis.
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