La violence de chaque décharge lui broyait la tête, il avait du mal à comprendre ce que se passait réellement devant lui. Il ne comprenait pas tout ce que son père disait à Olivia, mais il pouvait voir les larmes qui coulaient sur son visage.

La Sorcière sembla lui accorder un moment de répit, il avait du mal à parler, mais il s'entendit souffler à nouveau à Olivia :

- Tout ira bien... Ne lui donne pas ce qu'il veut...

Il ne voulait pas qu'elle lâche, qu'elle leur donne cette satisfaction. Il se fichait de la douleur, de la souffrance. Olivia lui avait raconté assez de choses sur les Enfers, il connaissait pourquoi elle se battait autant pour que personne ne retrouve la dernière pièce. Jamais il ne lui en voudrait pour ce qu'il vivait actuellement. Il était d'accord avec tout ce qu'elle avait entrepris jusque-là. Sauf le fait qu'elle ait voulu le protéger en mentant. À nouveau, elle cherchait à se sacrifier.

- Si je continue, déclara la sorcière, il risque d'être condamné à vie avec des séquelles...

- Laissez-le, je vous en supplie... sanglota Olivia.

- Tu mènes la danse, ma belle. Soit tu parles, soit je continue.

- Ne l'écoute pas Olivia, tout ira bien, crois-moi...

- Tu sais que c'est faux Nathan...

Il la sentait défaillir à travers sa voix chancelante. Alors que la Sorcière replaça ses doigts sur le sommet de son crâne, Olivia abandonna la partie.

- La Pièce est sur l'Hippogriffe, avoua Olivia à contrecœur.

Son père relâcha la gorge d'Olivia.

- D'après nos renseignements, ce n'est pas le cas, s'impatienta ce dernier.

- Je t'en supplie Olivia ne lui dit pas...

- Si, continua Olivia en pleurant. C'est le fils de Maria et d'Edouard qui la détient... Théopold...

Même lui n'en avait jamais rien su, Olivia avait conservé cette information pour elle. Il savait à quel point ça lui avait coûté de dévoiler ceci. Elle avait conscience autant que lui qu'elle venait de mettre Théopold en danger.

- Ah, l'amour... s'amusa la Princesse. La plus grande des faiblesses. Qui a même réussi à mettre le Colibri en échec. Tout à fait surprenant.

Ils les laissèrent là où ils étaient, s'éclipsant une nouvelle fois, certainement pour savoir ce qu'ils devaient faire de l'information. Nathan ignorait ce qui allait se passer désormais pour eux.

- Olivia, tu n'aurais pas dû... murmura Nathan.

- Bien sûr que si Nathan... J'aurais dû leur dire avant qu'elle ne te fasse du mal... Je suis tellement désolée...

Sa voix se brisait toujours plus à mesure qu'elle parlait.

- J'aurais tenu... Je ne t'en veux pas, je sais que tu n'avais pas le choix.

- Arrête Nathan ! Gémit Olivia à bout de nerf. Arrête de faire ça, de me pardonner pour chacun de mes actes ! Comment peux-tu ne pas m'en vouloir pour ce qui vient d'arriver ? J'avais le choix ! Et j'ai fait celui de te laisser souffrir...

- Quand vas-tu comprendre que je t'aime et que je suis avec toi ? Je le comprends...

- L'amour est une faiblesse, murmura-t-elle.

- Tu ne crois pas sincèrement ce qu'ils t'ont dit ?

Olivia ne répondit rien. Ils avaient réussi à la briser, et pas seulement physiquement. Il voyait bien qu'elle avait perdu la foi, et l'espoir que tout redevienne comme avant. La jeune femme devant lui n'avait plus rien à voir avec celle avec qui il avait partagé les dernières nuits.

Nathan ne fut pas tranquille lorsqu'il les vit revenir à nouveau près d'eux. La Sorcière avait une lame en main, et après le signe de tête de son père, elle entailla son bras.

- Qu'est-ce que vous faites ? S'égosilla Olivia. Je vous ai dit ce que vous vouliez entendre, pourquoi avoir fait ça ?

- C'est notre assurance, trancha le père de Nathan. L'assurance que tu nous conduiras jusqu'à la Pièce, et que tu ne chercheras pas à nous mentir.

- La lame est imbibée de poison, expliqua la Sorcière. Ne fais pas cette tête, ma chérie, tu as approximativement dix jours devant toi. Peut-être moins, peut-être plus... Bon, évidemment, il en sentira les effets avant, mais la mort ne viendra pas tout de suite.

- On ne lui donnera l'antidote qu'à la condition que tu n'aies pas menti, bien sûr, renchérit la Princesse.

- Vous allez nous accompagner, et nous ramener cette pièce.

- Vous avez déjà quelqu'un parmi eux, qui semble plutôt bien vous aider, alors je ne comprends pas pourquoi vous avez besoin de moi...

- Ce ne sont pas tes affaires, conclut le Commandant. Nous partirons ce soir.

- Et s'ils se trouvent trop loin ? Si dix jours ce n'est pas suffisant? S'ils ne nous laissent pas s'approcher d'eux ? Vous le laisserez mourir ?

- À toi de te débrouiller pour que tout se passe dans le temps imparti.

De retour dans leur cellule, Nathan voulut la prendre contre lui, mais elle le repoussa à nouveau.

- Si on n'arrive pas à les retrouver à temps, tu mourras Nathan...

- On va réussir... Si le traître est parmi l'équipage de l'Hippogriffe, il les aidera à la récupérer... Tout finira par s'arranger Olivia.

- Comment peux-tu être encore si positif ?

- Parce que j'ai envie d'y croire... Je crois en toi, en nous...

- On savait que ça terminerait mal, Nathan, lui dit Olivia doucement. Tout le monde n'a pas arrêté de nous mettre en garde, et on n'a écouté personne...

- S'il te plaît, arrête... Je sais ce que tu vas dire...

- Je t'ai mis trop en danger, et je ne supporterais pas qu'ils te fassent encore plus de mal...

- Tais-toi Olivia, lâcha sévèrement Nathan.

- Une fois que tout sera terminé, si on s'en sort, je te promets que tu n'entendras plus parler de moi, pour que tu aies une chance de survivre et d'être heureux...

- Je ne te laisserais pas faire, s'énerva-t-il. Je t'aime, c'est fou que tu ne le comprennes pas... Tu n'as pas à agir seule, merde !

- Oh, si, je le comprends... Et c'est pour ça que je le ferais. Je t'aime Nathan, mais tu es ma faiblesse. Et pour nous sortir de ce foutoir, je dois redevenir celle que j'étais avant. Je ne peux pas reprendre cette voie en ayant une faiblesse. Et si je veux te protéger, si je veux que tu aies une chance, je le dois... Je prends cette décision, et j'en assumerais les conséquences. Je préfère te perdre plutôt que te voir à nouveau souffrir. Je ne le supporterai pas. Je t'ai fait trop mal. Je suis sûre que tu finiras par comprendre...