Alors qu'ils allaient bientôt se mettre en route, Olivia avait préféré s'assurer que Catherine, l'ancienne servante de la Princesse allait bien.

- Comment te sens-tu ? Demanda-t-elle.

- Ça va, je crois... J'aurais préféré qu'ils ne me voient pas... Je ne pensais pas que l'un d'entre eux m'aurait reconnu...

Elle sanglotait, incapable de respirer correctement. Olivia passa une main sur son épaule, et tenta de la rassurer.

- Ils ne te feront rien ici...

- Oui mais s'ils arrivent à partir et retourner auprès de la Princesse, et qu'ils lui racontent tout, la Princesse fera tout pour me retrouver et me tuer ...

- Ça n'arrivera pas, je t'en fais la promesse. On reparlera à notre retour d'accord ? Restes ici, tu seras mieux sur le camp avec les autres. Je dois encore m'occuper de quelqu'un. S'il te plaît, ne t'en fais pas, ils ne peuvent rien faire contre toi et je m'en assurerais, promis.

Catherine hocha simplement la tête, et continua de pleurer tandis qu'Olivia parti.

Elle n'avait pas beaucoup dormi de la nuit, et tout depuis le matin était compliquée. Entre le regard réprobateur de Lydia au réveil, et les ennuis de Catherine, elle allait devoir aller secouer Elias, et ça l'agaçait d'avance. Elle n'avait aucune patience aujourd'hui.

Elle avait essayé de dormir auprès de Lydia, mais son amie bougeait tellement dans son sommeil qu'Olivia s'était pris de nombreux coups. Elles avaient partagé la tente avec de nombreux autres pirates, mais c'était sans conteste James et Benjamin qui avaient le plus ronflé. Sa tête n'avait pas arrêté de tourner en boucle son baiser avec Nathan, et malgré qu'elle adorât se passer ce moment dans la tête, elle n'arrivait pas à évacuer l'angoisse qu'elle avait au fond d'elle.

S'il lui avait avoué qu'il avait peur pour elle et sa vie, il ne se doutait pas que c'était pour elle aussi une source de frayeur. Elle n'avait pas été rassurée au milieu des Corsaires, mais elle l'était encore moins au milieu de tous ses pirates.

Elle trouva Elias, encore adossé auprès d'un arbre, avec encore, et toujours, une bouteille en main.

« Cette attitude commence à vraiment me gonfler ! »

Elle s'avança en trombe sur lui, et lui asséna un coup de pied dans le tibia.

- Hé ! Râla Elias.

- C'était pour te réveiller !

- Je ne dormais pas !

- Je m'en fiche, lève-toi, Elias on y va.

- Oh écoutes, je crois que je vais rester ici... Kitus a une belle réserve de bouteille.

Elias lui fit un clin d'œil avec un sourire énorme.

- Même pas en rêve, tu viens avec nous.

Elias pesta mais ne bougea pas d'un poil, serrant sa bouteille contre lui tel un enfant avec une peluche. Olivia leva les yeux au ciel, et lui extirpa la bouteille des mains. Ce dernier s'énerva et se leva d'un bond pour récupérer son précieux breuvage.
Mais pas assez vite pour Olivia. Elle envoya valser la bouteille qui partit s'écraser contre un arbre plus loin.

Elias la regarda d'un regard noir, mais elle lui tint tête et lâcha :

- Arrête de faire l'idiot, et reprends-toi bordel ! Maintenant on y va !

Elle avança vers l'attroupement qui s'était mis en marche, un coup d'œil en arrière lui confirma qu'Elias avait pris la sage décision de la suivre. Elle savait qu'elle devait avoir une franche discussion avec lui, mais elle n'en avait pas le courage pour le moment. Elle rejoignit Lydia, James et Benjamin, qui n'arrêtèrent pas de lui raconter diverses anecdotes sur ce qui s'était passé en son absence.

Elle gardait un œil sur Nathan, qui marchait quelques mètres plus loin avec les autres Corsaires. Elle prit sur elle pour ne pas le rejoindre et marcher juste derrière lui, elle avait bien trop peur que ça soit trop suspect. Et Lydia lui jetait bien assez de regards assassins.

Ils firent une halte dans la clairière, et Kitus lui intima discrètement de la rejoindre. Elle le suivit à travers la jungle, et ils rejoignirent Amélia qui les attendaient.

- On n'a pas beaucoup de temps pour parler, commença Kitus. Je suis désolé qu'on n'ait pas pu prendre le temps de plus parler depuis qu'on s'est retrouvés ... Comment tu te sens ?

Kitus la regardait toujours de son regard bienveillant et attentionné. Elle appréciait sincèrement cet homme.

- Je vais bien, répondit Olivia.

- Malgré tout ce qui s'est passé ces derniers mois ? Demanda Amélia en attrapant ses mains, dévoilant les blessures.

- Ça va, je vous assure, je garde le cap, comme toujours.

Ils la regardèrent silencieusement, puis échangèrent un long regard entre eux. C'était leur truc à eux, comme s'ils communiquaient par télépathie par moments. Même si Amélia lui avait juré qu'ils n'en étaient pas capables, Olivia était bien placée pour savoir que tout le monde avait ses petits secrets.

- Tu sais que nous sommes là, si tu as peur de dérailler, dit Kitus en posant une main sur son épaule.

Olivia hocha la tête, et laissa Kitus continuer.

- Qu'est-ce que les Corsaires savent ? Puisque le Commandant est mort sans avoir pu répondre aux questions...

Elle grimaça et regarda en l'air, puis au sol, tâchant d'éviter les yeux de Kitus. Elle savait que Kitus n'appréciait pas le comportement qu'elle avait eu hier.

- Je ne sais pas ce qu'ils savent très honnêtement...

- Et tu n'as aucun moyen de le savoir ? Dit Amélia, avec un regard empli de malice.

- Peut-être, avoua Olivia. Il y a peut-être l'un d'entre eux qui n'est pas aussi horrible que les autres...

- Ni aussi insupportable ? Blagua Amélia.

« Parfois, elle me fiche vraiment la trouille quand elle donne l'impression de tout savoir... »

- Mais impossible de parler avec lui sans éveiller de doutes avec les autres. Si vous arrivez à faire en sorte que je sois seule avec lui, je pourrais peut-être avoir des informations. Mais c'est sans garantie...

- D'accord, on va voir comment on peut faire ça. Merci Olivia.

- Je... Je ne vous ai pas remercié, d'être venu ici, parce que tu as vu que j'étais danger Amélia, alors... Merci...

Kitus la serra dans ses bras, et dit doucement :

- On sera là pour toi, même si tu ne fais pas partie des nôtres entièrement. Tu sais que tu peux nous rejoindre quand tu le veux...

- Je sais, dit-elle en se détachant du géant. Mais je ne peux pas, et tu sais pourquoi. Et de toute façon, je dois m'en tenir à ma mission...