- Il y a quelque chose qui ne va pas...

Lydia se rongeait littéralement les ongles jusqu'à faire saigner l'extrémité de ses doigts. L'inquiétude se lisait sur son visage, comme sur ceux de Kitus et d'Elias.

- Elle devrait être là depuis longtemps... renchérit encore Lydia.

- Et ce n'est pas dans ses habitudes d'être en retard... dit Kitus.

- J'ai vraiment un mauvais pressentiment les gars.

Elias n'était déjà pas rassuré, mais il le devint encore moins en entendant Lydia s'inquiéter de cette façon. Même s'il savait que Lydia ne possédait pas de don de voyance, il préférait se fier à son instinct de sorcière.

- Capitaine, dit Igor, que voulez-vous faire ? Les Corsaires ne vont pas tarder à revenir pour nous dire de partir...

- Je sais, je sais...

- Partez Kitus, lâcha Elias. Tes hommes ont pris assez de risques comme ça. Je vais rester sur place et tâcher de retrouver Olivia.

- Je reste avec toi, lança Lydia. Et ce n'est pas négociable.

Elias acquiesça, après tout, il n'était pas contre de la compagnie pour rester ici. Surtout qu'il ne savait pas où était Olivia, et si elle avait besoin d'aide, il ne serait pas trop de deux pour lui venir en aide.

- Igor, commença Kitus. Reprenez la mer, postez-vous de l'autre côté des falaises, et demeurez dans les parages. Évidemment, faites en sorte de ne pas attirer les regards et de rester vigilant avec les Corsaires. On arrivera à vous faire savoir quand on vous rejoint.

- Vous ne venez pas avec nous ? Grimaça Igor.

- Il s'agit d'Olivia... Si elle a besoin d'aide, je veux pouvoir être là pour elle. Tout ira bien, ne t'en fais pas.

- Si vous le dites ...

Kitus regarda un moment son équipage, aucun d'eux n'était serein. Si Olivia avait été capturée, il y avait fort à parier qu'ils étaient au courant pour eux aussi.

Les trois compères descendirent et regardèrent le bateau s'en aller.

- J'espère qu'on ne fait pas une connerie et qu'on ne restera pas bloqué sur cette île de malheur...

- Je t'ai connu plus positive Lydia, remarqua Elias.

- Je t'assure Elias, quelque chose ne va vraiment pas.

Lydia ne rigolait pas, même le ton de sa voix si sarcastique d'habitude avait pris une forme grave.

- On devrait retourner à l'auberge voir si elle y est, et faire un tour à celle de secours... proposa Kitus. Si elle n'est pas dans un de ces deux endroits, on peut commencer à paniquer...

Après avoir passé du temps à fouiller les deux lieux, ils devaient bien se rendre à l'évidence qu'Olivia n'était nulle part. Ils restèrent dans la taverne le temps de réfléchir.

- Je savais que ce Corsaire allait lui attirer des ennuis, grogna Elias.

- Si seulement elle nous avait écoutés... se lamenta Lydia.

- Elle l'a fait, et c'est comme ça, les reprit Kitus. Et on ne sait pas encore ce qu'il s'est passé. On peut être quasiment sûr qu'elle se trouve dans la prison si elle s'est fait prendre.

- Le problème, continua Lydia, c'est que la prison est gardée comme le Palais Royal. Depuis qu'Olivia a fait évader tout le monde, la sécurité est renforcée partout, impossible d'y pénétrer.

- Il va bien falloir qu'on y entre...

- Je sais bien Kitus, mais honnêtement à part avoir un plan solide, on ne s'en sortira pas. On ne peut pas simplement rentrer et tout démolir, on se fera avoir aussi.

- Il faut que tout soit bien préparé, en espérant qu'on ne fasse pas tout ça pour rien, et qu'elle soit bien là-bas... Elias, tu en penses quoi ?

Elias n'avait écouté que d'une oreille ses amis, la seule chose à laquelle il pensait, c'était qu'Olivia était en danger. Il aurait dû faire plus pour la dissuader de voir Nathan. Il s'en voulait de l'avoir laissé s'entêter, ils étaient autant responsables qu'elle de ce qui lui arrivait.

Enfin, le principal fautif était ce maudit traître.

- Elias ? Redemanda Kitus.

- Quand on aura récupéré Olivia, je vous assure qu'on va le retrouver et lui faire payer tout ce qui nous arrive.

Elias ne cherchait pas à cacher sa colère, et peu importe ses liens avec lui, il leur avait fait beaucoup trop de mal. Lydia et Kitus n'avaient pas besoin de poser de questions, ils savaient qu'il parlait du traître.

- N'oublie pas qu'on doit d'abord l'interroger avant de lui coller une balle dans la tête, grimaça Lydia.

- Depuis combien de temps il prépare son coup tu penses ? Demanda Kitus.

- Je n'en sais rien, je ne comprends même pas toutes les parties de son plan... C'est vrai, pourquoi nous faire exécuter ? Il ne savait pas où étaient cachées les pièces à ce moment-là...

- On en a déjà parlé, seul lui pourra répondre à ça, dit Kitus. Ce qui est sûr c'est qu'Olivia est venue foutre le désordre en vous libérant. C'est sans doute pour ça qu'il a fini par rejoindre ton équipage quand vous étiez à Komari...

- Il y a trop de questions sans réponse, dit Lydia. Et tant qu'on n'aura pas remis la main sur Maxence, on n'en saura pas plus...

- Oui, mais qui va nous croire ? Il a réussi à se mettre tout le navire dans sa poche...

- C'est pour ça qu'on doit garder le registre... La preuve est dedans...

- Il sera facile pour lui de détourner l'attention sur moi, après tout le dessin de l'Hippogriffe peut m'incriminer aussi...

- Nous, on sait que ce n'est pas toi, Elias, le rassura Lydia.

- Pas les autres, Maxence trouvera bien le moyen de retourner les autres contre moi... L'Hippogriffe est dans notre famille depuis des générations maintenant, et même s'il a réussi à s'emparer du bateau, le dernier à avoir été aux commandes, c'était moi. Et aux moments des faits, j'en étais encore Capitaine...

- Et c'est sûrement pour ça qu'ils ont utilisé l'Hippogriffe comme dessin secret, pour pouvoir se retourner contre toi au cas où...

- Une chose à la fois, dit Elias en secouant la tête. D'abord, on s'occupe d'Olivia, c'est le plus important. On doit arriver à pénétrer dans l'enceinte de la prison...